Jour 29

Lorsque mes paupières se mettent à bouger, activée par le réveil, j’émerge. Je me mets sur mes deux pieds et constate que la nuit a apporté son lot d’énergie. L’air est un peu froid ce matin, j’enfile un pull et me rends sur le tapis de yoga. Je choisis une séance très douce. Je tiens compte des jours précédents et du ressenti de mes capacités actuelles. J’aborde les postures avec bienveillance et récolte les bienfaits. Je suis reconnaissante de pouvoir mobiliser cette machinerie complexe. C’est en perpétuel changement et je m’adapte au gré des possibilités.

Après ça, je me prépare des pancakes. J’ai envie d’un petit-déjeuner chaud et encourageant. Je mélange rapidement la pâte, d’un coup de fourchette et pendant la cuisson, j’entame la dégustation. Tellement impatiente de manger. Je sirote mon thé, entre deux bouchées et ainsi, je remplis petit à petit mes besoins. Je regarde par la fenêtre, la météo est confuse. Un épais nuage gris argenté recouvre le paysage. Il fait brumeux et humide. Je songe à ce joli matin que je suis entrain de vivre.

Rassasiée, je me rends dans le salon et m’installe dans le canapé. Je cale divers coussin autour de moi afin d’être maintenue. Je me lance dans mon écriture quotidienne. Les doigts sont souples et les idées sont fluides. L’environnement est silencieux et calme. Plus les mots s’amassent, plus la bulle grandit autour de moi. Je suis focalisée sur mon ouvrage et rien ne peut m’en distraire. Lorsque j’arrive au point final d’un article, je ressens un adoucissement. Je me sens prête à continuer cette journée.

J’ai envie de cuisiner. Malheureusement, il me manque quelques ingrédients. J’enfile des vêtements chauds et je sors. L’air est plus froid que je ne l’imaginais. Après mes petites courses, sur le chemin du retour, j’enlève mon masque et prend de bonnes inspirations. Je savoure chaque seconde où l’air parcourt mon corps. C’est si agréable que j’ai l’impression de recevoir un cadeau.

Je m’accorde le temps de me reposer. C’est un échange. J’espère pouvoir accomplir tout ce que j’ai en tête après ma sieste. De plus, ma petite balade au magasin m’a coûté en énergie.

C’est ainsi, qu’en émergant, je me rends dans la cuisine, pleine d’espoirs. Je mets de la musique, j’enfile un tablier et m’attèle à préparer des biscuits. Les fêtes approchant, je pense pouvoir faire plaisir par ces petites douceurs. Mes gestes sont déterminés et souples. Par moment, je ressens des sensations désagréables venant de mes jambes. Pour m’en distraire, je chante avec la musique. C’est un pur instant de plaisir.

Mes derniers coups d’emporte-pièces sont beaucoup plus brusques et fatigués cependant, je vais jusqu’au bout de la pâte. Je suis satisfaite.

Le soir, je rejoins ma famille pour passer un moment de convivialité. Leurs rires m’emplissent d’amour. Ce moment simple vaut tous les plaisirs du monde. Je baille fréquemment mais je repousse l’épuisement plus loin. Je souhaite profiter au maximum de chaque seconde.

Je rentre en somnolant. Je m’endors encore plus rapidement qu’à l’accoutumée, grâce à cette jolie journée.

Jour 28

Matin sans sonnerie. Le réveil a eu congé aujourd’hui. La chaleur du sommeil m’enveloppe. Je m’en extirpe avec une douce lenteur.

Le soleil est levé, il lutte avec les nuages afin de se faire une place. Le ciel est tinté de bleu et de cotton jauni. Je me demande si j’irais profiter de cette météo. Pendant ce temps, je prépare mon petit déjeuner. Je m’installe à mon bureau et je prends le temps d’écrire. Je ressens de la joie d’avoir introduit cette pratique dans mon quotidien. Je suis rassurée de savoir que j’ai un espace où transposer mes mots. Je me réjouis de pouvoir, dans plusieurs mois, reprendre mes premiers écrits et constater le chemin parcouru. Je suis heureuse d’arriver à m’accorder ce temps pour moi. Il n’est pas une contrainte mais un rendez-vous que je ne saurais manquer.

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Aujourd’hui est une journée centrée sur le nettoyage. Comme le commun des mortels, je dois effectuer un brin de ménage. Mon environnement n’est pas insalubre pour autant mais je ressens le besoin de dépoussiérer chaque recoin. Comme pour faire peau neuve, repartir sur une base saine et neutre. Je m’applique. Dehors, le soleil brille sans relâche. J’ouvre les fenêtres afin de profiter de cette belle après-midi. Lors du nettoyage de mes vitres, je grignote quelques minutes où les rayons caressent ma peau. J’emplie mes poumons de cet air frais et agréable. Prendre soin de mon environnement me demande énormément d’énergie mais comme à mon habitude, je mets en place des stratégies. Je me repose entre deux tâches, j’alterne de main, je me ménage. C’est plutôt ironique de se ménager pour les tâches ménagères, maintenant que j’y pense. Je trouve de réels points positifs à ce moment si banal et désagréable pour certains. C’est comme si je rendais honneur à ce lieu qui me protège et m’accompagne chaque jour. Le moment où je m’occupe de mes plantes est l’un de mes favoris. Je les arrose et ensuite vient le moment de les bichonner. Je prends un chiffon doux et passe délicatement sur chaque feuille du zamioculcas qui trône dans le salon. Je chouchoute chaque tige. La couleur est magnifique. C’est un moment où mes pensées sont au-delà de mes gestes. En pleine contemplation de la beauté des choses simples.

Le soleil va se coucher lorsque j’arrive au bout de mes peines. Je m’accorde une douche bien méritée. Je laisse longuement l’eau masser mon corps. J’ai l’esprit apaisé d’avoir réussi à aller jusqu’au bout de ma journée. En sortant de la salle de bain, j’ai la sensation de redécouvrir la beauté du lieu qui m’héberge. Tout brille à mes yeux.

Mon ventre me rappelle à l’ordre et m’explique je n’ai toujours pas mangé, tellement absorbée par mon programme. Je réunis mes dernières forces et me raisonne. Je sais qu’il est important de me nourrir, surtout après de tels efforts. Je passe en cuisine et me prépare un repas. Je ne sais pas s’il est merveilleusement réussi ou si j’ai simplement trop faim, en tout cas, il satisfait mon palet. Heureusement que personne ne m’observe car je finis par nettoyer du bout de mon index mon assiette, afin de ne rien laisser dans l’assiette. Cependant, je ressens encore le besoin d’avaler quelque chose. Je réflechis lorsque mon esprit s’arrête sur un chocolat chaud. C’est la boisson idéale pour terminer ma journée, ma faim et compléter mon bonheur.

Physiquement, j’ai demandé énormément et peut-être même plus que de raison. Mes muscles font la moue. Je songe au yoga. Je comprends vite qu’il ne faut pas exagérer. C’est assez. Je dois me permettre d’avoir une certaine souplesse d’esprit. C’est en allant me coucher qu’il me vient une idée. Je m’asseye dans mon lit et j’effectue de très légers étirements. J’inspire de tout mes poumons. J’octroie ces dernières minutes de relaxation avant le repos nocturne. Je félicite ma chair de m’avoir porté, encore une fois. Puis je m’allonge. Je passe en revue chaque partie de mon anatomie. En parcourant mon être, je détends une à une, chaque tension. J’expire profondément jusqu’au sommeil.

Jour 27

Je me lève avec paresse, encore fatiguée de la veille. Les muscles m’en parlent encore.

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J’ai mon dernier rendez-vous professionnel. Nous faisons le bilan de mes recherches, de mes projets. Mon avenir est loin d’être tracé mais, j’ai des outils pour y parvenir. Le futur a le goût de l’incertitude malgré tout, je me sens apaisée. J’ai foi en mes capacités à me former, à apprendre. J’ai soif de découvrir de nouvelles facettes du monde. Je suis courageuse. Je vais devoir l’être encore plus.

Suite à ça, je passe une bonne partie de ma journée debout, à arpenter les rues. Portée par mes idées, j’en oublie mes sensations. Mes douleurs deviennent silencieuses. La météo est tempérée pour le mois de décembre, si bien que j’en ouvre ma veste. Mes pas se font de plus en plus lourds et maladroits. Je me déplace avec autant d’imprécisions que d’envies. Je commence à comprendre que je vais devoir faire un choix. C’est devenu habituel pour moi, de compter mes cuillères (théorie des cuillères). Je suis entrain de puiser dans les maigres ressources d’énergie que j’ai à disposition. Je songe au yoga et à quel point, après toute cette marche, je ne pourrais pas pratiquer comme je l’entends. Je tente de rester positive mais aussi réaliste. C’est un équilibre périlleux.

En rentrant, je sais que le repos m’appelle. J’ai peur de trop me reposer et de ne plus être capable de bouger par la suite. Je peine à tout lâcher. J’écris quelques lignes puis je m’arrête. Je ferme les yeux. Je les ouvre aussitôt.

Finalement, je décide de me lever et d’emballer mes paquets. Je consacre du temps à chacun d’entre eux afin de les emballer de papier et d’amour. Je suis assise au sol, sur un petit bloc. Mes jambes ont du mal à trouver leurs places. Je bouge énormément. Par moment, je prends le temps de m’étirer, comme je le ferais sur mon tapis. Après avoir accompli ma tâche, je remonte sur le canapé. Accomplie, je m’accorde enfin la détente.

Je m’endors.

Jour 26

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J’émerge avec confusion.

Je me sens vide.

Malgré la nuit, le sommeil n’a pas chargé mes batteries.

Et pour ne rien arranger, lorsque je croise mon tapis de yoga, je ressens légèrement l’appréhension. Depuis le début de la semaine, je ressens une latence dans la récupération. Mon esprit va à nouveau plus vite que mon corps n’a le temps de se régénérer. Je repousse ma séance de yoga a plus tard. Je dois admettre que j’ai peur d’échouer. J’ai peur d’être contrainte à abandonner à nouveau ce qu’il me plaît. Si je n’entreprends pas, je ne peux pas abandonner. Mais si je n’entreprends pas, j’ai abandonné. C’est un cercle vicieux dans lequel je ne veux plus rentrer.

Dans un monde idéal, j’aurais tout de suite été sur mon tapis. Dans la vraie vie, je suis allée m’occuper de toutes mes obligations. C’est plus simple, je n’ai pas trop besoin de réfléchir.

La journée passe doucement sans être réellement désagréable. C’est le néant. Je suis aussi lente que le temps. Cela ne me dérange pas du tout.

Je prends le temps d’écrire à divers moment de la journée. Je me sens plutôt inspirée mais à l’image d’hier, mes doigts bloquent. Je tente de ne pas y prêter attention. Je fais des pauses.

Le soleil se couche et je me rends sur mon matelas de yoga. Je ne sais pas trop quoi en penser. J’observe. Je reste sans jugement. J’enclenche la vidéo et me lance. Le thème d’aujourd’hui est l’amour de soi. La séance commence en douceur avec des étirements que je parviens à effectuer. Je gagne en confiance. Lorsqu’arrivent les postures plus difficiles, mes muscles vacillent. Je les recentre par mes profondes inspirations et mes lentes expirations. Je ne renonce à aucun mouvement. Au milieu de la session, Adriene m’invite à penser à quelque chose que j’aime chez moi et à me focaliser dessus. Je choisis d’apprécier ma détermination. Cet état d’esprit m’aide à affronter les positions suivantes, qui me donnent du fil à retordre. Je tombe à deux reprises. Heureusement, le sol est prêt à me rattraper.

En fin de pratique, tous mes muscles se sentent usés. Mon esprit, lui, se sent apaisé. J’avais besoin de me connecter à mon corps et mes sensations autrement que par la douleur. Nous avions besoin de faire équipe afin de garder cette confiance que nous cultivons ensemble.

Je vais me coucher. La nuit s’annonce douce.

Jour 25

Déterminée à ne pas me laisser dicter ma conduite par mon corps raidit par la nuit, je me lève dès mon premier réveil. Il fait sombre dans l’appartement. Instinctivement, je me retrouve sur mon tapis. J’exécute les mouvements avec la souplesse d’un robot. Aujourd’hui, mes mains sont loin de toucher le sol mais ce n’est pas important. Je ne cherche pas la performance mais les sensations. J’ai l’esprit complètement neutre. Mes pensées vont uniquement sur mon souffle. Je tremble énormément. Parfois, je tombe. Mais je me relève, je persévère.

A la fin de ma séance de yoga, je prépare un petit déjeuner que j’avale à une vitesse folle, tellement mon ventre est vide.

Je m’installe à mon bureau et poursuis mes démarches administratives. Par la suite, je continue l’élaboration de mon projet professionnel. Une idée alléchante me passe par la tête et je vais à la pêche aux informations. Je déchante rapidement. Mon enthousiasme retombe très vite, je n’ai même pas le temps de réaliser que j’en pleure. Mes émotions sont sur le grand huit, en pleine descente. Je n’avais pas prévu d’aller au parc d’attraction mais j’accepte et accueil ce moment. Je note que je reste très sensible à ce sujet et décide que j’ai assez travaillé pour aujourd’hui. Il ne sert à rien de me faire violence.

L’après-midi, j’ai énormément de projets. Je suis heureuse d’être si active. Vers l’heure du goûter, mon corps me fait rapidement comprendre qu’il en a assez. J’ai les genoux qui menacent de flancher. Je les supplie de tenir encore un peu. Ils acceptent mais mon dos se met à pester. Et mon ventre gargouille. Puis mes yeux se liguent et brûlent ensemble. Tous mes muscles commencent à m’envoyer des alertes. Je dois admettre que ces derniers temps, mon corps m’a permis plus de choses que pour les douze derniers mois réunis. Et je le remercie, encore et encore. Merci, merci, merci. Je t’en prie, fais moi confiance, nous voulons la même chose. Notre bien. Suis moi, encore un peu. Je suis en pleine négociation interne.

Lorsque le soleil tombe, je suis en voiture. Je suis passagère pour les deux prochaines heures. Tous mes sens en prennent de la graine. Le moteur rugit, la pluie frappe la carrosserie tandis que la musique joue le fil conducteur de cette joyeuse berceuse. Mes oreilles accueillent ce brouhaha. Sur mes lunettes se reflètent les lumières des phares. Parfois jaunâtre, parfois rouge. Tout bouge tellement vite que mes yeux ont du mal à suivre. Je suis souvent obligée de baisser le regard pour le calmer. Par la fenêtre, je distingue dans le brouillard les montagnes. Elles forment une ombre imposante. A l’opposé, le lac disparaît dans la brume et la grisaille. Dans l’habitacle, la température est artificiellement chaude. Je m’y sens bien.

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Le soir venu, je m’asseye. Je sais que je ne vais plus devoir me relever. La nuit est tombée depuis plusieurs heures et je peux enfin écrire. Toutes ces péripéties ont formé dans ma tête des nuages d’idées. Je commence à les esquisser. C’est au tour de mes doigts de protester. Mes phalanges se verrouillent, une à une. Je souhaite réellement aller jusqu’au bout des mes pensées. J’insiste. Je repousse encore et encore mes limites. J’ai beau respecter mon corps, je ne veux plus rester figée. J’ai trop peur de ne plus me mouvoir. J’arrêterais de bouger que lorsque je n’aurais plus le choix.

Je ne sais pas si c’est la bonne stratégie mais je décide de vivre au lieu de craindre la vie. Et ça me rend heureuse.

Jour 24

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Je passe une nuit que je ne saurais qualifier. A la fois, j’ai dormi suffisamment et au même temps, j’étais tellement impatiente de commencer la journée que je ne me suis pas reposée. C’est pas grave, ce sera mieux la prochaine fois.

Je me lève donc avec détermination. Je sais que j’ai énormément de choses à faire ce matin. Après un thé, j’organise mon travail et me plonge dans celui-ci. La matinée passe à une allure folle. Je suis heureuse de pouvoir cocher au fur et à mesures des cases dans ma liste. Je confirme, une fois de plus, que j’ai les capacités d’avancer et qu’il n’y a pas de raisons de s’en inquiéter. C’est rassurant. Peu avant les coups de midi, je ressens la fatigue. Je commence à commettre des petites erreurs d’inattention. Dès ce moment-là, je décide de mettre à jour mon planning pour demain et de ranger. J’ai suffisamment travailler pour aujourd’hui.

En me levant de ma chaise, mon dos craque. La douleur s’installe. Résignée, je m’applique un patch chauffant et file en cuisine car je n’ai pas le temps de m’écouter plus que ça.

Je me prépare à manger et peu après ma pause, je sors pour un rendez-vous. C’est ma dernière obligation de la journée, vite!

En rentrant, je profite de marcher un peu dans la ville, sans musique. Le temps est doux, le ciel est d’un gris très clair. Les gens vont et viennent. Tout le monde marche à un rythme effréné que je ne saurais tenir. Il y a le bruit des bus, des voitures, des passants. Le feu qui retentit lorsqu’il devient vert. Il y a tellement de monde sur les passages piétons que je me sens poussée par la masse, pour avancer plus rapidement. Cette marche n’est pas de tout repos. Je rentre remplie du vrombissement de la ville. Et je le dépose en enlevant ma veste, sur le porte manteau.

Je m’accorde un moment de somnolence, dans le canapé. Je me sens accomplie mais fatiguée. Je me questionne sur l’idée de bouquiner un peu. Finalement, je décide que ne rien faire est justifié. Alors j’observe la pièce. Par moment, je clos mes yeux. La luminosité baisse peu à peu.

Lorsque je reprends mes esprits, je décide de laisser passer ma pratique de yoga pour aujourd’hui. La motivation d’aller sur mon tapis ne dépasse pas le respect que j’ai envers mes limites physiques. Je ressens le besoin de récupérer. Je suis tellement reconnaissante de pouvoir faire de plus en plus d’activités. Il y a quelques mois, j’étais en pleine survie et je ne dois pas l’oublier. Je dois célébrer mes accomplissements et permettre à mon corps d’en envisager toujours plus.

Je décide d’écrire. Les mots sont fluides. Il me reste suffisamment d’énergie intellectuelle.

Ma journée est belle.

Jour 23

Réveil doux. Je sors du sommeil cotonneux avec souplesse. Mes premiers mouvements sont lents et paresseux. Et ça n’a pas d’importance car rien ne m’attend aujourd’hui.

Je me dirige dans la cuisine. Par la fenêtre, la météo est claire. Les environs sont lumineux et la grisaille de décembre a disparu pour quelques heures. Au fond du tableau, la neige tapisse les montagnes. J’inspire et imagine cet air frais passer par mes narines. J’ai bien envie d’aller goûter à cette température extérieure. J’enclenche la bouilloire et me prépare une boisson chaude. Dès ma première gorgée, mes sens sont en émois. La tasse est presque brûlante, l’odeur est enivrante et le liquide est délicieux. Au fur et à mesure que le breuvage descend dans mon corps, mes organes se réveillent un à un.

Je vais m’installer sous une couverture, dans le canapé. Sans préméditation, je me mets à écrire. Je ne me sens pas spécialement inspirée pourtant, j’ai bien envie de tenter l’exercice. Voir où ça peut me mener. Mon intellect se réveille à son tour. J’allie les mots ensemble et je suis plutôt satisfaite. Certes, je n’ai pas la sensation d’avoir rédigé mes plus beaux textes mais surtout, je n’ai pas abandonné. Je suis consciente que je ne peux pas produire à chaque coup un feu d’artifice. Et il n’y a rien de mal à ça. Mon accomplissement me rend simplement fière. Il ne m’en faut pas plus.

L’après-midi, je me rends en forêt avec une amie. Il ne fait pas froid et c’est agréable. Il reste de maigres morceaux de neige par endroit, le reste a disparu. J’aime aller mettre mes pieds dans cette texture. Nous empruntons un chemin, puis un autre. Nous ne savons pas réellement quel est le bon. L’important est dans la balade et les sensations qu’elle nous procure. Les couleurs sont belles. Il y a du vert, plusieurs tonalités de brun, du blancs, du gris et même du jaune moutarde. Je suis ébahie par l’explosion de détails à observer. Après nous être laissée perdre, nous retombons à l’entrée de la forêt. Nous repartons pour un second tour, par un chemin différent. Par moment, la descente me complique la tâche. Il faut veiller à ne pas glisser et je sens que mes genoux sont fatigués par mes idées. Je respire et continue mes pas plus lentement. J’ai totalement confiance en mes capacités et je disperse mon amour dans mes membres. Nous revenons donc au point de départ et apaisée par la balade, nous rentrons.

Avant de préparer le repas, je m’installe pour effectuer mon yoga. Comme hier, je me remets dans la petite pièce. Dehors, il fait sombre. Je suis éclairée par les guirlandes qui tapissent mon plafond. Cet ambiance est relaxante. La session aussi. Adriene a deviné que j’ai suffisamment marché pour la journée. En respirant, je repense à la forêt et j’ai l’impression qu’il me reste de cet air dans les poumons. Je me sens bien.

Je me sens bien et c’est tout ce que je souhaite.

Jour 22

C’est un réveil dans la douceur. Sans sonnerie alarmante. Je savoure cette chaleur reposante, dans mon lit. Je suis affamée.

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Je prends le temps de me préparer du pain perdu, agrémenté de cannelle et de baies. C’est délicieux. Je n’ai pas encore regardé l’heure et je décide de continuer ainsi. Mon objectif du jour, prendre soin de moi et me détendre.

Je m’installe sur la grande table et décide de fabriquer mes cartes de Noël. J’apprécie les activités créatives. En effet, je peux laisser libre cours à mon imagination et m’exprimer ainsi. Pendant la création, j’imagine le plaisir qu’auront les personnes qui découvriront mes cartes. Cela me motive d’autant plus. J’aime prendre soin de mon entourage et leur faire plaisir. Pour moi, il n’y a rien de mieux que d’offrir de mon temps. En fond, j’ai mis un film dans l’ambiance des fêtes. Cela m’inspire les couleurs et les motifs.

Au bout d’un temps, mon ventre me fait signe. Je me fie à mes sensations et range mes bricolages pour aujourd’hui.

Je passe l’après-midi dans la lenteur. Je suis contemplative. Je me repose. C’est tout ce dont j’ai besoin.

Le soleil se couche et dans l’optique de me faire du bien, je m’installe sur mon tapis. Aujourd’hui, la pratique est plus coriace. Je respire, je transpire. Je ne lâche pas les postures malgré les tremblements. Je me sens forte. J’affirme, je suis forte.

Je suis heureuse de vivre cette journée où je me permets d’aller au plus près de mes envies et de mes besoins. Suivant cette idée, je n’ai pas spécialement envie d’écrire. Je prends donc congé et ce, sans aucun remords.

C’est une belle journée.

Jour 21

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Au moment d’ouvrir les yeux, je constate que la peau de mes paupières s’est figée durant la nuit. Ma peau a du mal à se détendre et je ressens le poids de la fatigue. Avec certitude, j’abandonne le yoga pour ce matin. Il est plus raisonnable d’attendre le moment où ça m’apportera le plus de bénéfices.

Je me prépare et je pars affronter le froid extérieur. J’ai des rendez-vous. Par la même occasion, je profite de flâner dans les rues. Je ne dispose pas d’énormément de temps mais cela ne m’empêche pas d’en profiter.

C’est déjà une journée bien remplie et c’est loin d’être terminé.

L’après-midi, un rendez-vous professionnel m’attend. Je ressens le stress. En effet, j’ai débuté ma semaine avec de grosses incertitudes et j’ai travaillé dessus tous les jours. Aujourd’hui, c’est le moment de concrétiser et d’avancer. J’expose mon travail de réflexion et je débats sur mon avenir. Petit à petit, une nouvelle option se profile. J’ai plus de possibilités que je ne le pensais jusqu’à maintenant. Je ressens du soulagement et une note d’appréhension. En effet, j’ai plus de choix et cela comporte aussi des désavantages. En tout cas, je conclus cette entrevue avec sérénité.

Je décide de réellement m’accorder le week-end pour ne plus y songer et continuer mon travail, dès le lundi suivant. J’ai complètement mérité le repos et la détente.

Lorsque je décide d’écrire, une migraine me guette. J’entends ses pas s’approcher au fur et à mesure que je dépose mes pensées sur le clavier. Je persévère. Je suis motivée à aller au bout de ma mission et de ne pas me laisser faire. J’ai des choses à dire, qui me sont importantes. Avant la validation de l’article, la relecture m’est difficile. Je bâcle cette étape et le publie. Je m’allonge et me repose un temps. Elle a gagné mais je n’ai pas dit mon dernier mot.

Après une micro-sieste, je suis déterminée à affronter mon tapis de yoga. Pour changer un peu, je décide de pratiquer dans une autre pièce que d’habitude. Elle est plus petite et je redoute de ne pas avoir assez de place. Au lieu de ça, je suis surprise par la façon dont je me sens protégée et forte. Ma concentration est plus profonde et solide qu’à l’accoutumée. Je donne mon maximum et j’en oublie toutes les sensations désagréables. Je suis tellement centrée sur ma respiration que plus rien ne compte. A la fin de la pratique, allongée sur le sol, je médite. J’aimerais que ce moment ne s’arrête jamais.

Au moment de me relever, la migraine me cogne. Je suis vaincue, je vais m’allonger à nouveau.

Dans mon lit, les yeux clos, j’observe la gratitude de pouvoir simplement vivre. Je n’ai pas toujours la chance de choisir mais en contrepartie, je suis réellement heureuse. Je suis bien dans ma vie.

Jour 20

Ce matin, je me réveille tôt. J’ai un rendez-vous important et je tiens à faire ma pratique de yoga avant de m’y rendre. Je dois préparer mes armes pour être la plus forte possible.

Dans l’obscurité matinale, la détermination et la confiance me guident jusqu’au tapis. La séance est rapide et efficace. Je suis éveillée et claire dans mes idées. Je suis préparée à affronter les épreuves qui m’attendent.

Pour commencer, je m’aventure dans une ville que je ne connais pas vraiment. Tous mes sens sont en alerte. J’écoute les sons, observe les panneaux. J’avance. Je reviens sur mes pas. L’architecture de la ville m’est inconnu. Il y a tellement d’endroits où poser mes yeux que je ne sais plus. Par moment, je me sens perdue. Heureusement que j’ai accès du bout des doigts à un guide! Et après toutes mes péripéties, j’arrive à la porte de la prochaine mésaventure.

Le rendez-vous est particulier. De plus, j’ai été convoquée donc la procédure m’est imposée. Je suis là pour attester de ma maladie et de mes difficultés. Comme si, tous les spécialistes n’étaient pas assez crédibles. Pour des raisons financières et d’assurance, je dois justifier que je suis légitime dans mes douleurs. Un sentiment étrange prend place. Je souffre et c’est majoritairement invisible. Et tout au long de mon parcours, je dois continuer à le dire et le prouver. C’est éreintant et c’est ainsi. Les questions qui me sont posées pourraient me faire perdre tous mes moyens. Pourtant, je n’en démords pas. Pendant l’entretien, je pense au yoga, à respirer, à être forte. Et j’y arrive. Je repousse mes limites émotionnelles.

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Je sors de là-bas, à la fois épuisée et abasourdie par l’évènement. Je dois encore retrouver mon chemin. Un bus, un tram, un train. Je me débrouille aisément. Je remercie mon sens de l’orientation. Sur le quai, je dépose les émotions négatives. Je laisse ce passage désagréable et obligatoire sur le sol. Je m’installe dans le train et peu de temps après, il démarre. Le paysage défile sous mes yeux. Dans ma tête, les pensées sont au ralentis. Mes neurones sont figés. Je suis réellement fatiguée. Je n’ai même pas conscience du temps de trajet. Mon unique objectif est de retrouver mes repères et de me reposer.

Et comme prévu, en rentrant, je me repose. J’alterne entre la somnolence et le sommeil profond. Je peine autant à me mouvoir qu’à me réchauffer, enroulée sous deux couvertures. Je pense aux activités que j’aurais aimé accomplir aujourd’hui et me résigne à accepter. Cette fois-ci, je n’ai pas le choix. Il n’existe pas de frontières à outrepasser dans mon état.

Péniblement, pour satisfaire mon moral, je me mets à écrire. Je suis si exténuée. Tout est flou et compliqué. Mes yeux brûlent. Je dois reconnaître que l’exercice est carrément difficile. Les mots ne viennent tout simplement pas jusqu’à mes doigts. Je suis enfermée dans un mutisme. Je force et mon discours est décousu. Il me faut plusieurs heures pour réunir quelques syllabes et former un mince texte. Je ferais mieux une prochaine fois.

Je respecte la situation et vais me coucher.