Jour 88 – Ça déménage ou presque!

Ce matin, je me réveille avec l’ambition des grands jours. La force et l’enthousiasme de profiter à fond ces prochaines heures. Comme une remise à nouveau. Je commence, comme toute bonne journée par du yoga.

Puis, j’ai pour projet de continuer ce que j’avance petit à petit depuis quelques temps. C’est-à-dire l’aménagement de mon lieu de vie. Je suis heureuse de mon chez-moi, mais j’ai le sens du détail, et peut-être un peu trop. Cependant, j’ai aussi le temps de repenser l’espace et de l’aménager du mieux possible. Le genre de détail que souvent, je me suis dit que ce serait mieux autrement, sans jamais agir.

Aujourd’hui est venu le jour d’agir. Je vais tenter une nouvelle disposition des meubles. Alors, sous l’effet de mes petits muscles, les meubles se mettent à danser. Les objets valsent d’une pièce à l’autre. Même la disposition des tableaux changent. Tout y passe. Et vu que j’y suis, je nettoie, on pourrait presque dire que je fais mon nettoyage de printemps, sans la saison. J’y passe la journée, sans vraiment voir le temps passer.

Ce n’est que lorsqu’il ne reste plus que la poubelle à sortir que je m’aperçois d’un détail. Le soleil s’en est allé et je n’ai pas pris le temps d’en profiter. Pour me consoler, la lune se montre. Et le ciel est décoré de teintes époustouflantes. Cette fois-ci, je saisis l’occasion d’observer ce ciel. Il peut paraître on ne peut plus banal pourtant, c’est suffisant pour remplir mon coeur de joie et m’aider à clôturer cette journée plus que productive.

Jour 87 – Des petits pas vers le bonheur

Sur mon balcon, une légère couche de neige persévère de la dernière tombée. L’émerveillement me gagne, lorsque j’aperçois les empreintes, sûrement celles d’un pigeon se promenant par-là.

Ce matin, le réveil sonne. Je me lève avec une paresse à rallonge et me recouche. Je regarde le temps et calcule combien je pourrais grappiller, pour rester le plus longtemps dans mon lit. J’étire et allonge chaque minute jusqu’au moment fatidique où il faut s’y mettre. Alors, avec lourdeur, je m’habille, me prépare, avale un petit truc et sors. La température glaciale des jours passés laisse enfin place à quelques degrés de plus. Je sens tout de suite la différence.

Ce matin, j’ai un rendez-vous médical.

En sortant du cabinet, je profite d’attraper cette magnifique vue.

Le rendez-vous m’a fatigué, j’ai besoin de me reposer. Alors, je prends le temps, encore.

Par la suite, je me motive à étudier le solfège. J’ai l’impression de faire des progrès chaque jours. Je termine par faire courir mes doigts sur le piano, en mélodie. Mon humeur studieuse me pousse a ranger ce qui à besoin de l’être, faire quelques paperasses puis, en récompense, je continue le jeu entamé la veille. L’enquête est vraiment passionnante, j’ai l’impression d’être dans la peau d’une enquêtrice au coeur d’un grand mystère.

Après le repas du soir, je regarde la flamme, une série complètement décalée et délirante. Les éclats de rires raisonnent dans l’obscurité du salon. Une journée s’achève, dans le bonheur, une fois de plus.

Jour 86 – Le soleil brille dehors

C’est avec douceur que mes yeux s’entrouvrent sur cette journée. Pleine d’entrain, je me rends sur mon tapis de yoga, pour pratiquer. Je choisis d’être guidée et la pratique est plutôt tonique.

Après ce moment mouvementé, je me laisse porter par le temps en lisant. C’est mon estomac qui vient me sortir de mes pensée, au bout de deux heures.

Il est presque midi et j’ai autant envie d’un petit-déjeuner que d’un repas. Je me lance dans la préparation de pancakes rapides et légères. Les petites crêpes dodues sont savoureuses.

Par la fenêtre, le soleil est à l’oeuvre. Le temps est avenant malgré la température qu’indique le thermomètre.

Cette après-midi, je passe énormément de temps à lire. Je suis plongée dans un autre univers et c’est tout ce dont j’ai envie et besoin. C’est une journée remplie de lenteur, de calme.

Puis, sans que je ne comprennes pourquoi, je me lève avec une impulsion. Je range la vaisselle qui traîne, je m’habille, prend un thé à l’emporter et me voilà à l’épreuve du froid. Les rayons du soleil chatouillent mes yeux, j’aurais dû prendre mes lunettes de soleil. En cette saison, à part à la montagne, je les oublie tout le temps. Tant pis, je plisserais les yeux. Je me rends au bord du lac. La promenade est bondée, forcément, c’est le week-end. La splendide météo attire. Il faut aussi admettre qu’il n’y a pas grand chose à faire, en ces temps compliqués.

Je m’efforce de prendre des chemins différents, afin d’éviter la foule.

Je m’efforce de prendre des chemins différents, afin d’éviter la foule. Mes pas me guident au dessus de la piscine fermée pour la saison froide. J’observe ce parc désertique, et ses arbres dénudés. Il me dit qu’il se réjouit que la température augmente, pour pouvoir être fréquenté. Au dessus de nous, le soleil nous regarde, essayant tant bien que mal de nous réchauffer.

À un moment, mes genoux commencent à se bloquer. Mes pieds s’accrochent au sol et je comprends que je dois redoubler d’efforts pour mettre un pied devant l’autre, en toute sécurité. Il est temps de rentrer, avant que je ne sois trop fatiguée.

Ce soir, j’entame un second jeu narratif, dans la même lignée que le précédent terminé. L’enquête peut commencer et ma journée peut enfin s’achever.

Jour 75 – La créativité apaise les maux

Dès que j’ouvre les yeux, quelque chose à changé. Je me lève rapidement, pressée de profiter de cette énergie nouvelle. Après deux jours à chercher le vrai repos, celui qui régénère, le voilà enfin.

Comme un missile à tête chercheuse, je me dirige tout droit sur mon tapis de yoga.

Je pratique les postures avec dévotion, malgré que mes muscles vibrent sous mon poids, je tiens bon. Ma respiration est profonde et sonore. Je m’accorde ce temps pour démarrer la journée et à la fin, lorsque je médite, je me perds dans mes pensées. je songe à tout ce que je pourrais faire de cette journée et à toute ces possibilité qui s’ouvrent devant moi.

Je vais commencer par écrire, remettre au propre mes textes, le tout en avalant mon petit déjeuner.

Puis, je me prépare et sort, j’ai un rendez-vous chez ma thérapeute. Mes pas sont légers, la sensation de déplacement est agréable. En sortant de la séance, je vais chercher une belle brioche (adaptée à mes restrictions, youpi!) à la boulangerie. J’avance d’un pas décidé en destination de chez moi.

Il est bientôt midi donc je me rends en cuisine. J’ai en tête de préparer une recette de pâte à tartiner maison, afin d’accompagner ma brioche, pour le goûter. Pendant que je fais la recette, des douleurs s’éveille dans mes deux jambes. J’alterne les positions et tente de ne pas me focaliser sur le mal. Malgré mes efforts, il devient difficile de tenir debout. Je me dépêche de finir mes préparations et vais m’installer pour manger.

Pendant que je mange mon repas, une armada de douleurs plus vives et désagréables les unes que les autres, débarquent. je ne sais plus comment me tenir pour ne rien ressentir. J’admets, qu’à ce moment précis, j’ai l’impression que ma journée est terminée. Un peu résignée, je vais chercher des anti-douleurs, sans grands espoirs ainsi qu’une bouillotte sèche et vais m’allonger. Je lis quelques pages puis j’octroie la fermeture de mes paupières.

Lorsque j’ouvre les yeux, ce qui m’interpelle c’est ce son continu, en fond. Il n’était pas là lorsque je me suis assoupie. Je me retourne afin de pouvoir observer la fenêtre et identifie la provenance de cette douce mélodie. La pluie est battante et la vitre est assailli d’une multitude des gouttes épaisses. Le spectacle est reposant. Il m’inciterait presque à fermer un peu plus les yeux, enveloppé dans cet environnement réconfortant.

Je scanne les sensations et j’ai l’impression que le mal s’est en allé, me laissant un peu de répit. Ni une, ni deux, je me lève. Je ne sais pas jusqu’à quand ça va tenir cette fois-ci, alors je fonce. J’ai terriblement envie de peindre depuis plusieurs jours. À savoir que si je pouvais, je peindrais bien plus souvent mais cette activité demande beaucoup. Entre la préparation de l’atelier, le rangement de celui-ci, ainsi que le nettoyage des outils et sans compter le fait de peindre tout court. Ces choses peuvent sembler bête, de les compter, mais de mon point de vue, je dois calculer chaque acte afin d’évaluer ma propre énergie. Aujourd’hui, j’admets que je suis encore sous l’effet de ma sieste et des anti-douleurs. Ça ne durera pas éternellement, alors je saisis ma chance. Au passage, je me prends un petit goûté, ma fameuse brioche avec la pâte à tartiner. Un petit régal mais je ne m’attarde pas, je n’ai pas que ça à faire!

J’installe mon matériel, les protections et me voilà, face à ma première toile blanche. Je choisis les teintes et commence à imaginer le procédé. La bulle se forme et s’épaissit autour de moi.

Ma première toile donne un résultat dont je ne suis pas déçue mais elle renferme une histoire. J’ai eu beaucoup de mal à doser les couleurs, les apposer comme je le souhaitais. Jusqu’à la dernière minute, le processus a été chaotique. D’ailleurs, au moment où je l’ai mise à sécher, je n’étais pas encore convaincue. Et finalement, en la laissant de côté, la peinture à continuer à travailler et a révéler sa magie.

Puis, je reprends les teintes de bleus mais décide de prendre du cuivré pour l’agrémenter. Je ne saurais décrire ma passion pour ce jeu de couleurs. Je peux juste dire qu’elle me font vibrer. Je suis hypnotisée par chacune d’entre elles.

J’entame alors ma seconde toile. Le processus est apaisant, aspirant et plein d’incertitudes. Malgré tout, j’ai confiance. Peut importe le résultat, le chemin pour y parvenir est nourrissant. C’est une expérience nouvelle à chaque toile. Comme si c’était la première fois.

Dans ma bulle, il n’y a rien que les couleurs, le bonheur de créer et moi. En commençant cette troisième toile, je penses aux infinités de résultats possibles et me perds dans ce songe. Prise dans la spirale créative, je me laisse porter jusqu’au moment où je ressens que la toile est complète.

Je ne peux pas continuer à faire la sourde oreille. C’est ma dernière toile pour aujourd’hui. En effet, mon corps crie de plus en plus fort. Il me supplie d’arrêter tous mouvements. Il m’implore de l’écouter, de regarder sa souffrance en face. Les douleurs ont reprit depuis un moment, mais portée par la créativité, je n’ai rien vu. Si tôt je ferme les pots de peinture que je suis vivement assaillie par une force me tirant vers le sol. Étant recouverte de peinture, je ne veux rien salir, alors je m’allonge sur le parquet, pour attendre que ça passe. Je reste ainsi de longues minutes et je réunis tous les bouts de moi afin de me relever. Là, c’est bon, c’est officiel. J’ai mal. Je capitule, je plie n’importe comment les affaires et vais m’engouffrer dans la douche. Frotter la peinture est douloureux, je n’en ai pas la force. Je n’ai même pas la force de tenir debout. Je m’asseye, sous l’eau chaude. Mon estomac rejoint la danse et se noue de toutes ces forces. C’est une mutinerie.

Peu sûre de mes pieds, je sors de la douche et vais m’allonger, encore. J’entoure la bouillotte de tout mon corps, recherchant cette chaleur calmante.

Ce soir, je ne fais plus rien. Je laisse mes proches s’occuper de la vie. Je vais me coucher, les yeux encore pleins d’étoiles. Tellement heureuse d’avoir pu peindre et vivre une journée si remplie. Peut importe le prix que je paie à l’heure actuelle, ça valait le coût.

Jour 74 – Les merveilles de la nature

En ouvrant les yeux, je redoute déjà que la spirale ne s’installe. Ce matin, j’aimerais bien m’enterrer sous la couverture. Où sont passés le repos et le regain d’énergie promis? Ai-je vraiment passer la nuit à ne pas vraiment dormir? Je suis troublée et il me faut un certain temps avant de trouver la motivation pour me mettre en mouvement.

Je me prépare un petit-déjeuner et ma tisane habituelle. Le yoga attendra son tour car ce n’est pas ce dont j’ai besoin à cet instant. J’étire le temps jusqu’au moment où j’ai une impulsion.

Dans la maison, un coup d’aspirateur est requis ainsi que de ranger quelques trucs qui traînent par-ci, par-là. Dans mon esprit se forme un plan, et je m’exécute. Je prends soin de cet environnement, je me l’approprie. Et une fois que je m’estime satisfaite, je vais m’installer sur mon tapis de yoga. Désormais, je me sens éveillée, prête à recevoir les bienfaits. Je continue à pratiquer seule, sans guide. C’est très introspectif et par moment, je me perds dans les méandres de mes pensées. Je retrouve le chemin, par la respiration.

Après un bon repas et une sieste inopinée, je vais passer l’après-midi avec ma famille. Des instants doux et rassurants. Et au moment de rentrer, je détourne mon chemin pour aller voir le lac. Ni la grisaille, ni la pluie de m’effraie. L’eau est mouvementée et elle joue sa musique relaxante.

Sur mon chemin, je croise un premier ponton en pierre. Au bout de celui-ci, les mouettes font concurrence aux canards. Après quelques minutes d’observations, je continue ma route, en quête d’autres merveilles.

Pendant que je longe la côte, l’eau tente d’atteindre mes jambes en se fracassant contre les rochers. À chaque fois, les gouttes me manquent de peu. Un second ponton en pierre attire mon oeil. Il est recouvert d’une belle mousse verte. Je décide de m’aventurer jusqu’à son bout. Je redouble d’attention, afin de ne pas glisser et parviens jusqu’à la pointe. Je remarque que le vent est levé, le froid frotte mes joues et je range mes mains plus profondément dans mes poches.

Puis, je reviens sur mes pas et continue ma route. Mes pas m’amènent sur une petites plages de galets. Mon regard se porte sur l’horizon, puis sur les vagues roulant dans ma direction. L’écume et sa mélodie m’hypnotisent.

Et pendant que je me déplace, je fixe le sol. La multitudes de formes, de tailles et de nuances m’aspirent. Je me baisse et touche la texture solide et râpeuse des cailloux. Malgré le froid et l’humidité, j’allonge le temps sur cette plage. Je m’extasie devant chaque pierre, aussi banale soit-elle. J’ai la sensation de marcher sur mille merveilles.

Ce n’est lorsque les lampadaires, sur la promenade, s’allument que je décide de rentrer.

Le soir, je vais prendre le temps d’écrire brièvement, mes idées sont brouillons ces jours.

Je vais m’endormir, heureuse d’avoir pu vivre une si douce journée, malgré qu’elle n’ait pas commencé comme je l’aurais souhaité. Comme quoi, il y a toujours de l’espoir.

Jour 73 – En suspension

Photo de Cats Coming sur Pexels.com

La journée commence dans la lenteur. Comme si la nuit n’avait pas délivré son effet reposant.

Eveillée, j’attends de réunir mon énergie pour pouvoir sortir de mon lit. Et je me rends compte que j’ai beau attendre, elle ne viendra jamais. Alors, je prends les devants, avec paresse. Je me rends vers mon tapis de yoga, les yeux collés et le corps englué. Ce matin, je vais pratiquer seule. J’ai vu que j’en étais capable, alors je m’exécute. Je réveille chaque muscle, délicatement. Je baille encore.

Après ce moment, je vais me servir mon bol habituel en guise de petit-déjeuner. Je sais que j’ai des choses à faire, le genre d’obligations que je repousse lorsque je le peux. Au fond de moi, une petite voix m’incite à les faire et de l’autre, la fatigue corporelle me ralentit. Chaque tâche que je vais entreprendre va s’étaler, encore et encore. Rien que faire ma liste de course va me demander une concentration folle alors je vous laisse imaginer pour des actes plus compliqués. C’est comme si mes neurones étaient déconnecté des uns aux autres et que mes membres étaient dispersés.

Peu avant midi, je dois me rendre à la pharmacie. J’en profite pour prendre l’air et acheter de quoi me faire à manger. Le temps est gris et les étudiants du coin sont en pauses. Il y a énormément de monde autour de moi et je me sens floue dans cette masse.

Une fois rentrée, je m’attelle en cuisine et après le repas, je m’installe devant mon ordinateur, afin de terminer mon travail administratif. Malheureusement, je constate que malgré ma pause, je n’y parviens pas mieux. Un escargot a pris ma place aux commandes.

Dans ce genre de moment, je constate que je n’y arrive pas et souvent, comme je suis têtue, je me laisse ramer. Je pagaie pendant des heures, sans jamais atteindre la rive. Je dois vraiment apprendre à savoir marquer un arrêt à ce moment-là et revenir lorsque le moment propice sera venu. C’est un apprentissage en cours. En attendant, je persévère dans le vide jusqu’au moment fatidique d’une bonne nouvelle. Celle-ci me libère d’un poids et me permet de lâcher les obligations que j’avais jusqu’à présent. Je relâche la pression et délaisse mon ordinateur.

Je m’accorde un temps de vide. Je suis tellement au ralenti que je ne me rends plus compte du temps qui défile.

A ma fenêtre, l’obscurité prend place et je songe à écrire. Je tente quelques mots, dispersés et disparates. J’ai des douleurs dans les mains qui se font insistantes. Elles me contraignent à abandonner. Cette fois, je laisse tomber.

Et je me repose encore.

Le soir, je me distrais devant un film qui m’a beaucoup touché. (« Le tigre blanc » sur Netflix)

C’est une journée comme ça, où finalement il ne se passe pas grand chose et c’est bien ainsi. Le temps a défilé sans me le dire. Et rapidement, demain sera un autre jour.

Jour 72 – Hommage

Photo de Sam Kolder sur Pexels.com

C’est un jour particulier. Il commence par une grasse matinée, un fait plutôt inhabituel. J’avais sûrement besoin d’un peu plus de sommeil que d’habitude. Puis, je me lève avec l’envie de prendre le temps d’émerger. Je commence par lire les nouvelles, dans le journal. Et c’est à ce moment-là que je ressens un déchirement. J’apprends le décès d’une jeune femme connue, atteinte de deux maladies rares dont une, la même que la mienne. Elle s’appelait Faustine Nogherotto.

Vous vous en êtes aperçu, je parle souvent d’elle, ma colocataire. Elle rythme mon quotidien, malgré moi. Je ne veux pas être réduite à son étiquette, c’est pour ça que j’ai fait le choix, jusqu’ici, de ne pas réellement mentionner son nom. Pourtant, je n’ai aucun mal à parler de celle qui tente de mener ma vie. Et c’est aussi pour cette raison que j’ai débuté ce blog, pour reprendre le dessus. Pour montrer que je peux encore prendre des décisions et des choix pour mener ma barque. Et ce matin, pavé dans la marre. Un ange rejoint le ciel.

Lors de mon diagnostique, j’ai cherché des informations sur internet, pour pouvoir comprendre et appréhender ce qui m’attendait. Ma pathologie touche généralement les personnes autour de la cinquantaine, alors je n’ai pas trouvé de pistes me permettant de m’identifier. J’avais besoin d’un modèle aussi proche en âge de moi, pour savoir comment vivre avec. Je cherchais le mode d’emploi à quelque chose d’inexplicable. Pendant ces recherches, je suis tombée sur cette jeune femme. Je m’étais sentie un peu moins seule. Elle avait à coeur de faire connaître les deux maladies rares dont elle était atteinte afin de faire avancer les recherches inexistantes.

Je ne la connaissais pas personnellement, pourtant, j’ai ressenti du chagrin. Elle a eu recours au suicide assisté, en Belgique. Ce n’est pas anodin comme acte mais je suis heureuse qu’elle ait pu partir sereinement, entourée de ses proches. J’espère que de là où elle est, elle est apaisée.

Constater qu’elle ne s’en est pas sortie indemne m’a fait un électrochoc. J’ai ressenti de la peur, de moi aussi, ne pas y arriver. Elle a été diagnostiquée autour de ces vingts ans et s’en est allée onze années plus tard. Je sais pertinemment que pour chaque malade, c’est une autre maladie. Mais cette nouvelle vient nourrir mes craintes les plus profondes face à mon avenir de malade chronique. Je n’ai jamais eu spécialement peur de mourir, mais cette fois-ci, plus que jamais, je n’ai aucune envie de laisser ma peau si vite. Je lui dédie mes larmes pendant quelques minutes et envoie toutes les plus douces pensées à ceux qui lui sont restés.

Et je reprends mes esprits, pour elle. Comme un hommage, je décide que pour elle et pour tous ceux souffrant dans le silence, je ne dois pas m’arrêter à l’étape de la peur. La peur n’empêche pas le danger. Et je ne peux pas gaspiller ce temps précieux, où je suis encore capable de vivre mille expériences fabuleuses. Je ne peux pas faire ça, rien que par respect pour les autres.

Alors malgré la boule dans ma gorge, je me lève. Je dois me lever et je dois affronter cette vie, peut importe les obstacles.

Et je commence par le yoga, comme chaque matin. Je sèche mes larmes et intérieurement, même si c’est encore le chaos émotionnel, je fais le vide. Je dédie ma séance, chacune de mes inspirations et tous mes gestes à toi, jolie ange. Et aujourd’hui, c’est la dernière séance du voyage avec Adriene. Une aventure qui s’achève, ainsi qu’une vie parmi tant d’autres. Adriene dit que dans chaque fin se trouve un nouveau commencement. Si elle savait comme ces mots raisonnent en moi. La particularité de la séance est qu’elle va pratiquer de son côté, sans donner d’indications à l’oral. Je commence la pratique et sors tous les outils appris jusqu’ici. La musique douce de la vidéo m’accompagne. Par moment, je jette un regard sur l’écran pour me rassurer, elle est toujours là. Puis, je plonge profondément dans mon corps et dans un espace alternatif. Je suis complètement engagée dans ma pratique et je recherche les postures me faisant du bien. Je n’ai pas conscience du temps et je n’en veux pas. En me retrouvant en posture du cadavre, je médite. Et lorsque je sors de cet état introspectif, je m’aperçois que la vidéo s’est terminée. Je ressens une certaine fierté d’avoir pratiquée seule durant une heure. C’était magique, apaisant. Je n’ai pas plus de mots, c’était puissant.

Le reste de la journée, je dédie mon temps à l’écriture, à me nourrir et à prendre le temps de profiter de vivre. Je n’ai pas besoin d’en dire plus car tout ce dont j’aimerais me souvenir réside dans les lignes précédentes. Malgré ces nouvelles bouleversantes, c’est une journée qui mérite d’être vécue et encore plus que toutes les autres.

Jour 71 – Se laisser vivre, c’est peut-être ça le secret

Ce matin, je me réveille avec lenteur. Mes yeux sont ouverts, mon corps se met en mouvement pour sortir du lit et malgré tout cela, je continue à dormir. Pendant quelques heures, je m’accorde le droit d’émerger. C’est le week-end, après tout.

Une fois que je me sens prête à commencer enfin cette journée, je rejoins mon tapis de yoga pour la séance du jour. C’est l’avant dernier jour du calendrier proposé par Adriene. Je suis focalisée sur l’instant et le savoure avec délicatesse.

Après la séance et une douche, je me retrouve en cuisine. Il est déjà l’heure du repas de midi que j’entame mon petit-déjeuner. Les heures n’ont aucune importance.

Cette après-midi, je décide de continuer à coudre. J’enclenche la musique avec laquelle je fredonne et le temps s’écoule.

En fin d’après-midi, je me prépare une soupe et le ventre réchauffé, alors que la luminosité décline, je me rends en balade. Aujourd’hui, il fait gris et il pleut sur la vie. Je choisis de me rendre près du lac, la promenade promet d’être vide vu le temps. Il ne fait pas spécialement froid et l’ambiance désertique m’apaise. L’eau est plutôt calme et les canards flottent à sa surface. Sur mes pas, la nuit tombe. Malgré la froideur des teintes qui m’entoure, cet balade me réchauffe le coeur.

Sur mes pas, la nuit tombe. Malgré la froideur des teintes qui m’entoure, cet balade me réchauffe le coeur. Et lorsque les lampadaires illuminent mes pupilles, il est temps de rentrer.

Après un bon repas, je décide d’écrire. J’ai cette impression d’avoir mille choses à dire. Mille songes qui doivent sortir de ma tête. Je ne ressens pas la fatigue comme si mon corps me donnait la permission d’aller jusqu’au bout de ce que j’ai entamé. Et vient le moment de mettre un point final. Dès ce moment précis, je vais me mettre dans mon lit et aussi soudainement, mon corps se relâche pour me laisser glisser vers le repos.

Je suis heureuse, ce fut une douce et belle journée.

Jour 70 – Météo changeante

Aujourd’hui, la banalité du quotidien me rattrape. J’ai de la lessive à faire et c’est l’activité qui va rythmer ma matinée.

Entre chaque minuterie pour descendre à la buanderie, je m’active. Pendant que la machine tourne, je profite pour avancer de la paperasse, que j’ai repoussé jusqu’à maintenant. Puis, je reprends l’écriture. Je ne cesse d’être coupée par la sonnerie me rappelant d’aller lancer une autre machine. Suspendre le linge est un défi physique, je tente de m’occuper l’esprit par un peu de musique. Et ainsi, la matinée défile, entre écriture et le linge propre.

La satisfaction d’accomplir des choses si simples, me nourrit. La satisfaction d’en être capable.

Je n’ai pas encore pu faire ma séance de yoga et je dois admettre qu’à chaque fois que je croise mon tapis du regard, je ressens un pincement. Ne pas avoir pratiqué dès le réveil me manque.

Lors du repas de midi, la lessive n’est toujours pas finie. J’attends d’avoir pleinement achevé cette corvée pour pouvoir passer à une activité plus récréative.

Dehors, depuis ce matin, les éléments se déchainent. J’ai eu l’occasion de les observer. Il y a eu la brume matinale puis la pluie battante et en continu, le vent balaie l’horizon. Les rafales sont si fortes que j’entends le sifflement continuel. Par moment, le soleil perce les nuages et j’ai même pu apercevoir un morceau de ciel bleu. De courte durée car le vent s’affaire à ne laisser aucune chance à une météo stable. Il règne en maître sur cette journée humide. Au loin, je devine les moutons sur le lac, la mousse blanche produite par les mouvements incessants des vagues. La couleur de l’eau est disparate. Par endroit, elle se veut bleu foncée et à d’autre, elle va du vert gris au vert fougère, intense. Certaines côtes sont brunie. Ce tableau insuffle en moi l’envie d’aller braver le froid.

Lorsque la machine se termine enfin, je suis dans un état approximatif. Je suis heureuse d’être parvenue au bout de ma corvée mais je suis frustrée de m’apercevoir que j’ai des douleurs fracassantes. Elles partent de la pulpe de mes doigts pour atteindre mes épaules et descendre au centre de mon dos. Depuis le réveil, c’est l’escalade douloureuse. J’ai tenté de l’ignorer mais en me rendant sur mon tapis, je suis heureuse d’y arriver mais je suis fâchée d’être dans un état aussi inconfortable que celui-ci. En posant la plante de mes pieds sur le tapis, je suis pessimiste sur mes capacités. Je me dis que la douleurs remplacera le bien-être et que ma séance est déjà gâchée. Et doucement, je m’encre dans la pratique, les postures et ma respiration. Et sans m’en apercevoir, je ne ressens plus rien de négatif. Je suis dans un espace différent. Il est protecteur, bienveillant et puissant. La magie a opéré et je m’en aperçois d’autant plus, lors de ma dernière expiration, avant d’ouvrir les yeux.

Je décide d’aller profiter de prendre l’air. Je m’habille et me lance dans la rue, sans destination précise. Comme d’habitude, la pluie en plus. À la différence que cette fois-ci, je regrette très vite d’être dehors. La douleur reprend plus vivement, ainsi que la fatigue. J’ai l’impression que mon corps entier me tire vivement vers le sol. Comme si la gravité était soudainement plus forte pour moi. Et la frustration revient. Je suis déçue de n’avoir pas pu profiter d’aller dehors lorsque j’avais de l’énergie. Je suis fâchée d’être contrainte de souffrir. Je ne trouve plus l’intérêt d’être dehors. Alors, je fais marche arrière, complètement désemparée par toutes les émotions envahissantes.

Et pendant que mes pensées s’enfonçent plus profondément dans une spirale déprimante de complainte, d’agacement et de déception, quelque chose attire mon oeil. Sur le trottoir mouillé, appuyé contre le poteau, un gros caillou. Il me surprend car d’habitude, il n’y a pas de caillou sur ce trottoir. D’autant plus qu’il est d’une belle taille et je me demande donc comment il est arrivé-là. Plus je m’en approche, plus je m’aperçois qu’il y a autre chose d’étrange. Arrivée à sa hauteur, je marque un arrêt et observe.

Fantastique

Et soudainement, je me mets à penser que c’est un signe de l’univers. Je m’imagine que le destin a décidé de me remonter le moral. Comme si le destin voulait que je n’oublie pas que la vie, malgré tout, c’est fantastique.

Je souris.

Je continue ma route, le coeur plus léger et acceptant de devoir rentrer pour me reposer. Cette fois, je ne suis plus fâchée. Quelques mètres plus loin, je trouve une autre pierre.

Formidable

Je marque encore une fois un arrêt, avec la curiosité de lire le mot. J’ai l’impression de participer par hasard, à un jeu. C’est formidable et je suis émerveillée par la magie de ce moment.

Magique

Et au troisième et dernier caillou que je rencontre, je suis reconnaissante envers la personne qui m’a fait vivre ce moment magique. Je ne pense pas que cette personne ait conscience qu’elle a fait basculer mes émotions et m’a allégé d’un poids. J’avais juste besoin d’un signe pour tout lâcher et pouvoir avancer vers mon bien-être. Alors, même si elle ne le saura jamais, je l’en remercie. Ces trois petits mots, si bien choisis, ont peint un doux sourire sur mon visage. Mais surtout, ces trois grosses pierres, m’ont fait réalisé que j’avais oublié d’apprécier le plus simple. Pendant quelques heures, je m’étais laissée happée par la négativité et je ne savais plus savourer toute la richesse de ma vie.

En rentrant, mes douleurs n’ont pas disparu. Elles sont si vivaces qu’elle me font douter. Comme si c’était pire que d’habitude et qu’au fond, je n’avais jamais vraiment eu mal. Pourtant, je sais que c’est faux. Déterminée à retrouver un peu de bonheur, j’enclenche le diffuseur et choisis un mélange d’huiles essentielles d’orange douce et de lavande. Dans cette ambiance parfumée et apaisante, je prends ma liseuse et m’allonge. Mon corps se relâche et je parviens à faire abstraction des sensations. Calme et réconfortée, c’est ainsi que je vais passer le reste de ma soirée.

Jour 69 – La revanche

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Je me lève, à l’aube d’un nouveau jour et toutes les possibilités qui vont avec. La première chose qui me vient à l’esprit, c’est que j’ai besoin de me mouvoir, de prendre de l’air frais. Je ne saurais expliquer ce besoin, en sortant du lit. Alors sans chercher à comprendre, je m’habille et vais fouler le bitume. Il est tôt, le jour se lève à peine et dans la rue, les gens s’activent. En faisant le tour du quartier, j’observe toutes ces personnes qui s’empressent d’aller au travail, d’amener leurs enfants à l’école et ainsi de suite. Je savoure cette chance qui m’est donnée de pouvoir vivre auprès de mes besoins et de mes envies.

Je rentre chez moi, légère et prête à consommer mon énergie. Je commence par aller m’installer sur le tapis de yoga. Les pieds bien encrés dans le sol, je fais le vide et regarde en face de moi. Il fait plus clair désormais, par la fenêtre. Une épaisse brume maquille la vue. J’entame mes salutations au soleil, pensant peut-être pouvoir changer cette météo grisâtre. Puis, une fois satisfaite, j’enchaîne avec la séance d’Adriene. C’est une session pleine de douceur.

Aujourd’hui, j’aimerais énormément pouvoir remettre au clair mes écrits des jours passés. Et ainsi, je passe une bonne partie de la matinée à écrire. Je crois pouvoir dire que le chamboulement vécu cette semaine commence à se tasser. Je suis plus sereine avec cet idée de prendre un nouveau traitement, voulant faire ce qu’il y a de mieux pour moi ou en tout cas, essayer. Et l’heure tourne tellement vite pendant que mon esprit est occupé que je m’aperçois au dernier moment, que j’ai une séance avec ma thérapeute. J’enfile mes chaussures et m’y rends le plus rapidement que je le peux.

J’arrive juste à l’heure. La séance se déroule sans encombre.

En rentrant, mon estomac se fait entendre. J’ouvre mon frigo, sans grande inspiration. Je songe à un plat, puis un autre. Je ne suis pas très convaincue jusqu’au moment où me vient une idée alléchante et rapide (en plus!).

Je mange puis, cela fait plusieurs jours que j’aimerais changer un espace de rangement que j’ai dans mon salon. Me sentant pleine d’énergie, j’attaque en suivant mon plan initial. Je sors les tournevis et bricole mon intérieur avec ferveur. Par moment, je me trouve en difficultés et je suis tentée d’abandonner. Je me maudis d’avoir eu cette ambition. Puis, je prends de grandes inspirations et avec les expirations, j’expulse les pensées négatives. Doucement, je parviens à trouver des solutions aux problèmes se présentant. Je suis fière de moi. J’accomplis toutes les petites choses que je délaissais mais qui méritaient d’être faites. Comme pour prendre ma revanche sur les jours précédents, j’en fais le plus possible. En fin de journée, lorsque mon salon ressemble plus ou moins à ce que j’avais imaginé, je ressens la satisfaction d’en avoir été capable, toute seule. Je n’ai eu besoin que de moi-même, de temps et de persévérance.

Le soir, j’enfourne une belle lasagne faite maison et la déguste avec mes proches. Je me sens éreintée mais accomplie. Je m’endors, confiante.