Jour 63 – Prendre son mal en patience

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Des sons métalliques de volets emportés par les bourrasques de vents ainsi que martelé par la pluie m’ont sorti du sommeil, en milieu de nuit. J’ai décidé de me lever afin d’aller jeter un oeil, à travers la fenêtre. A l’extérieur, c’est le déchaînement des éléments et quelque part, je suis contente d’avoir reçu cette invitation nocturne. Le spectacle est aussi terrifiant que captivant. J’en profite pour boire quelques gorgées d’eau et vais me recoucher, bercée par le vacarme.

Je ne sais pas combien de temps il s’est écoulé entre la tempête et la sonnerie de mon réveil. La seule certitude, c’est que j’aurais bien dormi un peu plus. Je sais que lorsque je suis épuisée, cela s’étale et mon corps demande du temps pour être à nouveau prêt à me suivre. Alors, avec indulgence, je me lève et vais faire ma tisane habituelle. Je peux tout de même noter que j’ai moins de douleurs que la veille, pour le moment.

Et partant de cette constatation, je me dirige sur mon tapis. C’est une séquence plutôt courte mais avec un enchaînement de postures plutôt rapide. J’apprécie le moment.

Ce matin, je dois déplacer des charges lourdes. Malgré que je sois aidée par l’un de mes proches, je ressors de ce moment complètement usée. Je tente de ne pas trop montrer que la douleur et la faiblesse prennent placent. J’admets que pendant une seconde, je me dis que je n’aurais pas dû faire ça, car désormais, je vais avoir du mal à utiliser mes mains pour la journée. Puis, je reprends ma pensée et la reformule. Je suis capable et veut tout vivre, quoi que ça m’en coûte. Je ne veux pas sans cesse que quelqu’un fasse à ma place alors que j’en suis capable. Surtout que parfois, ça me coûtera cher et d’autres fois, ça sera gratuit. Je veux continuer à expérimenter cette vie, si particulière soit-elle.

A midi, je prépare un truc rapide car je ne suis pas très inspirée. Je veux juste me nourrir.

Après ce repas, je vais étaler plusieurs tâches en plusieurs séquences. Je vais effectuer la vaisselle en plusieurs temps, puis m’asseoir ou me coucher. Je vais préparer une lettre importante, lentement, en réussissant à mon tromper sur l’enveloppe et à devoir recommencer. Je vais m’habiller avec nonchalance, pour aller poster la lettre en question. Et lorsqu’il va s’agir de passer la porte, une forte paresse va s’installer. Chaque pas, jusqu’à la boite jaune, en haut de la rue, va être pénible. Je vais les compter, je suis essoufflée, je laisse tomber.

De retour en lieu sûr, je décide de me préparer un bol de popcorn. Lorsque les grains se mettent à exploser dans la machine, la rapidité m’échappe. Je n’ai pas le temps de cligner des yeux que mon récipient est plein. Je m’installe avec mon maïs soufflé, et je dois admettre que ce moment est le rayon de soleil de ma journée. Il en faut peu pour être heureux, comme la chanson enfantine.

Peu avant que le soleil se couche, je réunis ce qu’il me reste d’énergie pour écrire. C’est compliqué, à l’image de ma journée mais je tiens le coup. Je ne veux rien oublier, des bons comme des mauvais moments. Ils sont tous riches, à leurs manières. Dans la complexité de ma vie, j’apprends à savourer le plus simple. Demain est un autre jour.

Jour 59 – Le yoga, cet allié quotidien

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Je me lève d’un pas décidé. Rapidement, la tisane matinale se retrouve dans mes mains et tout aussi vite, je suis sur mon tapis de yoga. J’aperçois que la séance s’allonge. Ce n’est qu’un peu plus de bonheur matinal. En posture finale du cadavre, j’observe et fait un bilan intérieur. Spoiler alert: c’est plutôt positif.

Je me rends réellement compte de mon évolution physique. Je me sens un peu plus équilibrée chaque jour et c’est un réel plaisir. Mes pathologies ne se sont pas éloignées, je ne vais pas mieux dans ce sens là. Pourtant, je suis totalement différente, depuis que j’ai pris cet engagement, de cultiver mon bonheur et de prendre pleinement soin de moi, des choses ont changés. Je me suis retrouvée, en mieux. Les soucis de la vie ne sont pas partis, ils n’ont pas changé d’un poil mais je suis plus forte, plus courageuse et plus heureuse. Alors parmi mes outils les plus récurrents, il y a inévitablement le yoga. D’ailleurs, B.K.S. Iyengar a dit que le yoga enseigne à soigner ce que l’on ne peut endurer, et à endurer ce que l’on ne peut soigner. Il est si juste dans ses mots. Au début, je me forçais un peu, pour me montrer sur ce rectangle gris, au milieu de mon salon. Désormais, je n’attends que ça, chaque jour. Et d’ailleurs, depuis quelque jours, le soir, j’hésite à pratiquer encore un peu. Ensuite, il y a l’écriture qui est aussi un moyen de me rendre compte de ce que je vis et d’en garder une trace. Un moment de calme et d’introspection dans l’agitation de ma journée. Et je m’investis de plus ne plus dans des activités créatives, que se soit la peinture ou la couture. Je prends aussi énormément de plaisir à cuisiner et à me nourrir. Je sors le plus possible, profiter de la nature ou de juste me dégourdir les pattes et je lis aussi plus régulièrement. Je dévore chaque seconde passée avec mes proches avec plus d’entrain et de gratitude qu’auparavant. Bref, voici tout ce qui, aujourd’hui, au cinquante-neuvième jour, compose ma douce vie.

Après ce moment introspectif, je m’en vais passer la matinée avec ma famille. C’est un moment suspendu, emplit de rires partagés et de sourires en coins.

Je rentre pour l’heure du repas, je m’active en cuisine et me prépare un petit plat. Après l’avoir savouré, je m’attaque à la vaisselle. Je me sens pleine d’énergie et j’ai envie de vite terminer tout ce que je dois faire pour pouvoir me consacrer à ce que je veux faire. Alors, je passe à l’étape administrative de ma journée. Je me débarrasse de la paperasse le plus vite possible. Je suis complètement concentrée et ainsi, j’arrive vite au bout.

Le soleil est de sortie aujourd’hui et je ressens le besoin impérieux d’aller respirer l’air glacial. J’enfile ma veste et sans réfléchir au chemin, j’avance. L’air est si sec que la peau de mes lèvres perd lentement en souplesse. Petit à petit, mes pas me guident vers un parc boisé, non loin de chez moi. Il est constitué de nombreux chemins, qui montent puis descendent et tournent dans tous les sens. J’entame une montée plutôt raide. Chaque fois que je pose le pied à terre, je mets toute ma conscience dans le mouvement et j’apporte à mes muscles des encouragements. Ensemble, nous avançons. Je sors du parc et continuer mon voyage vers des ruelles que je n’ai jamais emprunté. Je prends ce moment comme l’opportunité de cartographier, mentalement, un peu plus ma ville. J’observe les alentours. La lumière se tamise. Et lentement, je retombe sur une route que je connais. Me voilà en terrain connu, je peux désormais rentrer.

En arrivant à la maison, je prends un douche et vais m’installer dans mon lit. Je souhaite continuer ce fameux roman que je viens de commencer, il y a peu. Autour de moi, ça sent la lavande, propice à la détente. J’avance de quelques chapitres et me retient de continuer pour pouvoir aller écrire. Les mots viennent tout seuls, c’est magique.

Le soir, après le repas, il est à peine vingt heures passé que je m’installe sous la couette. Je me sens bien fatiguée et j’offre à mon corps l’opportunité méritée de se reposer. Le sommeil arrive sans mal.

Jour 57 – À cent à l’heure

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J’émerge, la tête pleine de sommeil.

Ce matin je dois me rendre à la poste, de bonne heure. C’est le week-end et je ne souhaite pas me confronter à l’ébullition de la ville. Je m’habille et avale un rapide petit-déjeuner.

Arrivée dehors, le froid recouvre mes joues. Paraît-il que c’était l’une des nuits les plus froides de la saison. Je me fais toute petite dans mon manteau, afin d’être protégée. En marchant, j’analyse mes muscles et leurs sensations. J’oublie les douleurs de la veille et me défie de vivre comme si de rien n’était. D’un pas assuré, j’avance vers l’enseigne jaune. Sur la place, le marché et ces effluves sont de sorties. Je n’ai besoin de rien mais j’observe attentivement, de loin, les couleurs des légumes sur les étendards. Je remplis mes narines de toutes les odeurs. C’est un joli spectacle. Je rentre enfin dans la poste et à ma grande surprise, elle est vide. Tout le monde dort encore. Mission accomplie.

Je rentre, mon esprit est apaisé. Je peux désormais me consacrer à faire ce qu’il me plaît.

En arrivant à la maison, je profite de mon énergie pour ranger un peu le fouillis accumulés ces derniers jours. En période de crises, j’en fais évidemment le moins possible et forcément, le désordre s’installe. Heureusement, je ne lui laisse jamais l’opportunité de s’installer définitivement.

Puis, vient mon moment de plaisir, le yoga. Je m’installe sur le tapis, les muscles encore chauds de ma matinée. Je m’encre dans la pratique avec facilité et elle m’amène tout ce dont j’ai besoin. Je remercie mon corps de me le permettre. Depuis que je pratique, je me rends compte du changement global qui s’opère. Sur ce tapis, je développe tellement de belles qualités telles que la patience, la douceur, la discipline, l’indulgence, la confiance mais aussi, la force (mentale et physique), la clarté, la vitalité, l’acceptation et bien d’autres. Et peut-être que certaines choses étaient déjà là mais enfouies par la vie, au plus profond de moi. Aujourd’hui, je me rends bien compte que je vis de plus en plus, dans le moment présent et que je suis globalement plus heureuse. Et pourtant, je crois ne jamais m’être sentie profondément malheureuse. Malgré les aléas de la vie, j’ai toujours gardé cette positivité qui me caractérise depuis l’enfance. Pourtant, le yoga me permet de raviver cette flamme.

Après cette séance, plus que bénéfique, je suis en condition idéale pour écrire. Je n’ai pas réellement eu la possibilité d’écrire durant les jours précédents, je vais remédier à ça. C’est le cerveau bouillant que je noircis la page. Je dois admettre, ça m’avait manqué. Cet instant d’introspection, de gratitude et de retranscription avait laissé un vide. Alors, mes doigts se déchaînent et je vide toutes mes pensées. Je m’aperçois que s’en est devenu un besoin. Autant que pour le yoga, l’écriture me permet de tenir le cap. Peu importe si ce que je dis n’a aucun intérêt, peu importe si personne ne lit. J’avance vers mon ambition d’un bien-être quotidien, simple et facilement cultivable. Je n’ai pas besoin de gravir une montagne chaque jour pour être heureuse. J’ai vidé ma tête et désormais, je me sens prête à passer à la prochaine étape de ma journée.

Je n’ai pas encore prévu la suite mais mon ventre me met sur une piste. Il gargouille. Je vais dans la cuisine et demande à mon frigo que faire. Évidemment, il ne répond pas, c’est un frigo. Je demande alors à mon estomac mais lui aussi reste mutique. Forcément. Je demande à mes jambes ce qu’elles en pensent. (Promis je suis saine d’esprit, je crois.) Et figurez-vous qu’elles me répondent. Elles m’expliquent qu’elles ont encore de l’énergie pour être debout, elles sont d’accord de me porter pour que je puisse cuisiner. Elles me soufflent de profiter de cette configuration pour préparer un peu plus de nourriture, pour les jours difficiles.

J’obéis. La décision se fait rapidement, concernant la recette. Je prépare une tarte de légumes, en faisant ma pâte maison. Musique en fond sonore, je suis emportée dans la tâche. J’enfourne le plat et dans un élan de folie, je prépare quelques petits gâteaux aux framboises. Pendant que je finis de remplir les caissettes à muffins, je commence à fatiguer. Je comprends que mes limites sont proches. Comme d’habitude, je ne les vois jamais venir. J’attaque la vaisselle et tente de chanter pour distraire les sensations désagréables me parcourant. C’est une lutte pour finir cet acte si banal. Avez-vous déjà été fier d’arriver à finir de laver votre vaisselle? C’est un sentiment risible et étrange.

La tarte est prête. Je savoure, contente d’avoir effectué toutes ces activités. Je termine mon repas par un gâteau tiède, délicieux. Les restes de la tarte, partent tout droit dans le congélateur. Merveilleuse invention.

L’après-midi est déjà autant entamée que mon énergie. Je m’installe dans le canapé, allongée et une série en fond. Je regarde, je somnole et je reviens en arrière. Je réfléchis, je me repose. Je ne veux même pas m’attarder sur les points de douleurs. Mon mental est plus fort pour les étouffer.

Avant de me coucher, la luminosité par la fenêtre m’intrigue. Je ne comprends pas exactement comment il est possible, en pleine nuit qu’il y ait autant de clarté. Puis je baisse les yeux sur le sol du balcon et vois la matière blanche. Je suis surprise. Il a neigé. Le sol est recouvert d’une couche déjà épaisse. L’horizon est flouté. Aurais-je mal regardé? J’ouvre la fenêtre et tend la main au milieu de la nuit. La neige est si fine qu’elle fond instantanément à la surface de ma peau. Elle est si fine qu’elle est presque imperceptible dans l’obscurité. Je referme la fenêtre et malgré le froid que je viens d’affronter, je suis bouillante d’excitation. Je jette un dernier regard sur la neige, lui faisant promettre d’être encore là, à mon réveil et me dirige vers mon lit. Cette fois, demain, j’irais fouler l’or blanc.