Inattendu

Depuis plusieurs jours, j’ai envie d’emballer un pique-nique et d’enfiler mes baskets. Partir en vadrouille, avec un livre et passer du temps à marcher, dehors. Je ne parle pas d’une simple promenade quotidienne mais carrément d’une petite expédition. De ne pas réellement calculer l’itinéraire mais de savoir que je pars en dehors de mes chemins habituels. De prendre le temps de savourer l’air, mes pas et les paysages.

Ce matin, sortir du lit me paraît simple. Je vais m’installer sur mon tapis de yoga, comme bien souvent et je laisse mon corps et mon esprit s’éveiller en mouvement. La magie opère.

Je regarde par la fenêtre et malgré la grisaille, je le sens. C’est aujourd’hui que je pars en vadrouille.

Je prépare un petit repas, quelques biscuits et de l’eau. J’empaquette le tout dans mon sac à dos, avec ma liseuse et mes lunettes de soleil, sait-on jamais. Chaussures aux pieds, veste enfilée et c’est parti.

Je rejoins rapidement la gare car le début de mon périple se situe dans un village, non loin d’ici.

Mon guide, pour aujourd’hui, ce sera ce type de panneau.

Le premier d’une longue lignée!

Le départ se fait proche des habitations et très vite, le chemin s’éloigne. Il m’emmène dans les zig-zag du paysage, entourée de vignobles.

Je passe de petits hameaux en chemins étroits. Une vraie aventure dans ce décor dénué de gens. Les joies de pouvoir profiter d’une douce matinée, en semaine.

Et par moment, alors que mes muscles me demandent déjà ce qu’on fait là, je suis récompensée par une invitation à la pause.

Vous voyez ce bout de verdure, au fond à gauche de l’image? Mon objectif se trouve dans cette direction. Je compte aller au delà des dédales du panorama, déplier les reliefs aussi loin que je le pourrais. Je n’ai pas réellement décidé où se situe le point final, il n’a que peu de valeur à mes yeux. L’important, c’est le chemin et j’attendrais d’avoir été aussi loin que ma motivation me portera. Quand je serais arrivée, je le saurais.

Alors, j’avance.

D’un pas déterminé, j’évolue sur les sentiers déserts. Pendant près d’une heure, je suis seule. Je ne croise que très rarement des passants, allant dans la direction opposée. Le sentiment de liberté est grisant.

En arrivant dans les villages, le bonhomme continue ses précieuses indications. À un moment, il se dédouble et m’offre deux directions. Je m’arrête le temps de prendre la décision. C’est bon, je peux repartir. Je n’ai aucune certitude concernant le choix que je fais instinctivement, pourtant, je suis confiante.

Au dessus de moi, le ciel semble confiant.

Cela fait déjà deux heures que je suis partie et doucement, j’entends des clochettes se rapprocher, derrière moi. Le son se fait de plus en plus proche. Je finis par me retourner pour découvrir ce qui me suit. C’est un petit chien, suivit d’un second et en fin de marche, leur maître.

Voyant que je me retourne, il appelle ces compagnons et je lui rétorque qu’il n’y a pas de mal. J’ajoute qu’ils sont adorables. Et c’est ainsi que nous commençons à discuter. C’est un monsieur qui pourrait presque être mon père. Il paraît solaire et jovial, de ce que je me souviens. Pourtant, à l’heure où j’écris, c’était il y a trois jours. Je m’aperçois que je n’ai pas observé le physique de ce monsieur. Ce qui va suivre est au delà de nos corps et des apparences.

Nous marchons dans la même direction et sitôt qu’il a finit de me présenter ces deux boules de poils, il m’interroge. Il me demande jusqu’où je vais. Je lui réponds que pour le moment, je n’ai pas établi la destination finale. Je lui explique mon point de départ et il en fait de même. Très rapidement, nous passons un accord tacite d’avancer ensemble, en discutant. Nous parlons des paysages, des chiens et soudainement ça devient très profond. Je lui confie cette parenthèse de vie, que je traverse actuellement. Ça me fait étrange de me retrouver à lui dire qu’il y a un an, je ne pouvais plus marcher, alors que nous sommes dans une belle montée. Il est aussi surprit que je ne le suis. Je réalise au moment où je parle tout ce chemin parcouru. La claque.

Et encore plus surprenant, il traverse des événements similaires. Nous sommes deux inconnus, endommagés du monde, marchant pour se reconstruire, pour conquérir du sens et pour mieux repartir à la quête de l’avenir. Nous échangeons nos secrets, nos bobos et nos joies. C’est un moment hors du temps et je n’en prends conscience que lorsqu’il s’arrête à la hauteur d’une bifurcation. Il doit aller prendre le train, rentrer pour nourrir ces chiens. Nous échangeons nos prénoms, nous nous souhaitons une belle suite et au plaisir de peut-être se recroiser.

J’avance, en réalisant ce que je viens de vivre. La richesse de cet échange totalement inattendu et pourtant si merveilleux. J’ai le sourire plus large que jamais et doucement, je me dis qu’il est temps de faire une pause. J’ai besoin d’un moment pour digérer le bonheur de cette rencontre. J’avance encore quelques mètres, jusqu’à trouver l’endroit idéal, celui de mon repos et aussi de mon repas.

Je sors mon Thermos et profite de mon repas. Ma tête passe en boucle tous les mots échangés afin de n’en oublier aucun. Je suis tellement heureuse que nos routes se soient croisées. Toutes ces petites décisions prises d’instinct, me menant vers une rencontre si riche. Je suis comblée par ce cadeau de la vie. Cet encouragement muet à persévérer, à ne rien lâcher.

Le ventre plein, je reprends la route. Arrivée à ce stade, mes jambes sont un peu contrariées mais je sais désormais où la fin de mon périple sera et je dois tenir bon. J’occupe mon esprit en baladant mon regard. Il y a tant à regarder entre ce dédale de vignes à perte de vue…

Et le lac, dont je ne fais que de m’éloigner et de me rapprocher. Il y aussi les montagnes, un peu timides aujourd’hui, dont on devine les sommets blanchis. J’en prends plein la vue et ça me permet de ne pas focaliser sur mes douleurs grandissantes.

Je traverse un dernier village, m’engouffre dans celui-ci et à la clé, en passant sous un pont, je suis au bord de l’eau. Je ne l’avais pas vu venir celle-là. Je suis montée tellement haut que je ne m’attendais pas à mettre mes pieds dans l’eau.

Je m’installe, au soleil afin de profiter de cette superbe récompense. Le temps est meilleur que lorsque je suis partie et je me sens fière d’être arrivée jusque-là. Ce matin, je gardais en tête de pouvoir m’arrêter à tout moment, comme si je n’étais pas sûre d’en être capable. J’apprécie le sentiment de m’être prouvé le contraire. bien avant cet endroit.

Avec ma fière acolyte, j’ai nommé, mon ombre.

Intérieurement, je suis comblée cependant, physiquement, il est temps pour moi de rentrer me reposer. Dans le train, je fais le bilan de cette aventure. Je pèse le poids de l’inattendu et conclu qu’il est inestimable. Je sais pertinemment que j’ai peut-être dépassé mes limites physiques et que j’en paierais les conséquences. Néanmoins, pour une telle avalanche de bonheur, je veux bien subir les retombées pendant des jours s’il le faut, au moins, je n’oublierais pas cette magnifique journée.

Jour 70 – Météo changeante

Aujourd’hui, la banalité du quotidien me rattrape. J’ai de la lessive à faire et c’est l’activité qui va rythmer ma matinée.

Entre chaque minuterie pour descendre à la buanderie, je m’active. Pendant que la machine tourne, je profite pour avancer de la paperasse, que j’ai repoussé jusqu’à maintenant. Puis, je reprends l’écriture. Je ne cesse d’être coupée par la sonnerie me rappelant d’aller lancer une autre machine. Suspendre le linge est un défi physique, je tente de m’occuper l’esprit par un peu de musique. Et ainsi, la matinée défile, entre écriture et le linge propre.

La satisfaction d’accomplir des choses si simples, me nourrit. La satisfaction d’en être capable.

Je n’ai pas encore pu faire ma séance de yoga et je dois admettre qu’à chaque fois que je croise mon tapis du regard, je ressens un pincement. Ne pas avoir pratiqué dès le réveil me manque.

Lors du repas de midi, la lessive n’est toujours pas finie. J’attends d’avoir pleinement achevé cette corvée pour pouvoir passer à une activité plus récréative.

Dehors, depuis ce matin, les éléments se déchainent. J’ai eu l’occasion de les observer. Il y a eu la brume matinale puis la pluie battante et en continu, le vent balaie l’horizon. Les rafales sont si fortes que j’entends le sifflement continuel. Par moment, le soleil perce les nuages et j’ai même pu apercevoir un morceau de ciel bleu. De courte durée car le vent s’affaire à ne laisser aucune chance à une météo stable. Il règne en maître sur cette journée humide. Au loin, je devine les moutons sur le lac, la mousse blanche produite par les mouvements incessants des vagues. La couleur de l’eau est disparate. Par endroit, elle se veut bleu foncée et à d’autre, elle va du vert gris au vert fougère, intense. Certaines côtes sont brunie. Ce tableau insuffle en moi l’envie d’aller braver le froid.

Lorsque la machine se termine enfin, je suis dans un état approximatif. Je suis heureuse d’être parvenue au bout de ma corvée mais je suis frustrée de m’apercevoir que j’ai des douleurs fracassantes. Elles partent de la pulpe de mes doigts pour atteindre mes épaules et descendre au centre de mon dos. Depuis le réveil, c’est l’escalade douloureuse. J’ai tenté de l’ignorer mais en me rendant sur mon tapis, je suis heureuse d’y arriver mais je suis fâchée d’être dans un état aussi inconfortable que celui-ci. En posant la plante de mes pieds sur le tapis, je suis pessimiste sur mes capacités. Je me dis que la douleurs remplacera le bien-être et que ma séance est déjà gâchée. Et doucement, je m’encre dans la pratique, les postures et ma respiration. Et sans m’en apercevoir, je ne ressens plus rien de négatif. Je suis dans un espace différent. Il est protecteur, bienveillant et puissant. La magie a opéré et je m’en aperçois d’autant plus, lors de ma dernière expiration, avant d’ouvrir les yeux.

Je décide d’aller profiter de prendre l’air. Je m’habille et me lance dans la rue, sans destination précise. Comme d’habitude, la pluie en plus. À la différence que cette fois-ci, je regrette très vite d’être dehors. La douleur reprend plus vivement, ainsi que la fatigue. J’ai l’impression que mon corps entier me tire vivement vers le sol. Comme si la gravité était soudainement plus forte pour moi. Et la frustration revient. Je suis déçue de n’avoir pas pu profiter d’aller dehors lorsque j’avais de l’énergie. Je suis fâchée d’être contrainte de souffrir. Je ne trouve plus l’intérêt d’être dehors. Alors, je fais marche arrière, complètement désemparée par toutes les émotions envahissantes.

Et pendant que mes pensées s’enfonçent plus profondément dans une spirale déprimante de complainte, d’agacement et de déception, quelque chose attire mon oeil. Sur le trottoir mouillé, appuyé contre le poteau, un gros caillou. Il me surprend car d’habitude, il n’y a pas de caillou sur ce trottoir. D’autant plus qu’il est d’une belle taille et je me demande donc comment il est arrivé-là. Plus je m’en approche, plus je m’aperçois qu’il y a autre chose d’étrange. Arrivée à sa hauteur, je marque un arrêt et observe.

Fantastique

Et soudainement, je me mets à penser que c’est un signe de l’univers. Je m’imagine que le destin a décidé de me remonter le moral. Comme si le destin voulait que je n’oublie pas que la vie, malgré tout, c’est fantastique.

Je souris.

Je continue ma route, le coeur plus léger et acceptant de devoir rentrer pour me reposer. Cette fois, je ne suis plus fâchée. Quelques mètres plus loin, je trouve une autre pierre.

Formidable

Je marque encore une fois un arrêt, avec la curiosité de lire le mot. J’ai l’impression de participer par hasard, à un jeu. C’est formidable et je suis émerveillée par la magie de ce moment.

Magique

Et au troisième et dernier caillou que je rencontre, je suis reconnaissante envers la personne qui m’a fait vivre ce moment magique. Je ne pense pas que cette personne ait conscience qu’elle a fait basculer mes émotions et m’a allégé d’un poids. J’avais juste besoin d’un signe pour tout lâcher et pouvoir avancer vers mon bien-être. Alors, même si elle ne le saura jamais, je l’en remercie. Ces trois petits mots, si bien choisis, ont peint un doux sourire sur mon visage. Mais surtout, ces trois grosses pierres, m’ont fait réalisé que j’avais oublié d’apprécier le plus simple. Pendant quelques heures, je m’étais laissée happée par la négativité et je ne savais plus savourer toute la richesse de ma vie.

En rentrant, mes douleurs n’ont pas disparu. Elles sont si vivaces qu’elle me font douter. Comme si c’était pire que d’habitude et qu’au fond, je n’avais jamais vraiment eu mal. Pourtant, je sais que c’est faux. Déterminée à retrouver un peu de bonheur, j’enclenche le diffuseur et choisis un mélange d’huiles essentielles d’orange douce et de lavande. Dans cette ambiance parfumée et apaisante, je prends ma liseuse et m’allonge. Mon corps se relâche et je parviens à faire abstraction des sensations. Calme et réconfortée, c’est ainsi que je vais passer le reste de ma soirée.

Jour 67 – Piqûre de rappel

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Comme tous les matins, sitôt debout, je me dirige vers le tapis de yoga.

Ce matin, la séance a un goût particulier. J’ai énormément de mal à calmer le vacarme interne. Je bouillonne et tente de faire avec. Je me sens stressée par la journée à venir, en particulier le rendez-vous que j’ai dans peu de temps. Alors, ma respiration m’échappe. Me focaliser sur mon corps, comme je le fais chaque jour est presque impossible. Malgré tout, je ne suis pas tentée d’abandonner. Je sais que c’est un apprentissage et que ma pratique n’est jamais la même. La séance idéale de yoga n’existe pas et surtout, dans les difficultés, il y a tout de même du bon à en tirer. À la fin de celle-ci, je me sens tout de même mieux que lorsqu’elle a débuté.

Après la séance je me prépare et sort.

Aujourd’hui, j’ai un rendez vous plutôt important concernant l’une de mes maladies, la plus handicapante d’entre elle. Nous faisons le bilan et un nouveau traitement de fond m’est proposé. Il ne va pas me guérir, car c’est impossible mais peut-être, je pourrais gagner en confort de vie. Bien évidemment, comme tous traitement, il y a des effets secondaires. Les prises de sangs sont faites et je sors du cabinet avec milles questions.

J’ai besoin d’être rassurée. Ce n’est pas nouveau pour moi d’être malade, je ne viens pas d’avoir le diagnostique, mais d’avoir un rappel aussi concret que celui-ci, me remet face à ma propre réalité. Devoir prendre une décision avec autant d’impact potentiellement négatif pour peut-être ne rien ressentir de positif, c’est angoissant. De plus, je suis jeune et j’en ai pour toute ma vie avec les traitements, je ne suis pas sûre de vouloir gaspiller une cartouche si vite. Et d’un autre côté, si il fonctionne sur moi, j’admets que je ne dirais pas non à gagner en qualité de vie. En plus, cela veut dire que le traitement actuel ne donne pas d’effet et c’est un échec dont je ne suis pas responsable mais c’est un échec. C’est compliqué. J’ai besoin de digérer.

Instinctivement, je me dirige vers la maison familiale. Passer un peu de temps avec mes proches, c’est tout ce dont j’ai besoin. Rien que de voir leurs visages m’apporte du réconfort. Encore une fois, ils m’enveloppent d’amour et de soutien et je ne peux qu’être reconnaissante de les avoir. Je n’imagine pas comment je pourrais affronter tout ça, sans eux.

Après le repas, je me lance dans mes projets de couture. Et je laisse défiler le temps indéfiniment. J’ai besoin d’être distraite et de fuir un peu cette réalité peu réjouissante. Je ne broie pas spécialement du noir mais je sens qu’une instabilité émotionnelle est présente. Et je pense que c’est normal. Elle m’enlace et je me laisse faire. Je sais que ça fait parti du processus.

En fin de journée, j’ai besoin d’étirer ce corps qu’est le mien. Je me suis beaucoup crispée. Je passe rapidement par mon tapis de yoga et une fois que j’ai terminé, je me mets à écrire.

Étrangement, je n’ai pas les mots. Comme si je voulais fuir la confrontation. Et puis, comme j’ai cousu toute l’après-midi, mes mains sont usées. Je griffonne mes idées et abandonne d’y mettre la forme.

Pour m’endormir, je me réfugie dans la lecture. Elle me permet de ne pas trop ruminer et de sombrer dans le sommeil avec la certitude qu’au font, tout va bien.

Jour 60 – Au bon endroit, au bon moment

Se frayant un chemin entre les bâtiments puis les arbres, le soleil parvint tout de même à atteindre mon front pour y déposer l’un de ses doux rayons.

Je sors du sommeil paisiblement. La nuit fut longue et favorable. Et c’est revigorée que je me lève et avance vers mon tapis. Comme je le disais hier, je n’attends que ça, dès mon réveil.

La voix d’Adriene fait désormais partie de mon quotidien et je l’écoute les yeux fermés. Elle guide mes gestes avec précisions et aujourd’hui encore, la séance se fait plus longue que la veille. Cette pratique commence en douceur et de manière insidieuse, des postures offrant plus de défis font leur apparition. Je les appréhende avec confiance et me lance, intrépide. Je n’ai pas peur d’échouer.

Après ma séance, une idée rôdait dans mon esprit depuis quelques semaines. J’ai envie de faire le tri dans mes vêtements, de me séparer de ce que je ne porte plus. Je m’exécute.

Vers midi, les choses avancent et je décrète le besoin d’une pause.

Je me prépare un repas et profite de ce moment de calme pour reprendre des forces.

Ensuite, je continue le rangement. C’est physique. Déplacer les tas de vêtement, me baisser souvent, je le sens, ce n’est pas simple. Je persévère car faire le tri m’apporteras un espace de liberté dans mon organisation qui ne sera pas de refus. Pourtant, vers quatre heure, j’observe le soleil brillant, à travers la fenêtre. Je me sens fatiguée au point de dormir mais je n’en ai pas envie. J’aimerais arriver au bout de ma quête. Je ne fais que de m’asseoir et je suis au point mort. Alors pour conjurer le sort et me remotiver, je décide de m’octroyer un moment plus fun.

Je vais dehors. Je reprends le même chemin qu’hier, voulant découvrir les possibilités. Dans le parc, le soleil vient me chatouiller, en passant entre les arbres. Je le prends comme une confirmation de l’univers, je suis au bon endroit, au bon moment. Cette pause de nature est ce dont j’avais besoin. J’immortalise le moment.

Puis je rentre, d’un pas décidé à finir ce que j’ai commencé. Aussitôt je passe la porte que je finis le rangement de mes armoires. Puis je remplis des sacs d’habits à donner, ils rendront quelqu’un d’autre plus heureux que moi et pour les vêtements trop usés, je les mets dans ma boite à couture.

J’ai mérité de pouvoir aller me poser un petit moment. Je décide d’utiliser ce temps pour l’écriture. En fond musicale, je mets du Chopin, c’est un de mes compositeurs préférés. Les mots défilent presque en rythme. Plongée dans ma bulle, je ne vois pas le temps qui défile et c’est mon estomac qui me rappelle à l’ordre. Les gargouillis sont vifs et autoritaires. Alors, je me plis à la demande vitale et me dirige vers la cuisine pour me sustenter.

Plus tard, au moment d’aller me mettre au lit, j’aperçois une lueur vive à travers la fenêtre. Une demie lune est suspendu juste en dessus de la pointe la plus haute de la cathédrale. Elle rayonne dans l’obscurité, offrant sa beauté à quiconque souhaiterait l’observer. Je vole cet instant à la nuit et vais me coucher, le coeur léger.

Jour 56 – C’est comme ça

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La journée commence plutôt bien. Je me lève tôt, me dirige vers mon tapis de yoga et pratique. La séance est à ma portée. Je me sens tonique, forte et apaisée. Dès le réveil, se sont des sentiments qui donnent de la confiance pour affronter toutes les épreuves dont le quotidien regorge. Je suis déterminée et j’en ai bien conscience.

Mon programme est le suivant. Je dois me rendre en ville, pour faire quelques courses. Alors, je prépare quelques tartines au beurre, simples. Avec le pain de la veille. Rien que pour ça, je suis heureuse de m’être levée. Ma tisane se termine presque par magie, tellement j’avais soif. Le corps plein d’énergie, c’est ainsi que j’affronte l’extérieur. Mes pas sont sûrs et j’avance vers mon objectifs. La ville grouille. Il y a beaucoup d’informations qui arrivent. Entre les gens qui pressent le pas, qu’il faut éviter, le boucan de la route qui m’empêche de penser. Mais je ne faiblis pas. Une fois arrivée au magasin, je trouve aisément ce dont j’ai besoin. Pendant ce temps, mon carburant s’épuise. Mais ça, je ne le vois pas.

Je paie mes articles et je peux m’estimer chanceuse car pour rentrer chez moi, un proche vient me chercher. Néanmoins, je dois marcher avec mon pactole jusqu’au point de rendez-vous.

Arrivée à la maison, je prends doucement conscience que mon réservoir est percé. Ce n’est pas toujours évident de savoir où se trouve la limite. Elle a tendance à varier de jour en jour. M’étant levée du bon pied, je n’ai pas vu les ressources diminuer, surtout aussi vite. Je tente de ne pas en vouloir à ce corps qui me porte. Je prends le temps d’écouter ce qu’il a me dire. Il m’explique qu’il est fatigué, que c’est finalement pas une si bonne journée que ça pour lui. Je le remercie d’avoir tenu jusqu’au magasin et lui propose de prendre soin de lui. Il ose me montrer ses faiblesses et ses difficultés pour que je puisse m’adapter. Ça ne va pas être simple mais je vais faire mon possible pour lui offrir le confort et le repos qu’il requiert. Nous sommes une équipe, envers et contre tout. Je ne le lâcherais pas.

Il est midi et je dois me nourrir. Je sors un truc rapide, le réchauffe et vais m’installer pour manger. La dernière bouchée avalée, je ressens que les choses se corsent. J’ai envie de dormir. Enfin non, j’ai besoin de dormir. Mon corps a besoin de ne plus bouger. Dans ma tête, c’est contradictoire. Mon corps requiert l’inertie la plus totale pendant que ma tête, elle, a envie de bouger. Je tente d’attraper mon ordinateur pour pouvoir écrire un peu, m’évader.

Ça ne dure pas cinq minutes. C’est un échec. Mon enveloppe me rappelle que je dois aller dans son sens. Oups, je suis têtue, j’avais déjà oublié ou plutôt, je tentais de grappiller quelques minutes de plus. Alors cette fois, j’accepte. J’accepte par contrainte. Mes bras se sont alourdis. Chacun d’entre eux pèsent plus que le poids de mon corps entier. Dans mes jambes, ça tape. Dans ma tête, c’est flou.

Je m’endors.

Le réveil est compliqué, cette fois-ci. J’ai failli oublier, j’ai un rendez-vous de physiothérapie. Je ne me sens pas capable de m’y rendre mais avec l’aide, encore, de mes proches, j’y parviens.

C’est une personne douce qui prend le temps d’écouter ce que je tente de lui expliquer, sur ce que je ressens physiquement. Elle ne remet pas en cause mes douleurs, elle tente de comprendre. Elle va poser ces doigts sur cette enveloppe charnelle et va tenter, de toute sa bienveillance et de son professionnalisme de m’apporter du réconfort physique. Elle me transmet, par la même occasion, son énergie positive. Elle rattache ensemble tous mes morceaux pour que peut-être, la fin de cette journée soit plus supportable. Je l’en remercie et en sortant de chez elle, rien n’est résolu mais j’ai définitivement gagné une batterie éphémère.

En arrivant à la maison, je sais que l’horloge tourne et que bientôt, je serais à nouveau complètement écrasée par le poids de mes douleurs. J’enfile des habits confortables et m’installe dans le canapé, avec à porté de moi, tout ce dont je pourrais avoir besoin ou envie. Je suis prête à passer la tempête, à l’abri.

Lorsque l’orage commence, mes proches sont là pour me soutenir. Ils m’enveloppent dans les couvertures, me font sourire comme ils peuvent. Ils tentent de rendre ce moment plus confortable et de me changer les idées. Je me sens recouverte d’amour et elle me protège. Les douleurs restent physiques et n’arrivent pas à accéder à mon moral. Peut-importe s’il n’est pas agréable de devoir recourir à leur aide, j’accepte. Je lâche prise. J’admets que j’en ai besoin et que m’entêter pour me débrouiller ne fait qu’aggraver la situation. Intérieurement, je me promets de toujours leur renvoyer l’appareil, d’une manière ou d’une autre. Rien que par la gratitude de les avoir, c’est un premier pas de le reconnaître. Je sais qu’ils n’attendent rien, mais je ne peux m’en empêcher. Avec eux, j’oublie tout ce que je ne peux pas faire. Je garde l’espoir d’avoir d’autres opportunités, plus tard.

Ce soir-là, un repas m’est servi. Ce soir-là, je suis accompagnée dans mes faits et gestes. Ce soir-là, c’est un soir comme ça.

Jour 55 – Simple délice

Hier, je me suis couchée avec les poules. Ce matin, je me réveille avec le coq. L’obscurité de la pièce m’englobe. Je commence par bouger les orteils, prudemment. Puis vient le tour de mes doigts et je finis par l’étirement total. J’ai la sensation que l’orage de la veille est enfin terminé. Quel soulagement.

Légère, je me lève. Je sais que j’ai plusieurs obligations et je n’ai pas la possibilité de faire mon yoga tout de suite. Je me promets de trouver un moment dans la matinée.

Je m’habille rapidement et tout aussi vite, je suis à l’extérieur. C’est un jour humide. La neige a cédé sa place à la pluie. Finalement, je n’aurais pas profité du manteau blanc d’il y a deux jours. En observant sa beauté, je savais pertinemment qu’il est du genre à ne pas s’installer. L’éphémérité, c’est aussi ce qui compose son charme. Il ne laisse de trace que dans mon esprit. J’attendrais son retour, patiemment. Dans la rue, je marche rapidement. Une fois ma mission achevée, j’en profite pour passer dans une boulangerie-pâtisserie. C’est le seul endroit dans le coin où je peux me fournir deux-trois choses sympas pour mon palais et qui concorde avec ma santé. Et ça m’évite de devoir passer par la case cuisine, pour une fois. C’est d’autant meilleur de savourer quelque chose de difficile à confectionner, dans ce genre de circonstance. Je repars, avec une baguette au levain, à base de sarrasin et de riz. Elle est encore tiède, je rêve de croquer dedans. Ça me procure un sentiment de normalité alimentaire que je n’ai pas souvent, c’est agréable.

Le bonheur se cache dans les choses simples.

En rentrant, malgré la monté et le feu qui se propage dans mes jambes, je déborde d’une vitalité sans limite. Je liste rapidement ce que j’ai à faire et jongle ma matinée avec brio. Je ne m’arrête pas une seconde.

Peu avant midi, c’est enfin le moment de faire du yoga. J’arrive sur le tapis, complètement mouvementée intérieurement. C’est le moment idéal pour amener le calme. Ça tombe bien car la pratique commence par un temps de respiration les yeux fermés. Première pensée: Vais-je réussir à faire le vide? Et sans que je m’en aperçoives, mon souffle s’encre et commence à émettre le son de l’océan. Je suis complètement dans le moment présent, dans mes sensations et mon esprit est limpide. Je m’autorise quelques variantes ça et là. À la fin de la séance, je suis déçue que ce moment soit déjà terminé. Toutes les bonnes choses ont donc bien une fin.

Ce midi, je me prépare un sandwich avec la baguette fraîche. Je croque avec joie. Ma mâchoire faiblit mais tant pis, je prendrais le temps qu’il faudra pour savourer chaque miette de cette assiette. C’est délicieux.

L’après-midi, j’ai rendez-vous chez une thérapeute. J’ai déjà fait la route plusieurs fois et encore aujourd’hui, je trouve de nouvelles choses que je n’avais encore jamais observé. Il pleut abondamment et le martellement de l’eau créer un rythme sur le pare-brise. J’arrive sur le lieu et la séance se déroule. Elle se termine et je me dirige vers la cage d’escaliers. Une mélodie puissante y règne. Le bâtiment est d’une autre époque mais surtout, il est appondu à un temple religieux. La musique qui s’en dégage me force à marquer un arrêt. Je sens l’énergie de la personne qui joue de l’orgue. Je perçois aussi que ce n’est pas le même genre que durant un office. L’organiste s’amuse et c’est saisissant. Je ne suis pas dans la même pièce que l’instrument pourtant les vibrations viennent jusqu’au centre de mon corps. Je suis réceptive et je savoure ce cadeau inattendu.

Arrivée à la voiture, je suis heureuse de ne pas conduire. Je passe le retour à lutter pour ne pas plonger dans le sommeil. Il m’appelle si fort. Le traitement est aussi épuisant que les pathologies mais il en vaut la peine.

En rentrant, je prends une collation pour me redonner des forces car j’ai très envie d’écrire. Mes premières lignes sont difficiles. Mes mains sont usées et mes yeux ne demandent qu’à être fermés. J’ai l’impression d’avoir du papier de verre à la place de la peau des paupières, me râpant à chaque clignements. Je tente d’aller à l’essentiel. Je sais que je dois absolument me reposer. Les mots s’amoncellent et ma fatigue gagne du terrain. Lentement, je griffonne les mots sans savoir, sans comprendre. Je dois m’arrêter ici. J’ai épuisé le stock pour aujourd’hui.

Jour 52 – La joie

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J’émerge aisément. La chance me sourit. Je me prépare une infusion, ça me tient chaud tout en me réveillant doucement. Puis, je me dirige vers mon tapis de yoga. Je remarque que je ne tiens pas plus longtemps les postures mais qu’elles deviennent tout de même plus confortables. J’ai l’esprit qui divague un peu. Le cerveau est long au démarrage. Je me perds dans le paysage. J’aime faire du yoga, non loin de la baie vitrée. Ainsi, je peux égarer mon regard. Lorsque je dois tenir des postures d’équilibre, je prends toujours la même bâtisse rose tulipe. Je ne saurais expliquer pourquoi. Est-ce les fenêtres quadrillées, aux cadrans blancs, arrondis qui me fascinent? Ou alors, les tuiles marrons de la toiture qui m’attirent? Chaque fois que je la regarde, j’observe un nouveau détail. La séance s’achève avec une grande expiration bruyante. Apaisante.

Je suis prête à entamer ma journée.

J’ai du travail administratif à faire ce matin. Je dresse une liste un peu décourageante. Elle est longue et rien ne me donne envie, forcément. Pourtant, je vais puiser dans l’énergie engrangée ces derniers jours et me motive. J’avoue que je n’ai pas vu le temps passer. J’ai coché les cases plus vite que je ne pensais. C’est une bonne chose de faite.

Je profite de ce moment pour tenter une nouvelle démarche. Je m’écris un e-mail, à la moi dans une année. Je n’ai pas nécessairement besoin de faire le point avec le passage d’une année à l’autre mais je ressens clairement, qu’au niveau de ma vie, je traverse une période floue et déterminante. Alors, je fais l’état des lieux et j’essaie de transcrire au mieux l’état d’esprit dans lequel je suis. Je m’écris des mots doux et encourageants. Je choisis de ne pas mettre de projections vers le futur car je me laisse toutes les possibilités et je ne veux pas créer de déceptions. Je ne relis pas mes mots, afin de ne pas les encrer dans ma mémoire, tant pis pour les fautes. Et je conclus par la programmation de l’envoi, dans une année.

Contente de ma matinée, je file en cuisine me préparer un truc à manger. D’ailleurs, je songe toujours à commencer une rubrique sur le blog, parlant nourriture. Mais je suis indécise et j’ai un peu la flemme, je l’admets. Ça viendra, si ça doit venir.

L’après-midi commence avec de bonnes nouvelles sur le plan personnel. Décidément, le sourire s’installe sur mon visage. Par la suite, je passe plusieurs heures à jouer aux jeux vidéos. C’est léger, ça passe le temps et je m’amuse. C’est tout gagnant.

Quelques heures plus tard, je remarque qu’il fait nuit, dehors. Je m’aperçois que je n’ai ni eu envie ou besoin d’aller prendre l’air. Ça sera pour demain. Néanmoins, j’ai envie de me dépenser. Je mets de la musique et commence à danser. Au début, c’est un peu ridicule car même si je suis à l’abris des regards, je me juge. Je ne sais pas danser, et je ne sais encore moins coordonner mes mouvements. Puis doucement, je me rassure et m’offre la permission de vivre ce moment pour moi. Je cherche les sensations et non la beauté. Je ferme les yeux et me concentre sur le rythme et les mouvements. J’ai de plus en plus envie de sentir mon rythme cardiaque s’accélérer et que mon corps puisse libérer des endorphines. D’ailleurs, souvent, lorsque je me promène, j’observe et envie les coureurs. Ça me manque tellement la course à pieds. Alors je me mets à bouger de plus en plus vite. Mon corps se meut sans cohérence, ni constance. Il crée son propre langage et je rentre en communion interne. Il m’arrive de ressentir des faiblesses dans mes membres inférieurs, il m’arrive d’avoir des décharges. Mais je dépasse encore les limites. Je vis dans la joie de cet instant.

Lorsque je m’arrête, je ne sais pas combien de temps s’est écoulé. Je ressens la joie d’avoir bouger, de m’être sentie vivre. Je perçois la surprise d’en avoir été capable et d’avoir été portée par mon corps, qui m’a plus d’une fois lâché malgré lui. Je suis émue d’avoir cette opportunité pourtant si simple et banale.

J’évacue les émotions et les contractures avec l’eau chaude de la douche.

Le soir, je me prépare un repas simple et rapide car malheureusement, mon coup de folie amène ses effets douloureux. Je tente de n’y accorder qu’une mince attention. Je m’installe dans le canapé et transcris mes exploits, je ne trouve pas d’autres termes. Mes yeux piquent et mes doigts se bloquent mais je ne veux rien oublier. J’écris. Je dois consolider ce joli moment que je veux revivre encore et encore. Je veux garder en tête que tout est possible.

Je m’endors, le sourire toujours présent sur mes lèvres.

Jour 50

Endormie dans les douleurs, le repos n’a pas eu l’effet escompté. J’émerge, tirée du sommeil abruptement par les crispations de mes muscles. Je me lève péniblement et vais m’installer dans le canapé, histoire de changer de point de vue, d’avoir l’impression de me lever. La vérité, c’est que je suis juste allongée, plus loin. Au fond de moi, j’ai envie de peindre. Ça me démange. Je dois être réaliste, c’est une activité trop ambitieuse pour aujourd’hui. Les rayons du soleil parviennent jusqu’à moi. Ils sont trompeurs. Dehors, le thermomètre est dans le négatif. Malgré tout, ils m’apaisent et me rendent confiante. Je me promets le repos, et me laisse espérer que demain, je pourrais peindre. Dans ma tête, le processus créatif commence déjà. Je ne peux certes commencer la peinture mais je songe déjà aux choix des couleurs, à la technique. Ainsi, j’occupe le temps et fait grandir l’envie. La joie éprouvée ne sera que plus grande.

Après plus de la moitié de la journée au repos, je calcule l’énergie accumulée. Je cherche à rentabiliser au mieux ce qu’il me reste. Aller dehors ne rentre même pas en compte, c’est pas grave. Je décide d’aller en cuisine. Je pourrais à la fois écouter de la musique et créer de bonnes choses. Je ressens bien l’épuisement dans mes jambes mais je décide de faire la sourde oreille, tant que je tiens debout. Je commence par me cuisiner du pain perdu aux herbes et des courgettes. Puis, je m’asseye à peine pour déguster l’assiette. Je suis sur une bonne lancée et je ne veux pas m’arrêter. J’entame une recette de muffins. Je suis un peu indécise alors j’en fais aux framboises et d’autres au chocolat. Pendant qu’ils cuisent, je m’asseye sur le carrelage froid. Je relâche mes muscles.

Finalement, je préfère ceux aux framboises.

Lorsque la cuisson est terminée, j’attaque ma deuxième idée. Je prépare une lasagne maison. J’en fais suffisamment pour pouvoir me garder une part, au congélateur. Pour les jours sans.

Au moment où je dois faire la vaisselle, ça commence à être challengeant. Je me dépêche de terminer le tout et pense à la récompense.

Le yoga. J’arrive sur mon tapis et enclenche la vidéo. J’ai gardé spécialement cette séance pour le soir car elle s’annonce plus calme. Et je vis une expérience différente. Je me suis tellement pressée de finir en cuisine, car je n’en pouvais plus, qu’à l’intérieur, ça grouille encore. J’ai du mal à discipliner ma respiration. Je ne contrôle rien. Par moment, je n’entends même plus ce qu’Adriene dit car je suis complètement perdue dans mes pensées. Alors je jongle entre les postures, mes pensées envahissantes et la respiration indomptable. C’est une séance douce et pourtant, le chaos se déchaîne. J’en viens à me dire que je n’en tirerais aucun bénéfice et que je ferais mieux d’arrêter là. Mais heureusement, instinctivement je continue. J’arrive au bout de la pratique, sans m’en apercevoir. Finalement, j’ai persévéré et réussi à me centrer. Comme quoi, l’importance n’est pas dans le fait d’avoir une pratique idéale en tout temps mais plutôt d’accepter l’imperfection et que de celle-ci, le positif peut toujours jaillir.

Le minuteur sonne, juste à temps. C’est l’heure de déguster mon plat. Je remplis mon estomac et me sens au fur et à mesure, accomplie.

En ce début de soirée, je me sens fatiguée. C’est de la bonne fatigue, j’en suis heureuse. J’admets qu’à cet instant, j’ai très peu envie d’écrire. Pourtant, c’est mon rendez-vous quotidien. Je sais que j’aime faire ça et que j’en retire des bénéfices. Mais j’ai pas envie. C’est bête, pour une fois que je n’ai pas mal aux mains. Alors, je décide de me forcer un peu. C’est comme pour le yoga, même si je sais que je ne vais rien produire d’incroyable, ce n’est pas là l’important. Le processus est plus riche que le résultat. Je peine donc à me plonger entre les mots. Et sans que je m’en aperçoive, la magie opère. La bulle se forme, opaque et confortable. Le texte s’épaissit.

Au point final, je me sens légitime pour aller me coucher, enrichie de mes nouveaux apprentissages.