Jour 77 – Les petites victoires

Photo de JorgeArturo Andrade sur Pexels.com

Ce matin, le réveil s’avère un peu amer. Une nuit mouvementée, pleine de douleurs vient de s’écouler. Heureusement, elle est finie et je peux me lever.

Dans mon brouillard, je me rends sur mon tapis de yoga. Je me tiens debout, sans grande conviction. Je ne remarque même pas quelle météo, il fait dehors. Je m’aperçois que ma pratique ne sera pas comme d’habitude. Alors, je viens simplement étirer mes membres, doucement. Je fais deux salutations au soleil, très lente et je m’accorde le droit de me dire que c’est suffisant pour aujourd’hui.

Dans mon planning du jour, c’est bricolage ce matin. Je continue sur ma lancée de me réapproprier l’endroit où je vis et de modifier tout ce que j’ai toujours souhaité, sans jamais le faire. Aujourd’hui avec l’aide de mes proches, nous installons un bureau d’appoint dans la chambre. Quelle drôle d’époque nous vivons, où le télétravail se fait presque de manière obligatoire. L’aménagement de cet espace ne sera donc pas de trop.

Une fois le travail terminé, je file en cuisine afin de préparer un plat chaud et réconfortant. Après tous les efforts fournis, ça ne fait pas de mal.

L’après-midi, je ressens le besoin de dormir mais je ne m’écoute pas. J’aimerais me débarrasser de deux-trois obligations. Au lieu de ça, je vais faire un peu de paperasse, histoire de pouvoir profiter du week-end qui s’approche sereinement.

Finalement, je suis plus efficace que je ne le pensais. Et la fatigue est passée.

Je dois aller poster une lettre et je pourrais enfin me poser. J’enfile mes chaussures et sors de chez moi. Chaque pas est déposé au sol de manière consciencieuse. En revenant vers la maison, une idée folle me traverse l’esprit. Et si je prenais les escaliers. Cela fait plus d’une année que je ne les ai pas pris, au vu de ma santé. Je tente l’aventure. Les premiers étages, et ils sont nombreux, me semblent faciles. Je prends le soin de conscientiser chaque levée de jambe et de bien mobiliser mes muscles. J’inspire et expire l’air comme lors de mes pratiques de yoga et je m’encourage mentalement. Mon coeur s’accélère, me demandant qu’elle folie je suis entrain d’accomplir. Je le rassure et tiens bon même si je ne sais plus à quel étage je suis. Peut importe, tant que je ne suis pas devant ma porte, je ne m’arrêterais pas. Et ce qui devait arriver arriva. Mon paillasson est là, m’attendant sagement. C’est un acte si simple et banal mais dans ma bouche, ça a un goût de victoire.

Pour remercier mon corps, je vais me préparer une tisane, me mettre en pyjama et c’est le moment pour moi d’aller m’installer confortablement. Ce soir, je passe ma soirée dans la légèreté, je sors les jeux vidéos et m’amuse.

Je m’endors avec la certitude que chaque jour renferme mille victoires.

Jour 76 – La vie est douce

Mon réveil se déroule avec une facilité qui me déconcerte. Vu comme s’est terminée la veille, je pensais garder des séquelles mais mon corps me montre que parfois, il sait y faire. Forte de ce constat, je vais vers mon tapis de yoga et pratique. Déterminée, sûre de moi.

Je m’habille et ce matin mon esprit est déjà perdu dans l’horizon. Par la fenêtre, le temps est clair et le soleil est levé. Il m’inspire monts et merveilles. Cette luminosité me remplit d’envie, de motivation, de paix, de joie, et je pourrais continuer la liste bien longtemps. En bref, il faut que j’aille goûter la douceur du temps, par tous mes sens.

Et vous commencez à comprendre le schéma… Je vais au bord du lac.

Je rejoins assez vite le port. Le vent est doux, presque imperceptible. La température est froide mais agréable. Juste ce qu’il faut. Les innombrables mats des bateaux attirent mon oeil. Dressé vers le ciel, ils attendent patiemment les beaux jours. Les canards barbotent paisiblement.

Je continue à vadrouiller, pendant qu’au dessus de moi, les nuages s’amassent. L’eau est limpide et l’horizon dégagé permet d’apercevoir les sommets enneigés. Durant cette balade, je charge mes poumons d’air pur ainsi que ma tête d’image plus belles les unes que les autres et mon esprit s’apaise.

Je rentre juste avant midi et me repose un peu. J’insuffle à mon corps tout l’amour que je peux, comme si j’essayais de le soudoyer. De lui demander tacitement de me porter un peu plus aujourd’hui.

Puis, lorsque mon ventre se met à gargouiller, je file en cuisine. Je prépare un bon repas ainsi que des muffins aux framboises.

L’après midi, je reçois une ancienne collègue, devenue mon amie. Garder des liens avec ce que je pourrais appeler Ma vie d’avant est important. Cela m’apporte un bien fou et cet après-midi, je vais profiter de cette présence. De nos jours, les contacts humains se font rares.

En fin d’après-midi, j’écris. je suis profondément inspirée. Les mots défilent aisément. Je continue à travailler sur d’autres projets d’écriture et ce jusqu’à la nuit pleinement tombée.

Ce soir, je m’endors avec la gratitude sur les lèvres. Elle dessine un sourire sincère sur ma bouche. Je sais à quel point j’ai de la chance d’expérimenter cette vie, avec ses hauts et ses bas et je ne peux m’empêcher de le répéter.

Jour 73 – En suspension

Photo de Cats Coming sur Pexels.com

La journée commence dans la lenteur. Comme si la nuit n’avait pas délivré son effet reposant.

Eveillée, j’attends de réunir mon énergie pour pouvoir sortir de mon lit. Et je me rends compte que j’ai beau attendre, elle ne viendra jamais. Alors, je prends les devants, avec paresse. Je me rends vers mon tapis de yoga, les yeux collés et le corps englué. Ce matin, je vais pratiquer seule. J’ai vu que j’en étais capable, alors je m’exécute. Je réveille chaque muscle, délicatement. Je baille encore.

Après ce moment, je vais me servir mon bol habituel en guise de petit-déjeuner. Je sais que j’ai des choses à faire, le genre d’obligations que je repousse lorsque je le peux. Au fond de moi, une petite voix m’incite à les faire et de l’autre, la fatigue corporelle me ralentit. Chaque tâche que je vais entreprendre va s’étaler, encore et encore. Rien que faire ma liste de course va me demander une concentration folle alors je vous laisse imaginer pour des actes plus compliqués. C’est comme si mes neurones étaient déconnecté des uns aux autres et que mes membres étaient dispersés.

Peu avant midi, je dois me rendre à la pharmacie. J’en profite pour prendre l’air et acheter de quoi me faire à manger. Le temps est gris et les étudiants du coin sont en pauses. Il y a énormément de monde autour de moi et je me sens floue dans cette masse.

Une fois rentrée, je m’attelle en cuisine et après le repas, je m’installe devant mon ordinateur, afin de terminer mon travail administratif. Malheureusement, je constate que malgré ma pause, je n’y parviens pas mieux. Un escargot a pris ma place aux commandes.

Dans ce genre de moment, je constate que je n’y arrive pas et souvent, comme je suis têtue, je me laisse ramer. Je pagaie pendant des heures, sans jamais atteindre la rive. Je dois vraiment apprendre à savoir marquer un arrêt à ce moment-là et revenir lorsque le moment propice sera venu. C’est un apprentissage en cours. En attendant, je persévère dans le vide jusqu’au moment fatidique d’une bonne nouvelle. Celle-ci me libère d’un poids et me permet de lâcher les obligations que j’avais jusqu’à présent. Je relâche la pression et délaisse mon ordinateur.

Je m’accorde un temps de vide. Je suis tellement au ralenti que je ne me rends plus compte du temps qui défile.

A ma fenêtre, l’obscurité prend place et je songe à écrire. Je tente quelques mots, dispersés et disparates. J’ai des douleurs dans les mains qui se font insistantes. Elles me contraignent à abandonner. Cette fois, je laisse tomber.

Et je me repose encore.

Le soir, je me distrais devant un film qui m’a beaucoup touché. (« Le tigre blanc » sur Netflix)

C’est une journée comme ça, où finalement il ne se passe pas grand chose et c’est bien ainsi. Le temps a défilé sans me le dire. Et rapidement, demain sera un autre jour.

Jour 66 – La forêt magique

Lorsque la sonnerie du réveil vient me chercher, je suis déjà éveillée. Je profite encore quelques instants de la chaleur enveloppante du lit et finis par me lever. D’un pas léger, je me dirige vers mon tapis de yoga. Avant de commencer la pratique, j’observe avec joie qu’il a neigé cette nuit. La ville est tapissée de blanc. J’enclenche la séquence et me mets en mouvement. J’analyse les sensations, je me sens forte. Ma respiration devient plus profonde et je cherche dans mes gestes, une certaine justesse. Cette manière de commencer la journée me permet de réellement prendre conscience de mon corps et de son pouvoir. C’est confiante que je quitte mon tapis.

Après le petit déjeuner, j’attaque la partie administrative de mes obligations. Plus vite c’est fait, plus vite je fais autre chose. Et étonnamment, je balaie ça plus rapidement que je ne l’aurais imaginé.

Ensuite, je décide d’écrire. Assise à mon bureau, une douleur dans le bas du dos se fait de plus en plus insistante. Au départ, je tente de l’ignorer. Puis, je songe à aller marcher car peut-être ça pourra débloquer ce point de tension. Je jette un oeil à travers la fenêtre et m’attarde sur la météo. La neige a repris et l’horizon est brumeux. Par moment, ce sont de gros flocons et à d’autres, presque de la grêle. Je vois les branches de mes plantes vaciller au gré du vent et j’imagine le froid qu’il doit faire. Pour le moment, j’abandonne l’idée de mettre mon nez dehors. Alors pour pouvoir continuer à écrire, je surélève mon bureau et ainsi, j’écris debout. Peu à peu, la tension s’atténue et moi, je peux continuer à profiter de poser les mots.

L’heure du repas me sort de mon texte pour aller préparer à manger. Et puis je passe à table.

L’après-midi, je fais un peu de couture. Je mets la musique et mes doigts s’activent sur le tissus. Je manie l’aiguille et les épingles délicatement et avance ainsi, doucement dans mes projets créatifs. Je suis complètement immergée dans ce moment où mes mains sont occupées et mon esprit est plongé dans un espace sans pensées. Par moment, je fredonne avec la musique. Plus d’une heure s’est écoulée lorsque je lève le nez. À la fenêtre, l’horizon s’est éclairci. Je saisis ma chance. Je prépare un thé, enfile mes bottes de neige et m’enveloppe dans des habits chauds. C’est parti pour l’aventure car j’ai besoin de nature.

Je me dirige vers la forêt la plus proche. A l’orée du bois, je ressens une sorte d’excitation. Le soleil illumine pleinement mon visage tandis que les arbres sont entièrement recouvert de blanc. Tout ça me procure déjà beaucoup de joie.

Le chemin que j’emprunte débute par des escaliers, glacés et enneigés. Chaque pas est un défi à part entière.

Arrivée au sommet, la forêt s’ouvre à moi, comme un cadeau. À cette heure-ci, je suis seule et ce n’est pas pour me déplaire. Il y a une ambiance magique qui se dégage. Le son de la neige qui craquette sous mes pas de velours m’émerveille.

Et le soleil qui tente de m’apercevoir entre les arbres, c’est irréel.

J’évolue dans cette environnement froid, m’arrêtant, ça et là pour observer ce que la nature a à me proposer.

Plus loin, j’atteins un point culminant duquel j’aperçois le lac, timidement. Il est loin mais de son oeil brillant, il m’attire. Je monte sur un tronc enneigé pour mieux pouvoir le contempler. De mon perchoir, j’observe aussi la ville. D’ici, elle paraît calme, en ce milieu d’après-midi. Pourtant, je sais pertinemment qu’elle grouille.

Puis, le froid me surprend et je me remets donc en mouvement. Je profite d’emmagasiner le plus d’air frais possible, comme pour en faire des stocks, près de mes poumons. Et lorsqu’il est temps, je rebrousse chemin. Je repasse sur mes traces et fais mes adieux à ce lieu, si précieux.

C’est avec un sourire permanent que j’arrive à la maison. Je me prépare un thé, pour réchauffer mon corps et vais m’installer confortablement dans le canapé. Naturellement, je saisis mon livre, sentant que c’est le moment propice pour continuer de dévorer ce roman. Et rapidement, je me plonge dans l’histoire. Je reste ainsi jusqu’à ce que le soleil se couche et plus encore.

Après le repas, je savoure encore cette journée. Malgré mes yeux piquants de fatigue ainsi que mon corps, brulant de douleurs, je ne peux m’empêcher d’être particulièrement heureuse et reconnaissante. Sereine, je m’endors.

Jour 61 – Savourer

Photo de eberhard grossgasteiger sur Pexels.com

Le réveil sonne et pour ne pas changer une équipe qui gagne, mon corps endormi et moi-même, nous nous rendons sur le tapis de yoga. Dehors, le soleil se lève, timidement. Je me sens à l’aise dans mes mouvements, ils sont fluides et je parviens à faire le vide de plus en plus rapidement. Arrive une posture me demandant, si j’en ai l’envie et la possibilité, de me mettre sur la pointe des pieds. Et sans m’en apercevoir, je me lance. Certes, je ne peux pas tenir la posture, j’y accède tout juste mais j’ai essayé. Ce n’est qu’à la fin de la pratique que je m’en rends compte. Pour remettre un peu de contexte, il y a un an, me mettre sur la pointe des pieds, pour attraper quelque chose, par exemple, c’était inenvisageable. J’étais trop faible, et cela impliquait une souffrance sans limite. Il y a deux mois, me mettre sur la pointe des pieds, j’y pensais quinze fois et puis je me disais que c’était mieux pas, je n’en étais pas capable. Et voilà que désormais, il n’y plus de limites. Alors, la douleur est toujours là mais j’ose enfin la défier. Et j’avoue, j’ai eu mal mais rien d’insurmontable. C’est une petite victoire pour entamer une belle journée.

La matinée passe à une allure folle. J’enchaîne entre les rendez-vous et les petites choses à faire. Je me déplace avec facilité et détermination. Et dans mes pensées, je ressens une profonde gratitude d’arriver à jongler avec autant de choses dans un laps de temps si restreint. J’avais accepté cette nouvelle vie, faites de choix et de contraintes en me contentant du plus important. Cependant, c’est un bonheur sans fin de pouvoir vivre un peu plus, comme avant. Je suis très lucide malgré tout, je sais que rien est acquis et que demain est un autre jour. Alors je savoure aujourd’hui.

Aujourd’hui, je savoure le repas que j’ai eu du plaisir à réfléchir, me procurer les ingrédients puis concocter.

Aujourd’hui, je savoure le rayon de soleil qui me salue, simplement.

Aujourd’hui, je savoure lorsque mes doigts défilent sur le clavier, laissant une trace de cette folle aventure qu’est la vie.

Aujourd’hui, je savoure chaque mouvement, peut importe la douleur.

Aujourd’hui, je savoure d’arriver à remplir mes obligations sans me laisser déborder par le stress de l’inconnu.

Aujourd’hui, je savoure les moments de repos que je m’octroie, sans les voir comme une punition.

Aujourd’hui, je savoure les instants passés avec mes proches, entre confessions et paroles légères.

Aujourd’hui, je savoure cette fatigue dont je connais la cause et que j’accueille avec joie.

Aujourd’hui, c’était une belle journée pour savourer le goût de la vie.

Jour 60 – Au bon endroit, au bon moment

Se frayant un chemin entre les bâtiments puis les arbres, le soleil parvint tout de même à atteindre mon front pour y déposer l’un de ses doux rayons.

Je sors du sommeil paisiblement. La nuit fut longue et favorable. Et c’est revigorée que je me lève et avance vers mon tapis. Comme je le disais hier, je n’attends que ça, dès mon réveil.

La voix d’Adriene fait désormais partie de mon quotidien et je l’écoute les yeux fermés. Elle guide mes gestes avec précisions et aujourd’hui encore, la séance se fait plus longue que la veille. Cette pratique commence en douceur et de manière insidieuse, des postures offrant plus de défis font leur apparition. Je les appréhende avec confiance et me lance, intrépide. Je n’ai pas peur d’échouer.

Après ma séance, une idée rôdait dans mon esprit depuis quelques semaines. J’ai envie de faire le tri dans mes vêtements, de me séparer de ce que je ne porte plus. Je m’exécute.

Vers midi, les choses avancent et je décrète le besoin d’une pause.

Je me prépare un repas et profite de ce moment de calme pour reprendre des forces.

Ensuite, je continue le rangement. C’est physique. Déplacer les tas de vêtement, me baisser souvent, je le sens, ce n’est pas simple. Je persévère car faire le tri m’apporteras un espace de liberté dans mon organisation qui ne sera pas de refus. Pourtant, vers quatre heure, j’observe le soleil brillant, à travers la fenêtre. Je me sens fatiguée au point de dormir mais je n’en ai pas envie. J’aimerais arriver au bout de ma quête. Je ne fais que de m’asseoir et je suis au point mort. Alors pour conjurer le sort et me remotiver, je décide de m’octroyer un moment plus fun.

Je vais dehors. Je reprends le même chemin qu’hier, voulant découvrir les possibilités. Dans le parc, le soleil vient me chatouiller, en passant entre les arbres. Je le prends comme une confirmation de l’univers, je suis au bon endroit, au bon moment. Cette pause de nature est ce dont j’avais besoin. J’immortalise le moment.

Puis je rentre, d’un pas décidé à finir ce que j’ai commencé. Aussitôt je passe la porte que je finis le rangement de mes armoires. Puis je remplis des sacs d’habits à donner, ils rendront quelqu’un d’autre plus heureux que moi et pour les vêtements trop usés, je les mets dans ma boite à couture.

J’ai mérité de pouvoir aller me poser un petit moment. Je décide d’utiliser ce temps pour l’écriture. En fond musicale, je mets du Chopin, c’est un de mes compositeurs préférés. Les mots défilent presque en rythme. Plongée dans ma bulle, je ne vois pas le temps qui défile et c’est mon estomac qui me rappelle à l’ordre. Les gargouillis sont vifs et autoritaires. Alors, je me plis à la demande vitale et me dirige vers la cuisine pour me sustenter.

Plus tard, au moment d’aller me mettre au lit, j’aperçois une lueur vive à travers la fenêtre. Une demie lune est suspendu juste en dessus de la pointe la plus haute de la cathédrale. Elle rayonne dans l’obscurité, offrant sa beauté à quiconque souhaiterait l’observer. Je vole cet instant à la nuit et vais me coucher, le coeur léger.

Jour 48

Ce matin, réveil douloureux. J’entends les douleurs mais je ne veux pas les croire. Je ne veux pas entendre ce qu’elles disent. Elle murmurent que la journée commence mal. Elle insuffle une difficulté supplémentaire. Je dois réunir toute la motivation du monde pour me tirer du lit. Me voilà debout.

Je rejoins la voix d’Adriene, sur mon tapis de yoga. J’ai pris goût à la séance en pyjama. Je peux garder la sensation d’être encore entrain de dormir. La séance travaille énormément les abdominaux. Les miens sont loins d’être en béton mais comparés aux exercices me demandant d’être debout, j’éprouve moins de difficultés. Ou surtout, beaucoup moins de douleurs dans cette zone. Enfaite, lors des autres séances, il faut que je distingue la difficulté normale et la combinaison douleurs/difficultés. En effet, j’ai à la fois mal et à la fois, moins de facilité qu’avant. En tout cas, de ne pas faire de posture douloureuse me rend confiante. Et toutes ces respirations prises consciemment font définitivement taire la petite voix sournoise que j’avais dans la tête, lors de mon réveil.

Je me rends à un rendez-vous médical. En sortant, le soleil dépose un bisou sur mon front. Il fait beau. Le ciel est bleu, il ne manquerait plus que les oiseaux chantent. La température de l’hiver se bat avec le soleil pour rester négative. Cet environnement m’invite clairement à en profiter. Je me sens fatiguée. Je sens mes membres sans énérgie mais je ne suis pas très loin du lac. Par un soleil pareil, c’est cruel. Je tergiverse quelques minutes. Aller me reposer ou regrouper mon énergie et prendre plus d’air. Seconde option pour moi. J’en ai réellement envie. Je ne veux plus frustrer mon esprit. Malgré le froid, c’est comme si je rattrapais tous les mois où je ne pouvais plus bouger un doigt. Le soleil, l’air, le vent, les odeurs, et tant d’autres, autant d’éléments qui m’ont manqués.

Arrivée au bord du lac, je suis éblouie. C’est merveilleux. La promenade est presque désertique. Quelques enfants jouent, nourrissent les canards. Quelques badauds font comme moi, ils déambulent. Vers les quais, l’eau semble calme, le vent est muet. Il fait glacial, réellement. Mais les rayons jaunes me réchauffe le visage, l’âme. Plus loin, l’ambiance est différente. Je vois la réelle nature de l’eau. Il y a des vagues dignes de la mer. Aucun bateau ne navigue pourtant, c’est l’oeuvre du vent. L’eau gesticule, fait de grands mouvements. Ça crée un rythme apaisant. Les vagues se jettent à corps perdu sur les rochers, donnant le tempo. Et le vent souffle sur moi, à m’en faire perdre les doigts. Je suis émerveillée par tous ces détails. Il y a tellement de belles choses à percevoir, ressentir et observer. C’est une infinie ressource. Je m’installe sur le rebord en pierre. C’est froid sous mes fesses mais mon coeur est chaud. Je suis au centre de ce magistral spectacle. Je n’ai pas de mots. Je ressens des vibrations lorsque les vagues frappent les rochers. Les gouttelettes volent et scintillent dans les airs. Le reflets sont si puissants que j’en plisse les yeux. Par moment, le vent me contraint à clore mes paupière pour éviter aux larmes de tomber. Je reste là. J’écoute cette musique saisissante. Je suis aveuglée. Je ne me lasse jamais du lac. Je ne saurais pas l’expliquer. A toutes les saisons, il sait m’épater et m’apporter ce dont j’ai besoin. Je suis reconnaissante d’avoir ce point énergétique si puissant, prêt à me porter dans les épreuves de la vie. Je ne pense à rien. Je laisse l’eau nettoyer mon esprit.

Pssst! Le son de l’eau est disponible ici.

L’inévitable arrive, je rentre.

Je me prépare un repas et je ne le sais pas encore, mais c’est la dernière activité que je fais aujourd’hui. Lorsque mon ventre est satisfait, je m’aperçois que mes membres sont devenus lourds. Sur mes épaules, un poids envahissant se pose. J’ai de plus en plus de mal à comprendre ce qui m’entoure. Le temps passe ou plutôt, je le laisse passer. Chaque geste devient un véritable effort. Allongée, même me retourner me coûte. Je fonds dans la lourdeur de l’inaction. J’attends. La nuit tombe et avec elle, je perds du terrain. Je navigue en plein brouillard, ne trouvant plus comment associer mes pensées aux mots. Je ne sais plus utiliser la parole. Je bégaye. Je ressens l’épuisement, les douleurs et doucement, la faim. Je n’ai pas la force de cuisiner, je n’ai pas le choix de décider quoi manger. Je ne sais plus. Je prends de longues minutes pour arriver dans la cuisine. Réussir à me baisser pour prendre un repas dans le congélateur. Je remercie mon moi du passé d’avoir congelé des plats, tout prêts, en prévoyance des jours compliqués. Ainsi, je continue mon engagement de bien me nourrir.

Mon état d’esprit est paisible, je patiente que l’orage passe. J’accepte le sort et attend mon tour, pour revivre. Je regarde dans mon téléphone, les images prises plus tôt. Beaucoup de reconnaissance d’avoir vécu ces moments riches. Puis je tente d’écrire. Vu mon état, c’est comique. Je décide de noter quelques mots clés et me promets de faire le reste demain, de rendre honneur à cette belle journée qui s’achève.

Jour 47

Photo de Maria Gulyaeva sur Pexels.com

En me levant, j’ai le sentiment d’avance que la journée va être bien remplie. J’ai mis mon réveil avec un peu d’avance afin de pouvoir prioriser ma séance de yoga. J’avoue que j’ai même la flemme d’aller me changer. Je reste dans mon pyjama, encore tiède. Mon tapis est froid et pendant une demie seconde, je me demande vraiment ce que je fais là. J’aurais pu dormir. Heureusement, la voix d’Adriene me ramène à la raison. La vingtaine de minutes passe drôlement vite. Comme si le temps s’était mis à courir, pendant que j’étais plongée dans ma bulle.

Après cela, un petit déjeuné dans l’estomac et je file chez le médecin, encore. Dans ma vie actuelle, c’est devenu une situation récurrente. Carrément monotone. Je n’aurais jamais pu deviner, il y a deux ans, que j’y passerais autant de temps. Ce rendez-vous prend une partie considérable de l’énergie du jour. Dès midi, je baille sans arrêt. Mes épaules s’alourdissent et mes pas deviennent défectueux. Et doucement, un nuage d’incompréhension m’envahit. Je dois aller me coucher. J’avais pourtant d’autres projets mais la contrainte est posée. Je ne peux rien faire d’autre. Je rejoins mon matelas, m’enroule dans la couverture et regarde le temps passer. Par moment, je ne suis plus réellement là. Quelques heures plus tard, je me lève et l’impression que le repos n’a rien changé me parvient. Ma tête et mon corps sont au ralentis.

Je repense à ce matin et j’éprouve de la joie d’avoir pris le temps pour mon yoga. Si je ne l’avais pas fait, j’aurais dû abandonner, vu mon état. Je réalise combien il est important de mettre en priorité ce qui me tient à coeur. Trouver l’équilibre entre mes obligations et mon bonheur. La maladie est imprévisible et je ne sais donc jamais lorsque le coup de massue sera plus fort que moi.

La fin de la journée s’achève ainsi, des pensées de gratitude en tête. Je ne saurais pourquoi mais je pense aux diverses choses qui constituent ma vie. Je suis paisible

Jour 38

Photo de Daria Shevtsova sur Pexels.com

La fin de l’année approche à grand pas. Je vois mes réserves d’énergie diminuer brutalement, sans comprendre pourquoi.

Je me réveille et reste dans un demi sommeil. Par moment, je saisis ma liseuse. Je n’arrive pas à suivre le récit. Je me sens usée, fatiguée. Je cesse, je la pose et ferme les yeux. Je me repose. La journée s’écoule.

C’est un jour où tous les actes me coûtent le double. Dès que j’ai l’occasion de m’asseoir, je le fais. J’écris à peine. Je mange à peine. Je passe mon tour pour marcher ou faire du yoga. Je vis à peine.

À Contrario, mon humeur est joyeuse. J’ai un peu de mal à percevoir le second degré, je réfléchis moins bien que d’habitude mais au fond, ça va. Je ne me sens pas si mal. J’accepte cette ambiance corporelle. J’avance avec. Je m’endors épuisée. C’est ainsi, je garde l’espoir d’un meilleur lendemain.

Jour 36

Photo de Ylanite Koppens sur Pexels.com

Réveil avec douceur. Toujours aussi sereine au sein de mon nid familial, je pense avoir rechargé mes batteries profondes, celle qui me permettent de carburer contre vents et marées.

Je passe une journée partagée avec ma famille puis avec une amie qui m’est chère. J’ai souvent entendu que les amis sont la famille que l’on se choisit et je dois admettre que je suis totalement en accord. Auprès d’elle, je me sens comprise, écoutée et épanouie. Avec elle, je peux rire comme pleurer. Pour elle, je suis toujours disponible. Elle devine souvent mes pensées et sur elle, je peux me reposer. Et je fais mon possible pour prendre soin d’elle. Nous avons mis du temps à nous trouver réellement et ça valait le coup.

C’est un jour de joie, placé sous le signe de la gratitude. Les fêtes ne sont qu’un prétexte pour passer plus de temps ensemble. Et si vous vous demandez quel est le meilleur cadeau sous mon sapin cette année, je vous répondrais que c’est la chance d’avoir cet entourage si précieux. Personne n’est parfait, mais avec leurs défauts et toutes leurs qualités, c’est ainsi que je les aime.

Le soleil tombe lorsque je me retrouve à nouveau seule, après ces quelques jours bien entourée. Dans ma tête, je passe en revue les souvenirs frais et les encres plus profondément dans ma mémoire. J’ai donné toute mon énergie et je sens qu’il est temps de réellement me reposer. Je prends quelques minutes pour m’étirer et file me préparer un repas. Le soir, je saisis l’occasion pour jouer à un jeu vidéo.

Je m’endors, paisible.