Jour 33

J’émerge rapidement. L’ébullition des préparatifs pour les fêtes m’a sorti de mon sommeil. Je sais que pour les prochains jours, je serais avec ma famille et je tiens à finir de préparer les derniers détails. Je passe une matinée sans trop réfléchir, mes actions sont automatiques. Je ne comprends même pas comment le temps défile si rapidement.

Une fois que tout est terminé, je regarde l’heure et remarque avec surprise que je peux m’accorder quelques minutes pour écrire. Je m’installe dans le salon et avec le stress de ce matin, je ne sais pas vraiment pas où commencer. Forcément, la tension n’est pas bonne pour la créativité. Je mets un peu de piano, voir si ça peut attiser l’imagination. Je passe beaucoup de temps à regarder par la fenêtre, au loin. Il fait plutôt gris, sans pluie, sans neige. Le paysage est figé autant que mes pensées. De fil en aiguille, les mots s’amoncellent. Je relis rapidement et part en cuisine.

J’ai un repas à terminer de préparer pour les miens. J’admets aimer autant que j’appréhendes les fêtes. J’apprécie tellement de prendre le temps de vivre à mon rythme et ça va peut-être paraître égoïste mais je redoute de ne plus avoir ce temps pour moi. Je sais que je vais être entourée des personnes les plus importantes dans ma vie, celles qui m’ont accompagnées durant toutes mes épreuves. Pourtant, j’ai peur de perdre, l’espace de quelques jours, la liberté de prendre soin de moi. Pour me rassurer, je me promets de garder l’écriture et le yoga pour traverser ce passage. Ils seront mon havre de paix.

Photo prise aujourd’hui, depuis la voiture. Je pourrais regarder ce paysage en continu.

Après cette journée bien remplie, je me sens mentalement fatiguée. Interagir et devoir se concentrer sur les discussions m’a coûté en énergie. Ça valait le coup mais c’est le moment pour moi de me reposer. Avant de passer à ma séance de yoga, je m’asseye. J’ai besoin de faire revenir le calme. J’observe mon corps de l’intérieur. Je crois que mon estomac est encore entrain de digérer le repas du midi. J’apprécie le silence qui m’entoure.

Puis je me lève et décide de simplement m’étirer. Je fais les gestes debout. J’ai le regard qui s’évade dans la nuit, par la fenêtre. L’air est frisquet ou c’est ma peau qui est froide, je ne sais pas. Les mouvements sont lents et rythmés par mon souffle. Je cherche les sensations me permettant d’apaiser mon être endolori. Elles arrivent doucement. Je prends la plus grande inspiration de la journée. En expirant, je lâche prise sur le négatif et m’accapare le bien-être et la gratitude d’exister.

Je me dirige vers la cuisine, saisis un repas et vais m’installer dans le canapé, au chaud. Après celui-ci, des décharges électriques démarrent dans mes mains. Elles partent des poignets pour s’instiller jusqu’à la pulpe de mes doigts. Dès que je cesse de bouger, elles se calment. Malgré tout, je tente des stratégies pour les apaiser. J’étire mes doigts, je ferme les poings. Je les colle même contre la chaleur du radiateur, en vain. Les douleurs sont plus fortes. Je prends un livre que je cale sur mes genoux et tourne les pages avec la plus grande immobilité possible. Je me plonge dans le roman afin d’en oublier le reste. Et doucement, mon corps s’apaise dans les profondeurs du sommeil.

Jour 24

Photo de jonas mohamadi sur Pexels.com

Je passe une nuit que je ne saurais qualifier. A la fois, j’ai dormi suffisamment et au même temps, j’étais tellement impatiente de commencer la journée que je ne me suis pas reposée. C’est pas grave, ce sera mieux la prochaine fois.

Je me lève donc avec détermination. Je sais que j’ai énormément de choses à faire ce matin. Après un thé, j’organise mon travail et me plonge dans celui-ci. La matinée passe à une allure folle. Je suis heureuse de pouvoir cocher au fur et à mesures des cases dans ma liste. Je confirme, une fois de plus, que j’ai les capacités d’avancer et qu’il n’y a pas de raisons de s’en inquiéter. C’est rassurant. Peu avant les coups de midi, je ressens la fatigue. Je commence à commettre des petites erreurs d’inattention. Dès ce moment-là, je décide de mettre à jour mon planning pour demain et de ranger. J’ai suffisamment travailler pour aujourd’hui.

En me levant de ma chaise, mon dos craque. La douleur s’installe. Résignée, je m’applique un patch chauffant et file en cuisine car je n’ai pas le temps de m’écouter plus que ça.

Je me prépare à manger et peu après ma pause, je sors pour un rendez-vous. C’est ma dernière obligation de la journée, vite!

En rentrant, je profite de marcher un peu dans la ville, sans musique. Le temps est doux, le ciel est d’un gris très clair. Les gens vont et viennent. Tout le monde marche à un rythme effréné que je ne saurais tenir. Il y a le bruit des bus, des voitures, des passants. Le feu qui retentit lorsqu’il devient vert. Il y a tellement de monde sur les passages piétons que je me sens poussée par la masse, pour avancer plus rapidement. Cette marche n’est pas de tout repos. Je rentre remplie du vrombissement de la ville. Et je le dépose en enlevant ma veste, sur le porte manteau.

Je m’accorde un moment de somnolence, dans le canapé. Je me sens accomplie mais fatiguée. Je me questionne sur l’idée de bouquiner un peu. Finalement, je décide que ne rien faire est justifié. Alors j’observe la pièce. Par moment, je clos mes yeux. La luminosité baisse peu à peu.

Lorsque je reprends mes esprits, je décide de laisser passer ma pratique de yoga pour aujourd’hui. La motivation d’aller sur mon tapis ne dépasse pas le respect que j’ai envers mes limites physiques. Je ressens le besoin de récupérer. Je suis tellement reconnaissante de pouvoir faire de plus en plus d’activités. Il y a quelques mois, j’étais en pleine survie et je ne dois pas l’oublier. Je dois célébrer mes accomplissements et permettre à mon corps d’en envisager toujours plus.

Je décide d’écrire. Les mots sont fluides. Il me reste suffisamment d’énergie intellectuelle.

Ma journée est belle.

Jour 21

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Au moment d’ouvrir les yeux, je constate que la peau de mes paupières s’est figée durant la nuit. Ma peau a du mal à se détendre et je ressens le poids de la fatigue. Avec certitude, j’abandonne le yoga pour ce matin. Il est plus raisonnable d’attendre le moment où ça m’apportera le plus de bénéfices.

Je me prépare et je pars affronter le froid extérieur. J’ai des rendez-vous. Par la même occasion, je profite de flâner dans les rues. Je ne dispose pas d’énormément de temps mais cela ne m’empêche pas d’en profiter.

C’est déjà une journée bien remplie et c’est loin d’être terminé.

L’après-midi, un rendez-vous professionnel m’attend. Je ressens le stress. En effet, j’ai débuté ma semaine avec de grosses incertitudes et j’ai travaillé dessus tous les jours. Aujourd’hui, c’est le moment de concrétiser et d’avancer. J’expose mon travail de réflexion et je débats sur mon avenir. Petit à petit, une nouvelle option se profile. J’ai plus de possibilités que je ne le pensais jusqu’à maintenant. Je ressens du soulagement et une note d’appréhension. En effet, j’ai plus de choix et cela comporte aussi des désavantages. En tout cas, je conclus cette entrevue avec sérénité.

Je décide de réellement m’accorder le week-end pour ne plus y songer et continuer mon travail, dès le lundi suivant. J’ai complètement mérité le repos et la détente.

Lorsque je décide d’écrire, une migraine me guette. J’entends ses pas s’approcher au fur et à mesure que je dépose mes pensées sur le clavier. Je persévère. Je suis motivée à aller au bout de ma mission et de ne pas me laisser faire. J’ai des choses à dire, qui me sont importantes. Avant la validation de l’article, la relecture m’est difficile. Je bâcle cette étape et le publie. Je m’allonge et me repose un temps. Elle a gagné mais je n’ai pas dit mon dernier mot.

Après une micro-sieste, je suis déterminée à affronter mon tapis de yoga. Pour changer un peu, je décide de pratiquer dans une autre pièce que d’habitude. Elle est plus petite et je redoute de ne pas avoir assez de place. Au lieu de ça, je suis surprise par la façon dont je me sens protégée et forte. Ma concentration est plus profonde et solide qu’à l’accoutumée. Je donne mon maximum et j’en oublie toutes les sensations désagréables. Je suis tellement centrée sur ma respiration que plus rien ne compte. A la fin de la pratique, allongée sur le sol, je médite. J’aimerais que ce moment ne s’arrête jamais.

Au moment de me relever, la migraine me cogne. Je suis vaincue, je vais m’allonger à nouveau.

Dans mon lit, les yeux clos, j’observe la gratitude de pouvoir simplement vivre. Je n’ai pas toujours la chance de choisir mais en contrepartie, je suis réellement heureuse. Je suis bien dans ma vie.

Jour 20

Ce matin, je me réveille tôt. J’ai un rendez-vous important et je tiens à faire ma pratique de yoga avant de m’y rendre. Je dois préparer mes armes pour être la plus forte possible.

Dans l’obscurité matinale, la détermination et la confiance me guident jusqu’au tapis. La séance est rapide et efficace. Je suis éveillée et claire dans mes idées. Je suis préparée à affronter les épreuves qui m’attendent.

Pour commencer, je m’aventure dans une ville que je ne connais pas vraiment. Tous mes sens sont en alerte. J’écoute les sons, observe les panneaux. J’avance. Je reviens sur mes pas. L’architecture de la ville m’est inconnu. Il y a tellement d’endroits où poser mes yeux que je ne sais plus. Par moment, je me sens perdue. Heureusement que j’ai accès du bout des doigts à un guide! Et après toutes mes péripéties, j’arrive à la porte de la prochaine mésaventure.

Le rendez-vous est particulier. De plus, j’ai été convoquée donc la procédure m’est imposée. Je suis là pour attester de ma maladie et de mes difficultés. Comme si, tous les spécialistes n’étaient pas assez crédibles. Pour des raisons financières et d’assurance, je dois justifier que je suis légitime dans mes douleurs. Un sentiment étrange prend place. Je souffre et c’est majoritairement invisible. Et tout au long de mon parcours, je dois continuer à le dire et le prouver. C’est éreintant et c’est ainsi. Les questions qui me sont posées pourraient me faire perdre tous mes moyens. Pourtant, je n’en démords pas. Pendant l’entretien, je pense au yoga, à respirer, à être forte. Et j’y arrive. Je repousse mes limites émotionnelles.

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Je sors de là-bas, à la fois épuisée et abasourdie par l’évènement. Je dois encore retrouver mon chemin. Un bus, un tram, un train. Je me débrouille aisément. Je remercie mon sens de l’orientation. Sur le quai, je dépose les émotions négatives. Je laisse ce passage désagréable et obligatoire sur le sol. Je m’installe dans le train et peu de temps après, il démarre. Le paysage défile sous mes yeux. Dans ma tête, les pensées sont au ralentis. Mes neurones sont figés. Je suis réellement fatiguée. Je n’ai même pas conscience du temps de trajet. Mon unique objectif est de retrouver mes repères et de me reposer.

Et comme prévu, en rentrant, je me repose. J’alterne entre la somnolence et le sommeil profond. Je peine autant à me mouvoir qu’à me réchauffer, enroulée sous deux couvertures. Je pense aux activités que j’aurais aimé accomplir aujourd’hui et me résigne à accepter. Cette fois-ci, je n’ai pas le choix. Il n’existe pas de frontières à outrepasser dans mon état.

Péniblement, pour satisfaire mon moral, je me mets à écrire. Je suis si exténuée. Tout est flou et compliqué. Mes yeux brûlent. Je dois reconnaître que l’exercice est carrément difficile. Les mots ne viennent tout simplement pas jusqu’à mes doigts. Je suis enfermée dans un mutisme. Je force et mon discours est décousu. Il me faut plusieurs heures pour réunir quelques syllabes et former un mince texte. Je ferais mieux une prochaine fois.

Je respecte la situation et vais me coucher.

Jour 19

Le réveil sonne et je me lève machinalement. Mon rituel matinal commence. J’enfile mes des vêtements chauds et confortables. J’enclenche la bouilloire et me rends dans le salon. Mon tapis de déroule rapidement et je lance la video. Je remarque que j’ai de plus en plus de simplicité à me mouvoir. Cela me motive et je tente de me surpasser. J’observe les limites et les repousse d’un millimètre, chaque jour. C’est une construction lente et minutieuse. Tel un château de carte, je construis peu à peu ma forme physique et mentale. Je pourrais même dire ma reconstruction. Et cette fois-ci, le château sera solide comme le béton: Prêt à toutes épreuves.

C’est une journée où j’enchaine des tâches administratives, du rangements et du nettoyage. Le temps passe avec fluidité.

Au moment de faire les courses, je me surprends. En effet, je me suis totalement laissée émerveiller devant les lumières projetées au sol, à la sortie du supermarché. Les étoiles se reflètent dans mes yeux, encore plus lumineuses. Je m’arrête pour observer, comme une enfant. J’ai envie de me déplacer dans tous les sens, sous les rayonnements violacés. La réalité me rattrape, il y a du monde et je ne peux pas rester plantée là. Je récolte la magie du moment et m’en vais.

J’apprécie cet aspect de ma personnalité et j’éprouve même de la gratitude à ce propos. Je trouve important de continuer à cultiver cet engouement pour la simplicité. C’est l’assurance d’avoir de la joie à portée de main.

Le soir, j’écris avec facilité. Je pense sincèrement que c’est ce qui guide ma journée. Elle est simple et satisfaisante. Espérons que la nuit le sera aussi.

Jour 18

Photo de Polina Tankilevitch sur Pexels.com

C’est une journée qui commence bien, je le sens. Je me prends en main et me dépose sur mon tapis de yoga. Des bâillements m’interpellent avec insitance. Mes muscles sont raides et les mouvements manquent clairement de grâce. Néanmoins, je suis solide. Je fais pleinement confiance à mon corps et j’accepte ses limites matinales. Dehors, le jour n’est pas totalement levé. La ville s’éveille tandis que mon corps se chauffe. J’ai l’esprit calme et concentré. Par moment, les difficultés se font sentir et je suis à deux doigts de relâcher mes efforts. C’est sans compter ma détermination, je suis combative aujourd’hui. Je n’ai pas l’intention de subir et de me laisser faire poliment.

A la fin de ma pratique, je me rends dans la cuisine. J’enclenche la bouilloire. Les bruits du quotidien ont quelque chose d’apaisant. J’écoute le bruit de l’eau qui frétille en attendant le cliquetis qui m’assurera qu’elle est prête. J’ouvre une armoire, saisi une tasse. La matière est lisse et brillante. L’eau envahit le récipient et submerge le thé que j’ai choisi. Les effluves de celui-ci s’envole jusqu’à mes narines. Décidément, c’est déjà une belle journée.

Par la suite, je prends le temps de faire une douche chaude. Mes muscles ont bien travaillé. Je dois les récompenser! A la fin de mon rituel, je me sens prête à vivre pleinement.

J’aborde la thématique de ma reconversion professionnelle. Ce sujet n’est en soit pas simple à gérer, sachant que je ne l’ai pas choisi. Malgré tout, c’est une nouvelle chance d’apprendre et d’élargir mes horizons. Hier, je me sentais totalement perdue. A présent, je suis prête à affronter. J’applique la force cultivée sur mon matelas à ma vie réelle. Je dois lutter pour mes ambitions et mes projets.

C’est une matinée très productive. Je suis plutôt fière de moi.

Le reste de mon après-midi est consacrée à mon bien-être physique. Je me rends chez ma thérapeute.

Le soir venu, dans ma tête, les idées ne cessent de fuser. Il existe tellement de chemins professionnels qu’il m’est difficile de m’en faire une idée définitive. Je continue à me documenter et regarde des conférences. Au bout d’un temps, je me sens satisfaite et je décide de passer à la partie écriture.

L’exercice est périlleux. Pourtant, je dois aussi accepter de retranscrire les mauvais moments. Il est normal d’avoir des périodes plus négatives et les émotions qui les accompagnent. Je ne peux les éluder dans mes écrits car c’est en partie ma vie. Les noter, c’est aussi y faire face.

Et je tiens à faire face à ma vie, à mon passé et surtout: je tiens à être prête pour mon futur.

Jour 17

Ce matin, j’ouvre les yeux avec un léger pressentiment. Un goût d’inconnu s’installe. C’est le premier jour de la semaine et je n’ai plus d’obligations professionnelles. Je suis déphasée. Je tente de me persuader que c’est la machine qui est lente à mettre en route et prends mon petit-déjeuner, sans trop y réflechir.

Par la suite, je m’installe à mon bureau. Je dois préparer mon avenir. Cette réflexion a déjà commencé et je dois continuer à concrétiser mon futur. Pourtant, ça ne fonctionne pas. Mes pensées se bousculent et jouent au flipper dans ma boite crânienne. C’est autant des affirmations que des questionnements, dans le désordre le plus total.

J’ai du mal à me canaliser. Doucement, je remets en question l’entièreté du projet que j’avais en tête jusqu’ici. Je déconstruis chacune des idées. Au final, je me retrouve avec un tas de cendres et le désespoir me fait signe.

Je reste plusieurs heures devant mon écran sans rien réussir à établir. A chaque minute qui passe, je perds un peu plus mes moyens. Je finis par être complètement abattue, sur cette chaise. Immobile mais l’horloge, elle, tourne encore. Je ressens le temps ajoutant au passage son angoisse. Je dois me décider. Je ne peux pas passer une année dans cette position.

Passage à vide. Pendant un amas d’heures indéfinissables. C’est lent. C’est long. Je ne peux rien y faire. Il n’existe pas de bouton magique qui me permette de passer à l’étape suivante.

Je ne me souviens pas à quel moment j’ai réussi à me sortir de ce tourbillon. Néanmoins, je me retrouve à l’air frais.

Une pulsion de vie, comme une bouée de sauvetage.

Je comprends que je ne dois pas m’acharner à concrétiser quoi que se soit aujourd’hui. Mon unique tâche est l’acception de cette humeur désastreuse et maussade. Sur ce chemin de la validation de mes ressentis, parfois, une boule se loge dans ma gorge. Parfois, elle force et les perles de sel parcourent mes joues. Dans le silence.

Heureusement, au fur-et-à-mesure de mes pas, le brouillard s’atténue. L’horizon est beau. Le paysage est le même qu’à mon habitude pourtant, il y a encore de quoi s’émerveiller. Il vide mon esprit. Les arbres se tiennent fièrement debout. Les couleurs m’insufflent de l’espoir tandis que les mouettes me partagent leur insouciance. Je recharge mes batteries.

Accepter d’être triste et désemparée, je peux le faire. Cependant, mon engagement me revient en mémoire. Je ne souhaite plus admirer les drames et me laisser envahir. Je dois passer à l’action, malgré tout. Je suis capable d’être debout en pleine tempête, tel que les arbres savent le faire contre les caprices de la nature.

Je rentre avec mon humeur mitigée et mon envie de ne pas lâcher. En l’espace d’une heure, j’accomplis tout un tas de choses afin de vite me retrouver sur mon tapis. La pratique du yoga me rassure. Dans l’espace de ce rectangle, le temps est suspendu. Mes aigreurs sont effacées. Je savoure. Je me sens épuisée mais recentrée.

Je m’alourdis dans le sommeil en pensant. Je songe. Ces prochaines semaines m’amèneront à faire des choix difficiles et je ne peux les éviter. Au delà de ça, j’ai l’emprise sur la manière dont je veux vivre mes prises de positions. Mal vivre mes décisions ne changera en rien les événements. Il ne me reste plus qu’à bi…

Jour 16

Photo de Adrianna Calvo sur Pexels.com

Une journée de détente commence par une grasse matinée. Je m’exécute et à mon réveil tardif, les batteries sont chargées de lenteur. Un temps fou m’est nécéssaire pour passer au petit-déjeuner. Le délai de mes actions me permet de savourer chacune d’entre elle.

Une fois que je suis pleinement consciente, je m’atelle à préparer mes cadeaux. En effet, les fêtes de fin d’années approchent! Loin de moi l’idée de surconsommer, je me plais à imaginer ce qui fera le plus plaisir à mes proches. Leur faire un petit clin d’oeil et leur apporter de la joie m’est important. Je suis méticuleuse dans mes plans. Je me réjouis avec impatience de pouvoir avoir leurs réactions.

Cette activité restera la plus productive de ma journée. Par la suite, je me complais dans l’oisiveté. J’apprécie. Pour une fois, je choisis de ne rien faire. Rien ne m’est imposé et je savoure ce calme voulu.

Pour terminer cette journée de relâchement, je fais une séance de yoga. Celui-ci est à l’inverse de mon humeur du jour. Il est tonique. Mon souffle est cadencé. Je suis très rapidement concentrée dans mes mouvements. La posture du chien tête en bas devient de plus en plus naturelle. Mon corps s’adapte avec une rapidité insoupçonnée aux nouveaux gestes que je lui impose. La gratitude m’envahit.

Je termine par de l’écriture. Cela m’apporte de la satisfaction. Je peux vivre une fois de plus mes journées. Et par la lecture, je pourrais y penser encore et encore, pour toujours. C’est comme si je prenais pleinement conscience de mon vécu et que je tâchais de ne manquer aucun détail. J’aime cette vision des choses.

Je retiendrais d’aujourd’hui que je n’ai rien fait de particulier. Et c’était pleinement ce qu’il me fallait pour être heureuse et accomplie. Je ne peux pas toujours être dans l’hyper productivité. Je dois accepter que ce temps me sera rendu demain. Le repos porte ses fruits malgré ce que cette société toujours plus demandante et rapide veut bien nous faire croire.

Jour 15

Hier, je n’avais ni la force, ni le courage, ni rien du tout pour l’écriture ou le yoga. Au même temps, pour arriver à mon bien-être, il me fallait vivre ces émotions et non les cacher sous une activité. C’était nécessaire.

Heureusement, après ce passage fort en émotions, je peux reprendre le cours normal de mon existence.

Le matin, comme d’habitude, je regarde par la fenêtre. Il a neigé. J’ai envie de mettre mon manteau et de me rendre dehors. Une pulsion digne de l’enfance. Malgré la température, ce duvet blanc m’inspire confiance.

Une amie m’accompagne dans cet élan. Nous nous rendons en forêt. Tout est blanc. Nombreux sont les promeneurs. Pourtant, le bruit est étouffé par cet isolant naturel. C’est magique. Chaque pas est révélateur de petits craquements. Les branches sont lourdement chargées. Par empathie et surtout pas jeu, nous secouons les rameaux. La neige s’envole et finit son chemin sur le sol, délivrant les arbres du poids. Nous évoluons avec douceur et assurance dans ce bois que nous ne connaissons pas.

C’est tellement féerique que j’en perds la notion du temps. Je suis encrée dans le présent et je n’en loupe pas une miette.

En rentrant, je me sens simplement heureuse.

Plus tard, je déroule mon tapis de yoga. Je respire avec aisance. L’air froid a nettoyé mes poumons et mon esprit. Je suis précise dans mes gestes et indulgente avec mon corps. La séance se termine et je me sens alignée.

Pour terminer cette magnifique journée, je prends le temps d’écrire. Les mots viennent aisément et s’enchaînent. Je ressens les bienfaits de l’entraînement quotidien. Je constate que composer des textes rentre dans mon quotidien. C’est subtil et encourageant.

Il fait nuit lorsque je m’assoupis avec béatitude.

Jour 14

C’est la dernière journée, officiellement. Je pars au travail, le coeur déjà chargé. L’appréhension est lovée près de mon estomac. Je ne sais pas si je suis prête à réellement conclure ce chapitre de ma vie.

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Cette journée est spéciale. Je ressens la tristesse dans le regard de mes collègues. Nous savons que je n’ai pas choisi cette situation. Mes émotions sont en surface. Ils m’ont préparés plusieurs surprises et elles me touchent. Tellement que des larmes coulent. A chaque gouttes, je réalise un peu plus que je quitte un endroit renfermant plusieurs magnifiques personnes. Elles ont été mon entourage professionnel et plus que ça. Elles m’ont accompagné durant cette année difficile. Tomber malade n’a pas été simple et je ne pourrais jamais les remercier de m’avoir soutenue dans ce combat. Malheureusement, ma santé m’impose de changer de chemin. Une route éloignée d’eux. Pourtant, je garde dans ma tête, chacune des minutes passées avec eux. C’était mon travail et bien plus encore. Je dois nourrir ces amitiés que nous avons cultivées car elles sont précieuses. J’ai le sentiment d’avoir trouver LES personnes bienveillantes dont j’avais besoin dans mon existence. Et j’ai conscience que ça n’arrive pas tous les jours.

Je ne pensais pas avoir autant de valeur, à leurs yeux. Je ne le réalise qu’au moment où ils me décrivent. Ils utilisent tellement d’adjectifs positifs et bienveillants. Ils sont reconnaissants envers moi. Je n’en n’avais pas la moindre idée. C’est un mélange d’émotions sans nom. Je ressens de la joie d’avoir tous ses retours, de sentir que je faisais réellement du mieux que je le pouvais. Or, une autre entité émotionnelle se cache, plus forte. C’est entre la tristesse, l’impuissance et la colère. Je suis en rage d’être contrainte de quitter tout ça. Il m’est difficile d’être objective. Durant cette journée, je comprends que c’est clairement le point final. Et pour une fois, ça m’agace d’être dans ma vie. J’en veux à je-ne-sais-qui, je-ne-sais-quoi d’être malade. Je me demande: « pourquoi moi ». C’est la fatigue et le flot d’émotions qui me font perdre ma lucidité. Pour une fois, faut que je l’admette: ça fait chier que ça m’arrive. Ça fait chier que ça arrive à qui que ce soit sur terre.

En rentrant, je déballe mes affaires et vois les présents qui m’ont été offerts. Je pleurs à nouveau et je prends conscience de la chance de les avoir rencontré. Je suis privilégiée qu’ils existe dans ma vie et rien n’est fini. Certes, je ne m’y rendrais plus quotidiennement. Certes, c’est une page qui se tourne. Toutefois, je n’ai plus besoin de les nommer en tant que collègues. L’étiquette professionnelle part à la poubelle. Je peux compter sur des amis. Je sais que la porte de cet endroit m’est grande ouverte. Si j’ai besoin d’un refuge, de me ressourcer, ou simplement de les voir, je peux y retourner.

Ce n’est qu’une page de l’histoire parmi tant d’autres à venir. Il me reste un tas de pages vierges à remplir de la présence de ces merveilleuses personnes.

Dehors, la neige a reprit. La vie continue. Mes pensées s’entremêlent et doucement, le sommeil s’invite.