Jour 70 – Météo changeante

Aujourd’hui, la banalité du quotidien me rattrape. J’ai de la lessive à faire et c’est l’activité qui va rythmer ma matinée.

Entre chaque minuterie pour descendre à la buanderie, je m’active. Pendant que la machine tourne, je profite pour avancer de la paperasse, que j’ai repoussé jusqu’à maintenant. Puis, je reprends l’écriture. Je ne cesse d’être coupée par la sonnerie me rappelant d’aller lancer une autre machine. Suspendre le linge est un défi physique, je tente de m’occuper l’esprit par un peu de musique. Et ainsi, la matinée défile, entre écriture et le linge propre.

La satisfaction d’accomplir des choses si simples, me nourrit. La satisfaction d’en être capable.

Je n’ai pas encore pu faire ma séance de yoga et je dois admettre qu’à chaque fois que je croise mon tapis du regard, je ressens un pincement. Ne pas avoir pratiqué dès le réveil me manque.

Lors du repas de midi, la lessive n’est toujours pas finie. J’attends d’avoir pleinement achevé cette corvée pour pouvoir passer à une activité plus récréative.

Dehors, depuis ce matin, les éléments se déchainent. J’ai eu l’occasion de les observer. Il y a eu la brume matinale puis la pluie battante et en continu, le vent balaie l’horizon. Les rafales sont si fortes que j’entends le sifflement continuel. Par moment, le soleil perce les nuages et j’ai même pu apercevoir un morceau de ciel bleu. De courte durée car le vent s’affaire à ne laisser aucune chance à une météo stable. Il règne en maître sur cette journée humide. Au loin, je devine les moutons sur le lac, la mousse blanche produite par les mouvements incessants des vagues. La couleur de l’eau est disparate. Par endroit, elle se veut bleu foncée et à d’autre, elle va du vert gris au vert fougère, intense. Certaines côtes sont brunie. Ce tableau insuffle en moi l’envie d’aller braver le froid.

Lorsque la machine se termine enfin, je suis dans un état approximatif. Je suis heureuse d’être parvenue au bout de ma corvée mais je suis frustrée de m’apercevoir que j’ai des douleurs fracassantes. Elles partent de la pulpe de mes doigts pour atteindre mes épaules et descendre au centre de mon dos. Depuis le réveil, c’est l’escalade douloureuse. J’ai tenté de l’ignorer mais en me rendant sur mon tapis, je suis heureuse d’y arriver mais je suis fâchée d’être dans un état aussi inconfortable que celui-ci. En posant la plante de mes pieds sur le tapis, je suis pessimiste sur mes capacités. Je me dis que la douleurs remplacera le bien-être et que ma séance est déjà gâchée. Et doucement, je m’encre dans la pratique, les postures et ma respiration. Et sans m’en apercevoir, je ne ressens plus rien de négatif. Je suis dans un espace différent. Il est protecteur, bienveillant et puissant. La magie a opéré et je m’en aperçois d’autant plus, lors de ma dernière expiration, avant d’ouvrir les yeux.

Je décide d’aller profiter de prendre l’air. Je m’habille et me lance dans la rue, sans destination précise. Comme d’habitude, la pluie en plus. À la différence que cette fois-ci, je regrette très vite d’être dehors. La douleur reprend plus vivement, ainsi que la fatigue. J’ai l’impression que mon corps entier me tire vivement vers le sol. Comme si la gravité était soudainement plus forte pour moi. Et la frustration revient. Je suis déçue de n’avoir pas pu profiter d’aller dehors lorsque j’avais de l’énergie. Je suis fâchée d’être contrainte de souffrir. Je ne trouve plus l’intérêt d’être dehors. Alors, je fais marche arrière, complètement désemparée par toutes les émotions envahissantes.

Et pendant que mes pensées s’enfonçent plus profondément dans une spirale déprimante de complainte, d’agacement et de déception, quelque chose attire mon oeil. Sur le trottoir mouillé, appuyé contre le poteau, un gros caillou. Il me surprend car d’habitude, il n’y a pas de caillou sur ce trottoir. D’autant plus qu’il est d’une belle taille et je me demande donc comment il est arrivé-là. Plus je m’en approche, plus je m’aperçois qu’il y a autre chose d’étrange. Arrivée à sa hauteur, je marque un arrêt et observe.

Fantastique

Et soudainement, je me mets à penser que c’est un signe de l’univers. Je m’imagine que le destin a décidé de me remonter le moral. Comme si le destin voulait que je n’oublie pas que la vie, malgré tout, c’est fantastique.

Je souris.

Je continue ma route, le coeur plus léger et acceptant de devoir rentrer pour me reposer. Cette fois, je ne suis plus fâchée. Quelques mètres plus loin, je trouve une autre pierre.

Formidable

Je marque encore une fois un arrêt, avec la curiosité de lire le mot. J’ai l’impression de participer par hasard, à un jeu. C’est formidable et je suis émerveillée par la magie de ce moment.

Magique

Et au troisième et dernier caillou que je rencontre, je suis reconnaissante envers la personne qui m’a fait vivre ce moment magique. Je ne pense pas que cette personne ait conscience qu’elle a fait basculer mes émotions et m’a allégé d’un poids. J’avais juste besoin d’un signe pour tout lâcher et pouvoir avancer vers mon bien-être. Alors, même si elle ne le saura jamais, je l’en remercie. Ces trois petits mots, si bien choisis, ont peint un doux sourire sur mon visage. Mais surtout, ces trois grosses pierres, m’ont fait réalisé que j’avais oublié d’apprécier le plus simple. Pendant quelques heures, je m’étais laissée happée par la négativité et je ne savais plus savourer toute la richesse de ma vie.

En rentrant, mes douleurs n’ont pas disparu. Elles sont si vivaces qu’elle me font douter. Comme si c’était pire que d’habitude et qu’au fond, je n’avais jamais vraiment eu mal. Pourtant, je sais que c’est faux. Déterminée à retrouver un peu de bonheur, j’enclenche le diffuseur et choisis un mélange d’huiles essentielles d’orange douce et de lavande. Dans cette ambiance parfumée et apaisante, je prends ma liseuse et m’allonge. Mon corps se relâche et je parviens à faire abstraction des sensations. Calme et réconfortée, c’est ainsi que je vais passer le reste de ma soirée.

Jour 69 – La revanche

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Je me lève, à l’aube d’un nouveau jour et toutes les possibilités qui vont avec. La première chose qui me vient à l’esprit, c’est que j’ai besoin de me mouvoir, de prendre de l’air frais. Je ne saurais expliquer ce besoin, en sortant du lit. Alors sans chercher à comprendre, je m’habille et vais fouler le bitume. Il est tôt, le jour se lève à peine et dans la rue, les gens s’activent. En faisant le tour du quartier, j’observe toutes ces personnes qui s’empressent d’aller au travail, d’amener leurs enfants à l’école et ainsi de suite. Je savoure cette chance qui m’est donnée de pouvoir vivre auprès de mes besoins et de mes envies.

Je rentre chez moi, légère et prête à consommer mon énergie. Je commence par aller m’installer sur le tapis de yoga. Les pieds bien encrés dans le sol, je fais le vide et regarde en face de moi. Il fait plus clair désormais, par la fenêtre. Une épaisse brume maquille la vue. J’entame mes salutations au soleil, pensant peut-être pouvoir changer cette météo grisâtre. Puis, une fois satisfaite, j’enchaîne avec la séance d’Adriene. C’est une session pleine de douceur.

Aujourd’hui, j’aimerais énormément pouvoir remettre au clair mes écrits des jours passés. Et ainsi, je passe une bonne partie de la matinée à écrire. Je crois pouvoir dire que le chamboulement vécu cette semaine commence à se tasser. Je suis plus sereine avec cet idée de prendre un nouveau traitement, voulant faire ce qu’il y a de mieux pour moi ou en tout cas, essayer. Et l’heure tourne tellement vite pendant que mon esprit est occupé que je m’aperçois au dernier moment, que j’ai une séance avec ma thérapeute. J’enfile mes chaussures et m’y rends le plus rapidement que je le peux.

J’arrive juste à l’heure. La séance se déroule sans encombre.

En rentrant, mon estomac se fait entendre. J’ouvre mon frigo, sans grande inspiration. Je songe à un plat, puis un autre. Je ne suis pas très convaincue jusqu’au moment où me vient une idée alléchante et rapide (en plus!).

Je mange puis, cela fait plusieurs jours que j’aimerais changer un espace de rangement que j’ai dans mon salon. Me sentant pleine d’énergie, j’attaque en suivant mon plan initial. Je sors les tournevis et bricole mon intérieur avec ferveur. Par moment, je me trouve en difficultés et je suis tentée d’abandonner. Je me maudis d’avoir eu cette ambition. Puis, je prends de grandes inspirations et avec les expirations, j’expulse les pensées négatives. Doucement, je parviens à trouver des solutions aux problèmes se présentant. Je suis fière de moi. J’accomplis toutes les petites choses que je délaissais mais qui méritaient d’être faites. Comme pour prendre ma revanche sur les jours précédents, j’en fais le plus possible. En fin de journée, lorsque mon salon ressemble plus ou moins à ce que j’avais imaginé, je ressens la satisfaction d’en avoir été capable, toute seule. Je n’ai eu besoin que de moi-même, de temps et de persévérance.

Le soir, j’enfourne une belle lasagne faite maison et la déguste avec mes proches. Je me sens éreintée mais accomplie. Je m’endors, confiante.

Jour 68 – Lâcher prise

« Parfois, lâcher prise est un acte plus puissant que se défendre ou s’accrocher.  »

— ECKHART TOLLE

Le matin, je commence par ma séance de yoga. En parallèle, des vidéos, je commence aussi à pratiquer sans être guidée, un peu chaque jour afin de m’y habituer et d’apprendre. L’idée de pratiquer seule, sans guide m’a parue de prime abord assez effrayante puis, une fois sur mon tapis. Je me rends compte que simplement en m’accordant l’opportunité de me faire confiance, j’en suis capable. Je sais les mouvements et les enchaînements mieux que je ne le penses. C’est une agréable découverte qui me conforte dans mon choix. Au fond de moi, j’ai le souhait secret (plus si secret désormais) de continuer une pratique quotidienne aussi longtemps que je le pourrais.

Après ce moment de bien-être, j’ai prévu de passer la matinée en cuisine avec ma famille. Nous allons réaliser des raviolis maisons. Au début, l’atelier est un peu brouillon. Le temps que nous trouvions nos places respectives et doucement, une petite usine se met en place. Nos mains s’affairent à plein régime. Dans la cuisine, il règne une ambiance bonne enfant mais productive. Entre deux façonnages de raviolis, une bataille de farine s’invite. C’est un moment léger qui me fait oublier les contraintes de l’activité. Je ressens que la force et la dextérité que j’utilise s’amenuisent rapidement. Je tente de faire bonne figure mais en réalité, à l’intérieur, les sensations sont de plus en plus désagréables. Je tiens le coup jusqu’au moment de la délivrance, passer à table. Ensemble, nous savourons ce plat dans lequel, nous avons glissé beaucoup d’amour.

En début d’après-midi, je rentre chez moi. Je me sens simplement heureuse mais épuisée. Je vais m’allonger car j’ai l’impression que je pourrais dormir. Malheureusement, il n’en est rien. Malgré tout le sable que j’ai dans les yeux, les paupières n’arrivent pas à se fermer définitivement. La fatigue m’angoisse. Je suis heureuse d’avoir pu passer cette belle matinée mais j’avoue qu’aujourd’hui, ça m’ennuie de ne pouvoir profiter que d’une demie journée de vie. J’aurais aimé que mes limites soient plus grandes. Il y a aussi les restes de la veille avec l’appréhension de faire de mauvais choix concernant ma santé. Je n’aime pas décider de choses si importantes. Comment savoir ce qui sera bon pour moi? Personne ne le sait. Je dois continuer de digérer avant de prendre ma décision finale. J’ai besoin de recule. Et je crois qu’au fond, malgré toute la positivité dont je sais faire preuve au quotidien et fasse aux situation difficiles, j’ai parfois le droit de me laisser me morfondre. Ça ne fait pas de moi quelqu’un de moins fort que d’habitude. J’ai simplement besoin de temps pour encaisser, comme tout le monde finalement. Ça ira mieux demain.

Je passe donc l’après-midi, sous le duvet épais. Demie consciente.

En fin de journée, je tente de me motiver pour écrire. Hier, c’était difficile et j’ai à peine noté mes idées.

Je m’aperçois qu’aujourd’hui, ce n’est pas mieux alors je lâche prise. Je m’accorde la possibilité d’être ce que je suis. Je ne suis pas bien. Je suis malade et ça fait parti de mon quotidien. J’admets que j’aurais aimé un peu de répit car lorsque les crises s’enchaînent, la crainte qu’elles ne s’arrêtent jamais s’ajoute. Alors, je lâche prise. Je laisse tomber l’idée d’être bien, de devoir produire quoi que ce soit, je laisse mon esprit aller à toutes les pensées, sans filtre. J’accepte cette situation, car je ne peux rien y changer. Et ainsi, c’est le mieux que je puisse faire pour avancer. Je laisse le poids de tout cet inconfort prendre la place dont il a besoin, pour mieux m’en décharger par la suite.

Ce soir, je suis sur pause et ce n’est pas grave.

Jour 67 – Piqûre de rappel

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Comme tous les matins, sitôt debout, je me dirige vers le tapis de yoga.

Ce matin, la séance a un goût particulier. J’ai énormément de mal à calmer le vacarme interne. Je bouillonne et tente de faire avec. Je me sens stressée par la journée à venir, en particulier le rendez-vous que j’ai dans peu de temps. Alors, ma respiration m’échappe. Me focaliser sur mon corps, comme je le fais chaque jour est presque impossible. Malgré tout, je ne suis pas tentée d’abandonner. Je sais que c’est un apprentissage et que ma pratique n’est jamais la même. La séance idéale de yoga n’existe pas et surtout, dans les difficultés, il y a tout de même du bon à en tirer. À la fin de celle-ci, je me sens tout de même mieux que lorsqu’elle a débuté.

Après la séance je me prépare et sort.

Aujourd’hui, j’ai un rendez vous plutôt important concernant l’une de mes maladies, la plus handicapante d’entre elle. Nous faisons le bilan et un nouveau traitement de fond m’est proposé. Il ne va pas me guérir, car c’est impossible mais peut-être, je pourrais gagner en confort de vie. Bien évidemment, comme tous traitement, il y a des effets secondaires. Les prises de sangs sont faites et je sors du cabinet avec milles questions.

J’ai besoin d’être rassurée. Ce n’est pas nouveau pour moi d’être malade, je ne viens pas d’avoir le diagnostique, mais d’avoir un rappel aussi concret que celui-ci, me remet face à ma propre réalité. Devoir prendre une décision avec autant d’impact potentiellement négatif pour peut-être ne rien ressentir de positif, c’est angoissant. De plus, je suis jeune et j’en ai pour toute ma vie avec les traitements, je ne suis pas sûre de vouloir gaspiller une cartouche si vite. Et d’un autre côté, si il fonctionne sur moi, j’admets que je ne dirais pas non à gagner en qualité de vie. En plus, cela veut dire que le traitement actuel ne donne pas d’effet et c’est un échec dont je ne suis pas responsable mais c’est un échec. C’est compliqué. J’ai besoin de digérer.

Instinctivement, je me dirige vers la maison familiale. Passer un peu de temps avec mes proches, c’est tout ce dont j’ai besoin. Rien que de voir leurs visages m’apporte du réconfort. Encore une fois, ils m’enveloppent d’amour et de soutien et je ne peux qu’être reconnaissante de les avoir. Je n’imagine pas comment je pourrais affronter tout ça, sans eux.

Après le repas, je me lance dans mes projets de couture. Et je laisse défiler le temps indéfiniment. J’ai besoin d’être distraite et de fuir un peu cette réalité peu réjouissante. Je ne broie pas spécialement du noir mais je sens qu’une instabilité émotionnelle est présente. Et je pense que c’est normal. Elle m’enlace et je me laisse faire. Je sais que ça fait parti du processus.

En fin de journée, j’ai besoin d’étirer ce corps qu’est le mien. Je me suis beaucoup crispée. Je passe rapidement par mon tapis de yoga et une fois que j’ai terminé, je me mets à écrire.

Étrangement, je n’ai pas les mots. Comme si je voulais fuir la confrontation. Et puis, comme j’ai cousu toute l’après-midi, mes mains sont usées. Je griffonne mes idées et abandonne d’y mettre la forme.

Pour m’endormir, je me réfugie dans la lecture. Elle me permet de ne pas trop ruminer et de sombrer dans le sommeil avec la certitude qu’au font, tout va bien.

Jour 65 – Finalement !

Ce matin, j’émerge avec douceur. J’articule mon corps et sort de ce long repos avec légèreté. Je n’ose pas encore sauter de joie mais je sens une différence inexplicable. Est-ce que la dictature que la maladie impose proposerait une trêve? Je ne saurais l’affirmer, mais je sens un sentiment de paix, ne serait-ce que provisoire.

Alors, insouciante, je me dirige vers mon tapis de yoga. Je dévore chaque inspiration, je profite de chaque mouvement et ainsi, je me prépare à vivre cette belle journée. Je suis centrée et impatiente de savoir ce qu’elle va me réserver.

Après la pratique, j’observe pendant quelques instant la météo du jour. Il fait un temps clair et magnifique. Le soleil brille avec un goût d’été, la chaleur en moins. L’invitation du dehors est alléchante mais je préfère refuser pour le moment. J’admets avoir la crainte d’égarer mon énergie si précieuse, comme hier. A la place, je décide de faire un peu de couture.

J’enclenche la musique et m’installe sur la grande table. Mon imagination s’active aussi vite que l’aiguille de la machine. Mes petits doigts s’appliquent à être précis. Et de temps à autres, je ressens des pointes de douleurs, parcourant mes mains. Encore une fois, un légère crainte de déclencher une salve de mal pour la journée. Et je finis par me rassurer. Cette activité vaut le coup et si je dois en souffrir, ce n’est pas grave. Je ne dois pas laisser la peur m’arrêter. Alors pendant plusieurs heures, je réalise de petits ouvrages, le coeur léger et l’esprit distrait.

Il est passé midi lorsque je me dirige vers la cuisine. Je bricole un rapide repas et me sustente. J’ai une idée en tête. Je me suis concertée avec mon enveloppe corporelle et paraît-il que je pourrais envisager une balade. Il n’en faut pas plus pour me motiver. Alors, je mets mon manteau et rejoins le monde extérieur.

Je m’aperçois en chemin que le ciel s’est paré d’un manteau de nuage. Le soleil joue à cache-cache. Ça n’a pas d’importance.

Je vais en direction du lac, comme si j’avais besoin de le voir. J’ai envie d’entendre le son de l’eau et d’en prendre plein la vue. Une fois arrivée, je ne sais où donner du regard. Il y les montagnes que j’aperçois clairement avec leurs sommets enneigés. Elles définissent l’horizon avec grâce et fermeté. L’étendue d’eau est paisible et lorsque je m’approche de la rive, j’aperçois sa clarté. Je m’aventure sur les plages de galets, scrutant chaque caillou comme un trésor. J’admire les courageux canards, passant le temps dans cet eau si froide. Les détails sont infinis. En concentrant mon esprit sur la beauté de cet environnement, je ne sens pas la faiblesse s’installer, au creux de mes genoux. Je ne la sens que sur le chemin du retour.

En arrivant à la maison, je prépare une tisane pour me réchauffer et attrape une mandarine. C’est le moment idéal pour écrire. Je m’installe dans la chambre. En fond, les touches du piano résonne. Et sur mon clavier, les doigts défilent. Je prends ma revanche sur les jours passés. J’apprécie d’être et de vivre.

Le soir, je m’endors en rêvant l’espoir d’avoir encore plus de possibilités demain.

Jour 64 – Le vent tourne

Photo de Zain Ali sur Pexels.com

Ce matin, je me sens nouvelle. Je me réveille, un peu plus légère que la veille et fonce vers mon tapis de yoga. Je pratique de manière fluide et sans difficulté. Je respire et accueille à plein poumon, cet air de bien-être.

Dehors, le ciel est plutôt clair et dégagé. Le soleil, lui, habille les façades de sa luminosité joyeuse. C’est un beau matin. Il y a un long nuage, étroit, d’un gris détonnant. Il longe l’horizon d’un bout à l’autre. En l’observant, j’aperçois même le mouvement donné par le vent. Il s’active.

Alors, je décide d’en faire de même car si ce n’est pas maintenant, ça ne sera jamais le cas. Je me prépare vite vite et vais faire une petite marche. Au loin, j’aperçois le sommet des montagnes enneigées. L’air est particulièrement glacé et me picote les joues. Je ne ressens pas spécialement de douleurs et je savoure ces instants. La balade est courte mais efficace.

En rentrant, je m’aperçois que j’ai égaré mon énergie en promenade. Je suis lessivée. Pour midi, je grignote plusieurs petites choses. Je ne sais pas réellement de quoi j’ai besoin ou envie si ce n’est d’avoir un peu d’énergie. Je sais pertinemment que ça fait partie du processus de mes crises pourtant, aujourd’hui, je ne peux m’empêcher par petit moment de me dire, que ça fait un peu long. Je passe plus de temps à décider ce que je pourrais faire qu’à faire. Et finalement, je ne fais pas grand chose car je comprends, que j’ai besoin de ne rien faire. Le lâcher prise est un apprentissage quotidien. Je me console en repensant à l’air frais, de ce matin.

En milieu d’après-midi, je me décide à aller prendre une douche et celle-ci m’apporte un brin de réconfort. C’est en sortant de la salle de bain que je me mets à écrire. Les mots n’ont jamais été si difficiles à sortir et si peu inspirés. Mais je n’abandonne pas mon idée. C’est important pour moi de relater les moments de joies et leurs contraires. En soit, je ne suis pas spécialement malheureuse mais vivement que ça passe.

La météo a radicalement changé. Désormais, le ciel est nappé de gris clair et la pluie recouvre mes vitres. La lumière s’atténue jusqu’à laisser place à l’obscurité.

Ce soir, je partage mon repas avec mes proches. Je tente de faire bonne figure, de ne montrer que le meilleur de moi-même. Entourée, je profite de grappiller un peu de leur vitalité et de leur chaleur. Ils m’enrobent d’amour, de rires et pendant quelques heures, ils me permettent d’oublier.

Dans mon lit, je m’endors plus vite que jamais.

Jour 63 – Prendre son mal en patience

Photo de Josh Sorenson sur Pexels.com

Des sons métalliques de volets emportés par les bourrasques de vents ainsi que martelé par la pluie m’ont sorti du sommeil, en milieu de nuit. J’ai décidé de me lever afin d’aller jeter un oeil, à travers la fenêtre. A l’extérieur, c’est le déchaînement des éléments et quelque part, je suis contente d’avoir reçu cette invitation nocturne. Le spectacle est aussi terrifiant que captivant. J’en profite pour boire quelques gorgées d’eau et vais me recoucher, bercée par le vacarme.

Je ne sais pas combien de temps il s’est écoulé entre la tempête et la sonnerie de mon réveil. La seule certitude, c’est que j’aurais bien dormi un peu plus. Je sais que lorsque je suis épuisée, cela s’étale et mon corps demande du temps pour être à nouveau prêt à me suivre. Alors, avec indulgence, je me lève et vais faire ma tisane habituelle. Je peux tout de même noter que j’ai moins de douleurs que la veille, pour le moment.

Et partant de cette constatation, je me dirige sur mon tapis. C’est une séquence plutôt courte mais avec un enchaînement de postures plutôt rapide. J’apprécie le moment.

Ce matin, je dois déplacer des charges lourdes. Malgré que je sois aidée par l’un de mes proches, je ressors de ce moment complètement usée. Je tente de ne pas trop montrer que la douleur et la faiblesse prennent placent. J’admets que pendant une seconde, je me dis que je n’aurais pas dû faire ça, car désormais, je vais avoir du mal à utiliser mes mains pour la journée. Puis, je reprends ma pensée et la reformule. Je suis capable et veut tout vivre, quoi que ça m’en coûte. Je ne veux pas sans cesse que quelqu’un fasse à ma place alors que j’en suis capable. Surtout que parfois, ça me coûtera cher et d’autres fois, ça sera gratuit. Je veux continuer à expérimenter cette vie, si particulière soit-elle.

A midi, je prépare un truc rapide car je ne suis pas très inspirée. Je veux juste me nourrir.

Après ce repas, je vais étaler plusieurs tâches en plusieurs séquences. Je vais effectuer la vaisselle en plusieurs temps, puis m’asseoir ou me coucher. Je vais préparer une lettre importante, lentement, en réussissant à mon tromper sur l’enveloppe et à devoir recommencer. Je vais m’habiller avec nonchalance, pour aller poster la lettre en question. Et lorsqu’il va s’agir de passer la porte, une forte paresse va s’installer. Chaque pas, jusqu’à la boite jaune, en haut de la rue, va être pénible. Je vais les compter, je suis essoufflée, je laisse tomber.

De retour en lieu sûr, je décide de me préparer un bol de popcorn. Lorsque les grains se mettent à exploser dans la machine, la rapidité m’échappe. Je n’ai pas le temps de cligner des yeux que mon récipient est plein. Je m’installe avec mon maïs soufflé, et je dois admettre que ce moment est le rayon de soleil de ma journée. Il en faut peu pour être heureux, comme la chanson enfantine.

Peu avant que le soleil se couche, je réunis ce qu’il me reste d’énergie pour écrire. C’est compliqué, à l’image de ma journée mais je tiens le coup. Je ne veux rien oublier, des bons comme des mauvais moments. Ils sont tous riches, à leurs manières. Dans la complexité de ma vie, j’apprends à savourer le plus simple. Demain est un autre jour.

Jour 61 – Savourer

Photo de eberhard grossgasteiger sur Pexels.com

Le réveil sonne et pour ne pas changer une équipe qui gagne, mon corps endormi et moi-même, nous nous rendons sur le tapis de yoga. Dehors, le soleil se lève, timidement. Je me sens à l’aise dans mes mouvements, ils sont fluides et je parviens à faire le vide de plus en plus rapidement. Arrive une posture me demandant, si j’en ai l’envie et la possibilité, de me mettre sur la pointe des pieds. Et sans m’en apercevoir, je me lance. Certes, je ne peux pas tenir la posture, j’y accède tout juste mais j’ai essayé. Ce n’est qu’à la fin de la pratique que je m’en rends compte. Pour remettre un peu de contexte, il y a un an, me mettre sur la pointe des pieds, pour attraper quelque chose, par exemple, c’était inenvisageable. J’étais trop faible, et cela impliquait une souffrance sans limite. Il y a deux mois, me mettre sur la pointe des pieds, j’y pensais quinze fois et puis je me disais que c’était mieux pas, je n’en étais pas capable. Et voilà que désormais, il n’y plus de limites. Alors, la douleur est toujours là mais j’ose enfin la défier. Et j’avoue, j’ai eu mal mais rien d’insurmontable. C’est une petite victoire pour entamer une belle journée.

La matinée passe à une allure folle. J’enchaîne entre les rendez-vous et les petites choses à faire. Je me déplace avec facilité et détermination. Et dans mes pensées, je ressens une profonde gratitude d’arriver à jongler avec autant de choses dans un laps de temps si restreint. J’avais accepté cette nouvelle vie, faites de choix et de contraintes en me contentant du plus important. Cependant, c’est un bonheur sans fin de pouvoir vivre un peu plus, comme avant. Je suis très lucide malgré tout, je sais que rien est acquis et que demain est un autre jour. Alors je savoure aujourd’hui.

Aujourd’hui, je savoure le repas que j’ai eu du plaisir à réfléchir, me procurer les ingrédients puis concocter.

Aujourd’hui, je savoure le rayon de soleil qui me salue, simplement.

Aujourd’hui, je savoure lorsque mes doigts défilent sur le clavier, laissant une trace de cette folle aventure qu’est la vie.

Aujourd’hui, je savoure chaque mouvement, peut importe la douleur.

Aujourd’hui, je savoure d’arriver à remplir mes obligations sans me laisser déborder par le stress de l’inconnu.

Aujourd’hui, je savoure les moments de repos que je m’octroie, sans les voir comme une punition.

Aujourd’hui, je savoure les instants passés avec mes proches, entre confessions et paroles légères.

Aujourd’hui, je savoure cette fatigue dont je connais la cause et que j’accueille avec joie.

Aujourd’hui, c’était une belle journée pour savourer le goût de la vie.

Jour 60 – Au bon endroit, au bon moment

Se frayant un chemin entre les bâtiments puis les arbres, le soleil parvint tout de même à atteindre mon front pour y déposer l’un de ses doux rayons.

Je sors du sommeil paisiblement. La nuit fut longue et favorable. Et c’est revigorée que je me lève et avance vers mon tapis. Comme je le disais hier, je n’attends que ça, dès mon réveil.

La voix d’Adriene fait désormais partie de mon quotidien et je l’écoute les yeux fermés. Elle guide mes gestes avec précisions et aujourd’hui encore, la séance se fait plus longue que la veille. Cette pratique commence en douceur et de manière insidieuse, des postures offrant plus de défis font leur apparition. Je les appréhende avec confiance et me lance, intrépide. Je n’ai pas peur d’échouer.

Après ma séance, une idée rôdait dans mon esprit depuis quelques semaines. J’ai envie de faire le tri dans mes vêtements, de me séparer de ce que je ne porte plus. Je m’exécute.

Vers midi, les choses avancent et je décrète le besoin d’une pause.

Je me prépare un repas et profite de ce moment de calme pour reprendre des forces.

Ensuite, je continue le rangement. C’est physique. Déplacer les tas de vêtement, me baisser souvent, je le sens, ce n’est pas simple. Je persévère car faire le tri m’apporteras un espace de liberté dans mon organisation qui ne sera pas de refus. Pourtant, vers quatre heure, j’observe le soleil brillant, à travers la fenêtre. Je me sens fatiguée au point de dormir mais je n’en ai pas envie. J’aimerais arriver au bout de ma quête. Je ne fais que de m’asseoir et je suis au point mort. Alors pour conjurer le sort et me remotiver, je décide de m’octroyer un moment plus fun.

Je vais dehors. Je reprends le même chemin qu’hier, voulant découvrir les possibilités. Dans le parc, le soleil vient me chatouiller, en passant entre les arbres. Je le prends comme une confirmation de l’univers, je suis au bon endroit, au bon moment. Cette pause de nature est ce dont j’avais besoin. J’immortalise le moment.

Puis je rentre, d’un pas décidé à finir ce que j’ai commencé. Aussitôt je passe la porte que je finis le rangement de mes armoires. Puis je remplis des sacs d’habits à donner, ils rendront quelqu’un d’autre plus heureux que moi et pour les vêtements trop usés, je les mets dans ma boite à couture.

J’ai mérité de pouvoir aller me poser un petit moment. Je décide d’utiliser ce temps pour l’écriture. En fond musicale, je mets du Chopin, c’est un de mes compositeurs préférés. Les mots défilent presque en rythme. Plongée dans ma bulle, je ne vois pas le temps qui défile et c’est mon estomac qui me rappelle à l’ordre. Les gargouillis sont vifs et autoritaires. Alors, je me plis à la demande vitale et me dirige vers la cuisine pour me sustenter.

Plus tard, au moment d’aller me mettre au lit, j’aperçois une lueur vive à travers la fenêtre. Une demie lune est suspendu juste en dessus de la pointe la plus haute de la cathédrale. Elle rayonne dans l’obscurité, offrant sa beauté à quiconque souhaiterait l’observer. Je vole cet instant à la nuit et vais me coucher, le coeur léger.

Jour 59 – Le yoga, cet allié quotidien

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Je me lève d’un pas décidé. Rapidement, la tisane matinale se retrouve dans mes mains et tout aussi vite, je suis sur mon tapis de yoga. J’aperçois que la séance s’allonge. Ce n’est qu’un peu plus de bonheur matinal. En posture finale du cadavre, j’observe et fait un bilan intérieur. Spoiler alert: c’est plutôt positif.

Je me rends réellement compte de mon évolution physique. Je me sens un peu plus équilibrée chaque jour et c’est un réel plaisir. Mes pathologies ne se sont pas éloignées, je ne vais pas mieux dans ce sens là. Pourtant, je suis totalement différente, depuis que j’ai pris cet engagement, de cultiver mon bonheur et de prendre pleinement soin de moi, des choses ont changés. Je me suis retrouvée, en mieux. Les soucis de la vie ne sont pas partis, ils n’ont pas changé d’un poil mais je suis plus forte, plus courageuse et plus heureuse. Alors parmi mes outils les plus récurrents, il y a inévitablement le yoga. D’ailleurs, B.K.S. Iyengar a dit que le yoga enseigne à soigner ce que l’on ne peut endurer, et à endurer ce que l’on ne peut soigner. Il est si juste dans ses mots. Au début, je me forçais un peu, pour me montrer sur ce rectangle gris, au milieu de mon salon. Désormais, je n’attends que ça, chaque jour. Et d’ailleurs, depuis quelque jours, le soir, j’hésite à pratiquer encore un peu. Ensuite, il y a l’écriture qui est aussi un moyen de me rendre compte de ce que je vis et d’en garder une trace. Un moment de calme et d’introspection dans l’agitation de ma journée. Et je m’investis de plus ne plus dans des activités créatives, que se soit la peinture ou la couture. Je prends aussi énormément de plaisir à cuisiner et à me nourrir. Je sors le plus possible, profiter de la nature ou de juste me dégourdir les pattes et je lis aussi plus régulièrement. Je dévore chaque seconde passée avec mes proches avec plus d’entrain et de gratitude qu’auparavant. Bref, voici tout ce qui, aujourd’hui, au cinquante-neuvième jour, compose ma douce vie.

Après ce moment introspectif, je m’en vais passer la matinée avec ma famille. C’est un moment suspendu, emplit de rires partagés et de sourires en coins.

Je rentre pour l’heure du repas, je m’active en cuisine et me prépare un petit plat. Après l’avoir savouré, je m’attaque à la vaisselle. Je me sens pleine d’énergie et j’ai envie de vite terminer tout ce que je dois faire pour pouvoir me consacrer à ce que je veux faire. Alors, je passe à l’étape administrative de ma journée. Je me débarrasse de la paperasse le plus vite possible. Je suis complètement concentrée et ainsi, j’arrive vite au bout.

Le soleil est de sortie aujourd’hui et je ressens le besoin impérieux d’aller respirer l’air glacial. J’enfile ma veste et sans réfléchir au chemin, j’avance. L’air est si sec que la peau de mes lèvres perd lentement en souplesse. Petit à petit, mes pas me guident vers un parc boisé, non loin de chez moi. Il est constitué de nombreux chemins, qui montent puis descendent et tournent dans tous les sens. J’entame une montée plutôt raide. Chaque fois que je pose le pied à terre, je mets toute ma conscience dans le mouvement et j’apporte à mes muscles des encouragements. Ensemble, nous avançons. Je sors du parc et continuer mon voyage vers des ruelles que je n’ai jamais emprunté. Je prends ce moment comme l’opportunité de cartographier, mentalement, un peu plus ma ville. J’observe les alentours. La lumière se tamise. Et lentement, je retombe sur une route que je connais. Me voilà en terrain connu, je peux désormais rentrer.

En arrivant à la maison, je prends un douche et vais m’installer dans mon lit. Je souhaite continuer ce fameux roman que je viens de commencer, il y a peu. Autour de moi, ça sent la lavande, propice à la détente. J’avance de quelques chapitres et me retient de continuer pour pouvoir aller écrire. Les mots viennent tout seuls, c’est magique.

Le soir, après le repas, il est à peine vingt heures passé que je m’installe sous la couette. Je me sens bien fatiguée et j’offre à mon corps l’opportunité méritée de se reposer. Le sommeil arrive sans mal.