Jour 89 – Des reflets

Je sors de mon sommeil avec facilité et me rends sur mon tapis de yoga. Je pratique une séance courte mais stimulante et je quitte le tapis, bien éveillée. Après un petit-déjeuner rapidement avalé, je me prépare et sors.

Aujourd’hui, la météo est clémente. Le soleil de la veille est revenu, pour que je puisse avoir la chance d’en profiter, me dis-je. Je me rends chez ma thérapeute.

Après le rendez-vous, je me dirige vers le bord du lac. La météo est douce, les rayons du soleil caressent ma peau. Une balade où le temps n’a plus de valeur.

Le long des quais, un détail attire mon oeil. Je marque un arrêt pour observer la clarté de l’eau et la manière dont les bateaux reflètent leur image sur elle. Comme une image de synthèse, la tête à l’envers.

Ce spectacle, aussi banal soit-il, me régale.

Entre la simple beauté des embarcations et les couleurs chatoyantes sur l’eau, je suis comblée.

Plus loin, les cygnes et les canards s’amusent, entre ciel et lac.

Je continue ma route vers les quais réservés aux navires de croisières. Et je ne m’attendais pas à cette belle projection sur l’eau, majestueuse. Entre imaginaire et réalité, lequel est le vrai finalement? C’est à si perdre.

Les douze coups de midi sonneront bientôt tandis que le soleil est fixé au milieu de ce ciel.

Mon ventre me rappelle à l’ordre, pour rentrer.

Après le repas, je débute mon après-midi avec un rendez-vous.

Lorsque celui-ci s’achève, je décide d’écrire. Dernièrement, mes journées ont été bien remplie et je n’ai eu que très peu de temps à consacrer à cette passion. Je décide d’aller m’installer sur mon balcon, afin de profiter de cette météo, presque printanière. Les lunettes de soleil sont d’ailleurs de rigueur.

En fin de journée, je décide d’aller encore me dégourdir les jambes et de profiter, encore.

Je me rends aux abords d’un autre port. La luminosité est tempérée et le soleil persévère jusqu’au bout.

D’un côté le soleil scintille sans fin.

Et de l’autre, les montagnes se montrent fièrement. Offrant une dernière magie, avant la nuit.

Alors que le soleil nous dit ses adieux, je rebrousse chemin, pour tirer à mon tour, ma révérence.

Jour 80 – La beauté du quotidien

En sortant du sommeil, première constatation du jour: mes yeux vont mieux. C’est un réel soulagement.

Je me lève, le coeur léger et me dirige vers mon tapis de yoga. Quelques salutations au soleil s’enchaînent et je me sens plus apaisée et forte que jamais.

Je passe par la cuisine, me prépare mon habituel petit-déjeuner et ma tisane. J’ai tout pour bien commencer. Pendant que je mange, je songe aux possibilités qui s’offrent à moi. J’observe ce qui m’entoure en m’attardant sur l’horizon, par la fenêtre. Le ciel clair est balayé de nuage qui ne font pas long feu. Le vent souffle et siffle dans mes fenêtres. Le soleil, lui, joue à cache-cache. Puis, je sors de mon admiration pour la météo, rattrapée par des pensées du quotidien. Un brin de ménage s’impose.

Les conditions sont réunies, je me sens tonique et prête à accomplir des merveilles.

Alors, la magie des tâches du quotidien s’invite. Je fais la poussière, j’aspire, je range et j’épure. Chaque objet retrouve une place, une fonction. Ça brille, ça sent bon.

Vers midi, je m’aperçois que le chantier est titanesque et m’accorde une pause repas. Au même temps que je cuisine, je profite d’avancer le rangement et le nettoyage de la cuisine. Puis, la pause s’impose.

Dehors, la météo est toujours aussi alléchante, à tel point que je commence à me fixer un objectif. Plus vite je finis mon nettoyage, plus vite les rayons du soleil caresseront ma peau.

Alors, je me mets en marche et très vite je vois le bout. Je prends une douche finale, afin de me débarrasser de la poussière et me voilà prête à aller savourer l’extérieure.

Mon choix de balade ressemble aux autres jours. Le bord du lac, souvent depuis le même point de départ. Pourtant, le lieu a beau être le même, chaque promenade a une saveur différente. Aujourd’hui le temps est sec et froid. Malgré cela, les rayons du soleil réchauffe ma peau, à travers mes vêtements. Cependant, je cache consciencieusement mes mains dans mes poches, en lieu sûr.

La première chose qui m’attire vient d’en haut. Le ciel est encore plus beau que depuis ma fenêtre et le soleil trône dans au centre de ce spectacle.

Mes pas me guident au bout d’une large digue. J’ai l’impression que quelque chose s’y produit. Je me rapproche, toujours plus de l’eau.

Là, le vent s’intensifie et tente de me faire rebrousser chemin. Il est si puissant qu’il me balaierais presque d’un revers. Les yeux émerveillés, j’assiste au déchaînement de l’eau, puissant.

Je ne me risque pas à m’approcher plus du bord, tellement l’eau froide est menaçante. Je profite de la sensation du vent, de la musique de l’eau et me ressource.

Puis je reprends ma route, longeant la côte. Plus loin, les vagues témoignes d’un lac qui se voudrait mer, pour une journée.

Au loin, les montagnes entourant cette belle étendue d’eau douce s’admire les unes entre elles. C’est un défilé de beauté naturelle.

Ma balade s’achève, sur ce coin d’eau où les canards se réfugient, à l’abris des grosses vagues. Ils sont tous réunis, profitant du calme que la digue leur procure.

En arrivant à la maison, je me prépare un thé et vais m’installer pour écrire. Je suis heureuse de pouvoir poser les maux et les joies de la veille. Je mets mes idées aux clairs, jusqu’à ce que le soleil s’en aille.

J’achève cette journée, sur un film. Dans mon enfance, j’ai souvent regardé Le jardin secret, adapté du livre de Frances Hodgson Burnett. Et récemment, j’ai appris l’existence d’une nouvelle adaptation que je m’empresse de regarder, avec nostalgie. Il m’a porté et touché tout autant que lorsque j’étais petite et je suis heureuse de pouvoir le voir avec mon regard d’adulte. C’est une journée d’une douceur sans fin.

Jour 78 – La vie en jaune

Ce matin, en sortant de ma sombre chambre, je suis éblouie par une luminosité anormale. Tellement inhabituelle que j’en viens à me demander si je n’ai pas laissé une lumière allumée durant la nuit. Je lève mes yeux brumeux jusqu’au plafond et à ma grande surprise, le luminaire est éteint. Puis, mes yeux vont vers la fenêtre et j’observe cette épaisse brume jaunâtre. Elle projet sur mon habitat une lumière particulière.

Ensuite, je vais me laisser le temps d’émerger. Et lorsque je me sens suffisamment éveillée, je me dirige vers mon tapis de yoga. Ce matin, j’ai envie de pratiquer mais sans devoir réellement réfléchir. Alors, je retourne vers Adriene, ma professeur de yoga préférée et ces vidéos. La séance est pleine de vitalité et de douceur. Parfaite pour commencer le week-end.

A la fin de celle-ci, je vais me préparer un petit-déjeuner que je savoure en regardant cette météo si particulière. Puis, en parcourant le journal, je comprends. Pour la faire brève, le vent a transporté des particules très fine venant du Sahara, jusqu’ici. (plus d’explications par ici)

Ma table d’extérieure en témoigne. Les éléments ne connaissent ni les frontières, ni les pandémie. Ils sont libres d’aller et venir et aujourd’hui, ils nous ramènent un petit peu de sable d’ailleurs. Ça m’émerveille.

Je trouve le phénomène majestueux et poétique. Il paraît que cela se produit plusieurs fois par année. Cette constatation me permet de me rendre compte que je n’y avais jamais prêté attention jusqu’à aujourd’hui. Et deuxième constatation, je n’ai jamais été autant connectée à la nature qu’aujourd’hui et je suis heureuse de le découvrir. Je me laisse beaucoup plus porter et influencer par les saisons et ses merveilles. C’est un bonheur constant pourtant si différent d’un jour à l’autre. Une source inépuisable de joie.

Partant de toutes ces pensées, il est clair dans mon esprit que je dois aller dehors. Déjà car je n’ai pas beaucoup marché depuis deux jours mais surtout car j’ai besoin d’air frais. La pluie ocre ne m’effraie pas une seconde. Alors je prépare un thé, des mandarines et me voilà partie à l’aventure de cette journée jaune.

Depuis la rue, l’ambiance paraît moins jaunie que depuis ma fenêtre. Ce n’est que dans certaines perpectives que je me rends compte de la nuance particulière. Finalement, la pluie se retient et moi, je me dirige vers le lac. De prime abord, la température me paraît douce. Puis, doucement le froid me gagne. Alors, je me balade en longeant la douce étendue d’eau.

Le soleil tente de percer ce nuage jaune et offre un spectacle surprenant. Les photos ont naturellement un effet de filtre. Sur les rochers, une fine couche de poussière s’est déposée.

Par moment, je continue à me laisser surprendre par ce paysage. L’eau si claire d’habitude me paraît complètement opaque. Elle reflète les rayons du soleil tant bien que mal et se pare d’une teinte pétrolière.

Malgré le grand nombre de promeneurs, la balade est fantastique. Je me sens réchauffée par mes pas et je rentre, peu avant le coucher du soleil.

Sur le chemin du retour, je sens le contre coup. Des douleurs m’attaquent de toutes parts et une fois arrivée à la maison, je suis contrainte à m’allonger. J’attends qu’elles s’estompent et dès que je sens une seconde de répit, je réunis mon corps tout entier et vais me plonger dans un bain chaud.

Je vais y passer plus d’une heure.

Complètement relaxée, les douleurs apaisées, je me prévois une soirée film. C’était sans compter un paramètre que je n’avais pas calculé. La poussière de la journée a asséchée mes yeux, déjà secs en temps normal. Et ce soir, je ne suis presque plus capable de garder les yeux ouverts sans qu’ils me brûlent. Je ne regrette en rien mon excursion malgré que j’en paie le prix. Je tente tant bien que mal de suivre le film, malgré mes paupières closes. Et finalement, je sombre dans le sommeil.

Jour 76 – La vie est douce

Mon réveil se déroule avec une facilité qui me déconcerte. Vu comme s’est terminée la veille, je pensais garder des séquelles mais mon corps me montre que parfois, il sait y faire. Forte de ce constat, je vais vers mon tapis de yoga et pratique. Déterminée, sûre de moi.

Je m’habille et ce matin mon esprit est déjà perdu dans l’horizon. Par la fenêtre, le temps est clair et le soleil est levé. Il m’inspire monts et merveilles. Cette luminosité me remplit d’envie, de motivation, de paix, de joie, et je pourrais continuer la liste bien longtemps. En bref, il faut que j’aille goûter la douceur du temps, par tous mes sens.

Et vous commencez à comprendre le schéma… Je vais au bord du lac.

Je rejoins assez vite le port. Le vent est doux, presque imperceptible. La température est froide mais agréable. Juste ce qu’il faut. Les innombrables mats des bateaux attirent mon oeil. Dressé vers le ciel, ils attendent patiemment les beaux jours. Les canards barbotent paisiblement.

Je continue à vadrouiller, pendant qu’au dessus de moi, les nuages s’amassent. L’eau est limpide et l’horizon dégagé permet d’apercevoir les sommets enneigés. Durant cette balade, je charge mes poumons d’air pur ainsi que ma tête d’image plus belles les unes que les autres et mon esprit s’apaise.

Je rentre juste avant midi et me repose un peu. J’insuffle à mon corps tout l’amour que je peux, comme si j’essayais de le soudoyer. De lui demander tacitement de me porter un peu plus aujourd’hui.

Puis, lorsque mon ventre se met à gargouiller, je file en cuisine. Je prépare un bon repas ainsi que des muffins aux framboises.

L’après midi, je reçois une ancienne collègue, devenue mon amie. Garder des liens avec ce que je pourrais appeler Ma vie d’avant est important. Cela m’apporte un bien fou et cet après-midi, je vais profiter de cette présence. De nos jours, les contacts humains se font rares.

En fin d’après-midi, j’écris. je suis profondément inspirée. Les mots défilent aisément. Je continue à travailler sur d’autres projets d’écriture et ce jusqu’à la nuit pleinement tombée.

Ce soir, je m’endors avec la gratitude sur les lèvres. Elle dessine un sourire sincère sur ma bouche. Je sais à quel point j’ai de la chance d’expérimenter cette vie, avec ses hauts et ses bas et je ne peux m’empêcher de le répéter.

Jour 74 – Les merveilles de la nature

En ouvrant les yeux, je redoute déjà que la spirale ne s’installe. Ce matin, j’aimerais bien m’enterrer sous la couverture. Où sont passés le repos et le regain d’énergie promis? Ai-je vraiment passer la nuit à ne pas vraiment dormir? Je suis troublée et il me faut un certain temps avant de trouver la motivation pour me mettre en mouvement.

Je me prépare un petit-déjeuner et ma tisane habituelle. Le yoga attendra son tour car ce n’est pas ce dont j’ai besoin à cet instant. J’étire le temps jusqu’au moment où j’ai une impulsion.

Dans la maison, un coup d’aspirateur est requis ainsi que de ranger quelques trucs qui traînent par-ci, par-là. Dans mon esprit se forme un plan, et je m’exécute. Je prends soin de cet environnement, je me l’approprie. Et une fois que je m’estime satisfaite, je vais m’installer sur mon tapis de yoga. Désormais, je me sens éveillée, prête à recevoir les bienfaits. Je continue à pratiquer seule, sans guide. C’est très introspectif et par moment, je me perds dans les méandres de mes pensées. Je retrouve le chemin, par la respiration.

Après un bon repas et une sieste inopinée, je vais passer l’après-midi avec ma famille. Des instants doux et rassurants. Et au moment de rentrer, je détourne mon chemin pour aller voir le lac. Ni la grisaille, ni la pluie de m’effraie. L’eau est mouvementée et elle joue sa musique relaxante.

Sur mon chemin, je croise un premier ponton en pierre. Au bout de celui-ci, les mouettes font concurrence aux canards. Après quelques minutes d’observations, je continue ma route, en quête d’autres merveilles.

Pendant que je longe la côte, l’eau tente d’atteindre mes jambes en se fracassant contre les rochers. À chaque fois, les gouttes me manquent de peu. Un second ponton en pierre attire mon oeil. Il est recouvert d’une belle mousse verte. Je décide de m’aventurer jusqu’à son bout. Je redouble d’attention, afin de ne pas glisser et parviens jusqu’à la pointe. Je remarque que le vent est levé, le froid frotte mes joues et je range mes mains plus profondément dans mes poches.

Puis, je reviens sur mes pas et continue ma route. Mes pas m’amènent sur une petites plages de galets. Mon regard se porte sur l’horizon, puis sur les vagues roulant dans ma direction. L’écume et sa mélodie m’hypnotisent.

Et pendant que je me déplace, je fixe le sol. La multitudes de formes, de tailles et de nuances m’aspirent. Je me baisse et touche la texture solide et râpeuse des cailloux. Malgré le froid et l’humidité, j’allonge le temps sur cette plage. Je m’extasie devant chaque pierre, aussi banale soit-elle. J’ai la sensation de marcher sur mille merveilles.

Ce n’est lorsque les lampadaires, sur la promenade, s’allument que je décide de rentrer.

Le soir, je vais prendre le temps d’écrire brièvement, mes idées sont brouillons ces jours.

Je vais m’endormir, heureuse d’avoir pu vivre une si douce journée, malgré qu’elle n’ait pas commencé comme je l’aurais souhaité. Comme quoi, il y a toujours de l’espoir.

Jour 54 – Vide

Réveil difficile. Nauséeuse, douloureuse.

Il est encore tôt, l’obscurité par la fenêtre me le confirme. Je me lève, résignée car le sommeil n’a plus rien à m’offrir. Je me persuade de ne pas réfléchir et avance automatiquement en direction de mon tapis de yoga. Je suis mise dans le bain de cette journée bien rapidement, tellement que je ne ressent rien de spécial. Je suis encore endormie. La seule chose qui est sûre, c’est que lorsque la vidéo se termine je n’ai plus la nausée. Je me félicite d’en être arrivée là. Je suis passée au-dessus des contraintes physiques et me suis accordé ce temps.

Plus tard, je suis entourée de ma famille. Je ne suis pas spécialement en forme. Alors je suis simplement heureuse d’être bien entourée et de traverser la tempête avec eux.

Je n’ai rien fait aujourd’hui. Rien. Le vide.

Je ne ressens aucune culpabilité. Je ne suis pas non plus triste. C’est un jour comme ça.

Je dois ajouter que j’ai tout de même réussi à me nourrir correctement malgré tout. Je ne perds pas le nord.

Je repense beaucoup aux derniers jours que je viens de vivre. Je suis tellement épatée et reconnaissante de pouvoir vivre.

J’en profite pour vous partager ce petit moment volé, l’autre jour. C’était fabuleux. J’adore le revoir et l’écouter. Ça me replonge dans ce joli matin hivernal.

Je ne peux que me réjouir des prochains jours.

Jour 49

Je ne peux m’en passer, jour après jour.

Lorsque j’ouvre les paupières, le soleil brille déjà. Il fait un pied de nez à l’hiver et impose sa douceur. Je m’installe sur le tapis de yoga, encore en pyjama.

Ce matin, je ressens les sessions des jours précédents, dans la fatigue de mes muscles. Mais ce n’est rien comparé à la confiance grandissante qui s’installe. Je n’ai plus l’appréhension du début. J’affronte mes difficultés avec indulgence et calme. Je les accueille sereinement. Je me transforme et je ne parle pas de mon physique. Ça vient de l’intérieur, les fondations sont solidement posées. La séance est revigorante et la voix d’Adriene est toujours aussi rassurante. Par moment, je me permets d’improviser et de trouver ce qui me fait du bien. C’est son Mojo. J’inspire et m’en inspire.

Puis, je file à la douche. Je décide de me laisser une heure de soins, dignes du spa. Je me concocte un masque pour les cheveux, un autre pour le visage. Par moment, je fredonne, je sourie. Je masse mes mains, mes pieds. Je soigne chaque centimètre de mon corps. Du sommet de mon crâne à mes orteils. En sortant de la salle de bain, je suis nouvelle. Ça fait un bien fou.

Puis, je me mets à écrire et je me sens prolifique. Je rattrape mes pensées passées et les retranscris. J’apprécie toujours ce moment introspectif où je passe en revue ce que je viens de vivre. J’ai l’opportunité de mesurer une seconde fois la chance que j’ai. C’est simplement enrichissant. J’encre de la pensée que le bonheur est à portée de main, à chaque instant.

L’après-midi, quelques rendez-vous et je passe beaucoup de temps debout. Mes jambes s’usent, doucement.

Le hasard fait que je suis au même endroit qu’hier, au bord du lac. Cette fois, je ne peux rester longtemps. Je profite des caresses ensoleillées et du ciel bleu. Il est encore plus dégagé. Les mouettes virevoltent au-dessus de ma tête, insouciantes. La couleur de l’eau est différente mais toujours froide et envoûtante. Les vagues se sont apaisées. Je vole ces quelques minutes et remplis un peu plus mon réservoir d’énergie.

Le soir, c’est le revirement de situation. Inévitable. La légèreté et l’insouciance laissent place aux douleurs. Lourdes de conséquences. Aucune position n’est confortable. La nuit s’annonce longue et tumultueuse. J’entoure mon corps de coussins, j’offre le plus de confort que je peux. Je regarde un film. Je ne ressens pas le sommeil tellement l’inconfort est grand. J’attends Morphée, patiemment. J’entame un second film. Puis j’entends au loin, des pas. Je vais m’installer dans mon lit et aussitôt que la couverture me recouvre, Morphée vient m’entourer de ses bras. Tout ne se passe jamais comme prévu et cette nuit est tumultueuse, car je me réveille à de multiples reprises. Pour passer le temps, je visualise de bons souvenirs. Je sais pertinemment qu’il faut simplement temporiser. Le soleil finit toujours par se lever.

Dans la nuit, les souvenirs sont ma lueur d’espoir. Ils m’empêche d’oublier que la vie est belle.

Jour 48

Ce matin, réveil douloureux. J’entends les douleurs mais je ne veux pas les croire. Je ne veux pas entendre ce qu’elles disent. Elle murmurent que la journée commence mal. Elle insuffle une difficulté supplémentaire. Je dois réunir toute la motivation du monde pour me tirer du lit. Me voilà debout.

Je rejoins la voix d’Adriene, sur mon tapis de yoga. J’ai pris goût à la séance en pyjama. Je peux garder la sensation d’être encore entrain de dormir. La séance travaille énormément les abdominaux. Les miens sont loins d’être en béton mais comparés aux exercices me demandant d’être debout, j’éprouve moins de difficultés. Ou surtout, beaucoup moins de douleurs dans cette zone. Enfaite, lors des autres séances, il faut que je distingue la difficulté normale et la combinaison douleurs/difficultés. En effet, j’ai à la fois mal et à la fois, moins de facilité qu’avant. En tout cas, de ne pas faire de posture douloureuse me rend confiante. Et toutes ces respirations prises consciemment font définitivement taire la petite voix sournoise que j’avais dans la tête, lors de mon réveil.

Je me rends à un rendez-vous médical. En sortant, le soleil dépose un bisou sur mon front. Il fait beau. Le ciel est bleu, il ne manquerait plus que les oiseaux chantent. La température de l’hiver se bat avec le soleil pour rester négative. Cet environnement m’invite clairement à en profiter. Je me sens fatiguée. Je sens mes membres sans énérgie mais je ne suis pas très loin du lac. Par un soleil pareil, c’est cruel. Je tergiverse quelques minutes. Aller me reposer ou regrouper mon énergie et prendre plus d’air. Seconde option pour moi. J’en ai réellement envie. Je ne veux plus frustrer mon esprit. Malgré le froid, c’est comme si je rattrapais tous les mois où je ne pouvais plus bouger un doigt. Le soleil, l’air, le vent, les odeurs, et tant d’autres, autant d’éléments qui m’ont manqués.

Arrivée au bord du lac, je suis éblouie. C’est merveilleux. La promenade est presque désertique. Quelques enfants jouent, nourrissent les canards. Quelques badauds font comme moi, ils déambulent. Vers les quais, l’eau semble calme, le vent est muet. Il fait glacial, réellement. Mais les rayons jaunes me réchauffe le visage, l’âme. Plus loin, l’ambiance est différente. Je vois la réelle nature de l’eau. Il y a des vagues dignes de la mer. Aucun bateau ne navigue pourtant, c’est l’oeuvre du vent. L’eau gesticule, fait de grands mouvements. Ça crée un rythme apaisant. Les vagues se jettent à corps perdu sur les rochers, donnant le tempo. Et le vent souffle sur moi, à m’en faire perdre les doigts. Je suis émerveillée par tous ces détails. Il y a tellement de belles choses à percevoir, ressentir et observer. C’est une infinie ressource. Je m’installe sur le rebord en pierre. C’est froid sous mes fesses mais mon coeur est chaud. Je suis au centre de ce magistral spectacle. Je n’ai pas de mots. Je ressens des vibrations lorsque les vagues frappent les rochers. Les gouttelettes volent et scintillent dans les airs. Le reflets sont si puissants que j’en plisse les yeux. Par moment, le vent me contraint à clore mes paupière pour éviter aux larmes de tomber. Je reste là. J’écoute cette musique saisissante. Je suis aveuglée. Je ne me lasse jamais du lac. Je ne saurais pas l’expliquer. A toutes les saisons, il sait m’épater et m’apporter ce dont j’ai besoin. Je suis reconnaissante d’avoir ce point énergétique si puissant, prêt à me porter dans les épreuves de la vie. Je ne pense à rien. Je laisse l’eau nettoyer mon esprit.

Pssst! Le son de l’eau est disponible ici.

L’inévitable arrive, je rentre.

Je me prépare un repas et je ne le sais pas encore, mais c’est la dernière activité que je fais aujourd’hui. Lorsque mon ventre est satisfait, je m’aperçois que mes membres sont devenus lourds. Sur mes épaules, un poids envahissant se pose. J’ai de plus en plus de mal à comprendre ce qui m’entoure. Le temps passe ou plutôt, je le laisse passer. Chaque geste devient un véritable effort. Allongée, même me retourner me coûte. Je fonds dans la lourdeur de l’inaction. J’attends. La nuit tombe et avec elle, je perds du terrain. Je navigue en plein brouillard, ne trouvant plus comment associer mes pensées aux mots. Je ne sais plus utiliser la parole. Je bégaye. Je ressens l’épuisement, les douleurs et doucement, la faim. Je n’ai pas la force de cuisiner, je n’ai pas le choix de décider quoi manger. Je ne sais plus. Je prends de longues minutes pour arriver dans la cuisine. Réussir à me baisser pour prendre un repas dans le congélateur. Je remercie mon moi du passé d’avoir congelé des plats, tout prêts, en prévoyance des jours compliqués. Ainsi, je continue mon engagement de bien me nourrir.

Mon état d’esprit est paisible, je patiente que l’orage passe. J’accepte le sort et attend mon tour, pour revivre. Je regarde dans mon téléphone, les images prises plus tôt. Beaucoup de reconnaissance d’avoir vécu ces moments riches. Puis je tente d’écrire. Vu mon état, c’est comique. Je décide de noter quelques mots clés et me promets de faire le reste demain, de rendre honneur à cette belle journée qui s’achève.

Jour 41

La nuit a été agitée. Un courant électrique s’est déchaîné dans mes membres inférieurs ne me laissant aucun répit. Je tournais, me retournais. J’avais chaud puis froid. Je me suis levée à plusieurs reprises afin de bouger et de marcher. Loin d’être reposant, le sommeil me quitte en me laissant ses cicatrices. En sortant de ma chambre, j’apprécie la propreté et la décoration autour de moi. Je me félicite intérieurement.

Je ferme les yeux sur mon état physique et vais me balader. Le vent est puissant en ce dernier jour de l’année. À tel point que mes joues se glacent. Mon corps se contracte afin de lutter contre les bourrasques et je travaille à le détendre, à chaque pas. J’inspire l’air coupant. J’observe le lac, en pleine lutte. L’eau oscille en cadence. De toute sa puissance, elle s’écrase contre les rochers. Cet ambiance rythme ma marche, mon pas est vif. Malgré moi, je rentre vite au chaud, heureuse d’avoir bravé les éléments. Heureuse d’avoir pu assister à ce spectacle naturel, me faisant toujours le même effet magique.

L’après-midi se déroule sous le signe de la tranquillité. Je prends le temps de masser mes muscles endoloris et de regarder une série. Je sens mon corps s’alourdir. L’appel du sommeil se fait sentir et plutôt que de lutter, je l’accueille à bras ouverts. La respiration devient lente et le corps crée une chaleur réconfortante. Je m’assoupis juste le temps de me charger de vie.

En émergent, quelques mots me viennent. Je saisis de quoi les transcrire. C’est peu et suffisant.

Soirée de réveillon. À la veille d’une nouvelle page, j’enfile mes vêtements les plus confortables. Loin de moi l’idée de faire la soirée de l’année. Je n’ai besoin de rien, en particulier. Bien accompagnée, autour d’un jeu challengeant et amusant, c’est ainsi que je laisse 2020 derrière moi. La soirée est douce, simple et m’emplit encore une fois de joie.

Je remercie toutes les épreuves vécues durant cette année. Belles, enrichissantes, difficiles, tristes, peut m’importe. J’ai vécu et appris. Et je continue à avoir soif de vivre. Vivement la suite!