Jour 83 – C’est flou

Je me réveille assez tôt mais rien ne me pousse à sortir du lit. Je repense à la journée d’hier et cette lenteur qui m’a accompagnée. Je tente de me motiver mais j’estime avoir besoin de repos. Encore. Alors, je vais passer quelques heures allongée jusqu’au moment où mon tapis de yoga m’appellera.

Je fais une petite séance, je bouge et je ne sais comment le décrire. Il manque une énergie vitale. Je pratique car je sais les bienfaits mais le coeur n’y est pas trop. Je ne sais pas exactement pourquoi.

Ensuite, vient mon petit déjeuner avec lequel je m’étouffe assez fort. J’étais tellement dans mes pensées que j’ai un peu oublié d’avaler. Décidément.

Puis, je ne sais pas. La matinée s’est bientôt écoulée que je n’ai rien fait de plus. On pourrait croire que je suis déprimée mais la vérité c’est que je me sens moralement bien. C’est juste vide, un peu sans plus. Dans ma tête, il n’y a pas grand chose de positif comme de négatif. Je suis suspendue dans le temps.

Malgré ce vide, je m’en vais vers mon piano. Je m’accroche à ce que j’aime faire pour ne pas m’imprégner de cette sensation venue du néant. Je fais ma séance et je dois admettre que malgré les difficultés, je persévère et doucement, on m’entend dicter le nom des notes à voix haute. Les touches du piano résonnent dans la pièce et soudainement, c’est déjà la fin pour aujourd’hui. J’écoute encore le morceau de Pachelbel et m’aperçoit d’un détail.

Avez-vous remarqué ?

Puis, midi arrive et je n’ai pas faim. C’est vraiment étrange. Je n’ai envie de rien, besoin de rien.

Je me motive à aller à la pharmacie, chercher mes médicaments. En sortant du commerce, deux chemins s’offrent à moi. Soit je rentre directement, soit je fais un détour afin de prendre l’air. Instinctivement, je commence par rentrer puis, je m’arrête. Je ne saurais dire ce qui me fera le plus de bien mais l’expérience m’a montré que les balades m’apportent toujours quelque chose. Donc, je rebrousse chemin et décide de forcer le destin.

Je passe par des chemins que je n’emprunte jamais, dans la vielle ville. Malgré toutes les belles façades, tout ce qui m’attire c’est ce ciel. Aussi flou que mon humeur. L’air est glacial et je n’ai même pas prévu d’écharpe. Malgré tout, en arrivant chez moi, j’ai la sensation d’avoir fait quelque chose et ça me rassure.

Je décide de me faire un repas, même si je ne ressens toujours pas la sensation de faim. À défaut de répondre à mon envie de manger, ça me réchauffera. Et finalement, contre toute attente, l’appétit vient en mangeant.

En dessert, je me satisfait d’une belle orange qui m’apporte une grande énergie. Je décide de coudre et finis enfin mes travaux de couture.

Ce soir, je passe une bonne partie de mon temps à lire, à occuper cette tête si étrangement vide. Je m’endors rapidement, fatiguée par cette drôle de journée.

Jour 82 – Dans la lenteur

Le réveil me tire littéralement de mon sommeil. C’est un matin sans, je crois. J’ai envie de m’enterrer plus profondément dans ma couverture et d’y rester pour la journée.

Malgré tout, je sais que ça ne me sera pas bénéfique alors je me lève, lentement.

Avec l’habitude, je me retrouve sur mon tapis de yoga. Pourtant, ce matin je ressens au plus profond de mon corps que j’ai énormément bougé ces derniers jours et qu’il serait préférable de ralentir. Je prends une dizaine de minutes pour m’asseoir en tailleur, fermer les yeux et ne surtout pas me rendormir. Non, je vais méditer.

Les idées un peu plus clair mais le corps en pleine paresse, je savoure mon petit-déjeuner. J’ai un rendez-vous chez ma thérapeute, dans peu de temps et je décide que ce sera mon unique objectif pour la journée.

Je me prépare et me rends donc à mon rendez-vous. Cette nuit, sans que je ne le sache, la neige est tombée. Malheureusement, elle a été suivie de prêt par la pluie. Alors, lorsque je me retrouve dehors, le sol est simplement mouillé. Il fait un froid sans plus. Je me questionne sur mon envie de marcher et me raisonne. Techniquement ça pourrait me faire du bien mais ce que mon corps réclame, c’est tout l’inverse. Je dois l’écouter. Alors, en sortant du cabinet, je rentre tout droit, à la maison.

En passant la porte, une idée illumine mon esprit. Je me dirige vers mon piano, pour reprendre l’apprentissage. Ma capacité de concentration est moins bonne que la veille, sûrement dû à mon état du jour. Malgré tout, je prends le temps de bien comprendre les notions de solfège et je me rends bien compte qu’au de la de mon corps, il y aussi ma tête qui est fatiguée. Je comprends, j’ai tendance à demander chaque jour un peu plus à ce corps. Alors, dès le moment où je m’aperçois que je suis dans le brouillard, je décide de clore la session. Il ne sert à rien de m’imposer un apprentissage intensif, si c’est pour m’en dégouter. Je veux aller à mon rythme. Comme hier, j’écoute un morceau de piano, afin de conclure. Mon chouchou du moment est le suivant.

Après mon repas de midi, je vais passer beaucoup de temps à somnoler. Le repos m’appelle et nous discutons pendant des heures.

Ce n’est que vers les dix-sept heures qu’un regain d’énergie inespéré va faire son apparition. J’avance soudainement plusieurs tâches banales que je procrastinais. Je vais finir par écrire de manière prolifique à mon goût malgré que mes yeux commencent à réellement brûler. Je pense que je ne me suis pas encore remise de ma récente crise. Patience.

Ce soir, je regarde un joli film. La journée s’achève paisiblement.

Jour 58 – La simplicité est une source de bonheur inépuisable

Ce matin, lorsque je prends conscience de mon corps, ma première pensée me conduit devant la fenêtre. Je dois m’assurer que ma promesse a été tenue. La neige est là, quel soulagement. Durant la nuit, elle n’a pas fuit. Et la seconde bonne nouvelle, c’est que pour le moment, je me sens en pleine forme. Sûrement un effet de l’enthousiasme que je ressens à l’idée d’aller à l’extérieur.

Je croque dans un petit gâteau de la veille, prépare une tisane et file m’habiller. J’adore ressortir tous mes vêtements chauds. J’enfile les couches une à une et me voilà prête. Direction, la forêt.

Il fait plutôt gris, le soleil ne se montrera pas, je pense. Plus je m’approche de ma destination, plus la neige s’amasse. Tout est blanc et même le brouillard est de sortie. Sur la route, je ne vois plus que la voiture qui me précède et celle qui me suit. Autour, c’est le vide.

Arrivée dans la forêt, je ne sais plus où donner de la tête. La couche de neige est épaisse, les arbres sont majestueusement recouvert et la température caresse mes joues. Chaque pas que je fais produit un craquement, tendre. Je suis submergée par toutes cette beauté environnante. Elle m’émeut et me remplit de joie que je dois évacuer en sautillant dans l’or blanc. J’avance ainsi, entre marche et pas rapides joyeux. Avec mes gants, j’ose parfois toucher pour sentir la texture si particulière. C’est magique. Pendant ce temps, au centre de mon corps, une chaleur enveloppante se crée. C’est un instant de pur bonheur. J’arpente la forêt pendant plus d’une heure, au hasard. Chaque arbre est unique et l’envie de m’arrêter pour observer chacun d’entre eux me traverse. Mon côté aventureux lui, souhaite découvrir tous les chemins possibles. Alors j’alterne entre l’exploration et la contemplation.

Vient le moment de rentrer, la tête pleine de belles images et le coeur remplit d’allégresse.

En arrivant à la maison, je suis encore pleine d’énergie. Je profite d’elle pour aller me mettre sur mon tapis de yoga. Par tout hasard, cette séance n’est pas axée sur les mouvements mais plutôt la respiration. Ce n’est pas plus mal vu l’activité que j’ai fait ce matin. Cette opportunité de ralentir le rythme est un cadeau. J’ai l’impression d’expirer encore l’air précieux de la forêt. C’est un moment suspendu, enrichissant et lent.

À la fin de ma pratique, vient le moment de manger. Heureusement, j’ai gardé des restes de la veille. Rapide et satisfaisant.

En début d’après-midi, je décide de prendre le temps d’aller me faire couler un bain, afin de détendre mes muscles. Dans l’eau, je plonge dans les souvenirs de la matinée. Le sel d’Epsom apporte à mon corps ses propriétés décontractantes et relaxantes. Je me sens réellement bien.

En sortant du bain, l’envie de lire me saisit. Je m’installe confortablement et commence un nouveau roman. Et sans l’avoir vu venir, mes paupières commencent à se clore. Je donne ma permission, repos accordé.

À mon réveil, je me sens plus paisible que jamais. Cette sieste a été douce et onctueuse.

La nuit commence à tomber. Je profite de lire encore quelques instants. Soudainement, mon récit est coupé par une pensée. Et si j’allais écrire? Je m’exécute. Et doucement, de petites ondes électriques s’installent dans ma mains droite. Je tente de la bouger le moins possible tout en continuant à écrire. J’ai envie d’arriver au bout de mon article. Et je ne laisserais rien entacher cette merveilleuse journée.

En allant me coucher, une bonne fatigue m’accompagne, c’est agréable.

Jour 22

C’est un réveil dans la douceur. Sans sonnerie alarmante. Je savoure cette chaleur reposante, dans mon lit. Je suis affamée.

Photo de Song Kaiyue sur Pexels.com

Je prends le temps de me préparer du pain perdu, agrémenté de cannelle et de baies. C’est délicieux. Je n’ai pas encore regardé l’heure et je décide de continuer ainsi. Mon objectif du jour, prendre soin de moi et me détendre.

Je m’installe sur la grande table et décide de fabriquer mes cartes de Noël. J’apprécie les activités créatives. En effet, je peux laisser libre cours à mon imagination et m’exprimer ainsi. Pendant la création, j’imagine le plaisir qu’auront les personnes qui découvriront mes cartes. Cela me motive d’autant plus. J’aime prendre soin de mon entourage et leur faire plaisir. Pour moi, il n’y a rien de mieux que d’offrir de mon temps. En fond, j’ai mis un film dans l’ambiance des fêtes. Cela m’inspire les couleurs et les motifs.

Au bout d’un temps, mon ventre me fait signe. Je me fie à mes sensations et range mes bricolages pour aujourd’hui.

Je passe l’après-midi dans la lenteur. Je suis contemplative. Je me repose. C’est tout ce dont j’ai besoin.

Le soleil se couche et dans l’optique de me faire du bien, je m’installe sur mon tapis. Aujourd’hui, la pratique est plus coriace. Je respire, je transpire. Je ne lâche pas les postures malgré les tremblements. Je me sens forte. J’affirme, je suis forte.

Je suis heureuse de vivre cette journée où je me permets d’aller au plus près de mes envies et de mes besoins. Suivant cette idée, je n’ai pas spécialement envie d’écrire. Je prends donc congé et ce, sans aucun remords.

C’est une belle journée.

Jour 16

Photo de Adrianna Calvo sur Pexels.com

Une journée de détente commence par une grasse matinée. Je m’exécute et à mon réveil tardif, les batteries sont chargées de lenteur. Un temps fou m’est nécéssaire pour passer au petit-déjeuner. Le délai de mes actions me permet de savourer chacune d’entre elle.

Une fois que je suis pleinement consciente, je m’atelle à préparer mes cadeaux. En effet, les fêtes de fin d’années approchent! Loin de moi l’idée de surconsommer, je me plais à imaginer ce qui fera le plus plaisir à mes proches. Leur faire un petit clin d’oeil et leur apporter de la joie m’est important. Je suis méticuleuse dans mes plans. Je me réjouis avec impatience de pouvoir avoir leurs réactions.

Cette activité restera la plus productive de ma journée. Par la suite, je me complais dans l’oisiveté. J’apprécie. Pour une fois, je choisis de ne rien faire. Rien ne m’est imposé et je savoure ce calme voulu.

Pour terminer cette journée de relâchement, je fais une séance de yoga. Celui-ci est à l’inverse de mon humeur du jour. Il est tonique. Mon souffle est cadencé. Je suis très rapidement concentrée dans mes mouvements. La posture du chien tête en bas devient de plus en plus naturelle. Mon corps s’adapte avec une rapidité insoupçonnée aux nouveaux gestes que je lui impose. La gratitude m’envahit.

Je termine par de l’écriture. Cela m’apporte de la satisfaction. Je peux vivre une fois de plus mes journées. Et par la lecture, je pourrais y penser encore et encore, pour toujours. C’est comme si je prenais pleinement conscience de mon vécu et que je tâchais de ne manquer aucun détail. J’aime cette vision des choses.

Je retiendrais d’aujourd’hui que je n’ai rien fait de particulier. Et c’était pleinement ce qu’il me fallait pour être heureuse et accomplie. Je ne peux pas toujours être dans l’hyper productivité. Je dois accepter que ce temps me sera rendu demain. Le repos porte ses fruits malgré ce que cette société toujours plus demandante et rapide veut bien nous faire croire.