Jour 21

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Au moment d’ouvrir les yeux, je constate que la peau de mes paupières s’est figée durant la nuit. Ma peau a du mal à se détendre et je ressens le poids de la fatigue. Avec certitude, j’abandonne le yoga pour ce matin. Il est plus raisonnable d’attendre le moment où ça m’apportera le plus de bénéfices.

Je me prépare et je pars affronter le froid extérieur. J’ai des rendez-vous. Par la même occasion, je profite de flâner dans les rues. Je ne dispose pas d’énormément de temps mais cela ne m’empêche pas d’en profiter.

C’est déjà une journée bien remplie et c’est loin d’être terminé.

L’après-midi, un rendez-vous professionnel m’attend. Je ressens le stress. En effet, j’ai débuté ma semaine avec de grosses incertitudes et j’ai travaillé dessus tous les jours. Aujourd’hui, c’est le moment de concrétiser et d’avancer. J’expose mon travail de réflexion et je débats sur mon avenir. Petit à petit, une nouvelle option se profile. J’ai plus de possibilités que je ne le pensais jusqu’à maintenant. Je ressens du soulagement et une note d’appréhension. En effet, j’ai plus de choix et cela comporte aussi des désavantages. En tout cas, je conclus cette entrevue avec sérénité.

Je décide de réellement m’accorder le week-end pour ne plus y songer et continuer mon travail, dès le lundi suivant. J’ai complètement mérité le repos et la détente.

Lorsque je décide d’écrire, une migraine me guette. J’entends ses pas s’approcher au fur et à mesure que je dépose mes pensées sur le clavier. Je persévère. Je suis motivée à aller au bout de ma mission et de ne pas me laisser faire. J’ai des choses à dire, qui me sont importantes. Avant la validation de l’article, la relecture m’est difficile. Je bâcle cette étape et le publie. Je m’allonge et me repose un temps. Elle a gagné mais je n’ai pas dit mon dernier mot.

Après une micro-sieste, je suis déterminée à affronter mon tapis de yoga. Pour changer un peu, je décide de pratiquer dans une autre pièce que d’habitude. Elle est plus petite et je redoute de ne pas avoir assez de place. Au lieu de ça, je suis surprise par la façon dont je me sens protégée et forte. Ma concentration est plus profonde et solide qu’à l’accoutumée. Je donne mon maximum et j’en oublie toutes les sensations désagréables. Je suis tellement centrée sur ma respiration que plus rien ne compte. A la fin de la pratique, allongée sur le sol, je médite. J’aimerais que ce moment ne s’arrête jamais.

Au moment de me relever, la migraine me cogne. Je suis vaincue, je vais m’allonger à nouveau.

Dans mon lit, les yeux clos, j’observe la gratitude de pouvoir simplement vivre. Je n’ai pas toujours la chance de choisir mais en contrepartie, je suis réellement heureuse. Je suis bien dans ma vie.

Jour 20

Ce matin, je me réveille tôt. J’ai un rendez-vous important et je tiens à faire ma pratique de yoga avant de m’y rendre. Je dois préparer mes armes pour être la plus forte possible.

Dans l’obscurité matinale, la détermination et la confiance me guident jusqu’au tapis. La séance est rapide et efficace. Je suis éveillée et claire dans mes idées. Je suis préparée à affronter les épreuves qui m’attendent.

Pour commencer, je m’aventure dans une ville que je ne connais pas vraiment. Tous mes sens sont en alerte. J’écoute les sons, observe les panneaux. J’avance. Je reviens sur mes pas. L’architecture de la ville m’est inconnu. Il y a tellement d’endroits où poser mes yeux que je ne sais plus. Par moment, je me sens perdue. Heureusement que j’ai accès du bout des doigts à un guide! Et après toutes mes péripéties, j’arrive à la porte de la prochaine mésaventure.

Le rendez-vous est particulier. De plus, j’ai été convoquée donc la procédure m’est imposée. Je suis là pour attester de ma maladie et de mes difficultés. Comme si, tous les spécialistes n’étaient pas assez crédibles. Pour des raisons financières et d’assurance, je dois justifier que je suis légitime dans mes douleurs. Un sentiment étrange prend place. Je souffre et c’est majoritairement invisible. Et tout au long de mon parcours, je dois continuer à le dire et le prouver. C’est éreintant et c’est ainsi. Les questions qui me sont posées pourraient me faire perdre tous mes moyens. Pourtant, je n’en démords pas. Pendant l’entretien, je pense au yoga, à respirer, à être forte. Et j’y arrive. Je repousse mes limites émotionnelles.

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Je sors de là-bas, à la fois épuisée et abasourdie par l’évènement. Je dois encore retrouver mon chemin. Un bus, un tram, un train. Je me débrouille aisément. Je remercie mon sens de l’orientation. Sur le quai, je dépose les émotions négatives. Je laisse ce passage désagréable et obligatoire sur le sol. Je m’installe dans le train et peu de temps après, il démarre. Le paysage défile sous mes yeux. Dans ma tête, les pensées sont au ralentis. Mes neurones sont figés. Je suis réellement fatiguée. Je n’ai même pas conscience du temps de trajet. Mon unique objectif est de retrouver mes repères et de me reposer.

Et comme prévu, en rentrant, je me repose. J’alterne entre la somnolence et le sommeil profond. Je peine autant à me mouvoir qu’à me réchauffer, enroulée sous deux couvertures. Je pense aux activités que j’aurais aimé accomplir aujourd’hui et me résigne à accepter. Cette fois-ci, je n’ai pas le choix. Il n’existe pas de frontières à outrepasser dans mon état.

Péniblement, pour satisfaire mon moral, je me mets à écrire. Je suis si exténuée. Tout est flou et compliqué. Mes yeux brûlent. Je dois reconnaître que l’exercice est carrément difficile. Les mots ne viennent tout simplement pas jusqu’à mes doigts. Je suis enfermée dans un mutisme. Je force et mon discours est décousu. Il me faut plusieurs heures pour réunir quelques syllabes et former un mince texte. Je ferais mieux une prochaine fois.

Je respecte la situation et vais me coucher.

Jour 13

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Ce matin, je suis d’humeur déterminée. Je me lève et très rapidement, je me mets au travail. Toutes les tâches administratives du jour sont accomplies, en un rien de temps. Je suis productive et c’est agréable.

Je décide d’aller faire le plein d’air et de me dégourdir les jambes. Il ne fait pas particulièrement beau. Je dirais même qu’il fait plutôt froid. Cet température conditionne le rythme de ma marche. Mon pas est rapide. Au fond, je souhaite arriver rapidement en lieu tempéré. Dans la montée, je ne relâche pas la vitesse. Mon souffle s’accélère et mon coeur tape dans ma poitrine. Les sensations dans mes jambes sont anesthésiées par l’air glacial. Je me sens réellement vivante.

Après mon repas du midi, je m’accorde un temps de pause. Je me laisse emporter par des vidéos sur les voyages. Cela m’insuffle des envies. Je me rends compte que de plus en plus de choses me seront à nouveau possible, avec le temps. Je veux même penser que je suis capable de monter sur n’importe quelle montagne, si je le souhaite. Cet escapade ouvre mes horizons et le champ des possibles devient alors infini. Je ne veux plus avoir de limites.

L’esprit aéré, je prends le temps d’écrire. L’exercice devient de plus en plus routinier. Loin d’être lassant pour autant, je trouve mes marques, simplement. Je peine à juger si je progresse ou non, néanmoins, poser tous ses mots me procure une satisfaction particulière. Chaque jour, les événements sont transcrits. Je célèbre chaque action banale de mon quotidien. C’est insignifiant et pourtant, tellement important à mes yeux. Je suis gorgée de gratitude pour cette vie. Ma vie. Je veux garder tous les détails de celle-ci.

Je conclus ma journée par ma pratique de yoga. A la fin, je prends le temps de méditer, avec difficultés. En effet, mes pensées sont incontrôlable. Je prends conscience de demain. Ce sera ma dernière journée de travail. En y songeant, une onde de stress m’envahit. Je suis assez forte: je la saisi, la cache sous mon tapis et vais me coucher.

Jour 10

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J’entame la semaine des dernières fois. Au travail, à chaque geste, je conscientise que c’est le dernier dans son genre. Une ultime ligne droite qui a un goût particulier. Je veux donner le meilleur de ma personne, si bien que je ne fais pas les choses à moitié. J’apprécie offrir cette qualité de travail qui me qualifie, pourtant, le revers de la médaille m’attend déjà.

Je rejoins mon chez moi, chargée. Dans ma tête, un marteau bat la mesure contre une enclume, frappant au passage mon esprit. Mon corps pèse plus lourd qu’à l’accoutumée et mes jambes sont tristement crispées.

J’ai patienté toute la journée pour rejoindre ma natte de yoga. Le chemin va être sinueux jusque-là.

Une lutte débute. Mes douleurs sont non-négociables. Elles imposent leurs convictions et leur rythme. Une décharge de fatigue finit par m’achever. Je lâche mes espoirs et m’allonge. Je ferme les paupières. Un bal de cogitations commence. Je comprends l’importance du repos. Parfois, sans le savoir, je l’ai trop appliqué. A la différence d’une sorte de flemmardise, ces derniers mois, j’étais en pause. Comme si le repos allait changer quelque chose à mes atteintes. J’ai beau savoir que c’est incurable, mon inconscient continue d’y croire.

J’ouvre les paupières. Un choix se pose devant mes yeux. Soit, je reste allongée et ma journée aura ressemblé à du travail puis du sommeil; soit, je me lève et entreprend de faire une activité pour mon plaisir. J’accepte rapidement la seconde solution. Soulager mes douleurs par le repos n’est pas suffisant. Je dois aussi préserver mon mental de ce repos. Aujourd’hui, ma santé morale prime sur ma forme physique qui ne changera pas.

Je m’asseye sur le tapis et je m’aperçois que la vidéo annonce une durée de trente-six minutes. Ma motivation étant déjà fortement impacté, décidément, ça ne s’arrange pas. Un commentaire atteste ne pas avoir vu le temps passer. J’appuie sur play pour me faire ma propre idée. Je suis concentrée sur ma respiration et mes postures. Je vérifie les alignements. Je prends note de mes ressentis. L’énergie parcoure mon corps de part en part. J’observe avec indulgence mes difficultés.

Je dois admettre qu’il avait raison. Je n’ai pas vu une seconde défiler. Ce moment est hors du temps, au delà de mon corps.

Après la session, je suis mentalement nourrie. Malheureusement, au moment où je reprends entièrement possession de mon enveloppe corporelle, les afflictions reviennent avec. La lutte reprend. L’envie de m’enterrer dans l’inaction me saisit encore plus fort qu’auparavant. Je reste allongée sur le sol. J’attends que le temps passe, dans cet inconfort. L’idée d’un bain ainsi que de ses bénéfices me font de l’oeil. Je perds un temps fou à me lever. Présentement, il m’est difficile de célébrer la lenteur. Elle m’est imposée et ça ne me plaît pas.

Après ce bain, je me félicite de m’être autant fait violence. Une épaisse couverture m’abrite, dans le canapé. Je suis en lieu sûr pour écrire. Il m’est difficile de rédiger l’article. Le thème ne coïncide pas avec mon humeur. Une rage bouillonne au creux de mon estomac. Ces dernières vingt-quatre heures, je n’ai pas cessé de lutter pour aller au bout de mes envies. Malgré tout, je constate que je n’ai pas abandonné. Je n’ai pas dit mon dernier mot.

Jour 7

Peut-on souligner que cela fait 7 jours ? Ce n’est pas grand chose sur toute une vie. Pourtant, à mon échelle, c’est le début d’une belle chose que je dois célébrer. Si, en sept journées, je vois des bénéfices, qu’en sera-t-il quand ce ne sera plus qu’une habitude comme une autre? Je suis emplie d’espoir.

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Je ressens le besoin de faire un petit état des lieux. Depuis mon engagement, je me lève avec une subtile facilité. Ce n’est pas forcément le physique qui est en meilleur état. C’est le mental qui prend immédiatement le relais. Il est reposé et chaque jours, un peu plus enclin à accomplir de belles choses. Je suis beaucoup plus connectée à moi-même. Mon humeur générale n’est plus déterminée par mes sensations physiques. Je me nourris tellement du reste, que cela passe au second plan. Je ne veux plus être guidée par ce que je ne peux pas contrôler.

Aujourd’hui, je travaille. Il me reste très peu de journées à faire avant que mon engagement soit terminé. Les journées n’en sont pas pour autant plus simples. Les tâches sont conséquentes mais je les abordes avec assurance. Je me sens assez forte pour ne pas me laisser déborder.

Je viens de rentrer chez moi. Surprise, encore une fois, une migraine frappe à ma porte. Résiliente, je l’accueille et l’installe avec moi dans le canapé. Je vais lui chercher ce dont elle a besoin. De l’eau, une substance, de l’huile essentielle de menthe poivrée et nous passons le reste de la journée ensemble. Avec patience, nous regardons le temps passer.

Elle est partie tard.

Derrière elle, elle laisse de la fatigue. Malgré tout, je m’empresse de vous écrire. Paradoxalement, je m’exécute avec une lenteur pesante. Mes doigts sont au ralentis. Je ne trouve pas de position confortable. Je me tourne, me retourne. Je ne lâche pas l’affaire. Péniblement, j’arrive à ma dernière phrase.

Je conclus ma journée par une méditation guidée. Je suis à la limite de la somnolence. Un mélange entre le calme intérieur et le sommeil. C’est enivrant.

Jour 5

Le réveil se fait dans la lenteur.

Je m’arrête devant la fenêtre. La ville est déjà éveillée et en pleine activité. Je songe à ce que mon corps pourrait avoir envie. Je lui prépare un petit-déjeuner. Après celui-ci, je passe à mes projets de la journée.

Je commence par de la cuisine. Je mets la main à la pâte car j’ai envie d’une tresse. Les préparations de pains requièrent de prendre le temps. Mélanger les bons dosages ainsi que le pétrissage sont rapides. Vient ensuite l’attente que la levure s’active. Par les températures de novembre, je suis contrainte de mettre en place un cocon d’humidité et de chaleur. J’allume le four, l’air se réchauffe. J’emballe mon précieux bol de pâte dans un torchon. Il est bien installé pour les prochaines heures. J’espère que mes efforts vont payer.

Ils ont payé.

Je pense que prendre soin de moi passe aussi par mon alimentation. Répondre à mes envies, à mes besoins. Je dois apporter à mon corps les choses qui l’aideront à fonctionner correctement. Je n’arrive pas toujours à tendre suffisamment l’oreille pour l’écouter. Lorsque c’est le cas, je suis fière de ce partenariat. Il me le rend si bien.

Je me sens vraiment productive. J’avance plusieurs projets sans voir passer les heures. Il n’y a pas un seul coup de mou. J’avoue que je ne ménage pas mes efforts physiques et que des douleurs se font sentir. Par moment, elles tentent de m’entraver. Je prends de bonnes inspirations avec l’intention d’adoucir les contractures. C’est sûrement un effet placebo, pourtant, cela marche.

Le soleil est déjà couché que j’attaque la dernière partie de mon programme. Le ménage. C’est une tâche ingrate et pourtant si bénéfique à mon sens. Je me sens toujours accomplie à la fin de celui-ci. Je remets les compteurs à zéro. Chaque chose à sa place. Mon horizon s’éclaircit. Comme si mon appartement avait lui aussi pris une grande inspiration.

Il est temps d’aller me doucher. Pour une fois, je ne regarde pas le temps passer. L’eau chaude détend mes muscles et enveloppe mon corps. Je caresse ma peau de savon. Le temps est sur pause et je ne demande rien de plus.

Après une journée chargée, je ne ressens pas le besoin de faire du yoga ou de méditation. J’ai suffisamment pu soigner mon enveloppe corporelle et mon environnement. Mon esprit est apaisé.

La beauté du quotidien me suffit.

Jour 3

La journée démarre tôt. Il fait encore nuit lorsque je sors de chez moi. L’odeur du gèle glace mes narines, je rentre mes mains dans mes poches. Je suis en route pour mes obligations professionnelles. Mon être sort du sommeil et je repense très vite à mon objectif quotidien. J’y vais avec la certitude de prendre un temps pour moi. C’est ma motivation principale.

Photo de Josh Hild

Plus tard, je m’empresse de tourner la clé dans la serrure. Mon havre de paix se trouve derrière la porte de bois. Je suis impatiente d’aller cultiver mon jardin secret. Je ne sais pas par où commencer. Ma tête est pleine de brouhaha. Mon corps est affaibli et mon esprit attend sa récompense.

Je décide de répondre à mes besoins physiologiques. Je me nourris d’une délicieuse crêpe à la cannelle ainsi que d’un yoghourt nature. La tisane que j’avale m’emplit d’une chaleur réconfortante. Mon estomac s’apaise. Mon esprit s’éclaircit.

J’écris. C’est fastidieux et maladroit. Je ne me décourage pas. J’aime savoir que je le fais pour mon plaisir et ça me conforte dans ce choix. Objectif déjà largement atteint.

Mon corps est fatigué. Mes doigts ont du mal à répondre aussi vite que mon cerveau fuse. Je ne lâche pas. Je suis obstinée à arriver au bout de mes idées. Mon corps est contracturé, je passe au yoga.

Il me demande le repos. Je le rassure. Désormais, je suis aussi là pour son bien. Je ne cherche pas à accomplir une prouesse physique. Je m’étire doucement, les yeux clos. La musicalité de mon souffle est apaisante. Je m’allonge. Le temps s’arrête pour que je puisse méditer.

Je suis éreintée sans que cela ne m’empêche de me sentir accomplie.