
J’émerge aisément. La chance me sourit. Je me prépare une infusion, ça me tient chaud tout en me réveillant doucement. Puis, je me dirige vers mon tapis de yoga. Je remarque que je ne tiens pas plus longtemps les postures mais qu’elles deviennent tout de même plus confortables. J’ai l’esprit qui divague un peu. Le cerveau est long au démarrage. Je me perds dans le paysage. J’aime faire du yoga, non loin de la baie vitrée. Ainsi, je peux égarer mon regard. Lorsque je dois tenir des postures d’équilibre, je prends toujours la même bâtisse rose tulipe. Je ne saurais expliquer pourquoi. Est-ce les fenêtres quadrillées, aux cadrans blancs, arrondis qui me fascinent? Ou alors, les tuiles marrons de la toiture qui m’attirent? Chaque fois que je la regarde, j’observe un nouveau détail. La séance s’achève avec une grande expiration bruyante. Apaisante.
Je suis prête à entamer ma journée.
J’ai du travail administratif à faire ce matin. Je dresse une liste un peu décourageante. Elle est longue et rien ne me donne envie, forcément. Pourtant, je vais puiser dans l’énergie engrangée ces derniers jours et me motive. J’avoue que je n’ai pas vu le temps passer. J’ai coché les cases plus vite que je ne pensais. C’est une bonne chose de faite.
Je profite de ce moment pour tenter une nouvelle démarche. Je m’écris un e-mail, à la moi dans une année. Je n’ai pas nécessairement besoin de faire le point avec le passage d’une année à l’autre mais je ressens clairement, qu’au niveau de ma vie, je traverse une période floue et déterminante. Alors, je fais l’état des lieux et j’essaie de transcrire au mieux l’état d’esprit dans lequel je suis. Je m’écris des mots doux et encourageants. Je choisis de ne pas mettre de projections vers le futur car je me laisse toutes les possibilités et je ne veux pas créer de déceptions. Je ne relis pas mes mots, afin de ne pas les encrer dans ma mémoire, tant pis pour les fautes. Et je conclus par la programmation de l’envoi, dans une année.
Contente de ma matinée, je file en cuisine me préparer un truc à manger. D’ailleurs, je songe toujours à commencer une rubrique sur le blog, parlant nourriture. Mais je suis indécise et j’ai un peu la flemme, je l’admets. Ça viendra, si ça doit venir.
L’après-midi commence avec de bonnes nouvelles sur le plan personnel. Décidément, le sourire s’installe sur mon visage. Par la suite, je passe plusieurs heures à jouer aux jeux vidéos. C’est léger, ça passe le temps et je m’amuse. C’est tout gagnant.
Quelques heures plus tard, je remarque qu’il fait nuit, dehors. Je m’aperçois que je n’ai ni eu envie ou besoin d’aller prendre l’air. Ça sera pour demain. Néanmoins, j’ai envie de me dépenser. Je mets de la musique et commence à danser. Au début, c’est un peu ridicule car même si je suis à l’abris des regards, je me juge. Je ne sais pas danser, et je ne sais encore moins coordonner mes mouvements. Puis doucement, je me rassure et m’offre la permission de vivre ce moment pour moi. Je cherche les sensations et non la beauté. Je ferme les yeux et me concentre sur le rythme et les mouvements. J’ai de plus en plus envie de sentir mon rythme cardiaque s’accélérer et que mon corps puisse libérer des endorphines. D’ailleurs, souvent, lorsque je me promène, j’observe et envie les coureurs. Ça me manque tellement la course à pieds. Alors je me mets à bouger de plus en plus vite. Mon corps se meut sans cohérence, ni constance. Il crée son propre langage et je rentre en communion interne. Il m’arrive de ressentir des faiblesses dans mes membres inférieurs, il m’arrive d’avoir des décharges. Mais je dépasse encore les limites. Je vis dans la joie de cet instant.
Lorsque je m’arrête, je ne sais pas combien de temps s’est écoulé. Je ressens la joie d’avoir bouger, de m’être sentie vivre. Je perçois la surprise d’en avoir été capable et d’avoir été portée par mon corps, qui m’a plus d’une fois lâché malgré lui. Je suis émue d’avoir cette opportunité pourtant si simple et banale.
J’évacue les émotions et les contractures avec l’eau chaude de la douche.
Le soir, je me prépare un repas simple et rapide car malheureusement, mon coup de folie amène ses effets douloureux. Je tente de n’y accorder qu’une mince attention. Je m’installe dans le canapé et transcris mes exploits, je ne trouve pas d’autres termes. Mes yeux piquent et mes doigts se bloquent mais je ne veux rien oublier. J’écris. Je dois consolider ce joli moment que je veux revivre encore et encore. Je veux garder en tête que tout est possible.
Je m’endors, le sourire toujours présent sur mes lèvres.