Délices de Janvier 2021

Il y a quelques temps, j’ai fait la constatation que bien souvent, je négligeais mon alimentation. Je consacrais mon énergie pour tous le reste et en arrivant dans la cuisine, épuisée, je ne mangeais jamais vraiment assez. Et forcément, je ne peux pas faire preuve de vitalité en nourrissant ce cercle vicieux. Alors, je me suis mise à consacrer régulièrement plus de temps pour préparer à manger, prendre parfois de l’avance afin d’avoir des restes et ainsi de suite. Depuis, je prends en photo mes assiettes, histoire de me rappeler que j’en suis capable et les jours où je n’arrive pas à déterminer ce que je pourrais manger, je replonge dans ce que j’ai déjà pu faire.

Je décide donc de réunir, une fois par mois, quelques-uns de mes plaisirs gustatifs.

En petit-déjeuner

Presque tous les jours, je me suis servie de yogourt maison avec des céréales et les fruits que j’avais sous la main. Un régal dès le matin.

En dîner et en souper

J’ai beaucoup aimé me faire ces tagliatelles à l’épeautre. Avec des courgettes, ou aux épinards et toujours, du parmesan. Il y a aussi la variante avec la bolognaise maison. C’était simple et efficace.

Les currys de légumes avec du poulet. Un repas nourrissant et réchauffant. Avec les fonds du frigo, un jeu d’enfant.

La lasagne maison, en passant par les pâtes fait main. Du boulot mais ça valait largement le coup.

La (re)Découverte des sandwichs maisons. Un bonheur simple, à croquer.

J’avais oublié comme j’adore faire des tartes aux légumes. C’est facile et il y en a pour plusieurs repas.

J’ai préparé de la pizza maison et j’en ai congelé plusieurs. Les jours difficiles, j’ai mes pizzas surgelées toutes prêtes.

Les raviolis maisons, un investissement de temps et d’énergie mais un vrai régal. J’en fais toujours plus, et hop, je congèle.

Les douceurs

Plus d’une fois, j’ai fait cette recette (en l’adaptant entendu) de muffins et ma variante préférée est celle aux framboises.

Il y aussi eu le bonheur d’avoir une pâtisserie, achetée, et qui correspond avec mes nombreuses allergies et intolérances.

Ma première fournée de crinkle cookies, une douceur croquante et fondante. Je recommande!

Merci de m’avoir partagé cette recette.

Voilà pour ce mois-ci. Je suis fière de moi, d’avoir réussi à cuisiner des choses qui m’ont nourri et fournis un tas d’énergie pour pouvoir vivre. Je renouvelle mon voeux de continuer sur cette lancée. En espérant ne pas trop vous avoir ouvert l’appétit.

À février!

PS: Merci à Jaskiers pour tes encouragements… 😉

Jour 68 – Lâcher prise

« Parfois, lâcher prise est un acte plus puissant que se défendre ou s’accrocher.  »

— ECKHART TOLLE

Le matin, je commence par ma séance de yoga. En parallèle, des vidéos, je commence aussi à pratiquer sans être guidée, un peu chaque jour afin de m’y habituer et d’apprendre. L’idée de pratiquer seule, sans guide m’a parue de prime abord assez effrayante puis, une fois sur mon tapis. Je me rends compte que simplement en m’accordant l’opportunité de me faire confiance, j’en suis capable. Je sais les mouvements et les enchaînements mieux que je ne le penses. C’est une agréable découverte qui me conforte dans mon choix. Au fond de moi, j’ai le souhait secret (plus si secret désormais) de continuer une pratique quotidienne aussi longtemps que je le pourrais.

Après ce moment de bien-être, j’ai prévu de passer la matinée en cuisine avec ma famille. Nous allons réaliser des raviolis maisons. Au début, l’atelier est un peu brouillon. Le temps que nous trouvions nos places respectives et doucement, une petite usine se met en place. Nos mains s’affairent à plein régime. Dans la cuisine, il règne une ambiance bonne enfant mais productive. Entre deux façonnages de raviolis, une bataille de farine s’invite. C’est un moment léger qui me fait oublier les contraintes de l’activité. Je ressens que la force et la dextérité que j’utilise s’amenuisent rapidement. Je tente de faire bonne figure mais en réalité, à l’intérieur, les sensations sont de plus en plus désagréables. Je tiens le coup jusqu’au moment de la délivrance, passer à table. Ensemble, nous savourons ce plat dans lequel, nous avons glissé beaucoup d’amour.

En début d’après-midi, je rentre chez moi. Je me sens simplement heureuse mais épuisée. Je vais m’allonger car j’ai l’impression que je pourrais dormir. Malheureusement, il n’en est rien. Malgré tout le sable que j’ai dans les yeux, les paupières n’arrivent pas à se fermer définitivement. La fatigue m’angoisse. Je suis heureuse d’avoir pu passer cette belle matinée mais j’avoue qu’aujourd’hui, ça m’ennuie de ne pouvoir profiter que d’une demie journée de vie. J’aurais aimé que mes limites soient plus grandes. Il y a aussi les restes de la veille avec l’appréhension de faire de mauvais choix concernant ma santé. Je n’aime pas décider de choses si importantes. Comment savoir ce qui sera bon pour moi? Personne ne le sait. Je dois continuer de digérer avant de prendre ma décision finale. J’ai besoin de recule. Et je crois qu’au fond, malgré toute la positivité dont je sais faire preuve au quotidien et fasse aux situation difficiles, j’ai parfois le droit de me laisser me morfondre. Ça ne fait pas de moi quelqu’un de moins fort que d’habitude. J’ai simplement besoin de temps pour encaisser, comme tout le monde finalement. Ça ira mieux demain.

Je passe donc l’après-midi, sous le duvet épais. Demie consciente.

En fin de journée, je tente de me motiver pour écrire. Hier, c’était difficile et j’ai à peine noté mes idées.

Je m’aperçois qu’aujourd’hui, ce n’est pas mieux alors je lâche prise. Je m’accorde la possibilité d’être ce que je suis. Je ne suis pas bien. Je suis malade et ça fait parti de mon quotidien. J’admets que j’aurais aimé un peu de répit car lorsque les crises s’enchaînent, la crainte qu’elles ne s’arrêtent jamais s’ajoute. Alors, je lâche prise. Je laisse tomber l’idée d’être bien, de devoir produire quoi que ce soit, je laisse mon esprit aller à toutes les pensées, sans filtre. J’accepte cette situation, car je ne peux rien y changer. Et ainsi, c’est le mieux que je puisse faire pour avancer. Je laisse le poids de tout cet inconfort prendre la place dont il a besoin, pour mieux m’en décharger par la suite.

Ce soir, je suis sur pause et ce n’est pas grave.

Jour 67 – Piqûre de rappel

Photo de cottonbro sur Pexels.com

Comme tous les matins, sitôt debout, je me dirige vers le tapis de yoga.

Ce matin, la séance a un goût particulier. J’ai énormément de mal à calmer le vacarme interne. Je bouillonne et tente de faire avec. Je me sens stressée par la journée à venir, en particulier le rendez-vous que j’ai dans peu de temps. Alors, ma respiration m’échappe. Me focaliser sur mon corps, comme je le fais chaque jour est presque impossible. Malgré tout, je ne suis pas tentée d’abandonner. Je sais que c’est un apprentissage et que ma pratique n’est jamais la même. La séance idéale de yoga n’existe pas et surtout, dans les difficultés, il y a tout de même du bon à en tirer. À la fin de celle-ci, je me sens tout de même mieux que lorsqu’elle a débuté.

Après la séance je me prépare et sort.

Aujourd’hui, j’ai un rendez vous plutôt important concernant l’une de mes maladies, la plus handicapante d’entre elle. Nous faisons le bilan et un nouveau traitement de fond m’est proposé. Il ne va pas me guérir, car c’est impossible mais peut-être, je pourrais gagner en confort de vie. Bien évidemment, comme tous traitement, il y a des effets secondaires. Les prises de sangs sont faites et je sors du cabinet avec milles questions.

J’ai besoin d’être rassurée. Ce n’est pas nouveau pour moi d’être malade, je ne viens pas d’avoir le diagnostique, mais d’avoir un rappel aussi concret que celui-ci, me remet face à ma propre réalité. Devoir prendre une décision avec autant d’impact potentiellement négatif pour peut-être ne rien ressentir de positif, c’est angoissant. De plus, je suis jeune et j’en ai pour toute ma vie avec les traitements, je ne suis pas sûre de vouloir gaspiller une cartouche si vite. Et d’un autre côté, si il fonctionne sur moi, j’admets que je ne dirais pas non à gagner en qualité de vie. En plus, cela veut dire que le traitement actuel ne donne pas d’effet et c’est un échec dont je ne suis pas responsable mais c’est un échec. C’est compliqué. J’ai besoin de digérer.

Instinctivement, je me dirige vers la maison familiale. Passer un peu de temps avec mes proches, c’est tout ce dont j’ai besoin. Rien que de voir leurs visages m’apporte du réconfort. Encore une fois, ils m’enveloppent d’amour et de soutien et je ne peux qu’être reconnaissante de les avoir. Je n’imagine pas comment je pourrais affronter tout ça, sans eux.

Après le repas, je me lance dans mes projets de couture. Et je laisse défiler le temps indéfiniment. J’ai besoin d’être distraite et de fuir un peu cette réalité peu réjouissante. Je ne broie pas spécialement du noir mais je sens qu’une instabilité émotionnelle est présente. Et je pense que c’est normal. Elle m’enlace et je me laisse faire. Je sais que ça fait parti du processus.

En fin de journée, j’ai besoin d’étirer ce corps qu’est le mien. Je me suis beaucoup crispée. Je passe rapidement par mon tapis de yoga et une fois que j’ai terminé, je me mets à écrire.

Étrangement, je n’ai pas les mots. Comme si je voulais fuir la confrontation. Et puis, comme j’ai cousu toute l’après-midi, mes mains sont usées. Je griffonne mes idées et abandonne d’y mettre la forme.

Pour m’endormir, je me réfugie dans la lecture. Elle me permet de ne pas trop ruminer et de sombrer dans le sommeil avec la certitude qu’au font, tout va bien.

Jour 44

Photo de Ivan Bertolazzi sur Pexels.com

J’émerge en douceur. En un clin d’oeil, je suis sur le sol, prête à suivre la séance de yoga. Je tais les appréhensions d’hier pour laisser un espace neutre pour pratiquer. Ouvrir le champ des possibles. Ma respiration est profonde. Les gestes dictés sont lents et précis. Je me retrouve parfois en difficultés. J’avise, je compose et me dépasse. Je vais au delà des limites tristement imposées par la maladie. La session s’achève plus vite que je ne l’aurais pensé.

Je me sens réveillée, prête à vivre ce jour.

Dehors, la neige tient encore. Elle tend à disparaître mais elle aussi, elle persévère. Le ciel est uniformément gris clair. Malgré le manque de soleil apparent, c’est lumineux. Sur mon balcon, l’eau s’est figée. Elle témoigne du froid qui règne.

Après un petit déjeuner savoureux, je m’installe sous un plaid, dans le canapé. La créativité démange mes doigts. Mes doigts se déplacent en cadence. J’écris. J’analyse mes pensées et je décortique ma vie. Je repense ma vie durant quelques heures.

Je me sens sereine.

Plus tard, je m’en vais en cuisine me préparer un repas. Tout en cuisinant, je me fais une réflexion.

Ces dernières semaines, j’ai réussi à prendre le temps pour écrire, pour bouger. J’ai réussi chaque jour à me centrer un peu plus sur mes sensations et mes besoins. Cependant, je suis passée à côté d’un point essentiel. L’alimentation. Mon rapport à celle-ci est très fluctuant. J’apprécie cuisiner et j’aime déguster. Mon panel d’aliment est un peu (doux euphémisme) restreint dû à ma santé. Avec tout ça, j’ai réussi à garder mon appétit. Pourtant, je m’aperçois que certains jours, je néglige de m’alimenter. Loin de moi l’idée d’un régime ou d’une restriction. J’ai parfois tellement consacré d’énergie aux autres activités que lorsque je dois préparer à manger, je suis au point mort. Mon estomac est si vide qu’il ne me permet pas de passer une heure derrière les fourneaux. Ne pouvant pas manger de tout ce que je veux, je ne peux pas non plus jeter mon dévolu sur un plat rapide et satisfaisant. Je suis coincée et je me retrouve à manger un peu n’importe comment. Souvent pas assez. Je ne parle pas non plus de la qualité des aliments, je ne diabolise aucun d’entre eux. Je ne suis pas à la recherche d’une alimentation plus saine ou que sais-je. J’ai besoin d’instaurer une régularité. Aussi ridicule que cela puisse paraître. Il faut absolument que je prenne ce temps pour me préparer plusieurs repas par jour. Je me rends bien compte que je ne peux pas carburer de vide et que je n’arrive pas non plus à me rassasier de ce que je peux attraper dans mon armoire. Je sais que j’ai beaucoup délaisser ma cuisine lorsque j’étais au plus bas et je sais aussi, qu’il m’arrivera encore de ne pas avoir la force. Mais le reste du temps, il faut que je fournisse la meilleure énergie pour mon corps. Il faut que je me rendes ce service. Je viens même à songer que peut-être je devrais créer une rubrique sur le blog, dédiée à mes plats. Afin d’avoir toujours un endroit où voir que j’ai été capable de m’alimenter, de prendre le temps et aussi de m’auto-inspirer.

Mon plat est prêt. Je range tous les songes dans un coin et savoure ce repas. Je suis un peu décalée, il est l’heure conventionnelle du goûter. Ça n’a finalement aucune importance. Je ne dois pas me laisser influencer par les idées préconçues.

Après la vaisselle, je décide de noter mes réflexions. Je me sens libérée d’avoir fait ce constat et j’ai l’impression d’avoir déjà accompli un pas considérable vers le mieux. Le temps que j’achève mon article, il fait déjà nuit.

L’obscurité m’appelle. J’ai profondément besoin d’aller prendre l’air et de dégourdir mes jambes. J’enfile plusieurs couches de vêtements chauds et me sens prête. Je m’éloigne de mon quartier. J’ai besoin de découvrir d’autres horizons. Mes pas m’amènent jusqu’au bord du lac. Cette étendue d’eau me ressource de manière infinie et mystérieuse. De nuit, l’eau est sombre et permet aux lumières de briller à sa surface. C’est joli. Les quais sont quasiment vides. Et plus je m’en éloigne, plus les rues sont désertes. Je passe sous un gigantesque conifère. Je n’y avais jamais prêté attention, pourtant, il est magistral. Je m’arrête quelques secondes pour l’observer. Le froid me rattrape et me pousse à avancer. Je rentre.

Lorsque je me glisse dans mon lit, sournoise, les douleurs s’invitent. Elles décident de me chanter une berceuse contre-productive. Je cherche le moyen de ne pas les écouter. Je me lève et me recouche. Heureusement, au bout d’une heure, le sommeil l’emporte. C’est tout de même une belle nuit pour être en vie.

Jour 12

La matinée passe avec une rapidité dont je n’ai pas l’habitude. J’abats une quantité de travail plus vite qu’à l’accoutumée. Il y a quelque mois, j’aurais pris peur devant la liste de choses à faire. Ce matin, tout me paraît réalisable. L’énergie jaillit à l’infini. Je remarque que je n’ai pas eu ce sentiment depuis longtemps. J’éprouve de la fierté d’être aussi prolifique.

Avant les douze coups de midi, je me change et retrouve Adriene. Elle me propose une pratique douce, au sol. J’ai un peu de mal à focaliser sur l’instant présent. Mes pensées vont de mon inspiration puis se perdent avant d’atteindre l’expiration. Dans ma tête, le reste de mon planning me tourmente. J’ai peur d’être en retard. L’emprise du temps qui passe ne me lâche pas dans cet exercice. C’est aussi ça, le yoga. Ce n’est pas toujours simple de créer cette bulle. Je prends cette session comme un apprentissage de plus pour l’avenir.

L’après-midi, je me rends à mes rendez-vous puis, en rentrant, je m’arrête au bord du lac. Je flâne sans réellement savoir combien de temps durera cette balade. Le vent est levé mais il ne m’abattra pas. J’immortalise la beauté du lieu et range mes doigts au chaud. Les rochers de la digue sont unis et solide. Je m’inspire d’eux. Je me sens mentalement forte et incassable.

Au loin, un homme se baigne dans l’eau glacée. J’admire sa démarche et l’espace d’une minute, j’aimerais me lancer. L’instant de folie passe puis je me questionne. Vit-on vraiment la même réalité? Il fait sacrément froid. Mon étonnement et moi continuons d’avancer. L’horizon est gris, mon esprit est clair. Mes poumons s’emplissent d’un doux bonheur.

Je passe le pas de porte et la nuit tombe. Mon esprit est apaisé et mon corps est épuisé. Finir la journée s’annonce compliqué.

Une personne qui m’est proche m’apporte une surprise. Je suis touchée et l’espace d’un temps, j’oublie la souffrance. L’amour de mon entourage a un pouvoir sans limite, à l’instar de mon corps. J’ai des décharges dans les mains et envie de vous écrire. Je me munis de mon ordinateur puis me rends compte que ça n’en vaut pas la peine. Je dois savoir faire la part des choses et accepter lorsque ce n’est pas possible. Je vais me reposer et j’écrirais de plus belle, demain.

Jour 11

Je me réveille avec facilité et me retrouve très vite devant la fenêtre. Dehors, le paysage a changé. Les bâtiments sont les mêmes, dans la forme, pourtant, un détail attire mon oeil. Les toitures sont blanches. J’observe attentivement la ville et les campagnes environnantes. Un émerveillement naît en moi. De la neige pour un premier décembre, je trouve ça phénoménal. Il est encore tôt lorsque j’observe cet or blanc et je profite d’enregistrer ces images dans ma mémoire. J’ai conscience de l’éphémérité de cette première tombée. Dans une poignée d’heures, les trottoirs seront simplement mouillés. Il ne restera aucune trace de cette magie de la nature.

La tête remplie d’image poétique, je me rends au travail. C’est une courte journée qui se déroule bien.

En rentrant, je m’installe pour écrire. Je transpose les mots sur le vécu d’hier avec aisance. La journée a été tellement marquante par ces difficultés que je ne peux les oublier si facilement. Ma créativité jaillit sans peine et me satisfait.

En dernière partie de journée, je retrouve mon rendez-vous quotidien. J’allume une bougie, déroule le tapis et enfile des vêtements confortables. Cette nouvelle habitude s’encre chaque jour un peu plus dans ma vie. Aujourd’hui, j’ai l’impression que mes intestins sont noués. J’ai dû mal ranger tous ces tuyaux en me levant ce matin. Cela procure une résistance dans mes inspirations et surtout à l’expiration. Je force du mieux que je peux pour tenter de dénouer ce sac de noeuds. Je suis tellement focalisée sur ma respiration que je note à peine les tremblements dans mes cuisses. Ce moment de yoga centré sur mes sensations passe toujours plus vite.

Cette nuit, je m’endors accomplie de ce quotidien rassurant et nourrissant.

Jour 10

Photo de Pixabay sur Pexels.com

J’entame la semaine des dernières fois. Au travail, à chaque geste, je conscientise que c’est le dernier dans son genre. Une ultime ligne droite qui a un goût particulier. Je veux donner le meilleur de ma personne, si bien que je ne fais pas les choses à moitié. J’apprécie offrir cette qualité de travail qui me qualifie, pourtant, le revers de la médaille m’attend déjà.

Je rejoins mon chez moi, chargée. Dans ma tête, un marteau bat la mesure contre une enclume, frappant au passage mon esprit. Mon corps pèse plus lourd qu’à l’accoutumée et mes jambes sont tristement crispées.

J’ai patienté toute la journée pour rejoindre ma natte de yoga. Le chemin va être sinueux jusque-là.

Une lutte débute. Mes douleurs sont non-négociables. Elles imposent leurs convictions et leur rythme. Une décharge de fatigue finit par m’achever. Je lâche mes espoirs et m’allonge. Je ferme les paupières. Un bal de cogitations commence. Je comprends l’importance du repos. Parfois, sans le savoir, je l’ai trop appliqué. A la différence d’une sorte de flemmardise, ces derniers mois, j’étais en pause. Comme si le repos allait changer quelque chose à mes atteintes. J’ai beau savoir que c’est incurable, mon inconscient continue d’y croire.

J’ouvre les paupières. Un choix se pose devant mes yeux. Soit, je reste allongée et ma journée aura ressemblé à du travail puis du sommeil; soit, je me lève et entreprend de faire une activité pour mon plaisir. J’accepte rapidement la seconde solution. Soulager mes douleurs par le repos n’est pas suffisant. Je dois aussi préserver mon mental de ce repos. Aujourd’hui, ma santé morale prime sur ma forme physique qui ne changera pas.

Je m’asseye sur le tapis et je m’aperçois que la vidéo annonce une durée de trente-six minutes. Ma motivation étant déjà fortement impacté, décidément, ça ne s’arrange pas. Un commentaire atteste ne pas avoir vu le temps passer. J’appuie sur play pour me faire ma propre idée. Je suis concentrée sur ma respiration et mes postures. Je vérifie les alignements. Je prends note de mes ressentis. L’énergie parcoure mon corps de part en part. J’observe avec indulgence mes difficultés.

Je dois admettre qu’il avait raison. Je n’ai pas vu une seconde défiler. Ce moment est hors du temps, au delà de mon corps.

Après la session, je suis mentalement nourrie. Malheureusement, au moment où je reprends entièrement possession de mon enveloppe corporelle, les afflictions reviennent avec. La lutte reprend. L’envie de m’enterrer dans l’inaction me saisit encore plus fort qu’auparavant. Je reste allongée sur le sol. J’attends que le temps passe, dans cet inconfort. L’idée d’un bain ainsi que de ses bénéfices me font de l’oeil. Je perds un temps fou à me lever. Présentement, il m’est difficile de célébrer la lenteur. Elle m’est imposée et ça ne me plaît pas.

Après ce bain, je me félicite de m’être autant fait violence. Une épaisse couverture m’abrite, dans le canapé. Je suis en lieu sûr pour écrire. Il m’est difficile de rédiger l’article. Le thème ne coïncide pas avec mon humeur. Une rage bouillonne au creux de mon estomac. Ces dernières vingt-quatre heures, je n’ai pas cessé de lutter pour aller au bout de mes envies. Malgré tout, je constate que je n’ai pas abandonné. Je n’ai pas dit mon dernier mot.