Jour 90 – Mots en bernes

C’est une journée du quotidien. Humeur joyeuse et bon repas. Odeur de lessive et de gaufre. Moments avec des être chers et rêverie d’avenir. Simplicité de vivre, de rire et de bouger. Les douleurs en sourdine, la marche près du lac. Le soleil brille à m’en faire plisser les yeux. Un brin d’écriture, minuscule et du yoga pour étirer mes pensées.

Et un cliché pour résumé cette douce journée.

Jour 77 – Les petites victoires

Photo de JorgeArturo Andrade sur Pexels.com

Ce matin, le réveil s’avère un peu amer. Une nuit mouvementée, pleine de douleurs vient de s’écouler. Heureusement, elle est finie et je peux me lever.

Dans mon brouillard, je me rends sur mon tapis de yoga. Je me tiens debout, sans grande conviction. Je ne remarque même pas quelle météo, il fait dehors. Je m’aperçois que ma pratique ne sera pas comme d’habitude. Alors, je viens simplement étirer mes membres, doucement. Je fais deux salutations au soleil, très lente et je m’accorde le droit de me dire que c’est suffisant pour aujourd’hui.

Dans mon planning du jour, c’est bricolage ce matin. Je continue sur ma lancée de me réapproprier l’endroit où je vis et de modifier tout ce que j’ai toujours souhaité, sans jamais le faire. Aujourd’hui avec l’aide de mes proches, nous installons un bureau d’appoint dans la chambre. Quelle drôle d’époque nous vivons, où le télétravail se fait presque de manière obligatoire. L’aménagement de cet espace ne sera donc pas de trop.

Une fois le travail terminé, je file en cuisine afin de préparer un plat chaud et réconfortant. Après tous les efforts fournis, ça ne fait pas de mal.

L’après-midi, je ressens le besoin de dormir mais je ne m’écoute pas. J’aimerais me débarrasser de deux-trois obligations. Au lieu de ça, je vais faire un peu de paperasse, histoire de pouvoir profiter du week-end qui s’approche sereinement.

Finalement, je suis plus efficace que je ne le pensais. Et la fatigue est passée.

Je dois aller poster une lettre et je pourrais enfin me poser. J’enfile mes chaussures et sors de chez moi. Chaque pas est déposé au sol de manière consciencieuse. En revenant vers la maison, une idée folle me traverse l’esprit. Et si je prenais les escaliers. Cela fait plus d’une année que je ne les ai pas pris, au vu de ma santé. Je tente l’aventure. Les premiers étages, et ils sont nombreux, me semblent faciles. Je prends le soin de conscientiser chaque levée de jambe et de bien mobiliser mes muscles. J’inspire et expire l’air comme lors de mes pratiques de yoga et je m’encourage mentalement. Mon coeur s’accélère, me demandant qu’elle folie je suis entrain d’accomplir. Je le rassure et tiens bon même si je ne sais plus à quel étage je suis. Peut importe, tant que je ne suis pas devant ma porte, je ne m’arrêterais pas. Et ce qui devait arriver arriva. Mon paillasson est là, m’attendant sagement. C’est un acte si simple et banal mais dans ma bouche, ça a un goût de victoire.

Pour remercier mon corps, je vais me préparer une tisane, me mettre en pyjama et c’est le moment pour moi d’aller m’installer confortablement. Ce soir, je passe ma soirée dans la légèreté, je sors les jeux vidéos et m’amuse.

Je m’endors avec la certitude que chaque jour renferme mille victoires.

Jour 70 – Météo changeante

Aujourd’hui, la banalité du quotidien me rattrape. J’ai de la lessive à faire et c’est l’activité qui va rythmer ma matinée.

Entre chaque minuterie pour descendre à la buanderie, je m’active. Pendant que la machine tourne, je profite pour avancer de la paperasse, que j’ai repoussé jusqu’à maintenant. Puis, je reprends l’écriture. Je ne cesse d’être coupée par la sonnerie me rappelant d’aller lancer une autre machine. Suspendre le linge est un défi physique, je tente de m’occuper l’esprit par un peu de musique. Et ainsi, la matinée défile, entre écriture et le linge propre.

La satisfaction d’accomplir des choses si simples, me nourrit. La satisfaction d’en être capable.

Je n’ai pas encore pu faire ma séance de yoga et je dois admettre qu’à chaque fois que je croise mon tapis du regard, je ressens un pincement. Ne pas avoir pratiqué dès le réveil me manque.

Lors du repas de midi, la lessive n’est toujours pas finie. J’attends d’avoir pleinement achevé cette corvée pour pouvoir passer à une activité plus récréative.

Dehors, depuis ce matin, les éléments se déchainent. J’ai eu l’occasion de les observer. Il y a eu la brume matinale puis la pluie battante et en continu, le vent balaie l’horizon. Les rafales sont si fortes que j’entends le sifflement continuel. Par moment, le soleil perce les nuages et j’ai même pu apercevoir un morceau de ciel bleu. De courte durée car le vent s’affaire à ne laisser aucune chance à une météo stable. Il règne en maître sur cette journée humide. Au loin, je devine les moutons sur le lac, la mousse blanche produite par les mouvements incessants des vagues. La couleur de l’eau est disparate. Par endroit, elle se veut bleu foncée et à d’autre, elle va du vert gris au vert fougère, intense. Certaines côtes sont brunie. Ce tableau insuffle en moi l’envie d’aller braver le froid.

Lorsque la machine se termine enfin, je suis dans un état approximatif. Je suis heureuse d’être parvenue au bout de ma corvée mais je suis frustrée de m’apercevoir que j’ai des douleurs fracassantes. Elles partent de la pulpe de mes doigts pour atteindre mes épaules et descendre au centre de mon dos. Depuis le réveil, c’est l’escalade douloureuse. J’ai tenté de l’ignorer mais en me rendant sur mon tapis, je suis heureuse d’y arriver mais je suis fâchée d’être dans un état aussi inconfortable que celui-ci. En posant la plante de mes pieds sur le tapis, je suis pessimiste sur mes capacités. Je me dis que la douleurs remplacera le bien-être et que ma séance est déjà gâchée. Et doucement, je m’encre dans la pratique, les postures et ma respiration. Et sans m’en apercevoir, je ne ressens plus rien de négatif. Je suis dans un espace différent. Il est protecteur, bienveillant et puissant. La magie a opéré et je m’en aperçois d’autant plus, lors de ma dernière expiration, avant d’ouvrir les yeux.

Je décide d’aller profiter de prendre l’air. Je m’habille et me lance dans la rue, sans destination précise. Comme d’habitude, la pluie en plus. À la différence que cette fois-ci, je regrette très vite d’être dehors. La douleur reprend plus vivement, ainsi que la fatigue. J’ai l’impression que mon corps entier me tire vivement vers le sol. Comme si la gravité était soudainement plus forte pour moi. Et la frustration revient. Je suis déçue de n’avoir pas pu profiter d’aller dehors lorsque j’avais de l’énergie. Je suis fâchée d’être contrainte de souffrir. Je ne trouve plus l’intérêt d’être dehors. Alors, je fais marche arrière, complètement désemparée par toutes les émotions envahissantes.

Et pendant que mes pensées s’enfonçent plus profondément dans une spirale déprimante de complainte, d’agacement et de déception, quelque chose attire mon oeil. Sur le trottoir mouillé, appuyé contre le poteau, un gros caillou. Il me surprend car d’habitude, il n’y a pas de caillou sur ce trottoir. D’autant plus qu’il est d’une belle taille et je me demande donc comment il est arrivé-là. Plus je m’en approche, plus je m’aperçois qu’il y a autre chose d’étrange. Arrivée à sa hauteur, je marque un arrêt et observe.

Fantastique

Et soudainement, je me mets à penser que c’est un signe de l’univers. Je m’imagine que le destin a décidé de me remonter le moral. Comme si le destin voulait que je n’oublie pas que la vie, malgré tout, c’est fantastique.

Je souris.

Je continue ma route, le coeur plus léger et acceptant de devoir rentrer pour me reposer. Cette fois, je ne suis plus fâchée. Quelques mètres plus loin, je trouve une autre pierre.

Formidable

Je marque encore une fois un arrêt, avec la curiosité de lire le mot. J’ai l’impression de participer par hasard, à un jeu. C’est formidable et je suis émerveillée par la magie de ce moment.

Magique

Et au troisième et dernier caillou que je rencontre, je suis reconnaissante envers la personne qui m’a fait vivre ce moment magique. Je ne pense pas que cette personne ait conscience qu’elle a fait basculer mes émotions et m’a allégé d’un poids. J’avais juste besoin d’un signe pour tout lâcher et pouvoir avancer vers mon bien-être. Alors, même si elle ne le saura jamais, je l’en remercie. Ces trois petits mots, si bien choisis, ont peint un doux sourire sur mon visage. Mais surtout, ces trois grosses pierres, m’ont fait réalisé que j’avais oublié d’apprécier le plus simple. Pendant quelques heures, je m’étais laissée happée par la négativité et je ne savais plus savourer toute la richesse de ma vie.

En rentrant, mes douleurs n’ont pas disparu. Elles sont si vivaces qu’elle me font douter. Comme si c’était pire que d’habitude et qu’au fond, je n’avais jamais vraiment eu mal. Pourtant, je sais que c’est faux. Déterminée à retrouver un peu de bonheur, j’enclenche le diffuseur et choisis un mélange d’huiles essentielles d’orange douce et de lavande. Dans cette ambiance parfumée et apaisante, je prends ma liseuse et m’allonge. Mon corps se relâche et je parviens à faire abstraction des sensations. Calme et réconfortée, c’est ainsi que je vais passer le reste de ma soirée.

Jour 66 – La forêt magique

Lorsque la sonnerie du réveil vient me chercher, je suis déjà éveillée. Je profite encore quelques instants de la chaleur enveloppante du lit et finis par me lever. D’un pas léger, je me dirige vers mon tapis de yoga. Avant de commencer la pratique, j’observe avec joie qu’il a neigé cette nuit. La ville est tapissée de blanc. J’enclenche la séquence et me mets en mouvement. J’analyse les sensations, je me sens forte. Ma respiration devient plus profonde et je cherche dans mes gestes, une certaine justesse. Cette manière de commencer la journée me permet de réellement prendre conscience de mon corps et de son pouvoir. C’est confiante que je quitte mon tapis.

Après le petit déjeuner, j’attaque la partie administrative de mes obligations. Plus vite c’est fait, plus vite je fais autre chose. Et étonnamment, je balaie ça plus rapidement que je ne l’aurais imaginé.

Ensuite, je décide d’écrire. Assise à mon bureau, une douleur dans le bas du dos se fait de plus en plus insistante. Au départ, je tente de l’ignorer. Puis, je songe à aller marcher car peut-être ça pourra débloquer ce point de tension. Je jette un oeil à travers la fenêtre et m’attarde sur la météo. La neige a repris et l’horizon est brumeux. Par moment, ce sont de gros flocons et à d’autres, presque de la grêle. Je vois les branches de mes plantes vaciller au gré du vent et j’imagine le froid qu’il doit faire. Pour le moment, j’abandonne l’idée de mettre mon nez dehors. Alors pour pouvoir continuer à écrire, je surélève mon bureau et ainsi, j’écris debout. Peu à peu, la tension s’atténue et moi, je peux continuer à profiter de poser les mots.

L’heure du repas me sort de mon texte pour aller préparer à manger. Et puis je passe à table.

L’après-midi, je fais un peu de couture. Je mets la musique et mes doigts s’activent sur le tissus. Je manie l’aiguille et les épingles délicatement et avance ainsi, doucement dans mes projets créatifs. Je suis complètement immergée dans ce moment où mes mains sont occupées et mon esprit est plongé dans un espace sans pensées. Par moment, je fredonne avec la musique. Plus d’une heure s’est écoulée lorsque je lève le nez. À la fenêtre, l’horizon s’est éclairci. Je saisis ma chance. Je prépare un thé, enfile mes bottes de neige et m’enveloppe dans des habits chauds. C’est parti pour l’aventure car j’ai besoin de nature.

Je me dirige vers la forêt la plus proche. A l’orée du bois, je ressens une sorte d’excitation. Le soleil illumine pleinement mon visage tandis que les arbres sont entièrement recouvert de blanc. Tout ça me procure déjà beaucoup de joie.

Le chemin que j’emprunte débute par des escaliers, glacés et enneigés. Chaque pas est un défi à part entière.

Arrivée au sommet, la forêt s’ouvre à moi, comme un cadeau. À cette heure-ci, je suis seule et ce n’est pas pour me déplaire. Il y a une ambiance magique qui se dégage. Le son de la neige qui craquette sous mes pas de velours m’émerveille.

Et le soleil qui tente de m’apercevoir entre les arbres, c’est irréel.

J’évolue dans cette environnement froid, m’arrêtant, ça et là pour observer ce que la nature a à me proposer.

Plus loin, j’atteins un point culminant duquel j’aperçois le lac, timidement. Il est loin mais de son oeil brillant, il m’attire. Je monte sur un tronc enneigé pour mieux pouvoir le contempler. De mon perchoir, j’observe aussi la ville. D’ici, elle paraît calme, en ce milieu d’après-midi. Pourtant, je sais pertinemment qu’elle grouille.

Puis, le froid me surprend et je me remets donc en mouvement. Je profite d’emmagasiner le plus d’air frais possible, comme pour en faire des stocks, près de mes poumons. Et lorsqu’il est temps, je rebrousse chemin. Je repasse sur mes traces et fais mes adieux à ce lieu, si précieux.

C’est avec un sourire permanent que j’arrive à la maison. Je me prépare un thé, pour réchauffer mon corps et vais m’installer confortablement dans le canapé. Naturellement, je saisis mon livre, sentant que c’est le moment propice pour continuer de dévorer ce roman. Et rapidement, je me plonge dans l’histoire. Je reste ainsi jusqu’à ce que le soleil se couche et plus encore.

Après le repas, je savoure encore cette journée. Malgré mes yeux piquants de fatigue ainsi que mon corps, brulant de douleurs, je ne peux m’empêcher d’être particulièrement heureuse et reconnaissante. Sereine, je m’endors.

Jour 64 – Le vent tourne

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Ce matin, je me sens nouvelle. Je me réveille, un peu plus légère que la veille et fonce vers mon tapis de yoga. Je pratique de manière fluide et sans difficulté. Je respire et accueille à plein poumon, cet air de bien-être.

Dehors, le ciel est plutôt clair et dégagé. Le soleil, lui, habille les façades de sa luminosité joyeuse. C’est un beau matin. Il y a un long nuage, étroit, d’un gris détonnant. Il longe l’horizon d’un bout à l’autre. En l’observant, j’aperçois même le mouvement donné par le vent. Il s’active.

Alors, je décide d’en faire de même car si ce n’est pas maintenant, ça ne sera jamais le cas. Je me prépare vite vite et vais faire une petite marche. Au loin, j’aperçois le sommet des montagnes enneigées. L’air est particulièrement glacé et me picote les joues. Je ne ressens pas spécialement de douleurs et je savoure ces instants. La balade est courte mais efficace.

En rentrant, je m’aperçois que j’ai égaré mon énergie en promenade. Je suis lessivée. Pour midi, je grignote plusieurs petites choses. Je ne sais pas réellement de quoi j’ai besoin ou envie si ce n’est d’avoir un peu d’énergie. Je sais pertinemment que ça fait partie du processus de mes crises pourtant, aujourd’hui, je ne peux m’empêcher par petit moment de me dire, que ça fait un peu long. Je passe plus de temps à décider ce que je pourrais faire qu’à faire. Et finalement, je ne fais pas grand chose car je comprends, que j’ai besoin de ne rien faire. Le lâcher prise est un apprentissage quotidien. Je me console en repensant à l’air frais, de ce matin.

En milieu d’après-midi, je me décide à aller prendre une douche et celle-ci m’apporte un brin de réconfort. C’est en sortant de la salle de bain que je me mets à écrire. Les mots n’ont jamais été si difficiles à sortir et si peu inspirés. Mais je n’abandonne pas mon idée. C’est important pour moi de relater les moments de joies et leurs contraires. En soit, je ne suis pas spécialement malheureuse mais vivement que ça passe.

La météo a radicalement changé. Désormais, le ciel est nappé de gris clair et la pluie recouvre mes vitres. La lumière s’atténue jusqu’à laisser place à l’obscurité.

Ce soir, je partage mon repas avec mes proches. Je tente de faire bonne figure, de ne montrer que le meilleur de moi-même. Entourée, je profite de grappiller un peu de leur vitalité et de leur chaleur. Ils m’enrobent d’amour, de rires et pendant quelques heures, ils me permettent d’oublier.

Dans mon lit, je m’endors plus vite que jamais.

Jour 62 – Ainsi va la vie

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J’ouvre les paupières et autour de moi, la pièce se met à tourner. Je me sens épuisée et ce n’est pas ce que j’attendais après une nuit de sommeil. Malgré la fatigue, je ne réussis pas à retrouver le chemin vers l’endormissement. Dans mes jambes, c’est actif et désagréable. Résignée, je me mets à la verticale, ayant l’impression qu’au creux de mon ventre, c’est une mer agitée qui se déchaine et que sous mes pieds, le sol est prêt à se dérober à tout instant.

Je me prépare une tisane, espérant qu’elle me soulagera. Finalement, a part la chaleur, elle ne m’apporte rien d’autre. Je vais dans le salon et d’un oeil triste, je regarde le tapis de yoga. Je sais à quel point, lorsque ça ne va pas, pratiquer m’aide. Cependant, j’ai l’impression d’être noyée dans toutes les sensations désagréables que mon corps m’envoie. Je prends la décision de garder la séance pour plus tard.

Je m’habille et comme pour conjurer le sort, je me motive à sortir. Je me dis qu’une bouffée d’air frais pourrait m’apporter un peu de réconfort. A chaque mouvement, je ressens le besoin de m’asseoir à nouveau. Entre ma tête alourdie, mes yeux piquants et cette faiblesse générale qui m’accapare, tout en saupoudrant le tout d’une douleur vive dans les jambes, c’est le lot gagnant. C’est habillée, les chaussures aux pieds que j’abandonne. Un peu déçue mais complètement d’accord que tout ce qu’il me reste à faire, c’est le repos.

Alors je m’installe et prend le temps d’écrire. C’est un peu difficile car les mots sont là mais je fais preuve d’une lenteur incroyable. Tant pis, ça me prendra le temps que ça doit me prendre.

A la fin de ce moment, je me motive à aller rejoindre Adriene. Le hasard fait bien les choses car la séance d’aujourd’hui s’appelle Pause et j’ai justement l’impression d’être sur pause. Je centre alors ma concentration sur ma respiration avec les exercices proposés. Doucement, la nausée qui me collait s’atténue. Je suis heureuse d’avoir ce moment de répit.

Le reste de la journée se résume a voir le temps passer. Je n’ai pas la force de bouger ou de faire quoi que ce soit. Je végète. Lorsque je me décide parfois à me lever, mon pouls s’accélère et me fait regretter. Alors, je me couche à nouveau. Je ne ressens pas spécialement d’émotion positive ou négative. Et ainsi, l’après-midi passe.

Vient le coucher du soleil, pour me rappeler une certaine temporalité. Et avec ce rappel, mon appétit endormi s’éveille. Je m’alimente enfin, pour de vrai.

Le soir, je décide de regarder quelque chose et je tombe sur Le guide Headspace de la méditation sur Netflix. Une série proposant de se familiariser avec la méditation et ses techniques. Je me laisse tenter, même si je pratique déjà, en me disant que ça ne me fera pas de mal. Et je ne me suis pas trompée, ce court laps de temps me permet de me relaxer d’autant plus. Et sur cette détente, je décide d’aller me coucher. Je suis fatiguée d’être fatiguée mais je ne peux me languir de ce que demain peut me réserver.

PS: Je me décide à mettre des titres à côté des jours, vous en pensez quoi?

Jour 61 – Savourer

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Le réveil sonne et pour ne pas changer une équipe qui gagne, mon corps endormi et moi-même, nous nous rendons sur le tapis de yoga. Dehors, le soleil se lève, timidement. Je me sens à l’aise dans mes mouvements, ils sont fluides et je parviens à faire le vide de plus en plus rapidement. Arrive une posture me demandant, si j’en ai l’envie et la possibilité, de me mettre sur la pointe des pieds. Et sans m’en apercevoir, je me lance. Certes, je ne peux pas tenir la posture, j’y accède tout juste mais j’ai essayé. Ce n’est qu’à la fin de la pratique que je m’en rends compte. Pour remettre un peu de contexte, il y a un an, me mettre sur la pointe des pieds, pour attraper quelque chose, par exemple, c’était inenvisageable. J’étais trop faible, et cela impliquait une souffrance sans limite. Il y a deux mois, me mettre sur la pointe des pieds, j’y pensais quinze fois et puis je me disais que c’était mieux pas, je n’en étais pas capable. Et voilà que désormais, il n’y plus de limites. Alors, la douleur est toujours là mais j’ose enfin la défier. Et j’avoue, j’ai eu mal mais rien d’insurmontable. C’est une petite victoire pour entamer une belle journée.

La matinée passe à une allure folle. J’enchaîne entre les rendez-vous et les petites choses à faire. Je me déplace avec facilité et détermination. Et dans mes pensées, je ressens une profonde gratitude d’arriver à jongler avec autant de choses dans un laps de temps si restreint. J’avais accepté cette nouvelle vie, faites de choix et de contraintes en me contentant du plus important. Cependant, c’est un bonheur sans fin de pouvoir vivre un peu plus, comme avant. Je suis très lucide malgré tout, je sais que rien est acquis et que demain est un autre jour. Alors je savoure aujourd’hui.

Aujourd’hui, je savoure le repas que j’ai eu du plaisir à réfléchir, me procurer les ingrédients puis concocter.

Aujourd’hui, je savoure le rayon de soleil qui me salue, simplement.

Aujourd’hui, je savoure lorsque mes doigts défilent sur le clavier, laissant une trace de cette folle aventure qu’est la vie.

Aujourd’hui, je savoure chaque mouvement, peut importe la douleur.

Aujourd’hui, je savoure d’arriver à remplir mes obligations sans me laisser déborder par le stress de l’inconnu.

Aujourd’hui, je savoure les moments de repos que je m’octroie, sans les voir comme une punition.

Aujourd’hui, je savoure les instants passés avec mes proches, entre confessions et paroles légères.

Aujourd’hui, je savoure cette fatigue dont je connais la cause et que j’accueille avec joie.

Aujourd’hui, c’était une belle journée pour savourer le goût de la vie.

Jour 60 – Au bon endroit, au bon moment

Se frayant un chemin entre les bâtiments puis les arbres, le soleil parvint tout de même à atteindre mon front pour y déposer l’un de ses doux rayons.

Je sors du sommeil paisiblement. La nuit fut longue et favorable. Et c’est revigorée que je me lève et avance vers mon tapis. Comme je le disais hier, je n’attends que ça, dès mon réveil.

La voix d’Adriene fait désormais partie de mon quotidien et je l’écoute les yeux fermés. Elle guide mes gestes avec précisions et aujourd’hui encore, la séance se fait plus longue que la veille. Cette pratique commence en douceur et de manière insidieuse, des postures offrant plus de défis font leur apparition. Je les appréhende avec confiance et me lance, intrépide. Je n’ai pas peur d’échouer.

Après ma séance, une idée rôdait dans mon esprit depuis quelques semaines. J’ai envie de faire le tri dans mes vêtements, de me séparer de ce que je ne porte plus. Je m’exécute.

Vers midi, les choses avancent et je décrète le besoin d’une pause.

Je me prépare un repas et profite de ce moment de calme pour reprendre des forces.

Ensuite, je continue le rangement. C’est physique. Déplacer les tas de vêtement, me baisser souvent, je le sens, ce n’est pas simple. Je persévère car faire le tri m’apporteras un espace de liberté dans mon organisation qui ne sera pas de refus. Pourtant, vers quatre heure, j’observe le soleil brillant, à travers la fenêtre. Je me sens fatiguée au point de dormir mais je n’en ai pas envie. J’aimerais arriver au bout de ma quête. Je ne fais que de m’asseoir et je suis au point mort. Alors pour conjurer le sort et me remotiver, je décide de m’octroyer un moment plus fun.

Je vais dehors. Je reprends le même chemin qu’hier, voulant découvrir les possibilités. Dans le parc, le soleil vient me chatouiller, en passant entre les arbres. Je le prends comme une confirmation de l’univers, je suis au bon endroit, au bon moment. Cette pause de nature est ce dont j’avais besoin. J’immortalise le moment.

Puis je rentre, d’un pas décidé à finir ce que j’ai commencé. Aussitôt je passe la porte que je finis le rangement de mes armoires. Puis je remplis des sacs d’habits à donner, ils rendront quelqu’un d’autre plus heureux que moi et pour les vêtements trop usés, je les mets dans ma boite à couture.

J’ai mérité de pouvoir aller me poser un petit moment. Je décide d’utiliser ce temps pour l’écriture. En fond musicale, je mets du Chopin, c’est un de mes compositeurs préférés. Les mots défilent presque en rythme. Plongée dans ma bulle, je ne vois pas le temps qui défile et c’est mon estomac qui me rappelle à l’ordre. Les gargouillis sont vifs et autoritaires. Alors, je me plis à la demande vitale et me dirige vers la cuisine pour me sustenter.

Plus tard, au moment d’aller me mettre au lit, j’aperçois une lueur vive à travers la fenêtre. Une demie lune est suspendu juste en dessus de la pointe la plus haute de la cathédrale. Elle rayonne dans l’obscurité, offrant sa beauté à quiconque souhaiterait l’observer. Je vole cet instant à la nuit et vais me coucher, le coeur léger.

Jour 59 – Le yoga, cet allié quotidien

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Je me lève d’un pas décidé. Rapidement, la tisane matinale se retrouve dans mes mains et tout aussi vite, je suis sur mon tapis de yoga. J’aperçois que la séance s’allonge. Ce n’est qu’un peu plus de bonheur matinal. En posture finale du cadavre, j’observe et fait un bilan intérieur. Spoiler alert: c’est plutôt positif.

Je me rends réellement compte de mon évolution physique. Je me sens un peu plus équilibrée chaque jour et c’est un réel plaisir. Mes pathologies ne se sont pas éloignées, je ne vais pas mieux dans ce sens là. Pourtant, je suis totalement différente, depuis que j’ai pris cet engagement, de cultiver mon bonheur et de prendre pleinement soin de moi, des choses ont changés. Je me suis retrouvée, en mieux. Les soucis de la vie ne sont pas partis, ils n’ont pas changé d’un poil mais je suis plus forte, plus courageuse et plus heureuse. Alors parmi mes outils les plus récurrents, il y a inévitablement le yoga. D’ailleurs, B.K.S. Iyengar a dit que le yoga enseigne à soigner ce que l’on ne peut endurer, et à endurer ce que l’on ne peut soigner. Il est si juste dans ses mots. Au début, je me forçais un peu, pour me montrer sur ce rectangle gris, au milieu de mon salon. Désormais, je n’attends que ça, chaque jour. Et d’ailleurs, depuis quelque jours, le soir, j’hésite à pratiquer encore un peu. Ensuite, il y a l’écriture qui est aussi un moyen de me rendre compte de ce que je vis et d’en garder une trace. Un moment de calme et d’introspection dans l’agitation de ma journée. Et je m’investis de plus ne plus dans des activités créatives, que se soit la peinture ou la couture. Je prends aussi énormément de plaisir à cuisiner et à me nourrir. Je sors le plus possible, profiter de la nature ou de juste me dégourdir les pattes et je lis aussi plus régulièrement. Je dévore chaque seconde passée avec mes proches avec plus d’entrain et de gratitude qu’auparavant. Bref, voici tout ce qui, aujourd’hui, au cinquante-neuvième jour, compose ma douce vie.

Après ce moment introspectif, je m’en vais passer la matinée avec ma famille. C’est un moment suspendu, emplit de rires partagés et de sourires en coins.

Je rentre pour l’heure du repas, je m’active en cuisine et me prépare un petit plat. Après l’avoir savouré, je m’attaque à la vaisselle. Je me sens pleine d’énergie et j’ai envie de vite terminer tout ce que je dois faire pour pouvoir me consacrer à ce que je veux faire. Alors, je passe à l’étape administrative de ma journée. Je me débarrasse de la paperasse le plus vite possible. Je suis complètement concentrée et ainsi, j’arrive vite au bout.

Le soleil est de sortie aujourd’hui et je ressens le besoin impérieux d’aller respirer l’air glacial. J’enfile ma veste et sans réfléchir au chemin, j’avance. L’air est si sec que la peau de mes lèvres perd lentement en souplesse. Petit à petit, mes pas me guident vers un parc boisé, non loin de chez moi. Il est constitué de nombreux chemins, qui montent puis descendent et tournent dans tous les sens. J’entame une montée plutôt raide. Chaque fois que je pose le pied à terre, je mets toute ma conscience dans le mouvement et j’apporte à mes muscles des encouragements. Ensemble, nous avançons. Je sors du parc et continuer mon voyage vers des ruelles que je n’ai jamais emprunté. Je prends ce moment comme l’opportunité de cartographier, mentalement, un peu plus ma ville. J’observe les alentours. La lumière se tamise. Et lentement, je retombe sur une route que je connais. Me voilà en terrain connu, je peux désormais rentrer.

En arrivant à la maison, je prends un douche et vais m’installer dans mon lit. Je souhaite continuer ce fameux roman que je viens de commencer, il y a peu. Autour de moi, ça sent la lavande, propice à la détente. J’avance de quelques chapitres et me retient de continuer pour pouvoir aller écrire. Les mots viennent tout seuls, c’est magique.

Le soir, après le repas, il est à peine vingt heures passé que je m’installe sous la couette. Je me sens bien fatiguée et j’offre à mon corps l’opportunité méritée de se reposer. Le sommeil arrive sans mal.

Jour 58 – La simplicité est une source de bonheur inépuisable

Ce matin, lorsque je prends conscience de mon corps, ma première pensée me conduit devant la fenêtre. Je dois m’assurer que ma promesse a été tenue. La neige est là, quel soulagement. Durant la nuit, elle n’a pas fuit. Et la seconde bonne nouvelle, c’est que pour le moment, je me sens en pleine forme. Sûrement un effet de l’enthousiasme que je ressens à l’idée d’aller à l’extérieur.

Je croque dans un petit gâteau de la veille, prépare une tisane et file m’habiller. J’adore ressortir tous mes vêtements chauds. J’enfile les couches une à une et me voilà prête. Direction, la forêt.

Il fait plutôt gris, le soleil ne se montrera pas, je pense. Plus je m’approche de ma destination, plus la neige s’amasse. Tout est blanc et même le brouillard est de sortie. Sur la route, je ne vois plus que la voiture qui me précède et celle qui me suit. Autour, c’est le vide.

Arrivée dans la forêt, je ne sais plus où donner de la tête. La couche de neige est épaisse, les arbres sont majestueusement recouvert et la température caresse mes joues. Chaque pas que je fais produit un craquement, tendre. Je suis submergée par toutes cette beauté environnante. Elle m’émeut et me remplit de joie que je dois évacuer en sautillant dans l’or blanc. J’avance ainsi, entre marche et pas rapides joyeux. Avec mes gants, j’ose parfois toucher pour sentir la texture si particulière. C’est magique. Pendant ce temps, au centre de mon corps, une chaleur enveloppante se crée. C’est un instant de pur bonheur. J’arpente la forêt pendant plus d’une heure, au hasard. Chaque arbre est unique et l’envie de m’arrêter pour observer chacun d’entre eux me traverse. Mon côté aventureux lui, souhaite découvrir tous les chemins possibles. Alors j’alterne entre l’exploration et la contemplation.

Vient le moment de rentrer, la tête pleine de belles images et le coeur remplit d’allégresse.

En arrivant à la maison, je suis encore pleine d’énergie. Je profite d’elle pour aller me mettre sur mon tapis de yoga. Par tout hasard, cette séance n’est pas axée sur les mouvements mais plutôt la respiration. Ce n’est pas plus mal vu l’activité que j’ai fait ce matin. Cette opportunité de ralentir le rythme est un cadeau. J’ai l’impression d’expirer encore l’air précieux de la forêt. C’est un moment suspendu, enrichissant et lent.

À la fin de ma pratique, vient le moment de manger. Heureusement, j’ai gardé des restes de la veille. Rapide et satisfaisant.

En début d’après-midi, je décide de prendre le temps d’aller me faire couler un bain, afin de détendre mes muscles. Dans l’eau, je plonge dans les souvenirs de la matinée. Le sel d’Epsom apporte à mon corps ses propriétés décontractantes et relaxantes. Je me sens réellement bien.

En sortant du bain, l’envie de lire me saisit. Je m’installe confortablement et commence un nouveau roman. Et sans l’avoir vu venir, mes paupières commencent à se clore. Je donne ma permission, repos accordé.

À mon réveil, je me sens plus paisible que jamais. Cette sieste a été douce et onctueuse.

La nuit commence à tomber. Je profite de lire encore quelques instants. Soudainement, mon récit est coupé par une pensée. Et si j’allais écrire? Je m’exécute. Et doucement, de petites ondes électriques s’installent dans ma mains droite. Je tente de la bouger le moins possible tout en continuant à écrire. J’ai envie d’arriver au bout de mon article. Et je ne laisserais rien entacher cette merveilleuse journée.

En allant me coucher, une bonne fatigue m’accompagne, c’est agréable.