Il est encore tôt, l’obscurité par la fenêtre me le confirme. Je me lève, résignée car le sommeil n’a plus rien à m’offrir. Je me persuade de ne pas réfléchir et avance automatiquement en direction de mon tapis de yoga. Je suis mise dans le bain de cette journée bien rapidement, tellement que je ne ressent rien de spécial. Je suis encore endormie. La seule chose qui est sûre, c’est que lorsque la vidéo se termine je n’ai plus la nausée. Je me félicite d’en être arrivée là. Je suis passée au-dessus des contraintes physiques et me suis accordé ce temps.
Plus tard, je suis entourée de ma famille. Je ne suis pas spécialement en forme. Alors je suis simplement heureuse d’être bien entourée et de traverser la tempête avec eux.
Je n’ai rien fait aujourd’hui. Rien. Le vide.
Je ne ressens aucune culpabilité. Je ne suis pas non plus triste. C’est un jour comme ça.
Je dois ajouter que j’ai tout de même réussi à me nourrir correctement malgré tout. Je ne perds pas le nord.
Je repense beaucoup aux derniers jours que je viens de vivre. Je suis tellement épatée et reconnaissante de pouvoir vivre.
J’en profite pour vous partager ce petit moment volé, l’autre jour. C’était fabuleux. J’adore le revoir et l’écouter. Ça me replonge dans ce joli matin hivernal.
Matin sans sonnerie. Le réveil a eu congé aujourd’hui. La chaleur du sommeil m’enveloppe. Je m’en extirpe avec une douce lenteur.
Le soleil est levé, il lutte avec les nuages afin de se faire une place. Le ciel est tinté de bleu et de cotton jauni. Je me demande si j’irais profiter de cette météo. Pendant ce temps, je prépare mon petit déjeuner. Je m’installe à mon bureau et je prends le temps d’écrire. Je ressens de la joie d’avoir introduit cette pratique dans mon quotidien. Je suis rassurée de savoir que j’ai un espace où transposer mes mots. Je me réjouis de pouvoir, dans plusieurs mois, reprendre mes premiers écrits et constater le chemin parcouru. Je suis heureuse d’arriver à m’accorder ce temps pour moi. Il n’est pas une contrainte mais un rendez-vous que je ne saurais manquer.
Aujourd’hui est une journée centrée sur le nettoyage. Comme le commun des mortels, je dois effectuer un brin de ménage. Mon environnement n’est pas insalubre pour autant mais je ressens le besoin de dépoussiérer chaque recoin. Comme pour faire peau neuve, repartir sur une base saine et neutre. Je m’applique. Dehors, le soleil brille sans relâche. J’ouvre les fenêtres afin de profiter de cette belle après-midi. Lors du nettoyage de mes vitres, je grignote quelques minutes où les rayons caressent ma peau. J’emplie mes poumons de cet air frais et agréable. Prendre soin de mon environnement me demande énormément d’énergie mais comme à mon habitude, je mets en place des stratégies. Je me repose entre deux tâches, j’alterne de main, je me ménage. C’est plutôt ironique de se ménager pour les tâches ménagères, maintenant que j’y pense. Je trouve de réels points positifs à ce moment si banal et désagréable pour certains. C’est comme si je rendais honneur à ce lieu qui me protège et m’accompagne chaque jour. Le moment où je m’occupe de mes plantes est l’un de mes favoris. Je les arrose et ensuite vient le moment de les bichonner. Je prends un chiffon doux et passe délicatement sur chaque feuille du zamioculcas qui trône dans le salon. Je chouchoute chaque tige. La couleur est magnifique. C’est un moment où mes pensées sont au-delà de mes gestes. En pleine contemplation de la beauté des choses simples.
Le soleil va se coucher lorsque j’arrive au bout de mes peines. Je m’accorde une douche bien méritée. Je laisse longuement l’eau masser mon corps. J’ai l’esprit apaisé d’avoir réussi à aller jusqu’au bout de ma journée. En sortant de la salle de bain, j’ai la sensation de redécouvrir la beauté du lieu qui m’héberge. Tout brille à mes yeux.
Mon ventre me rappelle à l’ordre et m’explique je n’ai toujours pas mangé, tellement absorbée par mon programme. Je réunis mes dernières forces et me raisonne. Je sais qu’il est important de me nourrir, surtout après de tels efforts. Je passe en cuisine et me prépare un repas. Je ne sais pas s’il est merveilleusement réussi ou si j’ai simplement trop faim, en tout cas, il satisfait mon palet. Heureusement que personne ne m’observe car je finis par nettoyer du bout de mon index mon assiette, afin de ne rien laisser dans l’assiette. Cependant, je ressens encore le besoin d’avaler quelque chose. Je réflechis lorsque mon esprit s’arrête sur un chocolat chaud. C’est la boisson idéale pour terminer ma journée, ma faim et compléter mon bonheur.
Physiquement, j’ai demandé énormément et peut-être même plus que de raison. Mes muscles font la moue. Je songe au yoga. Je comprends vite qu’il ne faut pas exagérer. C’est assez. Je dois me permettre d’avoir une certaine souplesse d’esprit. C’est en allant me coucher qu’il me vient une idée. Je m’asseye dans mon lit et j’effectue de très légers étirements. J’inspire de tout mes poumons. J’octroie ces dernières minutes de relaxation avant le repos nocturne. Je félicite ma chair de m’avoir porté, encore une fois. Puis je m’allonge. Je passe en revue chaque partie de mon anatomie. En parcourant mon être, je détends une à une, chaque tension. J’expire profondément jusqu’au sommeil.
Déterminée à ne pas me laisser dicter ma conduite par mon corps raidit par la nuit, je me lève dès mon premier réveil. Il fait sombre dans l’appartement. Instinctivement, je me retrouve sur mon tapis. J’exécute les mouvements avec la souplesse d’un robot. Aujourd’hui, mes mains sont loin de toucher le sol mais ce n’est pas important. Je ne cherche pas la performance mais les sensations. J’ai l’esprit complètement neutre. Mes pensées vont uniquement sur mon souffle. Je tremble énormément. Parfois, je tombe. Mais je me relève, je persévère.
A la fin de ma séance de yoga, je prépare un petit déjeuner que j’avale à une vitesse folle, tellement mon ventre est vide.
Je m’installe à mon bureau et poursuis mes démarches administratives. Par la suite, je continue l’élaboration de mon projet professionnel. Une idée alléchante me passe par la tête et je vais à la pêche aux informations. Je déchante rapidement. Mon enthousiasme retombe très vite, je n’ai même pas le temps de réaliser que j’en pleure. Mes émotions sont sur le grand huit, en pleine descente. Je n’avais pas prévu d’aller au parc d’attraction mais j’accepte et accueil ce moment. Je note que je reste très sensible à ce sujet et décide que j’ai assez travaillé pour aujourd’hui. Il ne sert à rien de me faire violence.
L’après-midi, j’ai énormément de projets. Je suis heureuse d’être si active. Vers l’heure du goûter, mon corps me fait rapidement comprendre qu’il en a assez. J’ai les genoux qui menacent de flancher. Je les supplie de tenir encore un peu. Ils acceptent mais mon dos se met à pester. Et mon ventre gargouille. Puis mes yeux se liguent et brûlent ensemble. Tous mes muscles commencent à m’envoyer des alertes. Je dois admettre que ces derniers temps, mon corps m’a permis plus de choses que pour les douze derniers mois réunis. Et je le remercie, encore et encore. Merci, merci, merci.Je t’en prie, fais moi confiance, nous voulons la même chose. Notre bien. Suis moi, encore un peu. Je suis en pleine négociation interne.
Lorsque le soleil tombe, je suis en voiture. Je suis passagère pour les deux prochaines heures. Tous mes sens en prennent de la graine. Le moteur rugit, la pluie frappe la carrosserie tandis que la musique joue le fil conducteur de cette joyeuse berceuse. Mes oreilles accueillent ce brouhaha. Sur mes lunettes se reflètent les lumières des phares. Parfois jaunâtre, parfois rouge. Tout bouge tellement vite que mes yeux ont du mal à suivre. Je suis souvent obligée de baisser le regard pour le calmer. Par la fenêtre, je distingue dans le brouillard les montagnes. Elles forment une ombre imposante. A l’opposé, le lac disparaît dans la brume et la grisaille. Dans l’habitacle, la température est artificiellement chaude. Je m’y sens bien.
Le soir venu, je m’asseye. Je sais que je ne vais plus devoir me relever. La nuit est tombée depuis plusieurs heures et je peux enfin écrire. Toutes ces péripéties ont formé dans ma tête des nuages d’idées. Je commence à les esquisser. C’est au tour de mes doigts de protester. Mes phalanges se verrouillent, une à une. Je souhaite réellement aller jusqu’au bout des mes pensées. J’insiste. Je repousse encore et encore mes limites. J’ai beau respecter mon corps, je ne veux plus rester figée. J’ai trop peur de ne plus me mouvoir. J’arrêterais de bouger que lorsque je n’aurais plus le choix.
Je ne sais pas si c’est la bonne stratégie mais je décide de vivre au lieu de craindre la vie. Et ça me rend heureuse.
Je passe une nuit que je ne saurais qualifier. A la fois, j’ai dormi suffisamment et au même temps, j’étais tellement impatiente de commencer la journée que je ne me suis pas reposée. C’est pas grave, ce sera mieux la prochaine fois.
Je me lève donc avec détermination. Je sais que j’ai énormément de choses à faire ce matin. Après un thé, j’organise mon travail et me plonge dans celui-ci. La matinée passe à une allure folle. Je suis heureuse de pouvoir cocher au fur et à mesures des cases dans ma liste. Je confirme, une fois de plus, que j’ai les capacités d’avancer et qu’il n’y a pas de raisons de s’en inquiéter. C’est rassurant. Peu avant les coups de midi, je ressens la fatigue. Je commence à commettre des petites erreurs d’inattention. Dès ce moment-là, je décide de mettre à jour mon planning pour demain et de ranger. J’ai suffisamment travailler pour aujourd’hui.
En me levant de ma chaise, mon dos craque. La douleur s’installe. Résignée, je m’applique un patch chauffant et file en cuisine car je n’ai pas le temps de m’écouter plus que ça.
Je me prépare à manger et peu après ma pause, je sors pour un rendez-vous. C’est ma dernière obligation de la journée, vite!
En rentrant, je profite de marcher un peu dans la ville, sans musique. Le temps est doux, le ciel est d’un gris très clair. Les gens vont et viennent. Tout le monde marche à un rythme effréné que je ne saurais tenir. Il y a le bruit des bus, des voitures, des passants. Le feu qui retentit lorsqu’il devient vert. Il y a tellement de monde sur les passages piétons que je me sens poussée par la masse, pour avancer plus rapidement. Cette marche n’est pas de tout repos. Je rentre remplie du vrombissement de la ville. Et je le dépose en enlevant ma veste, sur le porte manteau.
Je m’accorde un moment de somnolence, dans le canapé. Je me sens accomplie mais fatiguée. Je me questionne sur l’idée de bouquiner un peu. Finalement, je décide que ne rien faire est justifié. Alors j’observe la pièce. Par moment, je clos mes yeux. La luminosité baisse peu à peu.
Lorsque je reprends mes esprits, je décide de laisser passer ma pratique de yoga pour aujourd’hui. La motivation d’aller sur mon tapis ne dépasse pas le respect que j’ai envers mes limites physiques. Je ressens le besoin de récupérer. Je suis tellement reconnaissante de pouvoir faire de plus en plus d’activités. Il y a quelques mois, j’étais en pleine survie et je ne dois pas l’oublier. Je dois célébrer mes accomplissements et permettre à mon corps d’en envisager toujours plus.
Je décide d’écrire. Les mots sont fluides. Il me reste suffisamment d’énergie intellectuelle.
Au moment d’ouvrir les yeux, je constate que la peau de mes paupières s’est figée durant la nuit. Ma peau a du mal à se détendre et je ressens le poids de la fatigue. Avec certitude, j’abandonne le yoga pour ce matin. Il est plus raisonnable d’attendre le moment où ça m’apportera le plus de bénéfices.
Je me prépare et je pars affronter le froid extérieur. J’ai des rendez-vous. Par la même occasion, je profite de flâner dans les rues. Je ne dispose pas d’énormément de temps mais cela ne m’empêche pas d’en profiter.
C’est déjà une journée bien remplie et c’est loin d’être terminé.
L’après-midi, un rendez-vous professionnel m’attend. Je ressens le stress. En effet, j’ai débuté ma semaine avec de grosses incertitudes et j’ai travaillé dessus tous les jours. Aujourd’hui, c’est le moment de concrétiser et d’avancer. J’expose mon travail de réflexion et je débats sur mon avenir. Petit à petit, une nouvelle option se profile. J’ai plus de possibilités que je ne le pensais jusqu’à maintenant. Je ressens du soulagement et une note d’appréhension. En effet, j’ai plus de choix et cela comporte aussi des désavantages. En tout cas, je conclus cette entrevue avec sérénité.
Je décide de réellement m’accorder le week-end pour ne plus y songer et continuer mon travail, dès le lundi suivant. J’ai complètement mérité le repos et la détente.
Lorsque je décide d’écrire, une migraine me guette. J’entends ses pas s’approcher au fur et à mesure que je dépose mes pensées sur le clavier. Je persévère. Je suis motivée à aller au bout de ma mission et de ne pas me laisser faire. J’ai des choses à dire, qui me sont importantes. Avant la validation de l’article, la relecture m’est difficile. Je bâcle cette étape et le publie. Je m’allonge et me repose un temps. Elle a gagné mais je n’ai pas dit mon dernier mot.
Après une micro-sieste, je suis déterminée à affronter mon tapis de yoga. Pour changer un peu, je décide de pratiquer dans une autre pièce que d’habitude. Elle est plus petite et je redoute de ne pas avoir assez de place. Au lieu de ça, je suis surprise par la façon dont je me sens protégée et forte. Ma concentration est plus profonde et solide qu’à l’accoutumée. Je donne mon maximum et j’en oublie toutes les sensations désagréables. Je suis tellement centrée sur ma respiration que plus rien ne compte. A la fin de la pratique, allongée sur le sol, je médite. J’aimerais que ce moment ne s’arrête jamais.
Au moment de me relever, la migraine me cogne. Je suis vaincue, je vais m’allonger à nouveau.
Dans mon lit, les yeux clos, j’observe la gratitude de pouvoir simplement vivre. Je n’ai pas toujours la chance de choisir mais en contrepartie, je suis réellement heureuse. Je suis bien dans ma vie.
Ce matin, je me réveille tôt. J’ai un rendez-vous important et je tiens à faire ma pratique de yoga avant de m’y rendre. Je dois préparer mes armes pour être la plus forte possible.
Dans l’obscurité matinale, la détermination et la confiance me guident jusqu’au tapis. La séance est rapide et efficace. Je suis éveillée et claire dans mes idées. Je suis préparée à affronter les épreuves qui m’attendent.
Pour commencer, je m’aventure dans une ville que je ne connais pas vraiment. Tous mes sens sont en alerte. J’écoute les sons, observe les panneaux. J’avance. Je reviens sur mes pas. L’architecture de la ville m’est inconnu. Il y a tellement d’endroits où poser mes yeux que je ne sais plus. Par moment, je me sens perdue. Heureusement que j’ai accès du bout des doigts à un guide! Et après toutes mes péripéties, j’arrive à la porte de la prochaine mésaventure.
Le rendez-vous est particulier. De plus, j’ai été convoquée donc la procédure m’est imposée. Je suis là pour attester de ma maladie et de mes difficultés. Comme si, tous les spécialistes n’étaient pas assez crédibles. Pour des raisons financières et d’assurance, je dois justifier que je suis légitime dans mes douleurs. Un sentiment étrange prend place. Je souffre et c’est majoritairement invisible. Et tout au long de mon parcours, je dois continuer à le dire et le prouver. C’est éreintant et c’est ainsi. Les questions qui me sont posées pourraient me faire perdre tous mes moyens. Pourtant, je n’en démords pas. Pendant l’entretien, je pense au yoga, à respirer, à être forte. Et j’y arrive. Je repousse mes limites émotionnelles.
Je sors de là-bas, à la fois épuisée et abasourdie par l’évènement. Je dois encore retrouver mon chemin. Un bus, un tram, un train. Je me débrouille aisément. Je remercie mon sens de l’orientation. Sur le quai, je dépose les émotions négatives. Je laisse ce passage désagréable et obligatoire sur le sol. Je m’installe dans le train et peu de temps après, il démarre. Le paysage défile sous mes yeux. Dans ma tête, les pensées sont au ralentis. Mes neurones sont figés. Je suis réellement fatiguée. Je n’ai même pas conscience du temps de trajet. Mon unique objectif est de retrouver mes repères et de me reposer.
Et comme prévu, en rentrant, je me repose. J’alterne entre la somnolence et le sommeil profond. Je peine autant à me mouvoir qu’à me réchauffer, enroulée sous deux couvertures. Je pense aux activités que j’aurais aimé accomplir aujourd’hui et me résigne à accepter. Cette fois-ci, je n’ai pas le choix. Il n’existe pas de frontières à outrepasser dans mon état.
Péniblement, pour satisfaire mon moral, je me mets à écrire. Je suis si exténuée. Tout est flou et compliqué. Mes yeux brûlent. Je dois reconnaître que l’exercice est carrément difficile. Les mots ne viennent tout simplement pas jusqu’à mes doigts. Je suis enfermée dans un mutisme. Je force et mon discours est décousu. Il me faut plusieurs heures pour réunir quelques syllabes et former un mince texte. Je ferais mieux une prochaine fois.
Une journée de détente commence par une grasse matinée. Je m’exécute et à mon réveil tardif, les batteries sont chargées de lenteur. Un temps fou m’est nécéssaire pour passer au petit-déjeuner. Le délai de mes actions me permet de savourer chacune d’entre elle.
Une fois que je suis pleinement consciente, je m’atelle à préparer mes cadeaux. En effet, les fêtes de fin d’années approchent! Loin de moi l’idée de surconsommer, je me plais à imaginer ce qui fera le plus plaisir à mes proches. Leur faire un petit clin d’oeil et leur apporter de la joie m’est important. Je suis méticuleuse dans mes plans. Je me réjouis avec impatience de pouvoir avoir leurs réactions.
Cette activité restera la plus productive de ma journée. Par la suite, je me complais dans l’oisiveté. J’apprécie. Pour une fois, je choisis de ne rien faire. Rien ne m’est imposé et je savoure ce calme voulu.
Pour terminer cette journée de relâchement, je fais une séance de yoga. Celui-ci est à l’inverse de mon humeur du jour. Il est tonique. Mon souffle est cadencé. Je suis très rapidement concentrée dans mes mouvements. La posture du chien tête en bas devient de plus en plus naturelle. Mon corps s’adapte avec une rapidité insoupçonnée aux nouveaux gestes que je lui impose. La gratitude m’envahit.
Je termine par de l’écriture. Cela m’apporte de la satisfaction. Je peux vivre une fois de plus mes journées. Et par la lecture, je pourrais y penser encore et encore, pour toujours. C’est comme si je prenais pleinement conscience de mon vécu et que je tâchais de ne manquer aucun détail. J’aime cette vision des choses.
Je retiendrais d’aujourd’hui que je n’ai rien fait de particulier. Et c’était pleinement ce qu’il me fallait pour être heureuse et accomplie. Je ne peux pas toujours être dans l’hyper productivité. Je dois accepter que ce temps me sera rendu demain. Le repos porte ses fruits malgré ce que cette société toujours plus demandante et rapide veut bien nous faire croire.
Hier, je n’avais ni la force, ni le courage, ni rien du tout pour l’écriture ou le yoga. Au même temps, pour arriver à mon bien-être, il me fallait vivre ces émotions et non les cacher sous une activité. C’était nécessaire.
Heureusement, après ce passage fort en émotions, je peux reprendre le cours normal de mon existence.
Le matin, comme d’habitude, je regarde par la fenêtre. Il a neigé. J’ai envie de mettre mon manteau et de me rendre dehors. Une pulsion digne de l’enfance. Malgré la température, ce duvet blanc m’inspire confiance.
Une amie m’accompagne dans cet élan. Nous nous rendons en forêt. Tout est blanc. Nombreux sont les promeneurs. Pourtant, le bruit est étouffé par cet isolant naturel. C’est magique. Chaque pas est révélateur de petits craquements. Les branches sont lourdement chargées. Par empathie et surtout pas jeu, nous secouons les rameaux. La neige s’envole et finit son chemin sur le sol, délivrant les arbres du poids. Nous évoluons avec douceur et assurance dans ce bois que nous ne connaissons pas.
C’est tellement féerique que j’en perds la notion du temps. Je suis encrée dans le présent et je n’en loupe pas une miette.
En rentrant, je me sens simplement heureuse.
Plus tard, je déroule mon tapis de yoga. Je respire avec aisance. L’air froid a nettoyé mes poumons et mon esprit. Je suis précise dans mes gestes et indulgente avec mon corps. La séance se termine et je me sens alignée.
Pour terminer cette magnifique journée, je prends le temps d’écrire. Les mots viennent aisément et s’enchaînent. Je ressens les bienfaits de l’entraînement quotidien. Je constate que composer des textes rentre dans mon quotidien. C’est subtil et encourageant.
Il fait nuit lorsque je m’assoupis avec béatitude.
C’est la dernière journée, officiellement. Je pars au travail, le coeur déjà chargé. L’appréhension est lovée près de mon estomac. Je ne sais pas si je suis prête à réellement conclure ce chapitre de ma vie.
Cette journée est spéciale. Je ressens la tristesse dans le regard de mes collègues. Nous savons que je n’ai pas choisi cette situation. Mes émotions sont en surface. Ils m’ont préparés plusieurs surprises et elles me touchent. Tellement que des larmes coulent. A chaque gouttes, je réalise un peu plus que je quitte un endroit renfermant plusieurs magnifiques personnes. Elles ont été mon entourage professionnel et plus que ça. Elles m’ont accompagné durant cette année difficile. Tomber malade n’a pas été simple et je ne pourrais jamais les remercier de m’avoir soutenue dans ce combat. Malheureusement, ma santé m’impose de changer de chemin. Une route éloignée d’eux. Pourtant, je garde dans ma tête, chacune des minutes passées avec eux. C’était mon travail et bien plus encore. Je dois nourrir ces amitiés que nous avons cultivées car elles sont précieuses. J’ai le sentiment d’avoir trouver LES personnes bienveillantes dont j’avais besoin dans mon existence. Et j’ai conscience que ça n’arrive pas tous les jours.
Je ne pensais pas avoir autant de valeur, à leurs yeux. Je ne le réalise qu’au moment où ils me décrivent. Ils utilisent tellement d’adjectifs positifs et bienveillants. Ils sont reconnaissants envers moi. Je n’en n’avais pas la moindre idée. C’est un mélange d’émotions sans nom. Je ressens de la joie d’avoir tous ses retours, de sentir que je faisais réellement du mieux que je le pouvais. Or, une autre entité émotionnelle se cache, plus forte. C’est entre la tristesse, l’impuissance et la colère. Je suis en rage d’être contrainte de quitter tout ça. Il m’est difficile d’être objective. Durant cette journée, je comprends que c’est clairement le point final. Et pour une fois, ça m’agace d’être dans ma vie. J’en veux à je-ne-sais-qui, je-ne-sais-quoi d’être malade. Je me demande: « pourquoi moi ». C’est la fatigue et le flot d’émotions qui me font perdre ma lucidité. Pour une fois, faut que je l’admette: ça fait chier que ça m’arrive. Ça fait chier que ça arrive à qui que ce soit sur terre.
En rentrant, je déballe mes affaires et vois les présents qui m’ont été offerts. Je pleurs à nouveau et je prends conscience de la chance de les avoir rencontré. Je suis privilégiée qu’ils existe dans ma vie et rien n’est fini. Certes, je ne m’y rendrais plus quotidiennement. Certes, c’est une page qui se tourne. Toutefois, je n’ai plus besoin de les nommer en tant que collègues. L’étiquette professionnelle part à la poubelle. Je peux compter sur des amis. Je sais que la porte de cet endroit m’est grande ouverte. Si j’ai besoin d’un refuge, de me ressourcer, ou simplement de les voir, je peux y retourner.
Ce n’est qu’une page de l’histoire parmi tant d’autres à venir. Il me reste un tas de pages vierges à remplir de la présence de ces merveilleuses personnes.
Dehors, la neige a reprit. La vie continue. Mes pensées s’entremêlent et doucement, le sommeil s’invite.
Ce matin, je suis d’humeur déterminée. Je me lève et très rapidement, je me mets au travail. Toutes les tâches administratives du jour sont accomplies, en un rien de temps. Je suis productive et c’est agréable.
Je décide d’aller faire le plein d’air et de me dégourdir les jambes. Il ne fait pas particulièrement beau. Je dirais même qu’il fait plutôt froid. Cet température conditionne le rythme de ma marche. Mon pas est rapide. Au fond, je souhaite arriver rapidement en lieu tempéré. Dans la montée, je ne relâche pas la vitesse. Mon souffle s’accélère et mon coeur tape dans ma poitrine. Les sensations dans mes jambes sont anesthésiées par l’air glacial. Je me sens réellement vivante.
Après mon repas du midi, je m’accorde un temps de pause. Je me laisse emporter par des vidéos sur les voyages. Cela m’insuffle des envies. Je me rends compte que de plus en plus de choses me seront à nouveau possible, avec le temps. Je veux même penser que je suis capable de monter sur n’importe quelle montagne, si je le souhaite. Cet escapade ouvre mes horizons et le champ des possibles devient alors infini. Je ne veux plus avoir de limites.
L’esprit aéré, je prends le temps d’écrire. L’exercice devient de plus en plus routinier. Loin d’être lassant pour autant, je trouve mes marques, simplement. Je peine à juger si je progresse ou non, néanmoins, poser tous ses mots me procure une satisfaction particulière. Chaque jour, les événements sont transcrits. Je célèbre chaque action banale de mon quotidien. C’est insignifiant et pourtant, tellement important à mes yeux. Je suis gorgée de gratitude pour cette vie. Ma vie. Je veux garder tous les détails de celle-ci.
Je conclus ma journée par ma pratique de yoga. A la fin, je prends le temps de méditer, avec difficultés. En effet, mes pensées sont incontrôlable. Je prends conscience de demain. Ce sera ma dernière journée de travail. En y songeant, une onde de stress m’envahit. Je suis assez forte: je la saisi, la cache sous mon tapis et vais me coucher.