Mon réveil se déroule avec une facilité qui me déconcerte. Vu comme s’est terminée la veille, je pensais garder des séquelles mais mon corps me montre que parfois, il sait y faire. Forte de ce constat, je vais vers mon tapis de yoga et pratique. Déterminée, sûre de moi.
Je m’habille et ce matin mon esprit est déjà perdu dans l’horizon. Par la fenêtre, le temps est clair et le soleil est levé. Il m’inspire monts et merveilles. Cette luminosité me remplit d’envie, de motivation, de paix, de joie, et je pourrais continuer la liste bien longtemps. En bref, il faut que j’aille goûter la douceur du temps, par tous mes sens.
Et vous commencez à comprendre le schéma… Je vais au bord du lac.
Je rejoins assez vite le port. Le vent est doux, presque imperceptible. La température est froide mais agréable. Juste ce qu’il faut. Les innombrables mats des bateaux attirent mon oeil. Dressé vers le ciel, ils attendent patiemment les beaux jours. Les canards barbotent paisiblement.
Je continue à vadrouiller, pendant qu’au dessus de moi, les nuages s’amassent. L’eau est limpide et l’horizon dégagé permet d’apercevoir les sommets enneigés. Durant cette balade, je charge mes poumons d’air pur ainsi que ma tête d’image plus belles les unes que les autres et mon esprit s’apaise.
Je rentre juste avant midi et me repose un peu. J’insuffle à mon corps tout l’amour que je peux, comme si j’essayais de le soudoyer. De lui demander tacitement de me porter un peu plus aujourd’hui.
Puis, lorsque mon ventre se met à gargouiller, je file en cuisine. Je prépare un bon repas ainsi que des muffins aux framboises.
L’après midi, je reçois une ancienne collègue, devenue mon amie. Garder des liens avec ce que je pourrais appeler Ma vie d’avant est important. Cela m’apporte un bien fou et cet après-midi, je vais profiter de cette présence. De nos jours, les contacts humains se font rares.
En fin d’après-midi, j’écris. je suis profondément inspirée. Les mots défilent aisément. Je continue à travailler sur d’autres projets d’écriture et ce jusqu’à la nuit pleinement tombée.
Ce soir, je m’endors avec la gratitude sur les lèvres. Elle dessine un sourire sincère sur ma bouche. Je sais à quel point j’ai de la chance d’expérimenter cette vie, avec ses hauts et ses bas et je ne peux m’empêcher de le répéter.
Dès que j’ouvre les yeux, quelque chose à changé. Je me lève rapidement, pressée de profiter de cette énergie nouvelle. Après deux jours à chercher le vrai repos, celui qui régénère, le voilà enfin.
Comme un missile à tête chercheuse, je me dirige tout droit sur mon tapis de yoga.
Je pratique les postures avec dévotion, malgré que mes muscles vibrent sous mon poids, je tiens bon. Ma respiration est profonde et sonore. Je m’accorde ce temps pour démarrer la journée et à la fin, lorsque je médite, je me perds dans mes pensées. je songe à tout ce que je pourrais faire de cette journée et à toute ces possibilité qui s’ouvrent devant moi.
Je vais commencer par écrire, remettre au propre mes textes, le tout en avalant mon petit déjeuner.
Puis, je me prépare et sort, j’ai un rendez-vous chez ma thérapeute. Mes pas sont légers, la sensation de déplacement est agréable. En sortant de la séance, je vais chercher une belle brioche (adaptée à mes restrictions, youpi!) à la boulangerie. J’avance d’un pas décidé en destination de chez moi.
Il est bientôt midi donc je me rends en cuisine. J’ai en tête de préparer une recette de pâte à tartiner maison, afin d’accompagner ma brioche, pour le goûter. Pendant que je fais la recette, des douleurs s’éveille dans mes deux jambes. J’alterne les positions et tente de ne pas me focaliser sur le mal. Malgré mes efforts, il devient difficile de tenir debout. Je me dépêche de finir mes préparations et vais m’installer pour manger.
Pendant que je mange mon repas, une armada de douleurs plus vives et désagréables les unes que les autres, débarquent. je ne sais plus comment me tenir pour ne rien ressentir. J’admets, qu’à ce moment précis, j’ai l’impression que ma journée est terminée. Un peu résignée, je vais chercher des anti-douleurs, sans grands espoirs ainsi qu’une bouillotte sèche et vais m’allonger. Je lis quelques pages puis j’octroie la fermeture de mes paupières.
Lorsque j’ouvre les yeux, ce qui m’interpelle c’est ce son continu, en fond. Il n’était pas là lorsque je me suis assoupie. Je me retourne afin de pouvoir observer la fenêtre et identifie la provenance de cette douce mélodie. La pluie est battante et la vitre est assailli d’une multitude des gouttes épaisses. Le spectacle est reposant. Il m’inciterait presque à fermer un peu plus les yeux, enveloppé dans cet environnement réconfortant.
Je scanne les sensations et j’ai l’impression que le mal s’est en allé, me laissant un peu de répit. Ni une, ni deux, je me lève. Je ne sais pas jusqu’à quand ça va tenir cette fois-ci, alors je fonce. J’ai terriblement envie de peindre depuis plusieurs jours. À savoir que si je pouvais, je peindrais bien plus souvent mais cette activité demande beaucoup. Entre la préparation de l’atelier, le rangement de celui-ci, ainsi que le nettoyage des outils et sans compter le fait de peindre tout court. Ces choses peuvent sembler bête, de les compter, mais de mon point de vue, je dois calculer chaque acte afin d’évaluer ma propre énergie. Aujourd’hui, j’admets que je suis encore sous l’effet de ma sieste et des anti-douleurs. Ça ne durera pas éternellement, alors je saisis ma chance. Au passage, je me prends un petit goûté, ma fameuse brioche avec la pâte à tartiner. Un petit régal mais je ne m’attarde pas, je n’ai pas que ça à faire!
J’installe mon matériel, les protections et me voilà, face à ma première toile blanche. Je choisis les teintes et commence à imaginer le procédé. La bulle se forme et s’épaissit autour de moi.
Ma première toile donne un résultat dont je ne suis pas déçue mais elle renferme une histoire. J’ai eu beaucoup de mal à doser les couleurs, les apposer comme je le souhaitais. Jusqu’à la dernière minute, le processus a été chaotique. D’ailleurs, au moment où je l’ai mise à sécher, je n’étais pas encore convaincue. Et finalement, en la laissant de côté, la peinture à continuer à travailler et a révéler sa magie.
Puis, je reprends les teintes de bleus mais décide de prendre du cuivré pour l’agrémenter. Je ne saurais décrire ma passion pour ce jeu de couleurs. Je peux juste dire qu’elle me font vibrer. Je suis hypnotisée par chacune d’entre elles.
J’entame alors ma seconde toile. Le processus est apaisant, aspirant et plein d’incertitudes. Malgré tout, j’ai confiance. Peut importe le résultat, le chemin pour y parvenir est nourrissant. C’est une expérience nouvelle à chaque toile. Comme si c’était la première fois.
Dans ma bulle, il n’y a rien que les couleurs, le bonheur de créer et moi. En commençant cette troisième toile, je penses aux infinités de résultats possibles et me perds dans ce songe. Prise dans la spirale créative, je me laisse porter jusqu’au moment où je ressens que la toile est complète.
Je ne peux pas continuer à faire la sourde oreille. C’est ma dernière toile pour aujourd’hui. En effet, mon corps crie de plus en plus fort. Il me supplie d’arrêter tous mouvements. Il m’implore de l’écouter, de regarder sa souffrance en face. Les douleurs ont reprit depuis un moment, mais portée par la créativité, je n’ai rien vu. Si tôt je ferme les pots de peinture que je suis vivement assaillie par une force me tirant vers le sol. Étant recouverte de peinture, je ne veux rien salir, alors je m’allonge sur le parquet, pour attendre que ça passe. Je reste ainsi de longues minutes et je réunis tous les bouts de moi afin de me relever. Là, c’est bon, c’est officiel. J’ai mal. Je capitule, je plie n’importe comment les affaires et vais m’engouffrer dans la douche. Frotter la peinture est douloureux, je n’en ai pas la force. Je n’ai même pas la force de tenir debout. Je m’asseye, sous l’eau chaude. Mon estomac rejoint la danse et se noue de toutes ces forces. C’est une mutinerie.
Peu sûre de mes pieds, je sors de la douche et vais m’allonger, encore. J’entoure la bouillotte de tout mon corps, recherchant cette chaleur calmante.
Ce soir, je ne fais plus rien. Je laisse mes proches s’occuper de la vie. Je vais me coucher, les yeux encore pleins d’étoiles. Tellement heureuse d’avoir pu peindre et vivre une journée si remplie. Peut importe le prix que je paie à l’heure actuelle, ça valait le coût.
C’est un jour particulier. Il commence par une grasse matinée, un fait plutôt inhabituel. J’avais sûrement besoin d’un peu plus de sommeil que d’habitude. Puis, je me lève avec l’envie de prendre le temps d’émerger. Je commence par lire les nouvelles, dans le journal. Et c’est à ce moment-là que je ressens un déchirement. J’apprends le décès d’une jeune femme connue, atteinte de deux maladies rares dont une, la même que la mienne. Elle s’appelait Faustine Nogherotto.
Vous vous en êtes aperçu, je parle souvent d’elle, ma colocataire. Elle rythme mon quotidien, malgré moi. Je ne veux pas être réduite à son étiquette, c’est pour ça que j’ai fait le choix, jusqu’ici, de ne pas réellement mentionner son nom. Pourtant, je n’ai aucun mal à parler de celle qui tente de mener ma vie. Et c’est aussi pour cette raison que j’ai débuté ce blog, pour reprendre le dessus. Pour montrer que je peux encore prendre des décisions et des choix pour mener ma barque. Et ce matin, pavé dans la marre. Un ange rejoint le ciel.
Lors de mon diagnostique, j’ai cherché des informations sur internet, pour pouvoir comprendre et appréhender ce qui m’attendait. Ma pathologie touche généralement les personnes autour de la cinquantaine, alors je n’ai pas trouvé de pistes me permettant de m’identifier. J’avais besoin d’un modèle aussi proche en âge de moi, pour savoir comment vivre avec. Je cherchais le mode d’emploi à quelque chose d’inexplicable. Pendant ces recherches, je suis tombée sur cette jeune femme. Je m’étais sentie un peu moins seule. Elle avait à coeur de faire connaître les deux maladies rares dont elle était atteinte afin de faire avancer les recherches inexistantes.
Je ne la connaissais pas personnellement, pourtant, j’ai ressenti du chagrin. Elle a eu recours au suicide assisté, en Belgique. Ce n’est pas anodin comme acte mais je suis heureuse qu’elle ait pu partir sereinement, entourée de ses proches. J’espère que de là où elle est, elle est apaisée.
Constater qu’elle ne s’en est pas sortie indemne m’a fait un électrochoc. J’ai ressenti de la peur, de moi aussi, ne pas y arriver. Elle a été diagnostiquée autour de ces vingts ans et s’en est allée onze années plus tard. Je sais pertinemment que pour chaque malade, c’est une autre maladie. Mais cette nouvelle vient nourrir mes craintes les plus profondes face à mon avenir de malade chronique. Je n’ai jamais eu spécialement peur de mourir, mais cette fois-ci, plus que jamais, je n’ai aucune envie de laisser ma peau si vite. Je lui dédie mes larmes pendant quelques minutes et envoie toutes les plus douces pensées à ceux qui lui sont restés.
Et je reprends mes esprits, pour elle. Comme un hommage, je décide que pour elle et pour tous ceux souffrant dans le silence, je ne dois pas m’arrêter à l’étape de la peur. La peur n’empêche pas le danger. Et je ne peux pas gaspiller ce temps précieux, où je suis encore capable de vivre mille expériences fabuleuses. Je ne peux pas faire ça, rien que par respect pour les autres.
Alors malgré la boule dans ma gorge, je me lève. Je dois me lever et je dois affronter cette vie, peut importe les obstacles.
Et je commence par le yoga, comme chaque matin. Je sèche mes larmes et intérieurement, même si c’est encore le chaos émotionnel, je fais le vide. Je dédie ma séance, chacune de mes inspirations et tous mes gestes à toi, jolie ange. Et aujourd’hui, c’est la dernière séance du voyage avec Adriene. Une aventure qui s’achève, ainsi qu’une vie parmi tant d’autres. Adriene dit que dans chaque fin se trouve un nouveau commencement. Si elle savait comme ces mots raisonnent en moi. La particularité de la séance est qu’elle va pratiquer de son côté, sans donner d’indications à l’oral. Je commence la pratique et sors tous les outils appris jusqu’ici. La musique douce de la vidéo m’accompagne. Par moment, je jette un regard sur l’écran pour me rassurer, elle est toujours là. Puis, je plonge profondément dans mon corps et dans un espace alternatif. Je suis complètement engagée dans ma pratique et je recherche les postures me faisant du bien. Je n’ai pas conscience du temps et je n’en veux pas. En me retrouvant en posture du cadavre, je médite. Et lorsque je sors de cet état introspectif, je m’aperçois que la vidéo s’est terminée. Je ressens une certaine fierté d’avoir pratiquée seule durant une heure. C’était magique, apaisant. Je n’ai pas plus de mots, c’était puissant.
Le reste de la journée, je dédie mon temps à l’écriture, à me nourrir et à prendre le temps de profiter de vivre. Je n’ai pas besoin d’en dire plus car tout ce dont j’aimerais me souvenir réside dans les lignes précédentes. Malgré ces nouvelles bouleversantes, c’est une journée qui mérite d’être vécue et encore plus que toutes les autres.
Ce matin je dois me rendre à la poste, de bonne heure. C’est le week-end et je ne souhaite pas me confronter à l’ébullition de la ville. Je m’habille et avale un rapide petit-déjeuner.
Arrivée dehors, le froid recouvre mes joues. Paraît-il que c’était l’une des nuits les plus froides de la saison. Je me fais toute petite dans mon manteau, afin d’être protégée. En marchant, j’analyse mes muscles et leurs sensations. J’oublie les douleurs de la veille et me défie de vivre comme si de rien n’était. D’un pas assuré, j’avance vers l’enseigne jaune. Sur la place, le marché et ces effluves sont de sorties. Je n’ai besoin de rien mais j’observe attentivement, de loin, les couleurs des légumes sur les étendards. Je remplis mes narines de toutes les odeurs. C’est un joli spectacle. Je rentre enfin dans la poste et à ma grande surprise, elle est vide. Tout le monde dort encore. Mission accomplie.
Je rentre, mon esprit est apaisé. Je peux désormais me consacrer à faire ce qu’il me plaît.
En arrivant à la maison, je profite de mon énergie pour ranger un peu le fouillis accumulés ces derniers jours. En période de crises, j’en fais évidemment le moins possible et forcément, le désordre s’installe. Heureusement, je ne lui laisse jamais l’opportunité de s’installer définitivement.
Puis, vient mon moment de plaisir, le yoga. Je m’installe sur le tapis, les muscles encore chauds de ma matinée. Je m’encre dans la pratique avec facilité et elle m’amène tout ce dont j’ai besoin. Je remercie mon corps de me le permettre. Depuis que je pratique, je me rends compte du changement global qui s’opère. Sur ce tapis, je développe tellement de belles qualités telles que la patience, la douceur, la discipline, l’indulgence, la confiance mais aussi, la force (mentale et physique), la clarté, la vitalité, l’acceptation et bien d’autres. Et peut-être que certaines choses étaient déjà là mais enfouies par la vie, au plus profond de moi. Aujourd’hui, je me rends bien compte que je vis de plus en plus, dans le moment présent et que je suis globalement plus heureuse. Et pourtant, je crois ne jamais m’être sentie profondément malheureuse. Malgré les aléas de la vie, j’ai toujours gardé cette positivité qui me caractérise depuis l’enfance. Pourtant, le yoga me permet de raviver cette flamme.
Après cette séance, plus que bénéfique, je suis en condition idéale pour écrire. Je n’ai pas réellement eu la possibilité d’écrire durant les jours précédents, je vais remédier à ça. C’est le cerveau bouillant que je noircis la page. Je dois admettre, ça m’avait manqué. Cet instant d’introspection, de gratitude et de retranscription avait laissé un vide. Alors, mes doigts se déchaînent et je vide toutes mes pensées. Je m’aperçois que s’en est devenu un besoin. Autant que pour le yoga, l’écriture me permet de tenir le cap. Peu importe si ce que je dis n’a aucun intérêt, peu importe si personne ne lit. J’avance vers mon ambition d’un bien-être quotidien, simple et facilement cultivable. Je n’ai pas besoin de gravir une montagne chaque jour pour être heureuse. J’ai vidé ma tête et désormais, je me sens prête à passer à la prochaine étape de ma journée.
Je n’ai pas encore prévu la suite mais mon ventre me met sur une piste. Il gargouille. Je vais dans la cuisine et demande à mon frigo que faire. Évidemment, il ne répond pas, c’est un frigo. Je demande alors à mon estomac mais lui aussi reste mutique. Forcément. Je demande à mes jambes ce qu’elles en pensent. (Promis je suis saine d’esprit, je crois.) Et figurez-vous qu’elles me répondent. Elles m’expliquent qu’elles ont encore de l’énergie pour être debout, elles sont d’accord de me porter pour que je puisse cuisiner. Elles me soufflent de profiter de cette configuration pour préparer un peu plus de nourriture, pour les jours difficiles.
J’obéis. La décision se fait rapidement, concernant la recette. Je prépare une tarte de légumes, en faisant ma pâte maison. Musique en fond sonore, je suis emportée dans la tâche. J’enfourne le plat et dans un élan de folie, je prépare quelques petits gâteaux aux framboises. Pendant que je finis de remplir les caissettes à muffins, je commence à fatiguer. Je comprends que mes limites sont proches. Comme d’habitude, je ne les vois jamais venir. J’attaque la vaisselle et tente de chanter pour distraire les sensations désagréables me parcourant. C’est une lutte pour finir cet acte si banal. Avez-vous déjà été fier d’arriver à finir de laver votre vaisselle? C’est un sentiment risible et étrange.
La tarte est prête. Je savoure, contente d’avoir effectué toutes ces activités. Je termine mon repas par un gâteau tiède, délicieux. Les restes de la tarte, partent tout droit dans le congélateur. Merveilleuse invention.
L’après-midi est déjà autant entamée que mon énergie. Je m’installe dans le canapé, allongée et une série en fond. Je regarde, je somnole et je reviens en arrière. Je réfléchis, je me repose. Je ne veux même pas m’attarder sur les points de douleurs. Mon mental est plus fort pour les étouffer.
Avant de me coucher, la luminosité par la fenêtre m’intrigue. Je ne comprends pas exactement comment il est possible, en pleine nuit qu’il y ait autant de clarté. Puis je baisse les yeux sur le sol du balcon et vois la matière blanche. Je suis surprise. Il a neigé. Le sol est recouvert d’une couche déjà épaisse. L’horizon est flouté. Aurais-je mal regardé? J’ouvre la fenêtre et tend la main au milieu de la nuit. La neige est si fine qu’elle fond instantanément à la surface de ma peau. Elle est si fine qu’elle est presque imperceptible dans l’obscurité. Je referme la fenêtre et malgré le froid que je viens d’affronter, je suis bouillante d’excitation. Je jette un dernier regard sur la neige, lui faisant promettre d’être encore là, à mon réveil et me dirige vers mon lit. Cette fois, demain, j’irais fouler l’or blanc.
Je sors du sommeil avec l’appréhension. Je me suis endormie heureuse mais épuisée et douloureuse. J’ai peur de découvrir ce qu’il m’attend pour la journée. Je tourne sur le côté et me redresse, doucement.
Surprise. Je ne me sens pas aussi mal que je l’espérais. Je me mets debout et mes jambes tiennent le coup. Je les félicite et file vivre mon rituel matinal. Tisane, tapis de yoga et je commence la séance. Aujourd’hui, les postures s’enchaînent rapidement, mon souffle s’accélère et mon corps produit de la chaleur. Ça tire un peu dans mes jambes mais ce n’est pas grave, je tiens bon.
Pendant mon petit-déjeuner, je songe à ce que j’ai envie de faire. Envie de créer, de travailler de mes mains. Je réfléchis et l’idée me vient. Je vais faire un peu de couture. Je vais chercher le tissu, le fil et les aiguilles. Je passe ma matinée à coudre, à la main. C’est apaisant. Par moment, je jette un oeil à travers la vitre. Il fait gris aujourd’hui. J’envisage d’aller prendre l’air, un peu plus tard.
Lorsque je suis satisfaite de ma couture du jour, je range le tout et vais en cuisine. Il est déjà midi et mon ventre réclame son dû. Pendant que mon repas chauffe, la météo change. De minuscules particules flottent dans les airs. Puis, cela s’arrête. Il menace clairement de neiger mais la météo est indécise. Je vais manger, laissant le temps au temps de se décider.
Pendant que j’absorbe mon plat, je m’aperçois que la fourchette devient lourde. Mes bras se sont ankylosés, subitement. Et petit à petit, c’est tou mon corps qui suit le mouvement. Ma mâchoire travaille difficilement. J’arrive avec peine à manger les derniers morceaux. Je pose mon assiette et m’allonge dans le canapé. Mes yeux brûlent et la lumière devient pénible. L’abattement s’installe et je ne peux que le constater. Ce n’est plus le moment de lutter mais d’accorder le repos. Je clos mes paupières.
Plus tard, j’ouvre les paupières, péniblement. Je constate les dégâts. Je ne sais pas comment je vais pouvoir ne serait-ce que lever un doigts. Auparavant, j’aurais cherché les causes de mon état. J’aurais voulu comprendre ce que j’ai fait de faux. Heureusement, depuis, j’apprends que je ne fais rien de faux. Je ne peux m’en vouloir de vivre et d’en profiter au maximum. Parfois ça passe, parfois ça casse. Je n’ai qu’à attendre le prochain tour de manège. Je passe l’après-midi, avec cette sensation écrasante de fatigue pourtant, lorsque je ferme les yeux, je ne dors pas. Je suis coincée dans ce corps ressentant la faiblesse et les douleurs. Par chance, d’où je suis, je peux regarder par la fenêtre.
Dehors, la neige est enfin tombée. Je prends énormément de temps à l’observer. Au fond de moi, j’ai tellement envie d’aller piétiner cet matière grumeleuse et éphémère. La couche se fait de plus en plus épaisse et même quand la nuit tombe, l’horizon est illuminé par le manteau blanc.
Le soir, j’écris un peu, sans trouver de position acceptable. Je vais droit au but. Je lâche prise sur mon état.
Je suis heureuse d’avoir pu coudre. Je tente de ne pas nourrir trop d’espoir pour demain, même si au fond, je l’admets, j’espère avoir la possibilité de fouler la neige.
Lorsque j’ouvre les paupières, le soleil brille déjà. Il fait un pied de nez à l’hiver et impose sa douceur. Je m’installe sur le tapis de yoga, encore en pyjama.
Ce matin, je ressens les sessions des jours précédents, dans la fatigue de mes muscles. Mais ce n’est rien comparé à la confiance grandissante qui s’installe. Je n’ai plus l’appréhension du début. J’affronte mes difficultés avec indulgence et calme. Je les accueille sereinement. Je me transforme et je ne parle pas de mon physique. Ça vient de l’intérieur, les fondations sont solidement posées. La séance est revigorante et la voix d’Adriene est toujours aussi rassurante. Par moment, je me permets d’improviser et de trouver ce qui me fait du bien. C’est son Mojo. J’inspire et m’en inspire.
Puis, je file à la douche. Je décide de me laisser une heure de soins, dignes du spa. Je me concocte un masque pour les cheveux, un autre pour le visage. Par moment, je fredonne, je sourie. Je masse mes mains, mes pieds. Je soigne chaque centimètre de mon corps. Du sommet de mon crâne à mes orteils. En sortant de la salle de bain, je suis nouvelle. Ça fait un bien fou.
Puis, je me mets à écrire et je me sens prolifique. Je rattrape mes pensées passées et les retranscris. J’apprécie toujours ce moment introspectif où je passe en revue ce que je viens de vivre. J’ai l’opportunité de mesurer une seconde fois la chance que j’ai. C’est simplement enrichissant. J’encre de la pensée que le bonheur est à portée de main, à chaque instant.
L’après-midi, quelques rendez-vous et je passe beaucoup de temps debout. Mes jambes s’usent, doucement.
Le hasard fait que je suis au même endroit qu’hier, au bord du lac. Cette fois, je ne peux rester longtemps. Je profite des caresses ensoleillées et du ciel bleu. Il est encore plus dégagé. Les mouettes virevoltent au-dessus de ma tête, insouciantes. La couleur de l’eau est différente mais toujours froide et envoûtante. Les vagues se sont apaisées. Je vole ces quelques minutes et remplis un peu plus mon réservoir d’énergie.
Le soir, c’est le revirement de situation. Inévitable. La légèreté et l’insouciance laissent place aux douleurs. Lourdes de conséquences. Aucune position n’est confortable. La nuit s’annonce longue et tumultueuse. J’entoure mon corps de coussins, j’offre le plus de confort que je peux. Je regarde un film. Je ne ressens pas le sommeil tellement l’inconfort est grand. J’attends Morphée, patiemment. J’entame un second film. Puis j’entends au loin, des pas. Je vais m’installer dans mon lit et aussitôt que la couverture me recouvre, Morphée vient m’entourer de ses bras. Tout ne se passe jamais comme prévu et cette nuit est tumultueuse, car je me réveille à de multiples reprises. Pour passer le temps, je visualise de bons souvenirs. Je sais pertinemment qu’il faut simplement temporiser. Le soleil finit toujours par se lever.
Dans la nuit, les souvenirs sont ma lueur d’espoir. Ils m’empêche d’oublier que la vie est belle.
Ce matin, réveil douloureux. J’entends les douleurs mais je ne veux pas les croire. Je ne veux pas entendre ce qu’elles disent. Elle murmurent que la journée commence mal. Elle insuffle une difficulté supplémentaire. Je dois réunir toute la motivation du monde pour me tirer du lit. Me voilà debout.
Je rejoins la voix d’Adriene, sur mon tapis de yoga. J’ai pris goût à la séance en pyjama. Je peux garder la sensation d’être encore entrain de dormir. La séance travaille énormément les abdominaux. Les miens sont loins d’être en béton mais comparés aux exercices me demandant d’être debout, j’éprouve moins de difficultés. Ou surtout, beaucoup moins de douleurs dans cette zone. Enfaite, lors des autres séances, il faut que je distingue la difficulté normale et la combinaison douleurs/difficultés. En effet, j’ai à la fois mal et à la fois, moins de facilité qu’avant. En tout cas, de ne pas faire de posture douloureuse me rend confiante. Et toutes ces respirations prises consciemment font définitivement taire la petite voix sournoise que j’avais dans la tête, lors de mon réveil.
Je me rends à un rendez-vous médical. En sortant, le soleil dépose un bisou sur mon front. Il fait beau. Le ciel est bleu, il ne manquerait plus que les oiseaux chantent. La température de l’hiver se bat avec le soleil pour rester négative. Cet environnement m’invite clairement à en profiter. Je me sens fatiguée. Je sens mes membres sans énérgie mais je ne suis pas très loin du lac. Par un soleil pareil, c’est cruel. Je tergiverse quelques minutes. Aller me reposer ou regrouper mon énergie et prendre plus d’air. Seconde option pour moi. J’en ai réellement envie. Je ne veux plus frustrer mon esprit. Malgré le froid, c’est comme si je rattrapais tous les mois où je ne pouvais plus bouger un doigt. Le soleil, l’air, le vent, les odeurs, et tant d’autres, autant d’éléments qui m’ont manqués.
Arrivée au bord du lac, je suis éblouie.C’est merveilleux. La promenade est presque désertique. Quelques enfants jouent, nourrissent les canards. Quelques badauds font comme moi, ils déambulent. Vers les quais, l’eau semble calme, le vent est muet. Il fait glacial, réellement. Mais les rayons jaunes me réchauffe le visage, l’âme. Plus loin, l’ambiance est différente. Je vois la réelle nature de l’eau. Il y a des vagues dignes de la mer. Aucun bateau ne navigue pourtant, c’est l’oeuvre du vent. L’eau gesticule, fait de grands mouvements. Ça crée un rythme apaisant. Les vagues se jettent à corps perdu sur les rochers, donnant le tempo. Et le vent souffle sur moi, à m’en faire perdre les doigts. Je suis émerveillée par tous ces détails. Il y a tellement de belles choses à percevoir, ressentir et observer. C’est une infinie ressource. Je m’installe sur le rebord en pierre. C’est froid sous mes fesses mais mon coeur est chaud. Je suis au centre de ce magistral spectacle. Je n’ai pas de mots. Je ressens des vibrations lorsque les vagues frappent les rochers. Les gouttelettes volent et scintillent dans les airs. Le reflets sont si puissants que j’en plisse les yeux. Par moment, le vent me contraint à clore mes paupière pour éviter aux larmes de tomber. Je reste là. J’écoute cette musique saisissante. Je suis aveuglée. Je ne me lasse jamais du lac. Je ne saurais pas l’expliquer. A toutes les saisons, il sait m’épater et m’apporter ce dont j’ai besoin. Je suis reconnaissante d’avoir ce point énergétique si puissant, prêt à me porter dans les épreuves de la vie. Je ne pense à rien. Je laisse l’eau nettoyer mon esprit.
Je me prépare un repas et je ne le sais pas encore, mais c’est la dernière activité que je fais aujourd’hui. Lorsque mon ventre est satisfait, je m’aperçois que mes membres sont devenus lourds. Sur mes épaules, un poids envahissant se pose. J’ai de plus en plus de mal à comprendre ce qui m’entoure. Le temps passe ou plutôt, je le laisse passer. Chaque geste devient un véritable effort. Allongée, même me retourner me coûte. Je fonds dans la lourdeur de l’inaction. J’attends. La nuit tombe et avec elle, je perds du terrain. Je navigue en plein brouillard, ne trouvant plus comment associer mes pensées aux mots. Je ne sais plus utiliser la parole. Je bégaye. Je ressens l’épuisement, les douleurs et doucement, la faim. Je n’ai pas la force de cuisiner, je n’ai pas le choix de décider quoi manger. Je ne sais plus. Je prends de longues minutes pour arriver dans la cuisine. Réussir à me baisser pour prendre un repas dans le congélateur. Je remercie mon moi du passé d’avoir congelé des plats, tout prêts, en prévoyance des jours compliqués. Ainsi, je continue mon engagement de bien me nourrir.
Mon état d’esprit est paisible, je patiente que l’orage passe. J’accepte le sort et attend mon tour, pour revivre. Je regarde dans mon téléphone, les images prises plus tôt. Beaucoup de reconnaissance d’avoir vécu ces moments riches. Puis je tente d’écrire. Vu mon état, c’est comique. Je décide de noter quelques mots clés et me promets de faire le reste demain, de rendre honneur à cette belle journée qui s’achève.
En me levant, j’ai le sentiment d’avance que la journée va être bien remplie. J’ai mis mon réveil avec un peu d’avance afin de pouvoir prioriser ma séance de yoga. J’avoue que j’ai même la flemme d’aller me changer. Je reste dans mon pyjama, encore tiède. Mon tapis est froid et pendant une demie seconde, je me demande vraiment ce que je fais là. J’aurais pu dormir. Heureusement, la voix d’Adriene me ramène à la raison. La vingtaine de minutes passe drôlement vite. Comme si le temps s’était mis à courir, pendant que j’étais plongée dans ma bulle.
Après cela, un petit déjeuné dans l’estomac et je file chez le médecin, encore. Dans ma vie actuelle, c’est devenu une situation récurrente. Carrément monotone. Je n’aurais jamais pu deviner, il y a deux ans, que j’y passerais autant de temps. Ce rendez-vous prend une partie considérable de l’énergie du jour. Dès midi, je baille sans arrêt. Mes épaules s’alourdissent et mes pas deviennent défectueux. Et doucement, un nuage d’incompréhension m’envahit. Je dois aller me coucher. J’avais pourtant d’autres projets mais la contrainte est posée. Je ne peux rien faire d’autre. Je rejoins mon matelas, m’enroule dans la couverture et regarde le temps passer. Par moment, je ne suis plus réellement là. Quelques heures plus tard, je me lève et l’impression que le repos n’a rien changé me parvient. Ma tête et mon corps sont au ralentis.
Je repense à ce matin et j’éprouve de la joie d’avoir pris le temps pour mon yoga. Si je ne l’avais pas fait, j’aurais dû abandonner, vu mon état. Je réalise combien il est important de mettre en priorité ce qui me tient à coeur. Trouver l’équilibre entre mes obligations et mon bonheur. La maladie est imprévisible et je ne sais donc jamais lorsque le coup de massue sera plus fort que moi.
La fin de la journée s’achève ainsi, des pensées de gratitude en tête. Je ne saurais pourquoi mais je pense aux diverses choses qui constituent ma vie. Je suis paisible
Cette nuit, j’ai cauchemardé. Je me suis fait une théorie à ce propos. Je constate que bien souvent, en me réveillant d’un mauvais rêve, je suis criblée de douleurs. J’ai l’impression que dans mon sommeil, mon corps perçoit ses sensations négatives et qu’il tente de m’en faire prendre conscience en me réveillant, par le biais d’un cauchemar. Comme ça, je peux me lever et tenter de faire quelque chose pour soulager le mal. C’est ainsi que j’explique les mauvais rêves douloureux. C’est sûrement plus simple d’encaisser cet épisode désagréable avec cette explication.
Pendant que je songe à ma petite théorie farfelue, je prépare mon petit-déjeuner.
Je réserve ma séance de yoga à plus tard et m’attaque à la lessive. Entre deux machines, j’avance les choses qui doivent être faites. La simplicité du quotidien m’accompagne et nous avançons jusqu’au douze coups de midi.
Je décide de me récompenser pour tout ce que j’ai déjà accompli aujourd’hui, par le yoga. Après la nuit que j’ai passé, j’accueille ce moment avec bonheur. La séance ne me pose pas de difficultés et c’est suffisamment agréable pour le noter. Ma lente respiration est bénéfique. Ce moment est la parenthèse dont j’avais besoin. Elle me fait sentir réellement là, bien dans mes chaussettes.
Après le repas, je décide de préparer du pain pour ce soir. J’enclenche la musique et c’est aussi l’occasion de profiter d’une des choses que je préfère. Je peux chanter. J’apprécie ce genre de moment où mes mains sont occupées, ma voix résonne dans la cuisine et mon esprit se sent libre. Je n’ai pas la prétention d’avoir un quelconque talent. Tout ce que je recherche, c’est les notes qui me font vibrer de joie. De plus, allier ma passion pour la cuisine et la musique en un seul et même moment, c’est doublement gagnant. Il n’en faut pas plus pour dessiner un large sourire sur mes lèvres.
Pssst! Voici mes petits pains. Ils sont à la farine d’épeautre. Miam.
Lors que je sors de ma cuisine, j’ai une idée en tête. J’aimerais aller acheter un nouvel aliment, du souchet. Alors, je pars à la recherche de celui-ci. Entre deux boutiques, l’air est glacial. Je regrette de ne pas avoir pris d’écharpe. Je cache mes mains dans mes poches et j’avance, mon objectif en tête. Je suis tellement focalisée sur ma mission, que j’observe très peu ce qui m’entoure. Et mes efforts paient. Après plusieurs magasins, je finis par trouver. Je m’empresse de rentrer car j’ai une petite idée de ce qui va composer mon goûter!
En arrivant, je me lave rapidement les mains et saute sur le paquet que je viens d’acquérir. Je prends une petite noix entre mes doigts et la glisse dans ma bouche. C’est croquant et un goût entre la noisette et la châtaigne se dévoile. J’en reprends une. Je mâche. Quel plaisir. Mon sourire s’élargit. Je n’ai pas mangé de fruits à coques depuis bien longtemps et ce croquant me manquait terriblement. Je suis ravie d’avoir trouver un nouvel aliment à ajouter à mon panel. Ça m’encourage d’autant plus à cuisiner. J’ai envie de tester plein de recette avec le souchet. Je le conseille aux curieux.
Le soir venu, je m’installe confortablement pour écrire. Aujourd’hui, c’est plus simple. Les mots apparaissent, prêts à être transcrits. Mes idées sont claires et je sens dans la rapidité de mes doigts, que je dois ralentir si je ne veux pas provoquer la douleur. Je suis tellement heureuse de pouvoir écrire chaque jour, des bienfaits que cela m’apporte que je n’imagine plus ma vie sans. Alors je veux bien ralentir la cadence, si cela me permet de tenir sur la durée. J’achève de compléter mes pensées et vais me coucher. Le coeur léger.
La nuit a porté ces fruits. Je me lève et me dirige machinalement vers la bouilloire. Je prépare une tisane et me rends sur mon tapis de yoga. La séance ancre en moi, les motivations qui me poussent à pratiquer. Je rencontre encore des difficultés. Mes membres vibrent puissamment. Plus d’une fois, je marque un temps de pause et reprend la pose. Je m’acharne. Constater tout ce que j’ai perdu, en termes de capacité, aujourd’hui, ça a le don de me pousser davantage. Plutôt que de m’attrister, ça me met en rage. J’ai clairement envie d’en découdre et de secouer mon avenir. Je veux gagner en possibilités.
Je sors de cette pratique éveillée et prête à attaquer la journée.
Mon planning de yoga. Je me réjouis de pouvoir inscrire au fur et a mesure un petit coeur.
Je passe énormément de temps sur du travail administratif. Les minutes défilent et l’heure se complète. Il est déjà l’heure de manger. Heureusement, il y a des restes de la veille. Je mange et repense à ma récente prise de conscience à ce propos. Là aussi, je profite d’encrer ce souhait d’être plus régulière.
L’après-midi, le travail s’enchaîne, entrecoupé d’un rendez-vous médical.
Il est dix-huit heure sur ma montre. Mes jambes semblent usées, pourtant, j’ai très envie de bouger. J’ai envie de me dépenser. Foutu pour foutu, j’enclenche la musique et me mets à danser. J’ai besoin de sentir mon corps de l’intérieur. Par moment, je ne peux m’empêcher de faire des mouvements qui ravivent mes douleurs. Je suis capable de les faire, la douleur n’a aucune valeur. Je ne veux pas lui laisser cette place précieuse. Je ne veux pas l’entendre, alors l’espace d’une dizaine de musique, elle est muette. Je tente de me persuader et d’imprimer dans mon cerveau, des chemins où la douleur ne laisse pas d’empreinte négative. Ce moment léger m’apporte une bouffée de bonheur. Je savoure.
Après le repas, j’ai envie d’écrire. Je n’en ai pas encore eu l’opportunité. Au moment où mes doigts se posent sur le clavier, les décharges du côté droit débarquent. Pendant une seconde, je suis agacée. Forcément, maintenant que je me suis assise, que mes jambes peuvent se reposer, ce sont les mains qui prennent le relais. Quelle blague! Mon corps a envie de jouer avec mes nerfs. Il n’a pas compris un truc. Aujourd’hui, je suis aussi d’humeur joueuse et s’il veut voir qui est le plus fort, il va vite déchanter. Je vais chercher un pack de glace, et le pose au point culminant. J’articule mes doigts sur les touches et durant les premières minutes, c’est une vraie bataille. Ça me fait mal mais bon sang, j’ai profondément envie d’écrire. Et je n’ai pas dit mon dernier mot (humour, parce qu’il en faut). Alors je prends les signaux de détresse et au fur et à mesure que les mots s’amassent, je les rends plus discrets.
Plusieurs émotions me viennent lorsque je vais me coucher. Je récapitule ma journée et apprécie de n’avoir rien lâcher. Je suis fière. Cependant, je sais pertinemment que certains jours, je serais contrainte d’en faire moins. Je sais que ces jours-là, il faudra accepter que je ne peux pas gagner toutes les batailles. Mais ce que je réalise d’autant plus c’est à quel point je dois savourer d’avoir remporté cette armistice.