Récit de vie – 11. La vie continue

Avant de lire ce qui suit, je te propose, si tu ne l’as pas déjà lu, d’aller jeter un oeil aux chapitres précédents.

Chapitre 1 – Ma vie d’avant

Chapitre 2 – La première fois

Chapitre 3 – Le déni

Chapitre 4 – Carnet de santé

Chapitre 5 – La descente

Chapitre 6 – Le monde bienveillant de la médecine

Chapitre 7 – Ma nouvelle étiquette

Chapitre 8 – Dans ma peau

Chapitre 9 – Il a dit stop

Chapitre 10 – Ma thérapie

Bonne lecture!


Photo de Candis Hidalgo sur Pexels.com

Pendant ce temps, en décembre 2019.

Souvent le repos est bénéfique. Dans mon cas, je pouvais conclure qu’il m’étais nécessaire certains jours mais ne garantissait en rien un rétablissement complet. Cela calmait simplement le jeu. D’ailleurs, c’est toujours le cas, le repos n’aboutis jamais vraiment à rien d’exceptionnel.

Partant de ce constat et ayant marre de tourner en rond dans mon appartement, nous tombions d’accord avec mon médecin. Il fallait essayer de reprendre doucement mon travail. J’étais contente de pouvoir y retourner et à la fois, anxieuse. 

En effet, j’avais hâte de voir comme les enfants avaient grandis en un mois. Vous rigolez peut être, mais un bébé, en une journée il change énormément. En un mois, je ne vous raconte pas l’évolution. J’étais partie sans y être préparée, ces petites bouilles qui remplissaient mon quotidien me manquaient. Et la belle entente construite avec mon équipe. Je ne rêvais que de pouvoir reprendre où je m’étais arrêtée. Comme un puzzle qu’on aurait commencé puis remis au lendemain. Malheureusement, il y a toujours un aspect plus sombre. Ici, c’était les enjeux. Je reprenais mon quotidien en main sans savoir comment mon corps allait réagir, sans savoir si j’allais supporter. Et si je n’étais déjà plus faites pour ça? Et si je n’y arrivais plus? 

J’avais convenu avec mon employeur de revenir progressivement. C’est-à-dire qu’à la place d’enchaîner une journée entière, je venais le matin et endurait au maximum quatre heure. Et le verbe endurer est volontairement choisi ainsi. En pourtant, en y pensant, quatre heures c’est presque risible.

Quelque chose a changé dans mon rapport au travail, dès cet instant.

J’avais choisi ce métier pour le plaisir et non pour l’argent et encore moins pour la facilité. Je savais que ce serait un métier physique, prenant et que je ne serais pas riche. L’important pour moi, c’était de pouvoir y mettre du coeur. D’avoir l’envie de me lever chaque jour. D’afficher un sourire sincère. 

Et là, en reprenant le travail, je découvrais que je pouvais regarder l’horloge plus de fois qu’il n’y a de secondes dans une heure. C’était effarant. Je me sentais si incapable, douloureuse et simplement plus comme avant que mon travail devenait une corvée. Tout m’était désagréable. J’avais plaisir à revenir mais ce n’était plus comme avant. Je sentais les changements dans mon énergie. Je remarquais une démotivation. Le problème c’était ni mes collègues contents de me revoir, me ménageant le plus possible. Le soucis ce n’était pas les enfants et leur doux sourires. Le problème, c’est que je n’avais pas guéris. Je n’étais pas entrain de guérir. Je dirais même que je continuais à être simplement de pire en pire.

Certaines journées me rappelaient pourquoi j’aimais mon travail auparavant. D’autres, à part compter les heures, une certitude me gagnait. Celle que je voulais être partout, sauf à cet endroit. Je le répète, le soucis ne venait ni de ma charge de travail ni des autres. C’est égocentrique mais le problème, c’était moi.

Je n’ai jamais autant attendu les vacances de Noël que cet hiver-là. J’ai serré les dents jusqu’aux vacances comme si je n’avais pas eu de répit depuis des lustres. En réalité, je souhaitais secrètement que ma maladie parte en vacances. Je n’osais évidemment pas le dire car je me sentais coupable. J’avais déjà passé énormément de temps au repos. J’avais l’impression que tout le monde méritaient des vacances, sauf moi.


Je ne peux m’empêcher de te remercier, toi qui lis ça. Merci, merci et merci ! La suite arrive dès que possible, en attendant, prends bien soin de toi.

Lili

Récit de vie – 10. Ma thérapie

Avant de lire ce qui suit, je te propose, si tu ne l’as pas déjà lu, d’aller jeter un oeil aux chapitres précédents.

Chapitre 1 – Ma vie d’avant

Chapitre 2 – La première fois

Chapitre 3 – Le déni

Chapitre 4 – Carnet de santé

Chapitre 5 – La descente

Chapitre 6 – Le monde bienveillant de la médecine

Chapitre 7 – Ma nouvelle étiquette

Chapitre 8 – Dans ma peau

Chapitre 9 – Il a dit stop

Bonne lecture!


Photo de Eva Elijas sur Pexels.com

J’aimerais faire une parenthèse dans mon récit pour vous parler de ce qui m’a aidé à traverser cette phase avec plus de sérénité.

Au début de mes soucis, je gardais le sourire. Pour sauver les apparences mais aussi parce que c’est dans ma nature. Je souris comme je respire et je suis une éternelle optimiste. Demandez à mon entourage, ils peuvent en attester. Pour moi, il y a toujours de bons aspects, même dans une situation terrible. Chaque problème a une solution. Je ne sais pas fonctionner autrement.

Malheureusement, la maladie avait commencé à gratter mon moral, au bout de quelques mois. Et je dois admettre que ce sont ces moments là qui ont été les plus terrible pour moi. C’est lorsque les douleurs se faisaient plus accablantes, ne me laissant aucun répit, doucement je perdais espoir. Je paniquais. Je ne savais pas encore ce que j’avais, alors je me demandais si j’allais rester ainsi à tout jamais. Je me demandais si ma situation pouvait empirer et comment. Je me demandais qu’est-ce qui pouvait bien clocher chez moi. Pourquoi n’arrivais-je pas à fonctionner normalement, comme avant. Clairement je broyais du noir. Ce n’était pas constant mais souvent, cela arrivait le soir, après une dure journée à endurer. Lorsque j’étais au plus faible, au plus mal et que je n’arrivais plus à supporter ce fardeau. C’est arrivé une fois, puis une seconde. Puis plusieurs se sont enchaînés.

Et c’est là que je me suis dit que quelque chose de plus n’allait pas. Je tenais debout parce que j’avais la force mentale. Néanmoins, si elle est attaquée, qu’allait-il me rester?

J’ai décidé de prendre les devant. C’était pendant ce fameux premier arrêt d’un mois.

J’avais besoin de comprendre la rage que je vivais, de comprendre mes peurs. J’avais besoin de rassurer l’enfant effrayé, à l’intérieur de mon être.

Je ne voulais pas devenir désagréable pour mes proches, pas plus. Ah oui, je peux vous l’assurer que parfois, j’étais tellement à bout que j’en perdais mes bonnes manières. Et ça me faisait tout autant mal. Je n’avais plus le contrôle.

Je n’avais tellement pas l’habitude de broyer du noir que lorsqu’un brouillard opaque a envahit mon esprit, j’ai décidé d’agir. Un élan de survie.

J’ai pris de quoi écrire, et j’ai tout sorti.

Toutes mes craintes, toutes mes douleurs. J’ai tout décortiqué. Je voulais tout voir à la lumière, au microscope. Je voulais comprendre ma situation. J’ai sorti toutes mes affreuses interrogations. J’avais tellement peur de l’avenir avec ce corps qui me faisait souffrir de long en large. Je me demandais souvent si je n’étais pas simplement entrain de mourir lentement. À qui dire ces choses-là, alors que tout le monde autour de moi étaient aussi terrifié que moi.

Auparavant et ce depuis l’enfance, j’avais toujours aimé écrire, rédiger des textes et des histoires. J’avais délaissé la plume, jusqu’à ce fameux jour. Et la première fois que j’ai écrit, dans cette situation, j’avais tellement d’émotions à faire sortir que mes doigts ne suivaient pas. Mes idées allaient plus vite que le reste à tel point que j’en avais des crampes. J’avais peu d’énergie pourtant, c’est comme si mon corps savait. Il comprenait qu’en m’octroyant la possibilité d’écrire, j’allégeais mon malêtre. À la fin de ma première séance d’écriture, j’étais légère.

Et c’est ainsi qu’à commencé mon auto-thérapie, bien avant le blog.

J’ai écrit tous les jours. Tous mes maux. Toutes mes joies.

J’ai refusé l’idée que mon moral se fasse piétiner par la maladie. Je sais qu’on ne choisit pas toujours mais j’ai vu l’occasion de me battre et je l’ai saisie.

Alors dans les moments les plus difficiles, ma frustration augmentait mais je n’avais plus peur de ne savoir la gérer. J’avais trouver un exutoire. Je n’avais plus à m’observer aller mal. Je pouvais m’apaiser en crachant les mots.

C’est comme si écrire m’avait permis de retrouver mon optimisme. Pouvoir confier tout ce que je pensais quelque part, m’a permis d’accepter le pire. J’ai relativisé. J’ai fait le compte de ce qui me restait. D’ailleurs, avant de me remettre à écrire, je reportais souvent les activités qui me plaisaient à lorsque j’irais mieux. En écrivant, j’ai appris à accepter que peut-être, ça n’irait jamais mieux. Je suis très vite devenue sereine, vis-à-vis de ça. Je préfèrais prendre les devants sur la situation. Autant apprendre à vivre avec ce nouveau moi et ces difficultés plutôt que de lutter. Nager dans le sens du courant, c’est plus simple. Et puis, si un jour tout devait s’en aller comme c’est venu et bien tant mieux. Au moins, je n’aurais pas cesser de vivre en attendant.

Et donc c’est aussi ainsi qu’à commencé l’écriture de ce récit. J’avais un dossier pour me défouler et un pour garder une trace.

Je me suis sentie soulagée d’avoir trouvé un soutien et fière d’avoir réussi à transformer une énergie négative en carburant. J’avais désormais un punching-ball à portée de mains. D’ailleurs, à l’heure où j’ai écris ce que vous lisez, je ne savais pas encore si j’allais en faire quelque chose. Je pensais surtout que cela resterait intime. Néanmoins, aujourd’hui, je publie en espérant que quelqu’un qui se retrouve dans une situation similaire, pourra se sentir moins seul. C’est mon souhait.

D’ailleurs, chère maladie, si toi aussi, tu me lis, sache que je t’accepte et je compose avec toi. Mais attention, cela ne veut pas dire que j’ai baissé les bras.


PS: Je te remercie d’avoir pris le temps de me lire et m’excuses pour l’irrégularité de mes articles. Prends bien soin de toi et promis, la suite arrive bientôt!

Un peu brouillon

Photo de Lisa sur Pexels.com

Il est temps. Il est temps d’apposer les mots, sur cette page. Peut-être parce que ça fait gentiment six mois, que j’ai commencé ce blog. Peut-être parce qu’il faut que je fasse sortir ce qui se passe pour moi, ces derniers temps.

Je vais essayer de prendre une photo de ma vie, composée de mots.

Vous l’avez remarqué, si vous me suivez, ma cadence de publication a diminuée de plus en plus.

Il y a plusieurs raisons à cela.

Pour commencer, j’ai accueilli dans mon foyer un chiot. Une petite femelle, pleine d’énergie et d’amour. C’était un pari risqué, presque stressant pour moi. Dans mon enfance, j’ai grandi entourée d’animaux que ce soit des chiens, des oiseaux, des rongeurs et bien d’autres. Et toujours durant mon enfance, j’ai nourri une passion dévorante pour les chiens, en particuliers. Comme une promesse à la petite fille que j’étais, je savais qu’un jour, j’adopterais mon propre animal.

Je m’étais toujours imaginée que le jour où j’aurais un job stable, une bonne situation et tout i quanti, j’adopterais. Sauf que je me suis prise la réalité dans la figure. Lorsque la maladie a frappé à ma porte, en détruisant la carrière professionnelle que j’avais entamé, elle a balayé tout un chemin que je me traçais. Et j’avais la sensation que je devais attendre de reconstruire tellement de choses pour pouvoir prétendre à mon bonheur. Néanmoins, j’ai appris notamment par le bien de ce blog à savourer ce que je peux accomplir aujourd’hui. J’ai appris à arrêter d’attendre demain. Donc, il y a quelques mois, je me suis beaucoup questionnée. Est-ce raisonnable de prendre un animal alors que ma condition physique est aléatoire? Est-ce que je serais apte à lui offrir tout ce dont il a besoin, tout ce qu’il mérite? Serais-je suffisamment forte? Comment puis-je offrir une situation stable alors que la mienne est bancale?

Et j’ai vu sa photo, âgée de quelques mois. J’ai fondu. Mon entourage a fondu. Le pari était lancé. S’en est suivi une longue attente, car ma petite boule d’amour vient d’un pays étranger et pour que tout soit en règle, il a fallut du temps.

Et la voilà dans mon quotidien.

Mon quotidien, auparavant rythmé par mes besoins, mes envies. Guidée par mon instinct, pour me sentir bien. Et soudainement, je ne pense plus à moi mais à elle. Je ne vais pas vous cacher que les deux premières semaines ont été intenses. Mes douleurs ne se sont pas évanouies ou tamisées pour laisser place à ce nouvel être. Néanmoins, pour ces beaux yeux, je me découvre des ressources insoupçonnées. Je vais encore plus au delà de mes limites ou plutôt des limites fixées arbitrairement par la maladie. Elle me fait marcher et surtout courir, et même si j’ai mal, j’oublie. Moi qui raffole d’observation de la nature, c’est un enchantement de voir sa joie de poursuivre les bourdons. Elle m’enseigne la patience et la joie de rencontrer. Lorsque je me promène avec elle, elle adore faire les yeux doux aux passants. Et ainsi, je retrouve un peu de chaleur sociale par un sourire, une conversation, partagée dans la rue.

Désormais, je n’ai plus peur de mal faire. Je sais que c’était la bonne décision de l’adopter et que je ferais tout ce qu’il faut pour qu’elle soit heureuse. Je pense finalement qu’elle m’aide à prendre confiance en mes capacités, avec ce corps capricieux. Elle n’en a pas conscience mais je vois mon avenir plus sereinement. Elle me permet clairement de sortir le nez de mes problèmes.

Je n’aurais jamais envisagé qu’il se produirait tout ça. De base, je voulais simplement avoir un compagnon de route, un compagnon de forêt. Et elle est bien plus, du haut de ces cinq mois. Je peux déjà l’affirmer alors que ça ne fait même pas deux mois qu’elle est avec moi.

Et pour le confirmer, il y a les aléas de la vie. J’ai malheureusement eu des mauvaises nouvelles sur le plans de la santé et je suis surprise par la manière dont je les ai digéré. Elle m’a permis de faire un pas en arrière, de relativiser. Pourtant, je relativisais déjà beaucoup!

Elle a tout chamboulé. Toute ma routine s’est envolée et je construit désormais une nouvelle routine, avec elle dans le planning. C’est pour ça, cher lecteur, que tu ne me vois plus trop.

C’est aussi pour ça qu’il n’y a pas eu de plaisirs gustatifs du mois d’avril et probablement pas du mois de mai, je ne sais pas encore. J’ai consacré toute mon énergie dans cet accueil, dans les tâches de la vie quotidienne et dans le repos.

Parce que c’est vraiment pas de tout repos mais franchement, qu’est-ce que ça vaut le coup! Et encore, c’est un chiot donc elle dort beaucoup. Mais pendant qu’elle dort, je me repose.

Il y a aussi que depuis quelques temps, je consacre beaucoup d’énergie à pouvoir retourner dans le monde professionnel. Beaucoup d’administratif, énergivore. Et ça non plus, ce n’est pas de tout repos.

Et tu le sais, cher lecteur, je ne me force jamais à faire quelque chose. Alors je ne peux rien promettre concernant l’avenir du blog, pour les prochaines semaines. J’ai vraiment peu de temps pour lire ou écrire. Et même si les mots valsent dans ma tête, en ce moment, mon corps est ailleurs. Et je dois lui laisser cet échappée, si c’est son besoin.

La suite de récit de vie, arrive doucement mais sûrement. J’espère que ce n’est pas trop long ou redondant.

En attendant, j’espère que toi qui me lis, tu vas bien. J’espère que tu prends soin de toi.

Je te dis à bientôt.

Lili