
Aux dernières nouvelles, mon temps était pris entre ma grosse boule de poils blancs, mes projets professionnels et ma santé. L’envie de lire et d’écrire étaient sur pause, me laissant ainsi l’opportunité de me gorger d’expériences nouvelles, de mots et d’idées à retranscrire plus tard.
Le temps de vivre légèrement, de me laisser porter.
Et puis tout s’est accéléré.
J’ai trouvé un emploi et avant que vous sautiez de joie pour moi, je dois dire tout ce que j’en penses.
J’ai arrêté un métier que j’aimais, j’ai quitté un secteur dans lequel je me sentais à mon aise. Et tout ça, à contre-coeur, à cause de ma santé. Peut-être qu’un jour je pourrais dire que c’est grâce à elle mais j’en suis encore loin. Pour l’instant, j’ai vécu un déchirement professionnel que j’ai pansé tant bien que mal. Et je sais que dans la globalité, la suite des choses pour que je retrouve une vie stable, je dois refaire une formation afin d’avoir un titre qui me permettra de trouver un emploi. Malheureusement, mes contraintes physiques m’empêchent de trouver le premier petit boulot venu, car c’est souvent trop physique.
Alors bon, j’ai mûri des idées réalistes afin de retrouver ma place dans le monde du travail. J’ai l’impression d’avoir fait un bond en arrière, retour à mon jeune âge où j’étais assaillie de questions sur l’avenir. Sauf que cette fois, il y a la complexité de trouver ce que je veux faire, ce que je peux faire physiquement et ce qui est possible de faire. Le tout en un métier. Et ça, c’est un peu contraignant mais heureusement, je suis une adulte (enfin, je crois, mais c’est un autre débat) et je dois croire en mes capacités. Parce que je dois avouer que ça me semble aussi lointain et compliqué que lorsque j’étais ado. Je m’imaginais déjà avec les bancs de l’école bien derrière moi! Qu’est-ce que je me suis fourré le doigt dans l’oeil! Bon bref, je sais que je vais finir par me former mais dans l’organisation, c’est pas pour tout de suite, je dois patienter une année.
Bon et du coup, en attendant, il faut bien trouver quelque chose pour vivre. J’ai beaucoup hésité à employer le mot survivre. À vous de choisir, même si plus j’y pense, plus je crois que survivre est le mot que je choisirais dans ce cas-ci.
J’ai commencé mes recherches, à gauche, à droite, vaguement convaincue. Mon médecin a établit une liste de restrictions mais dans la globalité, il me fallait un job de bureau. Ne plus porter de charges, ne plus rester debout, ne plus se déplacer toute la journée. Difficile de convaincre un quelconque employeur de m’embaucher, même sans parler de ma santé, dans un job où je n’ai ni expérience, ni diplôme. Et finalement, j’ai tout de même trouvé, malgré tout et sans que je m’y attende finalement. Alors, c’est loin d’être le travail dont je rêve, mais ça rentre dans les cases de ce qui à priori, devrait m’aller. Enfin, ça c’est dans le plan. Avec mon médecin, nous avons estimé que je pourrais travailler à 100% mais dans la réalité des faits, ni lui, ni moi ne pouvons savoir si je vais réussir à gérer tout ça.
Et c’est ça, exactement ça qui me fait mourir de trouille.
Je suis au début d’une nouvelle aventure et elle m’effraie. Je ne doute pas forcément de mes capacités en tant que telles mais plutôt, je reste frileuse à l’idée d’être trop confiante. J’ai peur que comme avec mon emploi précèdent, ma santé me joue à nouveau des tours et que je m’écroule, encore une fois. J’ai l’impression d’être un château de carte en plein air. Tout peut arriver, à n’importe quel instant.
J’ai envie d’être optimiste et de me dire que c’est une nouvelle page qui commence mais je bloque. Je ne peux m’empêcher de ressasser ce que j’ai vécu. Ces journées où je rentrais du travail épuisée et où je m’effondrais dans ma cuisine, le ventre vide mais n’arrivant plus à tenir debout pour me préparer à manger. Je me souviens comme ma tête était pleine d’hurlements de douleurs que je ne savais pas gérer. Je sais aussi qu’à cette époque je n’avais pas de traitement de fond, que je ne savais pas de quoi je souffrais. Alors je comprends que je ne peux pas comparer cette période. Je sais que l’histoire ne se répète pas nécessairement à chaque fois, mais tout de même. Je garde cette boule au ventre. J’ai peur de me rétamer et je crois que c’est humain.
Alors même si aujourd’hui, j’ai des outils pour vivre avec mes maladies, même si aujourd’hui, j’ai repris du poil de la bête et quand bien même, j’ai soif d’avancer. J’avance prudemment, pour me préserver. J’essaie de ne pas avoir trop d’attente sur ce corps. Si j’arrive à assumer le travail à temps plein, ce sera une victoire. Et si c’est le contraire et bien je saurais que j’ai besoin de limiter mon temps.
Dans mon dernier emploi, j’ai eu tellement de mal à lâcher, car j’étais passionnée que je me suis épuisée. Même à la limite de l’incapacité à marcher, je mettais des stratégies en place pour m’y rendre. Je donnais toujours plus, je souffrais toujours plus et je retiens qu’il m’a fallut des mois et des mois pour remonter un bout de la pente. Alors ce qui est sûr, c’est que cette fois-ci, je ne pousserais pas. Oui, je ferais les efforts car il va en falloir pour se lever, les jours où les symptômes seront plus forts mais je n’irais plus au-delà du raisonnable. Je ne souhaite pas que l’histoire se répète.
Il y a aussi le fait que mon futur employeur ne sait pas d’où je viens. Durant l’entretien d’embauche, je ne savais vraiment pas où me mettre, je ne savais pas quoi dire concernant le blanc dans mon cv. Normalement, si j’avais suivi mes valeurs qui prônent la transparence et la sincérité, j’aurais évoqué que j’avais des soucis de santé, toujours actuels et me forçant à réinventé ma vie professionnelle. Sauf que dans la vraie vie, dire qu’on est malade, ça fait peur aux patrons. Forcément, lui, il souhaite engager le meilleur parti possible. Il veut un employé sur qui il peut compter. Il ne souhaite pas qu’un beau matin, son employé ne puisse plus venir travailler, sans prévenir. Alors même si ce job ne me faisait pas de l’oeil, je ne voulais pas gâcher mes chances de gagner de quoi payer mes prochaines factures. Alors je suis restée vague, prônant mon meilleur sourire, disant que j’allais bien.
Et au fond, en ce moment, je ne vais pas si mal. Mais l’incertitude fait entièrement partie de ma vie et je trouve dommage de devoir le cacher. J’ai l’impression d’avoir menti. Et encore pire, désormais, je vais devoir jouer un double jeu.
Avec mon ancienne directrice, nous étions très transparentes. Elle savait tout de ma situation et mes collègues aussi. C’était une chance unique et je la mesure pleinement. Et je regrette d’autant plus de ne plus être faites pour travailler parmi eux.
Parce que non seulement j’ai le sentiment d’avoir baratiné mon futur patron mais en plus, je suis à nouveau masquée. Je ne pourrais pas me sentir épanouie auprès de mes collègues ou de mes supérieurs. Je recommence une double vie où il y a la Lili, en apparence complètement valide, toujours souriante et de l’autre côté, il y a la Lili qui se rend presque chaque semaine chez le médecin, qui est fatiguée et qui a mal partout. Et c’est dur, je trouve, de séparer ma santé de ma vie globale. Certes, mes pathologies ne me définissent pas mais elles ont un impact concret sur ma vie. Les éluder, ce sera cacher une grosse partie de ma vie quotidienne sous le tapis. Et j’espère tellement réussir à caser mes rendez-vous médicaux sans déranger mon emploi mais je sais déjà que ça va me coûter en énergie. Courir d’un endroit à l’autre, se lever encore plus tôt. C’est aussi pour ça que j’ai peur du temps plein. C’est pas le samedi que je vais pouvoir aller faire mes prises de sang. C’est pas à 18h30, quand la journée de travail est terminée que je vais pouvoir m’y rendre non plus. Et maintenant que j’y pense, je redoute aussi de retomber dans ce cercle vicieux sans place pour les loisirs. Ce cercle où je suis tellement épuisée que j’enlève doucement tout ce que j’aime pour ne garder que l’essentiel pour vivre. Avoir un travail pour pouvoir manger, aller chez le médecin pour prendre soin de ma santé et me reposer pour pouvoir mieux recommencer.
Bref, vous l’aurez compris, je suis à l’aube d’une nouvelle aventure qui me fout la pétoche. Et je suis malgré tout heureuse d’avoir cette opportunité et j’espère que j’en tirerais le plus de positif possible. J’y vais avec retenue mais le coeur confiant.
Et autrement, je n’ai donc pas trop suivi tout ce qu’il s’est passé sur wordpress. J’espère que toi qui me lis, tu vas bien. Je crois que ça serait me mettre trop de pression que d’essayer de rattraper tous les articles que vous avez tous publiés. Néanmoins, sens toi libre de me partager dans les commentaires un article qui te tiens à coeur, que tu penses que je souhaiterais lire. J’apprécierais grandement!
Et j’ai une dernière nouvelle à te partager. Je reprends la publications des chapitres de Récit de vie. Il n’en reste plus beaucoup, ils sont presque tous prêts et je vais les publier régulièrement. J’espère que tu apprécieras toujours.
Je profite de te rappeler que je te remercie du temps que tu passes ici, ça signifie beaucoup pour moi.
Prends bien soin de toi!
Lili