Allons en balade

Je vous emmène avec moi, au fil d’une de mes récentes balades, autour d’un petit lac dans le jura vaudois.

Ça commence par une flèche jaune, la première d’une longue suite. Derrière la végétation, je devine l’eau. C’est une journée venteuse, où j’aurais du mettre un bonnet, tellement le vent est coupant.

Je tente de m’approcher mais le bord est protégé naturellement. La nature sait préserver ses merveilles.

Plus loin, de petites embarcations attendent sagement qu’on les emprunte.

Le vent fait son travail et balaie le ciel afin que je puisse réchauffer mes joues. En suivant le chemin, mes pas s’éloignent de la berge pendant encore quelques mètres.

Le paysage est plus beau que dans mes rêves. J’apprécie la couleur des sapins, la nudité des arbres et les petites cabanes cachées dans les bois. Le tout, sous l’oeil bienveillant de ce lac.

À un moment, sur ma droite, une gigantesque paroi rocheuse fait son apparition. Je m’arrête le temps d’observer les détails. Le froid me secoue, pour que j’avance. Autrement, j’aurais pu passer l’après-midi à contempler les rochers.

Le soleil fait se fait manger par les nuages tandis que j’atteinds le village.

Le lac s’éloigne derrière moi et je repars, comme je suis venue, a une nuance près. Je me sens légère, ressourcée et simplement heureuse. C’est fou, la nature.

Posons les mots

Cette nuit laisse un goût désagréable. Réveillée par des douleurs après quatre minces heures de sommeil. Le défi a été de réussir à trouver un oasis d’apaisement, de m’y plonger et de retrouver le sommeil malgré les sensations douloureuses. Après deux heures d’éveil, je repars pour un temps avant de me lever définitivement.

L’état est instable mais il faut composer avec.

Je prends le temps d’émerger, d’offrir une tisane et un petit déjeuner à ce corps malmené. La séance de yoga est reportée à plus tard.

Avant que la foule ne s’amasse, je profite d’aller observer l’eau clair et de prendre quelques rayons de soleil.

En rentrant, je prends le temps d’écrire et je me dis qu’il est peut-être temps de poser certains mots. Depuis le début de mon blog, il s’en est passé des choses. Avoir ce lieu d’expression quotidien m’a permis de me structurer chaque jour, pour me reconstruire, dans ce passage tumultueux de vie. En me prenant ainsi par la main, j’ai construis un quotidien qui me ressemble. Ponctué de yoga, d’observation, de marche, d’écriture et de bienveillance à mon encontre. Grace à ce blog, j’ai eu la chance de rencontrer de superbes personnes, d’enrichir mes horizons et j’en suis ravie. J’ai redécouvert plein d’aspects de ma personnalité que j’avais oublié et j’ai gagné beaucoup de confiance face à ce corps capricieux. En commençant ce blog, je m’étais faite une promesse sans forcément calculer l’avenir. Comme pour beaucoup de mes choix, je ne décide jamais à l’avance où doit être le point final, en général, il se révèle par lui-même.

Alors non, je ne souhaite pas arrêter ce blog. Ce n’est pas mon but, je pense qu’il fait partie intégrante de cet équilibre quotidien. Cependant, ces derniers jours, et je pense que ça se ressent, c’est différent. Je ne pense pas avoir besoin d’une pause mais d’un rythme d’écriture différent. Je ne sais pas encore comment cela va se goupiller mais ce que je sais, c’est que ça va changer. Je n’ai plus besoin de compter les jours de ma nouvelle vie. Ce nouveau départ pris il y a plus de trois mois, m’offre une vie remplie de joie, de belles activités diverses et variées. J’ai toujours su faire preuve de souplesse dans mes actions et je viens désormais assouplir un peu mon rythme de publication. Enfin, je ne suis certaine de rien. Ce qui est certain, c’est que je vais continuer à écrire que ce soit ici ou dans mes projets personnels. Je vais continuer à partager mes pulsions de vie cependant, je ne veux juste plus décider quand.

Les mots sont posés et je peux désormais aller me reposer.

Jour 90 – Mots en bernes

C’est une journée du quotidien. Humeur joyeuse et bon repas. Odeur de lessive et de gaufre. Moments avec des être chers et rêverie d’avenir. Simplicité de vivre, de rire et de bouger. Les douleurs en sourdine, la marche près du lac. Le soleil brille à m’en faire plisser les yeux. Un brin d’écriture, minuscule et du yoga pour étirer mes pensées.

Et un cliché pour résumé cette douce journée.

Jour 89 – Des reflets

Je sors de mon sommeil avec facilité et me rends sur mon tapis de yoga. Je pratique une séance courte mais stimulante et je quitte le tapis, bien éveillée. Après un petit-déjeuner rapidement avalé, je me prépare et sors.

Aujourd’hui, la météo est clémente. Le soleil de la veille est revenu, pour que je puisse avoir la chance d’en profiter, me dis-je. Je me rends chez ma thérapeute.

Après le rendez-vous, je me dirige vers le bord du lac. La météo est douce, les rayons du soleil caressent ma peau. Une balade où le temps n’a plus de valeur.

Le long des quais, un détail attire mon oeil. Je marque un arrêt pour observer la clarté de l’eau et la manière dont les bateaux reflètent leur image sur elle. Comme une image de synthèse, la tête à l’envers.

Ce spectacle, aussi banal soit-il, me régale.

Entre la simple beauté des embarcations et les couleurs chatoyantes sur l’eau, je suis comblée.

Plus loin, les cygnes et les canards s’amusent, entre ciel et lac.

Je continue ma route vers les quais réservés aux navires de croisières. Et je ne m’attendais pas à cette belle projection sur l’eau, majestueuse. Entre imaginaire et réalité, lequel est le vrai finalement? C’est à si perdre.

Les douze coups de midi sonneront bientôt tandis que le soleil est fixé au milieu de ce ciel.

Mon ventre me rappelle à l’ordre, pour rentrer.

Après le repas, je débute mon après-midi avec un rendez-vous.

Lorsque celui-ci s’achève, je décide d’écrire. Dernièrement, mes journées ont été bien remplie et je n’ai eu que très peu de temps à consacrer à cette passion. Je décide d’aller m’installer sur mon balcon, afin de profiter de cette météo, presque printanière. Les lunettes de soleil sont d’ailleurs de rigueur.

En fin de journée, je décide d’aller encore me dégourdir les jambes et de profiter, encore.

Je me rends aux abords d’un autre port. La luminosité est tempérée et le soleil persévère jusqu’au bout.

D’un côté le soleil scintille sans fin.

Et de l’autre, les montagnes se montrent fièrement. Offrant une dernière magie, avant la nuit.

Alors que le soleil nous dit ses adieux, je rebrousse chemin, pour tirer à mon tour, ma révérence.

Jour 88 – Ça déménage ou presque!

Ce matin, je me réveille avec l’ambition des grands jours. La force et l’enthousiasme de profiter à fond ces prochaines heures. Comme une remise à nouveau. Je commence, comme toute bonne journée par du yoga.

Puis, j’ai pour projet de continuer ce que j’avance petit à petit depuis quelques temps. C’est-à-dire l’aménagement de mon lieu de vie. Je suis heureuse de mon chez-moi, mais j’ai le sens du détail, et peut-être un peu trop. Cependant, j’ai aussi le temps de repenser l’espace et de l’aménager du mieux possible. Le genre de détail que souvent, je me suis dit que ce serait mieux autrement, sans jamais agir.

Aujourd’hui est venu le jour d’agir. Je vais tenter une nouvelle disposition des meubles. Alors, sous l’effet de mes petits muscles, les meubles se mettent à danser. Les objets valsent d’une pièce à l’autre. Même la disposition des tableaux changent. Tout y passe. Et vu que j’y suis, je nettoie, on pourrait presque dire que je fais mon nettoyage de printemps, sans la saison. J’y passe la journée, sans vraiment voir le temps passer.

Ce n’est que lorsqu’il ne reste plus que la poubelle à sortir que je m’aperçois d’un détail. Le soleil s’en est allé et je n’ai pas pris le temps d’en profiter. Pour me consoler, la lune se montre. Et le ciel est décoré de teintes époustouflantes. Cette fois-ci, je saisis l’occasion d’observer ce ciel. Il peut paraître on ne peut plus banal pourtant, c’est suffisant pour remplir mon coeur de joie et m’aider à clôturer cette journée plus que productive.

Jour 87 – Des petits pas vers le bonheur

Sur mon balcon, une légère couche de neige persévère de la dernière tombée. L’émerveillement me gagne, lorsque j’aperçois les empreintes, sûrement celles d’un pigeon se promenant par-là.

Ce matin, le réveil sonne. Je me lève avec une paresse à rallonge et me recouche. Je regarde le temps et calcule combien je pourrais grappiller, pour rester le plus longtemps dans mon lit. J’étire et allonge chaque minute jusqu’au moment fatidique où il faut s’y mettre. Alors, avec lourdeur, je m’habille, me prépare, avale un petit truc et sors. La température glaciale des jours passés laisse enfin place à quelques degrés de plus. Je sens tout de suite la différence.

Ce matin, j’ai un rendez-vous médical.

En sortant du cabinet, je profite d’attraper cette magnifique vue.

Le rendez-vous m’a fatigué, j’ai besoin de me reposer. Alors, je prends le temps, encore.

Par la suite, je me motive à étudier le solfège. J’ai l’impression de faire des progrès chaque jours. Je termine par faire courir mes doigts sur le piano, en mélodie. Mon humeur studieuse me pousse a ranger ce qui à besoin de l’être, faire quelques paperasses puis, en récompense, je continue le jeu entamé la veille. L’enquête est vraiment passionnante, j’ai l’impression d’être dans la peau d’une enquêtrice au coeur d’un grand mystère.

Après le repas du soir, je regarde la flamme, une série complètement décalée et délirante. Les éclats de rires raisonnent dans l’obscurité du salon. Une journée s’achève, dans le bonheur, une fois de plus.

Jour 86 – Le soleil brille dehors

C’est avec douceur que mes yeux s’entrouvrent sur cette journée. Pleine d’entrain, je me rends sur mon tapis de yoga, pour pratiquer. Je choisis d’être guidée et la pratique est plutôt tonique.

Après ce moment mouvementé, je me laisse porter par le temps en lisant. C’est mon estomac qui vient me sortir de mes pensée, au bout de deux heures.

Il est presque midi et j’ai autant envie d’un petit-déjeuner que d’un repas. Je me lance dans la préparation de pancakes rapides et légères. Les petites crêpes dodues sont savoureuses.

Par la fenêtre, le soleil est à l’oeuvre. Le temps est avenant malgré la température qu’indique le thermomètre.

Cette après-midi, je passe énormément de temps à lire. Je suis plongée dans un autre univers et c’est tout ce dont j’ai envie et besoin. C’est une journée remplie de lenteur, de calme.

Puis, sans que je ne comprennes pourquoi, je me lève avec une impulsion. Je range la vaisselle qui traîne, je m’habille, prend un thé à l’emporter et me voilà à l’épreuve du froid. Les rayons du soleil chatouillent mes yeux, j’aurais dû prendre mes lunettes de soleil. En cette saison, à part à la montagne, je les oublie tout le temps. Tant pis, je plisserais les yeux. Je me rends au bord du lac. La promenade est bondée, forcément, c’est le week-end. La splendide météo attire. Il faut aussi admettre qu’il n’y a pas grand chose à faire, en ces temps compliqués.

Je m’efforce de prendre des chemins différents, afin d’éviter la foule.

Je m’efforce de prendre des chemins différents, afin d’éviter la foule. Mes pas me guident au dessus de la piscine fermée pour la saison froide. J’observe ce parc désertique, et ses arbres dénudés. Il me dit qu’il se réjouit que la température augmente, pour pouvoir être fréquenté. Au dessus de nous, le soleil nous regarde, essayant tant bien que mal de nous réchauffer.

À un moment, mes genoux commencent à se bloquer. Mes pieds s’accrochent au sol et je comprends que je dois redoubler d’efforts pour mettre un pied devant l’autre, en toute sécurité. Il est temps de rentrer, avant que je ne sois trop fatiguée.

Ce soir, j’entame un second jeu narratif, dans la même lignée que le précédent terminé. L’enquête peut commencer et ma journée peut enfin s’achever.

Jour 85 – De fleurs et de rêves

Ce matin, je m’empresse d’aller guetter si la neige est restée. La couche est fine mais elle est là. Le temps est gris et sec. Je décide d’aller pratique mon yoga matinale. Après quelques salutations au soleil, bien toniques, je prends le temps de fermer les yeux. Je visualise une belle journée qui m’attend et après quelques respirations lentes, je m’active!

C’est le ventre rempli et plusieurs couches de vêtements enfilés que je m’en vais. J’ai réservé un bouquet chez un fleuriste proche de chez moi, en passant par l’application TooGoodToGo. Je me réjouis d’avoir la surprise de découvrir ce qui m’attend. Pour m’y rendre, je me retrouve en difficulté car les trottoirs sont complètements recouverts de glace, en pente en plus. Alors, agilement, un pas après l’autre, je parviens à destination. Je récupère mon précieux arrangement floral.

Il est tellement grand que je ne parviens pas à le photographier dignement en entier. Chargée de ma trouvaille, payée à moins d’un quart de son prix initial, je me rends chez ma grand-maman. En cette période si compliquée, où on ne sait jamais autant peu vue, je sais que ce geste la remplira de joie. Et je ne me suis pas trompée, je lui ai apporté des fleurs qui font l’effet d’un soleil dans son lieu de vie. Elle est émerveillée et en retour, moi aussi.

Puis, je rentre chez moi, me préparer un repas pour le midi.

Cette après-midi, je vais continuer à nourrir un rêve gardé secret jusqu’ici. Je souhaiterais adopter une petite boule de poils qui deviendra grande. Je souhaiterais prendre un chiot et le voir grandir plus vite que l’éclair. J’aimerais avoir un compagnon de route, de balade. Alors, comme depuis plusieurs jours, je continue à me renseigner sur les différents aspects et moyens. Chaque recherche, chaque lecture vient nourrir et faire grandir ce souhait si profondément encré. Peut-être que bientôt, le rêve se réalisera.

Je prends légèrement le temps d’écrire, très peu inspirée puis, en fin de journée, je me rends chez un autre fleuriste. Deuxième bouquet à récupérer, pour trois fois rien. En arrivant là-bas, j’ai même le choix.

Ce soir, je partage le repas et la soirée avec ma famille à qui j’amène les fleurs. Des sourires illuminent nos visages dans la nuit.

Jour 81 – Aller au-delà de la peur

Photo de Bryan Geraldo sur Pexels.com

Je me lève avec facilité. Instinctivement, je reporte ma séance de yoga matinale à plus tard, comme si je savais qu’elle me serait plus bénéfique à un autre moment. Pourtant, ce qui me guide c’est l’écoute de mes besoins et à l’instant, je n’ai pas besoin de pratiquer. Alors, je vais prendre mon petit-déjeuner et boire ma tisane tranquillement.

Puis, pendant que le linge se lave, je vais m’atteler a repeindre un meuble. L’activité est plus physique que je ne l’imaginais. Tenir le rouleau de peinture et recouvrir ce meuble relève très vite du défi. Lorsque je dois ouvrir le pot de vernis, je suis confronté à une difficulté. J’ai beau tenter toutes les stratégies, ce pot ne veut pas s’ouvrir. J’y mets toute ma force et doucement, je commence à penser que je n’en ai pas assez. C’est au moment où je me dis qu’il n’y a plus d’espoir, qu’il réapparaît. Le pot s’ouvre et finalement, j’y ai mis tellement de force que j’ai percé le flacon. Comme quoi, finalement, je ne suis pas aussi faible que je ne le pensais. Il ne faut pas que je l’oublie.

Je vernis mon meuble, en inspirant et expirant en plein conscience. J’ai besoin d’amener des encouragements dans mes mains souffrantes. J’ai l’impression d’être entrain de pratiquer du yoga, tellement je dois me concentrer sur ma respiration pour que mon corps accepte les mouvements que je lui impose.

Puis, une fois terminé je m’installe pour écrire. Mes doigts sont raidis par les efforts de la matinée, alors je tente de ne pas faire bousculer les idées. Les mots viennent tout seuls, comme par magie.

Peu après midi, mon linge est enfin propre, mon meuble vernis et mon texte écrit. Je suis satisfaite et j’ai la sensation d’avoir vécue une journée condensée. Je m’installe dans le canapé et savoure mon repas. Par la suite, je m’accorde du temps de légèreté devant une série. J’avale quelques épisodes quand soudainement, j’ai l’âme d’entreprendre.

Aujourd’hui, j’aimerais reprendre un apprentissage que j’ai laissé tomber. Il y a un peu plus d’une année, j’ai investi dans un piano car je souhaitais apprendre. Durant mon enfance, j’avais appris le solfège ainsi que je jouais du xylophone et j’avais pu toucher quelques fois le piano. Malheureusement, en grandissant sans pratiquer, il ne me reste que des bribes. Et donc, il y a quelques mois, je m’étais convaincue de m’y remettre, motivée. C’était sans compter l’intervention de la maladie, qui agissait sournoisement, dans l’ombre. Quelques semaines plus tard, alors que je faisais des progrès en piano et en solfège, je tombais au plus bas. J’étais à bout de force et il était impensable de faire une quelquoncque activité. Faire défiler mes doigts sur les touches avaient commencé à déclencher de violentes crampes. Je ne parvenais même plus à prendre des objets dans mes mains. Alors comme pour tout le reste de ma vie à cette époque, j’ai abandonné. Dès lors, je vois tous les jours cet instrument. Il est en face d’une fenêtre offrant une magnifique vue. J’ai toujours apprécier m’installer là pour apprendre, jouer et me plonger dans ce monde à part. Alors, me voilà aujourd’hui sur mon tabouret face à mon piano. Je veux effacer ce goût d’échec malgré moi, je veux remplacer le souvenir de l’avoir abandonné par des notes dans les airs. C’est ainsi que je reprends mes leçons dès le début. Et doucement, ça revient. À la fin, j’écoute un morceau de classique pour clore ce moment musical. A demie-voix, je fais le souhait de revenir demain, reposer mes doigts sur les touches.

Forte de ce premier pas, je vais me préparer pour faire une séance de yoga. J’ai besoin d’extérioriser toute cette belle énergie. La séance va être tonique, challengeante et contre toute attente, je me dépasse.

J’ai la sensation que c’est un pas de plus vers le mieux être mais la vérité, c’est que je savoure l’instant. Je ne veux pas mieux que maintenant tellement je suis heureuse, épanouie et comblée. Je me satisfait de cette vie, différente et riche. Et c’est sur ces belles pensées que je m’endors.

Jour 79 – Aller de l’avant

Je m’éveille, sereinement. Mon corps me paraît reposé mais un détail attire mon attention. Ça vient de mes yeux. À peine je les ouvre qu’ils brûlent. Malgré les gouttes de la veille, le sommeil et les paupières closes, ils sont en feu.

Je me lève malgré tout, pensant qu’après encore quelques gouttes, cela passera. Je prépare une tisane, une fournée de yoghourt qui seront prêts dans une dizaine d’heures et me voilà partie vers le salon.

Mon tapis de yoga m’attendait. Ce matin, je suis une vidéo d’Adriene. La séance commence en douceur, réveillant mon corps et faisant taire les sensations désagréables. Puis, les postures s’enchaînent et s’intensifient. Je ne vois pas l’heure passer. Je me sens pleinement centrée et prête à profiter de cette magnifique journée.

Je vais me préparer un petit déjeuner et ensuite, je décide d’écrire. J’aimerais terminer l’article pour pouvoir le publier mais c’est sans compter mes yeux. Ils se rebellent et s’immolent. Je sors ma panoplie de gouttes et collyres mais rien n’y fait. Alors, je pose rapidement mes mots, le strict minimum, je ne relis même pas et j’abandonne. C’est trop douloureux et impossible d’écrire les yeux fermés.

Je tente d’aller préparer des compresses chaudes que je dépose délicatement sur mes paupières. Puis, j’instille encore une goutte dans chaque oeil et vais m’installer dans le canapé. J’ai l’impression que l’astuce des compresses a fonctionné. Je retrouve un confort mais de courte durée. Quel calvaire.

J’ai souvent les yeux secs, qui me brûlent, tirent et j’en passe. Pourtant, une crise aussi forte, dès le réveil, je n’en avais jamais connue. Ce n’est même pas une histoire de fatigue car je me sens en pleine forme. La situation est un peu rageante mais malgré tout, je fais preuve d’un calme olympien. Autrefois, je me serais peut-être énervée contre ce corps détraqué. Mais, à l’heure actuelle, j’ai appris à accepter les aléas de ce quotidien pas comme les autres. Il me demande de me réinventer chaque jour. Comme si chaque jour, j’avais un nouveau corps avec de nouvelles conditions. Instinctivement, désormais, je ne me lamente plus mais je vais directement vers les solutions. Je vais de l’avant.

Dehors, j’aperçois la grisaille et même si le soleil est caché sous une épaisse couche de nuage, je n’en peux plus d’avoir les yeux ouverts. Je les ferme à la moindre occasion et les plisse. Et soudainement, une idée un peu surprenante me vient en tête. Et si je remplace mes lunettes de vue par mes lunettes de soleil, j’aurais moins de luminosité, ça sera ça de gagné. Un peu honteuse d’en arriver à cette idée, je pars chercher mes lunettes. Le soulagement est immédiat. Mes yeux restent inconfortables mais je peux désormais les ouvrir un peu plus longtemps.

Avec ce sens entravé, je vais passer une partie de la journée à écouter des podcasts. J’avais envie de coudre, de regarder des films et d’écrire mais je remets à plus tard. Je n’ai pas spécialement le choix mais ce n’est pas l’important.

Au moment de me cuisiner une soupe, je dois admettre que c’est comique. Je ferme souvent longuement les yeux, pour apaiser le mal mais je ne suis pas sûre de maîtriser ma cuisine les yeux fermés. Et c’est à ce moment précis que je me rends compte le fabuleux travail que font mes yeux. Malgré les difficultés d’aujourd’hui, je les chéris et estime pleinement toute la chance que j’ai d’en avoir encore l’utilisation. Je les remercie mille fois, dans ce moment délicat et leur envoie tout mon amour. J’ai une pensée d’admiration (est-ce que je peux me permettre de le penser et de l’écrire?!) envers toutes les personnes malvoyantes.

Une fois ma soupe prête, je la savoure, toujours les yeux clos. Les sensations sont différentes et j’ai toute ma conscience sur ce qui se déroule dans ma bouche. Une explosion de textures, de saveurs. Je déguste lentement mon bol.

Puis, malgré les podcasts, je rencontre un peu l’ennui. J’avais imaginé avoir une journée plus active mais je ne sais pas fonctionner sans mes yeux. J’analyse mon corps et mes possibilités et je constate que je suis pleine d’énergie. Alors, je m’habille et pars prendre l’air. Si je n’ai pas la vue, j’ai la marche.

Une fois arrivée dehors, la luminosité s’intensifie, malgré mes lunettes de soleil toujours présentes sur mon nez. Et le vent. Je n’ai pas calculé les obstacles que je pourrais rencontrer. Le vent froid souffle sous mes verres et vient limer mes pupilles. Quel supplice. Pendant quelques minutes, je songe à abandonner la promenade jusqu’à ce que je prends une ruelle que je n’avais jamais emprunté. Et surprise, le vent ne sévit pas dans cette petite rue. Alors, je continue ma route.

J’avance au hasard, en fermant soigneusement les paupière dès que je le peux. Je soulève bien mes pieds, afin de ne pas buter contre une irrégularité du sol et ainsi, je vais de l’avant. En arrivant devant cette descente, je me questionne sur mes capacités. Pour moi, ces derniers temps, le plus dur a toujours été de descendre. C’est un exercice très challengeant et la pente est sacrément raide. Je n’ai aucune idée d’où mène ce chemin verdit mais je décide de laisser le destin choisir. J’avance.

En atteignant le point le plus bas, j’atterris au milieu d’une petite forêt avec une rivière. Je n’aurais jamais imaginé tomber sur une surprise pareille. Je prends hasardeusement un cliché et reste à écouter le son de l’eau. Je clos mes paupière, accoudée à la rambarde du pont et profite de reposer mes jambes. Après la descente, il y a toujours une montée.

J’entame la monté, tout aussi raide. Plus j’avance et plus je distrais ma tête des sensations désagréables. La promenade me fait un bien fou. Ce n’est qu’au moment de rentrer, que de derrière mes lunettes de soleil, j’entrevois des contrastes dans le ciel. Je les capture, pour pouvoir mieux les admirer plus tard. Ils étaient plus spectaculaire en vrai qu’en image. Tans pis.

Par un autre chemin, je retrouve la route de la maison. Je suis soulagée d’avoir pu aller mettre mon corps en mouvements. Certes, je n’ai pas pu observer tous les détails de ma balade, comme je le fais d’habitude. Pourtant, cette fois, j’ai perçu d’autres choses. J’ai porté mon attention sur les odeurs, les sensations de chaleur et de fraîcheur ainsi que les sons m’entourant. C’était différent de d’habitude mais tout aussi riche.

Ce soir, je vais continuer mes podcasts et m’endormir paisiblement. Ce fut une belle journée malgré les difficultés rencontrées.