Récit de vie – 3. Le déni

Avant de lire ce qui suit, je te propose, si tu ne l’as pas déjà lu, d’aller jeter un oeil aux chapitres précédents.

Chapitre 1 – Ma vie d’avant

Chapitre 2 – La première fois

Bonne lecture!


Reprenons au moment où je me repose, entre juillet et août 2019. Je m’attends à être vite sur pieds, comme après un petit rhume.

J’ai donné ma lettre de démission dans mon travail actuel depuis quelques temps et en réaction de cette nouvelle, mon employeur instaure une ambiance malsaine vis-à-vis des arrêts maladies. En effet, une pression psychologique est constante. Lors d’une maladie, de manière dissimulée, il nous est demandé de ne pas être malade. C’est si simple, pourquoi n’y avais-je jamais penser. Sans plaisanterie, le seul but de mon ancien employeur était le profit au détriment de l’humain fournissant le travail. Sachant tout cela, vous ne serrez pas surpris d’apprendre qu’après ma petite balade aux urgences, je n’ai pas eu la possibilité de me rétablir correctement. Et maintenant que j’y repense, ce mode de fonctionnement bien étrange n’était pas nouveau. Je ne l’avais simplement jamais vraiment expérimenté.

Je devais terminer cet emploi tout en formant mon remplaçant. Malgré cette ambiance plus que toxique, je me sentais légère car je savais que je quittais ce lieu. Leurs manière d’agir ne m’atteignait qu’en surface. J’étais imperméable à leur négativité et j’avais confiance en l’avenir. Et pendant ce temps, je gardais en séquelle quelques petites douleurs au niveau du mollet. Je pensais clairement que je manquais simplement d’encore un peu de repos pour me rétablir et qu’il était donc normal d’avoir mal. J’avais la conviction d’avoir récupéré en grande partie, tout en gardant encore quelques plaies plus longues à cicatriser. J’ai instinctivement mis de côté la course à pied tout en gardant le reste de ma vie et de mes activités inchangées.

J’avais des vacances à prendre, avant de quitter cette entreprise. J’en ai bien profité pour ralentir le rythme et me suis rendues au bord de la mer avec mon frère et mes parents. Mon frère m’a donné un surnom tout à fait charmant: Dr House. J’ai boité et marché lentement durant toutes les vacances. Ma famille ne m’avait jamais vue comme ça et avaient parfois du mal à comprendre ma faiblesse, mes douleurs et ce malgré la médication. J’ai parfois dû refuser certaines activités car je ne m’en sentais pas capable et je me disais que dans ma situation, j’avais simplement besoin de ne pas forcer. Le repos m’aiderait à guérir. Je garde un superbe souvenir de ces vacances, malgré mes nombreuses difficultés. J’étais intiment convaincue que j’étais entrain de me rétablir. Je chérissais mon corps de m’avoir permis tant de choses et lui offrait dès que possible du répit.

Et le grand jour arriva. Mon premier jour dans le nouveau poste.

J’étais aux anges. J’appréciais autant le cadre que la directrice ainsi que mes collègues. Je me voyais déjà m’épanouir dans mon poste. Etant donné que c’était l’été, après deux semaines de travail, la crèche fermait, pour les vacances annuelles. Ça tombait bien, si vous voulez mon avis. Trois semaines de plus pour me requinquer, c’était idéal.

Durant la première, j’ai profité de ma famille et de mes amis puis j’ai rejoins mon compagnon. À l’époque, Il habitait dans une jolie maison de campagne, avec un grand jardin, ses parents et leurs animaux. Malheureusement, nos vacances n’étaient pas synchronisées et il devait aller travailler. J’ai profité de ces deux semaines comme si j’étais partie à une retraite de yoga. Je me laissais dormir, puis je pratiquais quelques étirements et j’allais finalement me prélasser au soleil, une lecture à la main. Je vivais au ralenti, en douceur. Autrement dit, du repos, du repos et du repos. À la fin de ce long congé, je rentrais chez moi, avec la certitude d’être presque guérie. Je pouvais à nouveau me mettre sur la pointe des pieds. J’en sautillais précautionneusement de joie.

Et la rentrée est naturellement arrivée.

Plus les jours passaient, plus je tissais des liens avec mes collègues et je m’acclimatais à cette nouvelle ambiance professionnelle. J’apprenais à connaître les enfants et leurs parents et exerçait mon travail avec un plaisir grandissant. Chaque jour avait sa propre dynamique en fonction des petits et des mes collègues et chaque jours, je rentrais à la maison avec la satisfaction de bien faire les choses. J’avais le sentiment d’avoir enfin trouver ma place professionnellement parlant. Le cadre de travail était bienveillant et stimulant, je n’en demandais pas plus pour m’épanouir.

Chaque jour aussi, une petite graine de douleur reprenait sa place dans mon mollet, à commencer par le côté droite. Chaque jour, elle germait de plus belle. Et ce sans m’en rendre réellement compte. J’appliquais la méthode de l’autruche, en accordant qu’une minime attention aux signaux que mon corps m’envoyait.

Rappelons que d’un point de vue professionnel, je sortais d’un poste où l’on jette les gens une fois usés alors je gardais la crainte de montrer à mon équipe ma faiblesse naissante. Faiblesse dont je n’avais pas encore réellement conscience non plus. En effet, mentalement, j’étais persuadée que l’aventure du week-end de mai 2019 était de l’histoire ancienne. J’étais aussi vive et dynamique que je le pouvais. Je proposais des balades en poussette aux petits quotidiennement et me donnait à fond. Mon intégration dans l’équipe s’est fait naturellement et rapidement. En parallèle, je pratiquais à nouveau le yoga et je tentais de passer mon permis de conduire.

Je n’osais pas regarder la verité en face. J’étais en plein déni mais la vie était belle avec ses couleurs de fin d’été.


PS: Je te remercie de me lire et promis, la suite arrive bientôt!

Lili

Récit de vie – 2. La première fois

Photo de Isabella Mendes sur Pexels.com

Avant de lire ce qui suit, je te propose, si tu ne l’as pas déjà lu, d’aller jeter un oeil aux chapitres précédents.

Chapitre 1 – Ma vie d’avant


Maintenant que vous avez le contexte, il est peut-être temps d’entrer dans le vif du sujet, à savoir, comment cela a commencé. Je menais la vie dont je vous ai parlé. J’étais confortable. J’avais quitté le nid familial depuis plus d’une année, j’avais un chez moi douillet, je préparais une course de dix kilomètres dans ma ville, un chéri, une famille, des amis, bref. Tout allait bien, un long fleuve tranquille se préparant dans l’ombre, en torrent. 

Seule ombre au tableau, je changeais de lieu de travail. En effet, je n’étais plus en accord avec les valeurs de mon ancienne direction. Soleil dans le tableau, j’avais trouvé une place vacante, qui me semblait parfaite. Donc un changement professionnel, certes, mais plutôt maîtrisé et voulu.

Trois semaines après ma fameuse course, la maladie ramenait sa valise pour établir une colocation. Sans mon consentement préalable. Sans que je ne l’aperçoive, elle et ses cartons.

C’était un samedi soir, banal. J’ai toujours la date en tête, le week-end du 25 et 26 mai 2019. J’avais passé une journée au bord du lac, avec une amie puis je m’étais préparé un repas pour finalement m’installer devant mon ordinateur. J’allais jouer aux jeux vidéos, merci frérot. Après quelques parties, j’ai ressenti le besoin de me rendre au toilette. À ma grande surprise, je ressentais des douleurs dans les deux jambes. De manière diffuse, entre la crampe et la courbature. Une drôle de peinture. Je n’ai pas été affolée par la situation. J’ai simplement pris l’initiative d’avaler un anti-douleurs et me suis vite rassurée. Une nuit de sommeil et l’affaire serait vite oubliée. Je m’étais bien remise de ma dernière course et j’étais globalement en bonne forme.

Mauvaise surprise: l’affaire a continué.

Le lendemain matin, à mon réveil, je suis simplement tombée de mon lit. Encore dans le coton du sommeil, je n’avais pas présagé qu’au moment où j’allais mettre mon poids sur mes jambes pour me lever, mes jambes allaient… prendre leurs jambes à leur cou. C’est arrivé très vite. Je me réveille. Je me mets debout. Échec. Douleurs. Incompréhension. Deuxième tentative en me tenant aux murs et meubles. Douleurs, douleurs, douleurs. Sans tomber cette fois-ci. Mon objectif: me rendre au petit coin. Je m’effectue, tant bien que mal. Après ma petite affaire, je retourne péniblement dans mon lit, comprenant que les problèmes de la veille ne se sont de loin pas réglés et même pire, ils ont empiré. Je n’ai pas perdu de sensations dans mes jambes, c’était même plutôt tout l’inverse. De mes orteils jusqu’en haut de mes cuisses, tous mes muscles étaient tellement crispés que j’avais deux bâtons bien rigides à la place des jambes. Lorsque je souhaitais plier mes genoux, l’effort était tellement conséquent que mes muscles lâchaient pour me faire atterrir au sol. Tous mes mouvements étaient entravés et fastidieux.

Ni une ni deux, j’ai avalé un fruit, me suis habillée tant bien que mal et direction les urgences, péniblement.

Je vous passe les détails de l’attente, un dimanche aux services des urgences hospitalières et je passe directement au verdict. Finalement, pas vraiment de verdict. Et spoiler alert: C’est le premier d’une longue lignée. Le médecin que j’ai vu m’a expliqué qu’il ne pouvait pas dire ce qu’il m’arrivait. Malgré les prises de sang et autres tests. Il pouvait constater que mes muscles des deux jambes étaient contracturés des orteils aux cuisses. Il ne pouvait pas dire pourquoi. La seule supposition qu’il m’ait laissé était qu’ayant des troubles digestifs, il était possible que j’aie des carences, dont en magnésium. Je suis donc rentrée bredouille ou plutôt clopin-clopant avec mon magnésium et des antidouleurs sous le bras. Et bien évidemment quelques minces jours de repos et sans que je le sache, accompagnée de ma nouvelle colocataire.

Je dois souligner que je parle d’elle comme d’une colocataire, mais à ce moment-là, j’avais simplement le sentiment de m’être blessée, de manière banale et que j’allais me soigner. Qu’il y avait un problème et une solution. J’imaginais encore que j’étais comme invisible, que tous les bobos avaient un remède.

Dès ce jour-là, nous pourrions plutôt comparer ma colocataire à une personne malveillante tapie dans l’ombre de ma vie.


PS: Je te remercie de me lire et promis, la suite arrive bientôt!

Récit de vie – 1. Ma vie d’avant

Photo de Maddy Zen sur Pexels.com

Pssst, viens par ici!

Je dois te dire que je me sens enfin prête à te partager quelques secrets.

Je m’explique.

Durant l’année 2019, j’ai vécu une descente fulgurante vers la maladie. À ce moment précis, j’ai entrepris d’écrire ce que je traversais car je ressentais le besoin de poser mes maux. L’écriture m’a beaucoup aidé à extérioriser mes émotions et à digérer les épreuves. J’ai écris plusieurs chapitres, retraçant mon histoire, dès les premiers symptômes jusqu’au diagnostique final. Aujourd’hui, je me décide à le partager car ces états par lesquels je suis passée, je sais que je ne suis pas la seule. J’aurais aimé, à l’époque, pouvoir lire un récit comme le mien. Néanmoins, je tiens à prévenir que parfois, mes mots peuvent être crus. J’ai pris la décision de ne rien modifier, pour ne pas édulcoré ce que j’ai ressenti. Alors, je me permets de te mettre en garde, par moment, il se peut que ça ne soit pas joyeux. Cependant, ne t’en fais pas, à l’heure actuelle, j’apprends à vivre avec tout ça et je me sens beaucoup plus apaisée. Nous pourrions presque conclure par une happy end. Sur ce, bonne lecture, si tu oses.


Chapitre 1 – Ma vie d’avant

Je ne suis pas arrivée du jour au lendemain à la conclusion défaitiste que je ne guérirais pas de si tôt. Pour le comprendre, je pense qu’il est nécessaire que je parle de ma vie d’avant. Si vous pensez que je dramatise en scindant ma vie avec un avant et un après, je vous comprends. J’aurais aimé dramatiser. Ma vie n’est plus la même et ce n’est pas une lamentation mais un fait. Décrire la personne que j’étais avant, me paraît pertinent car nous ne nous connaissons pas. D’ailleurs, enchantée, je m’appelle Lili, j’atteins bientôt le quart de siècle et j’ai deux trois choses à vous raconter. 

Je n’ai pas la prétention de pouvoir écrire une autobiographie de ma vie vu mon manque d’expérience. Du haut de mes 24 ans, je n’ai pas encore d’histoires rocambolesques à vous raconter. Je n’ai pas escalader l’Everest et je n’ai pas fait d’études grandioses.

J’ai néanmoins eu une belle enfance, empreinte de rire, d’une famille affectueuse et d’amis. Je ne peux que remercier mes parents pour le cadre dans lequel j’ai grandis. Je me suis épanouie dans de nombreux loisirs, allant du théâtre à la danse classique,  tout en faisant partie d’un groupe de gymnastique durant plus de dix années. J’avais la bougeotte depuis toute petite et n’en parlez pas à mes parents, à moins d’en avoir le temps.

J’ai toujours aimé lire et apprendre malgré que parfois, j’eus des difficultés à l’école.

J’ai un grand frère. J’ai grandi avec la pensée magique que nous avions été ensemble dans le ventre de ma maman mais qu’au moment de la naissance de mon frère, j’avais préféré rester au chaud près d’elle. J’ai donc patienté cinq longue année avant de décider d’en sortir, selon moi. Mon frère m’a transmis le goût des jeux vidéos et de la musique. J’eus la chance de pouvoir le regarder jouer durant des heures ainsi que de découvrir Eminem dès mes sept ans. Et nous avons passé plusieurs après-midi inoubliables, à courir, une arme de paintball à la main. Et ce jusqu’il y a encore peu de temps. C’est tout ce que vous devez retenir.

Je peux aussi dire que j’ai hérité d’un joli bagage artistique. Mon père a peint durant de nombreuses années et ma mère adorant bricoler, peindre ainsi qu’inventer. J’ai donc moi-même beaucoup dessiné, peints et bricolé. J’ai toujours eu énormément d’imagination et je me plaisais dans la créativité.

Une de mes activités favorites, encore aujourd’hui, c’est de passer du temps à l’extérieur. Enfant, accompagnée de mes mes voisins, nous jouions durant des après-midi entières jusqu’à ce que nos parents nous appellent à table, par le balcon. Nous faisions du vélo, des cabanes, des courses poursuites. La belle vie. La nature était déjà importante à mes yeux. J’aimais passer du temps dehors, et je ne vous parle même pas de me baigner! Un vrai poisson dans l’eau, que ce soit à la piscine de l’école ou bien, durant les week-ends avec mes parents, au bord du lac. Et sans rentrer dans les détails des étés, à la mer. Bref, une magnifique enfance qui formait l’adulte que je deviendrais. 

Et mon adolescence? De mon point de vue, je n’ai pas eu une adolescence relativement compliquée. Certes, il y a eu des hauts et des bas ainsi que des disputes avec mes proches. Rien d’extraordinaire, pas de fugues ou de je-ne-sais-quoi. Par contre, c’est à l’adolescence que mon goût pour l’écriture s’est prononcé. Une petite graine qui a bien germé depuis. J’ai toujours eu la chance d’être entourée d’ami(e)s sur qui je pouvais compter ainsi que d’une famille aimante.

J’ai le souvenir qu’à l’adolescence, ce qui revenait le plus à l’école, c’était la question de l’avenir et de trouver sa voie professionnelle. J’ai le sentiment que mes camarades et moi étions harcelés et stressés par nos professeurs quand à notre futur. Avec le recul, je me rends compte que je ne comprenais pas ce qu’il se jouait. Je n’ai pas eu un objectif de carrière qui ait résisté à l’âge adulte. Je crois qu’étant jeune, je voulais être vétérinaire. Oui, parce que je ne vous ai pas parlé de ma passion pour les animaux, en particulier, les chiens. J’ai eu beaucoup de posters, de peluches et deux vraies boules de poils. Bref! En grandissant, vétérinaire tombait à l’eau car je suis très vite devenue allergique aux chats alors ce n’était pas très pratique. Plus tard, ayant été contrainte par le programme scolaire à me chercher un stage d’une semaine, je m’essayais au métier de fleuriste. J’ai gardé un très bon souvenir mais je n’y ai pas vu mon avenir.

C’est en arrivant au gymnase, (au lycée pour les français), en devant choisir ma voie d’études que je compris mon attrait pour le domaine social. J’ai choisis de passer un diplôme et une maturité professionnelle qui me permettent de travailler dans le social, auprès de diverses populations. J’aimais l’idée de pouvoir travailler autant avec les enfants que les personnes âgées ou encore des personnes en situation de handicaps. Un vrai couteau suisse humain. Mes études se déroulent tant bien que mal et malgré mon attrait plus spécifique pour le domaine du handicap, je décide de m’accorder un peu de répit. En effet, travailler dans des structures spécialisées, cela signifie avoir des horaires décalés et à ce moment-là, j’avais envie de souffler. J’ai choisi de travailler avec les enfants, afin d’avoir des horaires lambdas, du lundi au vendredi avec la promesse secrète de revenir dans quelques années dans mon domaine de prédilection.

Donc dans ma vie d’avant me voilà, dans une crèche. Je m’occupe de bébés, du lundi au vendredi. À ce moment précis, soit vous vous dîtes: «Oh des bébés c’est mignon!», soit vous êtes de l’autre école qui n’aime pas les enfants. Je récolte toujours ces deux réactions. Je m’égare, passons. 

Je vous ai brièvement citer mes activités sportives et je ressens le besoin d’amener de précieuses informations pour la suite. Le fait est que j’aime le sport. J’aime bouger, me dépenser, une vraie pile. Parfois, je me fatigue toute seule. À l’âge adulte, mes pratiques sportives se résument à la course à pieds, le yoga et le paintball, avec mon frère. Ensuite, n’importe quelle proposition mouvementée et vous pouvez être sûr que j’acceptais!

En décrivant toutes ces choses, je veux vous faire comprendre l’essentiel. J’aime la vie. J’ai toujours aimé vivre. Tous mes professeurs s’accordaient à dire que je souriais sans cesse et que j’étais un rayon de soleil. Si je résume, je suis de nature souriante, positive et j’aime bouger. 

Donc tout ça, c’était ma vie d’avant. 


PS: Je te remercie de me lire et promis, la suite arrive bientôt!

Inattendu

Depuis plusieurs jours, j’ai envie d’emballer un pique-nique et d’enfiler mes baskets. Partir en vadrouille, avec un livre et passer du temps à marcher, dehors. Je ne parle pas d’une simple promenade quotidienne mais carrément d’une petite expédition. De ne pas réellement calculer l’itinéraire mais de savoir que je pars en dehors de mes chemins habituels. De prendre le temps de savourer l’air, mes pas et les paysages.

Ce matin, sortir du lit me paraît simple. Je vais m’installer sur mon tapis de yoga, comme bien souvent et je laisse mon corps et mon esprit s’éveiller en mouvement. La magie opère.

Je regarde par la fenêtre et malgré la grisaille, je le sens. C’est aujourd’hui que je pars en vadrouille.

Je prépare un petit repas, quelques biscuits et de l’eau. J’empaquette le tout dans mon sac à dos, avec ma liseuse et mes lunettes de soleil, sait-on jamais. Chaussures aux pieds, veste enfilée et c’est parti.

Je rejoins rapidement la gare car le début de mon périple se situe dans un village, non loin d’ici.

Mon guide, pour aujourd’hui, ce sera ce type de panneau.

Le premier d’une longue lignée!

Le départ se fait proche des habitations et très vite, le chemin s’éloigne. Il m’emmène dans les zig-zag du paysage, entourée de vignobles.

Je passe de petits hameaux en chemins étroits. Une vraie aventure dans ce décor dénué de gens. Les joies de pouvoir profiter d’une douce matinée, en semaine.

Et par moment, alors que mes muscles me demandent déjà ce qu’on fait là, je suis récompensée par une invitation à la pause.

Vous voyez ce bout de verdure, au fond à gauche de l’image? Mon objectif se trouve dans cette direction. Je compte aller au delà des dédales du panorama, déplier les reliefs aussi loin que je le pourrais. Je n’ai pas réellement décidé où se situe le point final, il n’a que peu de valeur à mes yeux. L’important, c’est le chemin et j’attendrais d’avoir été aussi loin que ma motivation me portera. Quand je serais arrivée, je le saurais.

Alors, j’avance.

D’un pas déterminé, j’évolue sur les sentiers déserts. Pendant près d’une heure, je suis seule. Je ne croise que très rarement des passants, allant dans la direction opposée. Le sentiment de liberté est grisant.

En arrivant dans les villages, le bonhomme continue ses précieuses indications. À un moment, il se dédouble et m’offre deux directions. Je m’arrête le temps de prendre la décision. C’est bon, je peux repartir. Je n’ai aucune certitude concernant le choix que je fais instinctivement, pourtant, je suis confiante.

Au dessus de moi, le ciel semble confiant.

Cela fait déjà deux heures que je suis partie et doucement, j’entends des clochettes se rapprocher, derrière moi. Le son se fait de plus en plus proche. Je finis par me retourner pour découvrir ce qui me suit. C’est un petit chien, suivit d’un second et en fin de marche, leur maître.

Voyant que je me retourne, il appelle ces compagnons et je lui rétorque qu’il n’y a pas de mal. J’ajoute qu’ils sont adorables. Et c’est ainsi que nous commençons à discuter. C’est un monsieur qui pourrait presque être mon père. Il paraît solaire et jovial, de ce que je me souviens. Pourtant, à l’heure où j’écris, c’était il y a trois jours. Je m’aperçois que je n’ai pas observé le physique de ce monsieur. Ce qui va suivre est au delà de nos corps et des apparences.

Nous marchons dans la même direction et sitôt qu’il a finit de me présenter ces deux boules de poils, il m’interroge. Il me demande jusqu’où je vais. Je lui réponds que pour le moment, je n’ai pas établi la destination finale. Je lui explique mon point de départ et il en fait de même. Très rapidement, nous passons un accord tacite d’avancer ensemble, en discutant. Nous parlons des paysages, des chiens et soudainement ça devient très profond. Je lui confie cette parenthèse de vie, que je traverse actuellement. Ça me fait étrange de me retrouver à lui dire qu’il y a un an, je ne pouvais plus marcher, alors que nous sommes dans une belle montée. Il est aussi surprit que je ne le suis. Je réalise au moment où je parle tout ce chemin parcouru. La claque.

Et encore plus surprenant, il traverse des événements similaires. Nous sommes deux inconnus, endommagés du monde, marchant pour se reconstruire, pour conquérir du sens et pour mieux repartir à la quête de l’avenir. Nous échangeons nos secrets, nos bobos et nos joies. C’est un moment hors du temps et je n’en prends conscience que lorsqu’il s’arrête à la hauteur d’une bifurcation. Il doit aller prendre le train, rentrer pour nourrir ces chiens. Nous échangeons nos prénoms, nous nous souhaitons une belle suite et au plaisir de peut-être se recroiser.

J’avance, en réalisant ce que je viens de vivre. La richesse de cet échange totalement inattendu et pourtant si merveilleux. J’ai le sourire plus large que jamais et doucement, je me dis qu’il est temps de faire une pause. J’ai besoin d’un moment pour digérer le bonheur de cette rencontre. J’avance encore quelques mètres, jusqu’à trouver l’endroit idéal, celui de mon repos et aussi de mon repas.

Je sors mon Thermos et profite de mon repas. Ma tête passe en boucle tous les mots échangés afin de n’en oublier aucun. Je suis tellement heureuse que nos routes se soient croisées. Toutes ces petites décisions prises d’instinct, me menant vers une rencontre si riche. Je suis comblée par ce cadeau de la vie. Cet encouragement muet à persévérer, à ne rien lâcher.

Le ventre plein, je reprends la route. Arrivée à ce stade, mes jambes sont un peu contrariées mais je sais désormais où la fin de mon périple sera et je dois tenir bon. J’occupe mon esprit en baladant mon regard. Il y a tant à regarder entre ce dédale de vignes à perte de vue…

Et le lac, dont je ne fais que de m’éloigner et de me rapprocher. Il y aussi les montagnes, un peu timides aujourd’hui, dont on devine les sommets blanchis. J’en prends plein la vue et ça me permet de ne pas focaliser sur mes douleurs grandissantes.

Je traverse un dernier village, m’engouffre dans celui-ci et à la clé, en passant sous un pont, je suis au bord de l’eau. Je ne l’avais pas vu venir celle-là. Je suis montée tellement haut que je ne m’attendais pas à mettre mes pieds dans l’eau.

Je m’installe, au soleil afin de profiter de cette superbe récompense. Le temps est meilleur que lorsque je suis partie et je me sens fière d’être arrivée jusque-là. Ce matin, je gardais en tête de pouvoir m’arrêter à tout moment, comme si je n’étais pas sûre d’en être capable. J’apprécie le sentiment de m’être prouvé le contraire. bien avant cet endroit.

Avec ma fière acolyte, j’ai nommé, mon ombre.

Intérieurement, je suis comblée cependant, physiquement, il est temps pour moi de rentrer me reposer. Dans le train, je fais le bilan de cette aventure. Je pèse le poids de l’inattendu et conclu qu’il est inestimable. Je sais pertinemment que j’ai peut-être dépassé mes limites physiques et que j’en paierais les conséquences. Néanmoins, pour une telle avalanche de bonheur, je veux bien subir les retombées pendant des jours s’il le faut, au moins, je n’oublierais pas cette magnifique journée.

Allons en balade

Je vous emmène avec moi, au fil d’une de mes récentes balades, autour d’un petit lac dans le jura vaudois.

Ça commence par une flèche jaune, la première d’une longue suite. Derrière la végétation, je devine l’eau. C’est une journée venteuse, où j’aurais du mettre un bonnet, tellement le vent est coupant.

Je tente de m’approcher mais le bord est protégé naturellement. La nature sait préserver ses merveilles.

Plus loin, de petites embarcations attendent sagement qu’on les emprunte.

Le vent fait son travail et balaie le ciel afin que je puisse réchauffer mes joues. En suivant le chemin, mes pas s’éloignent de la berge pendant encore quelques mètres.

Le paysage est plus beau que dans mes rêves. J’apprécie la couleur des sapins, la nudité des arbres et les petites cabanes cachées dans les bois. Le tout, sous l’oeil bienveillant de ce lac.

À un moment, sur ma droite, une gigantesque paroi rocheuse fait son apparition. Je m’arrête le temps d’observer les détails. Le froid me secoue, pour que j’avance. Autrement, j’aurais pu passer l’après-midi à contempler les rochers.

Le soleil fait se fait manger par les nuages tandis que j’atteinds le village.

Le lac s’éloigne derrière moi et je repars, comme je suis venue, a une nuance près. Je me sens légère, ressourcée et simplement heureuse. C’est fou, la nature.

Lettre à toi

Photo de John-Mark Smith sur Pexels.com

C’est en rédigeant mon article sur mes plaisirs gustatifs du mois de février que j’ai ressenti le besoin de mettre bout à bout quelques mots concernant ce rapport si étrange que j’entretiens à la nourriture.

En faisant le bilan du mois écoulé, j’éprouve un sentiment contradictoire. Je suis non seulement heureuse d’avoir continuer à accorder une grande importance à me nourrir mais d’autant plus que je n’ai pas été aidée. La vérité, c’est que j’ai passé la moitié du mois malade et qu’à l’heure actuelle, ce n’est pas fini. Ayant une maladie touchant mon système digestif, cela faisait plusieurs mois que j’étais dans une phase plutôt stable. Février aura troqué la stabilité contre des nausées à la journée, des pertes d’appétit infinies et le ventre qui se tort à en pleurer. Par moment, je n’ai envie de rien avaler, le ventre tellement gonflé puis la seconde d’après, il me crie famine pourtant, tout me dégoute. Les crises sont devenues tellement discrètes ces derniers mois que j’avais oublié à quel point elles ont le pouvoir de gâcher mon quotidien, allant jusqu’à me réveiller la nuit.

Alors, chère maladie, promis, je sais que tu es là et je ne minimise pas tes capacités. Pouvons-nous retrouver un équilibre, il nous allait si bien, ne te souviens-tu pas? À l’heure où j’écris, je suis dégoutée par mes propres assiettes, tellement tu es sournoise. Car lorsque tu te déclenches, je perds l’envie de manger, pire même la nourriture me dégoute et m’effraie. Je ne sais plus comment nourrir ce corps qui rejette n’importe quel aliment que je lui offre. Je culpabilise à chaque bouchée pourtant nécessaire à ma survie. Tu conditionnes mon esprit à associer la nourriture à de la souffrance et ça, ce n’est pas correct de ta part.

Ce mois-ci, marqué par ton grand retour, j’ai décidé, malgré tes nombreux cris, de faire la sourde oreille. J’ai tenté de te faire taire en te montrant que mes choix alimentaires ne changeait rien à tes manifestations. Et j’avoue que tu sais te montrer aussi têtue que moi. Cependant, en continuant à me nourrir, à manger ce qu’il me plaît et même simplement en continuant à manger tout court, je tiens à te montrer que la responsable de tout ça, ce n’est pas moi. Je ne crée pas ce déséquilibre par mes choix, mes envies ou que sais-je. C’est toi, ma chère maladie qui me couvre de ton fléau et je t’accepte. J’attendrais patiemment que t’apaises à nouveau, qu’en mars peut-être ça ne soit qu’un mauvais souvenir. Je ferais ce qu’il faut pour ne pas entacher cette belle relation alimentaire que j’ai tenté de construire, sous prétexte que tu existes.

Par le passé, je trouve que tu as suffisamment guidé mes choix et ils ne m’ont pas été bénéfiques. À une certaine époque, tu m’as rendue tellement malade que je mangeais avec la peur des aliments. Je catégorisais les aliments en fonction des souffrances que je pensais qu’ils déclenchaient. Et toi, tapie dans l’ombre, tu te frottais les mains. Tu as pourri ma relation à la nourriture mais c’est du passé car aujourd’hui, j’ai compris ton jeu. Alors, ce n’est pas grave. Tu peux envoyer les symptômes, je les attends sagement mais saches une chose: je continuerais à manger comme je l’entends, sans diaboliser aucune bouchée. Lorsque je me recroquevillerais, en attendant que les salves se calment, je ne remettrais pas le contenu de mon assiette en compte car la seule responsable, c’est toi. Et je ne t’en veux pas. Au fond, tu fais parti de moi et tout ce que je souhaite, c’est continuer à apprendre à vivre avec toi et toutes nos colocataires. D’ailleurs, si vous pouviez vous coordonner, j’apprécierais mais j’en demande peut-être trop.

Je t’envoie toute ma tendresse, pour que tu t’apaises. Prends soin de toi, ça m’aidera aussi.