Récit de vie – 6. Le monde bienveillant de la médecine

Avant de lire ce qui suit, je te propose, si tu ne l’as pas déjà lu, d’aller jeter un oeil aux chapitres précédents.

Chapitre 1 – Ma vie d’avant

Chapitre 2 – La première fois

Chapitre 3 – Le déni

Chapitre 4 – Carnet de santé

Chapitre 5 – La descente

Bonne lecture!


Photo de Pixabay sur Pexels.com

Je vous propose une parenthèse dans mon récit, afin d’aborder le monde merveilleux des cabinets médicaux. Je souhaite tout d’abord témoigner ma gratitude envers ces personnes qui ont étudiés de longues années dans le but de soigner autrui. J’aime l’humain, j’aime en prendre soin mais je n’aurais jamais eu la capacité de me plonger dans une voie aussi exigeante. Alors, je vous remercie d’exister. 

De plus, je tiens à vous prévenir, je vais vous parler de divers praticiens auxquels j’ai eu recours et parfois, mon discours ne sera pas des plus tendre. Je m’en excuse. Vous saurez tout, mes émotions, mon ressenti et ma version des faits. Je ne doutes en rien des capacités de ces personnes. Néanmoins, je pense qu’il y a de mauvais professionnels dans tous les corps de métiers et même s’il sont sûrement peu, j’en ai croisé, pour ma plus grande joie. 

Mais alors, qu’est-ce qui caractérise un bon docteur?

De mon point de vue, en dehors des connaissances liées à la médecine, j’attends d’un médecin qu’il soit respectueux, consciencieux, sans jugement, empathique, à l’écoute et bienveillant. Ce sont les qualités qui m’ont toujours parût importantes. Je ne sais pas si j’en demande beaucoup mais cela me paraît être le minimum pour un médecin ou un quelconque professionnel soignant.

Commençons donc par le premier à qui j’ai eu à faire. Mon médecin généraliste, me suivant depuis le début de mon adolescence. Depuis un peu trop longtemps à mon goût. J’ai constaté que son travail s’est grandement appauvri dès le moment où je suis devenue adulte. Je m’en suis aperçue lorsque mes manifestations digestives ont commencé à prendre une ampleur incontrôlables. Je suis venue le voir à plusieurs reprises. Selon lui, il était normal d’avoir une « gastro-entérite » toutes les semaines. Puis tous les deux jours. «Vous savez, vous travaillez avec des enfants, il y a constamment des virus». Résumons, j’étais malade de manière quotidienne et je venais le voir de façon récurrente pour m’amuser? En plus, c’est moi qui paie la consultation, et je ne suis pas riche. C’était comme si, être une jeune adulte ne m’offrait pas la possibilité d’être malade d’autre chose que d’un virus car trop jeune pour être crédible? Je ne comprends toujours pas comment il pouvait traduire: «Je fais caca toutes les heures de toutes les couleurs » en «Vous avez juste une gastro, pour la millième fois». Désolé pour l’image. J’aurais plein de termes à vous dire à ce propos quand j’y repense mais ça tournerait à l’acharnement. Il m’a fallut plusieurs mois pour le convaincre de m’envoyer voir un spécialiste et pouvoir mettre une étiquette sur ce que je vivais.

Auparavant, je n’avais jamais constaté cette manière si étrange de me soigner. Comme si, lorsque la situation était un peu plus complexe qu’un rhume, il préfèrait prétendre à un rhume. C’est plus facile de me soigner d’un rhume, c’est dans ses cordes, c’est rapide. Dommage. Je m’étais promise de changer de médecin par la suite. Et figurez-vous que je ne l’ai pas fait, par fainéantise. Et surtout, je me croyais débarrassée pour un moment des rendez-vous médicaux. Grossière erreur! Alors, si jamais vous n’êtes pas satisfait de la personne qui vous suit sur le plan médical, changez. N’attendez pas.

Lorsque tout a commencé, malgré mes nombreuses alertes, le scénario catastrophe se répètait. Il m’a fallut des mois de souffrances pour enfin prétendre à une réelle aide.

La question que j’anticipe est la suivante: Pourquoi ne pas changer de médecin en cours de diagnostique? J’ai plusieurs pistes à partager. Il est important de rappeler qu’au commencement de cette histoire, je n’avais pas prévu les proportions qu’elle prendrait. Je ne suis pas madame Irma. Il m’était impossible d’imaginer qu’il me fallait un allier solide dès le début. Ce généraliste avait toujours plus ou moins, “fait l’affaire” pour le reste.

A l’instant où j’ai conclu, amèrement, qu’un autre soignant serait une bonne idée, entraient en jeux d’autres aspects. 

Premièrement, l’urgence de mon état se dégradant et ne me permettant pas de me passer de médecin. Obligée de continuer de le côtoyer par besoin.

L’un des autres facteurs est qu’il n’est pas simple de trouver un bon médecin. Il ne suffit pas de le vouloir de toutes ses forces pour devenir son patient. Les procédures sont longues et sans garanties de trouver mieux du premier coup. C’est un peu comme trouver la perle rare. Et, il faut juger le praticien très rapidement, sur un rendez-vous pour savoir s’il va nous correspondre et être ce coéquipier dont on a tant besoin. Ce n’est donc pas une mince affaire.

De plus, il faut prendre en compte l’égo du monde médical. Avouer à mon généraliste qu’il ne me convenait plus, c’était délicat. Dans un monde idéal, je n’aurais pas dû avoir peur de le dire mais j’avais une part d’appréhension. Fondée ou pas, j’avais peur que lui dire, signerait potentiellement l’arrêt des soins qu’ils pourraient me prodiguer. Certes, un médecin se doit d’être impartial mais ça reste un humain. La confiance serait en quelques sortes brisées et s’il avait déjà du mal à me prendre au sérieux, ça n’aurait pas été en s’arrangeant. Il pourrait se sentir attaqué. Comme si je remettais en cause ses compétences. Je suis convaincue qu’il travaille bien mais l’humain n’est pas parfait. Et au final, je pensais sincèrement qu’il ne me correspondait pas.

Une fois, mon état en constante baisse, j’ai rassemblé de l’énergie et ai pris en secret, un rendez-vous avec un autre docteur. Un peu au hasard. Les bons médecins, soit, ils ne prennent plus de nouveaux patients, soit, il y a des mois d’attentes. Je l’ai choisi en fonction de la disponibilité qu’offrait ce nouveau cabinet dans ma ville. 

Je suis sortie du rendez-vous complétement dubitative. Plus perdue que jamais. Il m’a été difficile de juger en si peu de temps s’il allait être la perle que je recherchais. À la fois, il avait été professionnel, factuel et avait posé des interrogations pertinentes. À la fois, il n’avait pas été très chaleureux. Je dirais même, presque trop froid et méthodique. Je n’ai pas eu l’impression d’être en confiance avec lui. Le feeling n’y était pas.

Quelques jours plus tard, je suis venue à la conclusion qu’il vallait mieux ne pas m’engager avec lui. S’il aurait dû devenir mon allié, je l’aurais su dès le premier instant, un peu comme le coup de foudre. 

Au moins, je savais à quoi m’attendre avec mon doc actuel. J’ai conscience que j’ai le droit de prétendre à des soins de qualités. Néanmoins, vu les circonstances, il restait mon meilleur choix. Enfin surtout le moins pire.

Et figurez-vous que plus mes problèmes grandissent plus la relation change. En bien. C’est malheureux qu’il ait eu besoin de temps et de mon acharnement pour comprendre que mes nombreuses plaintes n’étaient pas des caprices pour recevoir de l’attention. J’ai l’impression d’avoir attendu de toucher le fond pour être entendue. 

Désormais, il me donne de plus en plus, le sentiment d’être écouté et cesse d’être surpris par les symptômes. Il note et tente de faire de son mieux. Il propose des solutions, des pistes d’actions. Je constate bien que ma situation le dépasse mais il s’investit, avec empathie.

Je tente d’expliciter le mieux possible mes symptômes, de ne pas le remettre en questions et de lui montrer mon unique but. Le même qu’à la première consultation. Je souhaite pouvoir interpréter les signaux douloureux que mon corps m’envoie et apprendre à vivre avec. Je souhaite comprendre ce qu’il m’arrive au mieux et qu’il puisse me donner des outils.

Dans un monde parfait, il n’aurait pas attendu que ma fourchette soit aussi lourde qu’un altère pour intervenir. L’important, c’est que nous avons tous la possibilité de faire mieux et de changer. Il n’y a que les cons qui ne changent pas d’avis. Que ce soit par égo ou non, il me prouve qu’il n’est pas si bête. Nous pouvons enfin avancer comme des partenaires vers le chemin d’une nouvelle homéostasie pour moi.

Afin d’amener un peu de positif, je souhaite vous parler de ma gastro-entérologue. Là, je peux affirmer, c’est une bonne professionnelle. Je suis arrivée, j’ai expliqué ce que je vivais et je n’ai pas eu besoin de la convaincre. Le simple fait de s’asseoir en face d’un docteur devrait suffire à attester que les choses ne sont pas dans la normes et qu’elles méritent une action. Avec elle, cela avait naturellement suffit. Elle a pris le temps de s’intéresser à mon dossier médical mais aussi à l’humain que j’étais. Elle s’est préoccupée de mes passions, de ma vie, de ce qui me constituait. En dehors de la sympathie dont elle a fait preuve, elle était débordante d’une empathie professionnelle. Ensemble, nous avons fait les analyses nécessaires, elle m’a expliqué mon diagnostique. Elle m’a armé d’outils afin d’apprendre à vivre avec. Elle a rempli sa mission. Elle peut rentrer chez elle, avec la certitude d’avoir agis adéquatement, selon moi. Et lorsque la situation devient à nouveau ingérable, sur le plan digestif, je sais que je peux aller la voir. Elle reste un appui sur qui compter en cas de besoin.

Je trouve malheureux de distinguer les bons des mauvais médecins pourtant, s’il y a bien un truc que ma santé m’a fait apprendre, entre autres, c’est qu’un médecin c’est pas toujours une garantie d’avoir des soins. Sauf bien sûr, si l’on est en danger imminent de mort.

Vous vous demandez, à juste titre, sur qui je vais venir casser du sucre maintenant? J’aimerais vous expliquer ma démarche. Par delà le besoin d’un endroit où transcrire mon mécontentement envers ces personnes, je souhaite vous inviter à vous poser une question. Si un médecin n’est pas correct avec vous, oseriez-vous lui dire? Ne répondez pas trop vite. Pour ma part, j’éprouve un respect pour tous les être humains et je partais du principe que ces personnes étant là pour mon bien et pour m’aider (même si ce n’est qu’une illusion), je n’ai pas ce luxe. Je ne trouve pas qu’il est commun de remettre en question le monde médical. Comme si ces personnes étaient une sorte d’humain à part entière. Et surtout, comment, moi, jeune adulte qui n’y connais pas grand chose, puis-je douter de la pratique d’un MÉDECIN!? Je n’ai pas assez de prétention et d’audace pour le faire en face et de toute manière, cela ne changerait rien de bien. C’est fou comme la société a réussi à mettre implicitement la médecine au dessus des patients. Heureusement, aujourd’hui, j’ai déconstruit cet croyance.

J’ai pu constater mon incrédibilité auprès de plusieurs docteurs, malheureusement. Ayant forcé mon généraliste à m’envoyer consulter d’autres personnes afin de pouvoir trouver ce qui n’allait pas dans mes jambes, j’ai pu rencontrer un spécialiste en angiologie. L’angiologue est celui pour qui la circulation sanguine, les veines et toutes ces choses n’ont pas de secret. 

Très honnêtement, ce médecin a été correct avec moi. Je ne peux pas le nier. J’ai simplement garder une phrase qu’il m’a dite: « Mademoiselle, vous avez 24 ans, vous êtes jeune et en bonne santé, tout va bien. ». Avec le recul, je n’arrive toujours pas à comprendre la pertinence de ses dires. Il m’ôtait la légitimité d’aller mal. J’ai à nouveau une question: Pouvons nous remettre en question la douleur d’un autre? Je répondrais rapidement en disant que non. La douleur, la souffrance, le mal-être sont propre à chacun. Cela se déroule à l’intérieur, comme une guerre interne, invisible et imperceptible.

Certes, certaines techniques médicales peuvent attester que certaines choses ne tournent par rond et de là, imaginer des douleurs. Pour admettre que l’existence des ses afflictions existent, il y a toujours un patient qui témoigne et un soignant qui écoute et prend note. C’est l’ensemble des deux qui amène un résultat. Sans patient, le médecin ne soigne pas. Je me souviens très clairement, il m’avait demandé de marcher devant lui, afin de pouvoir noter une anomalie. Sa conclusion était amère dans ma bouche: «Vous marchez très bien. ». Il avait une part de vérité, je marchais normalement. Mais il pouvait se la garder, sa phrase! Le manque de tact et d’empathie sont très durs à vivre dans ce genre d’errance médicale. Ils amènent à se torturer l’esprit et se demander vivement ce qui ne tourne par rond à l’intérieur, vu que visiblement, tout va bien. Je me suis demandée plus d’une fois si je n’étais pas folle, si je n’exagérais pas, finalement.

En effet, mes douleurs sont très sournoises, certains jours, poser la plante de mon pied au sol suffit à ce que toute ma jambe se crispe. Ces jours là, afin de m’éviter ces maux, je boitais. J’ai vite compris que ce n’était pas la solution car cela me déséquilibrait la colonne vertébrale et finissait par me créer d’autres soucis. Si je peux éviter de jouer à Dr House, je le fais. Certains jours, je ne peux pas m’en empêcher. Et parfois, je serais capable de me mettre à courir. Vous avez bien lu.

Ce qui est compliqué, c’est l’après. Après, c’est la guerre dans mes membres et la cavalerie de la fatigue revient plus lourdement encore. Alors, oui Monsieur, je sais bien marcher, je ne sais juste pas comment faire pour ne plus entendre les hurlements de mes jambes. Finalement, je ne suis plus très sûre de pouvoir penser qu’il ait été correct envers moi. Il a manqué de tact et d’empathie. Je repars avec un coup au moral, mon physique défaillant et une interrogation: aurais-je dû mentir, exagérer ma démarche pour que la douleur se voit? Pourquoi ma simple parole et la vérité ne suffisent pas à être crédible?

Je vous passe les détails mais sachez qu’à chaque nouveau professionnel rencontré, j’explique méticuleusement que rien n’est visible. Il n’y a aucune déformation constatable, aucune couleur suspecte. Il suffit d’écouter mes propos et de cesser de simplement les entendre. J’entends le bruit ambiant dans la rue, j’écoute la personne me parlant. Nuance importante. C’est frustrant et oui, ça m’a beaucoup agacé.

J’ai eu le même genre d’expérience en rencontrant un neurologue, quelques mois plus tard. En effet, lors de l’entretien avec celui-ci, il posait des questions ciblées mais ne me laissait pas le temps de terminer mes réponses. Cela ne partait pas de la bonne manière. Je me suis dit qu’il devait être pressé. Pourquoi j’essayais de lui trouver des excuses. Bonne question. J’ai eu le droit au fameux moment où je dois montrer que je sais marcher. Il m’a dit sensiblement la même chose que le précédent. Sans aucun ménagement, sans laisser entendre que quelque chose existait tout de même. Ça ne se voit pas, ça n’est donc pas réel. Ça fait plaisir! Ils pensent que mon but ultime est de rencontrer tous les professionnels de la santé possibles pour des autographes? Je me passerais de dilapider mon salaire ainsi que mon temps et mon énergie. Je préférerais être entrain de courir, voyager et rire comme avant.

Le plus terrible dans cette histoire, c’est que ce neurologue a non seulement manqué de tact dans ces paroles mais aussi dans ces gestes. À tel point qu’il m’a fait subir un examen tout en me laissant une jolie cicatrice. En effet, il devait procéder à un examen appelé éléctromyogramme. Pour faire simple, cet examen permet de détecter des pathologies neurologiques par le biais d’aiguille dans lesquelles du courant électrique passe. Je vous rassure, ça peut paraître barbare mais ça ne l’état pas tant que ça. En revanche, il a été barbare. J’avais le sentiment de lui faire perdre un temps précieux et il me le faisait sentir par sa nonchalance et son manque d’attention sur ce qu’il faisait. Je vais vous passer les détails mais avant de piquer une zone, il anésthésiait avec du froid. Il était tellement dans la lune qu’au lieu d’anesthésier, il m’a brûlé. Je ne l’ai pas senti directement, pourtant, à un moment, il est resté bien plus longtemps que sur les autres endroits. Sortie de la consultation, très vite, j’ai constaté une brûlure à vif de dix centimètres de diamètres. Un barbare, je vous avais prévenu. Donc il m’avait mal parlé, maltraitée et j’avoue, je ne savais pas comment agir. Et je n’ai rien dit. Encore aujourd’hui, j’ai une cicatrice ronde sur le mollet. Néanmoins, je me suis promise que la prochaine fois qu’une situation comme celle-ci se présente, je ne me tairais pas. Pas une seconde.

Après ce fameux rendez-vous en neurologie, je fus dirigée vers le centre universitaire hospitalier de ma ville afin d’effectuer une biopsie musculaire. C’est le genre de terme que j’entendais dans les séries. Grossièrement, ils pratiquent une petite intervention pour couper un bout de viande du muscle et l’analyser. Le neurologue m’avait assuré que c’était une bonne idée. J’ai passé 3 semaines à être envoyé d’un service à l’autre. Le système administratif me bloquant la route. J’étais jamais au bon service pour prendre mon rendez-vous, puis lorsque c’était le bon, il m’indiquait qu’avant cet examen, il fallait faire un bilan neurologique. Petit rappel, j’ai été envoyé vers ce centre à la suite d’un bilan neurologique. L’ironie, vous connaissez? J’avais envie d’insulter la personne que j’avais au bout du fil. Je savais qu’elle n’y pouvait rien. Mes chances de découvrir ce qu’il m’arrivait étaient en jeu. Je passais des après-midis à appeler toute les quinze minutes afin de tomber sur leur répondeur. La musique n’était pas agréable et au bout de quatre minutes, cela raccrochait. J’ai compté, pendant une semaine, j’ai appelé soixante-deux fois. Vendredi matin, à la soixante-troisième fois, j’ai eu une voix humaine. JE N’Y CROYAIS PLUS. Finalement après de dures négociations entre plusieurs interlocutrices, j’agendais un rendez-vous. Pas pour une biopsie. Je vous passe les détails, un blabla entre l’administratif, la cheffe de clinique et l’incompréhension. J’avais donc enfin un rendez-vous en poche, dans trois mois. 

Parlons-en des délais. Je sais que je ne suis pas à l’article de la mort. Je sais qu’il y a des cas bien plus grave que le mien. Je ne comprends tout de même pas comment mon médecin généraliste, connaissant les attentes à rallonges des spécialistes, n’a pas jugé bon de planifier plusieurs recherches au même temps. Toujours la même rengaine. Je force pour faire des recherches. Il finit par céder. Puis m’explique que nous allons attendre d’avoir les résultats pour en faire d’autres. Qu’est-ce que ça lui coûtait de m’envoyer faire plusieurs batteries de tests à la fois? J’aurais pu protester et faire un scandale. Ce qu’il se passe dans ce genre de moment c’est qu’il tourne les phrases d’une manière où accepter est obligatoire. Ces dires paraissent être les uniques clés. Je pourrais qualifier ces pratiques de manipulatoires. Sur l’instant même, je ne comprends pas que je suis entrain de me faire entuber. Il est fort, il utilise un sourire faussement bienveillant. Le cerveau se fait avoir. Je sors du cabinet, contente des solutions qu’il donne. Quelques instants après, je réalise que ces solutions sont: Premièrement, prendre mon mal en patience, souffrir (il ne le dit pas bien évidemment). Deuxièmement, continuer à prendre mes petits suppléments et pour finir, il n’y a pas de solutions. C’est vicieux. Ne vous inquiétez pas, j’ai fait le nécessaire pour ne plus jamais tomber dans le panneau.

C’est fou de devoir apprendre à se surprotéger d’une personne qui est censée être la pour notre bien.

Vous l’avez compris, j’ai donc souvent été déçue par les soins. Ces personnes ont sûrement leurs raisons. Au fond de moi, il devait y avoir plusieurs croyances faussées. Je pensais pouvoir accorder une confiance aveugle aux docteurs. J’avais toujours appris que les toubib, ça soigne les bobos, c’est là pour le bien. J’étais en torts. Autrefois, je considérais qu’être soignée était facile. Je savais que guérir n’était pas simple et est souvent associé à un combat permanent. De ces expériences, j’apprends à mes dépends que pour être soignée, il va falloir que je me batte autant que pour guérir. En plus de devoir trouver ce qui n’allait pas, je devais me battre pour ça.

Jamais je n’aurais imaginer devoir me battre pour survivre, pour tenir debout et surtout, me battre pour trouver ce qui me flinguait.


PS: Si tu observes de grosses fautes d’orthographes, très vilaines, n’hésite pas à me le dire! Je te remercie de tout mon coeur de me lire et promis, la suite arrive bientôt!

20 commentaires sur « Récit de vie – 6. Le monde bienveillant de la médecine »

  1. Lili,
    Ton histoire me rappelle celle de mon frère.
    Pour ne pas trop entrer dans les détails, parce que ce serait très long, disons que dans la famille il y a une personne atteinte d’une maladie orpheline apparentée à la sclérose en plaque.
    Mon frère a commencé à avoir des soucis étranges il y a 13 ans. Problème de marche, fatigue invalidante (il ne pouvait pas se lever le matin), douleurs atroces dans les jambes….
    En en discutant à tête reposée, je lui suggère que c’est peut-être malheureusement la même maladie que ce membre de la famille.
    Il se lance sur cette piste, va voir son médecin, réponse : « monsieur c’est dans votre tête, -X maladie- vous n’y pensez pas, c’est très rare » …
    Il va voir un neurologue (celui qui avait diagnostiqué ce membre de la famille). Il fait les premiers tests et lui annonce que c’est très vraisemblablement la même maladie.
    Mon frère se lance dans une batterie d’examens, biopsie, IRM, scanners, en commettant l’erreur de dire qu’il pense savoir ce que c’est….
    « Monsieur c’est dans votre tête », RAS, hospitalisations, médecins qui lui rient au nez lui faisant sentir qu’il ne fait pas partie du camp des « sachants », et puis les médecins ne supportent quand tu arrives et que tu prétends avoir une piste plausible ou au moins exploitable sur le mal qui te ronge…
    Douleurs atroces, souffrances multiples, vie bloquée…tourmente et désarroi.
    Après avoir très lourdement insisté il file un jour à la Pitié Salpétrière sur recommandation expresse d’un ami…Ils ont mis 5 ans pour lui pondre un papier officiel où était inscrit noir sur blanc qu’il a bien la fameuse maladie de ce membre de la famille.
    Treize ans après il a enfin un nom sur sa maladie, et un embryon de traitement de « confort », car cette maladie est malheureusement impossible à soigner, dégénérative, très rare, elle n’intéresse personne (2000 cas seulement en France).
    Je crois qu’on doit toujours suivre notre instinct, ne rien lâcher et aller au fond des choses, sans se fâcher parce que malheureusement ça ne fait pas avancer les choses. En face de soi (on en a la preuve en ce moment avec le covid et ce bal de mandarins aux manettes) on a un mur de personnes qui ont des egos impressionnants. Ils pensent avoir une mission presque messianique, et croient aussi qu’ils sont les seuls détenteurs de la vérité.
    Tu dois te féliciter d’avoir été très courageuse, pugnace et sensible à ta propre douleur et à tes interrogations.
    Merci pour ton témoignage et pour toute la force qui s’en dégage. Tu as une très belle et une très grosse énergie. Ça transpire dans chacun de tes mots !
    je t’embrasse fort💖
    Corinne

    Aimé par 1 personne

    1. Hello!
      Je tiens tout d’abord à te remercier de me lire, surtout que ce chapitre était un peu dense et je l’espère, pas trop indigeste… Et surtout merci de prendre le temps de partager avec moi, c’est précieux!
      Ça m’attriste de savoir ce long chemin que ton frère a parcouru, tout ça parce que comme tu le dis si bien, l’égo surdimensionné du monde médical, il n’y a rien de plus gros! C’est frustrant surtout, sachant qu’il avait la réponse dans les mains dès le début.. Mais il faudrait presque laisser deviner plutôt que le dire… être face à un médecin dans ce genre d’énigme, c’est un vrai parcours du combattant auquel je ne m’attendais pas, auquel personne ne s’attend, vu que se sont des soignants par définition. En tout les cas, j’espère que ton frère réussi à être plus confortable depuis son diagnostique officiel et surtout qu’il arrive à s’entourer des bons praticien.
      Et l’instinct… une vraie bouée de sauvetage! S’il n’avait pas été là, peut-être je chercherais encore ce que j’ai et serais dans une forme déplorable.
      Enfin bon, aujourd’hui j’ai les armes pour aller voir de nouveaux médecins, si besoin. Je me laisserais plus surprendre par ces « sachants-tout puissants »! Un peu regrettable mais bon!
      J’ai d’ailleurs plusieurs connaissances en études de médecine et je suis heureuse de constater que la relève dans le domaine médicale semble avoir plus conscience d’à quoi doit ressembler une vraie relation patient-soignant, à la même hauteur!
      Bref, encore merci à toi pour ton commentaire et tes compliments, ils sont toujours source d’une énergie pour avancer !
      Prends bien soin de toi et je t’envoie plein de becs ! 💕
      Lili

      Aimé par 1 personne

      1. Oui cet instinct, c’est fou commodats la conversation la première fois qu’il m’a parlé des symptômes, j’ai pensé à cette maladie présente dans la famille…et il a dû attendre 13 ans pour qu’on valide un sentiment puissant !
        C’est comme ça, c’est anormal qu’on soit obligé ce type de parcours du combattant !
        Je te souhaite une très bonne semaine et je te félicite pour ce que tu es, ta force était déjà sise en toi, et tu sais la faire briller !
        Belle Journée à toi Lili 💖
        Corinne

        Aimé par 1 personne

  2. Le monde de la médecine n’est pas si bienveillant que cela parfois et j’en ai pourtant toujours eu une vision plutôt positive. Je ne sais pas ce qui de l’humain ou des rythmes insensés est en cause.
    Ce qui me gêne, ce n’est pas tant qu’un médecin ne soit pas un soutien, mais bien qu’il traite le patient comme un numéro, qu’il ne soit pas dans l’empathie.
    Mon médecin de famille m’a suivie de ma naissance à la naissance de mon fils, soit 33 ans. Il n’a pas toujours été à l’écoute, selon mon ressenti, mais il était compétent et faisait toujours passer l’humain avant le reste. Un médecin reste un être humain, il n’a pas toujours tous les codes, pour tout le monde.

    Je suis d’avis qu’il ne faut pas hésiter à changer ou même à dire les choses quand on est un peu proche. Mais comme tu le dis bien, changer n’est pas si évident. Pour ma part, ça fait 7 ans que je cherche un bon médecin traitant et un bon gynécologue. Je n’ai pas de problèmes de santé majeurs, mais je trouve que c’est important, même sans ça, de pouvoir aller voir quelqu’un en toute confiance, quelqu’un qui va vous guider à travers les maux.

    Merci de ton partage sur ce thème. Comme tu le disais dans un autre article, le fameux psychosomatique ou stress revient malheureusement trop souvent dans les consultations. C’est un bon moyen de ne pas creuser plus loin. Trop répandu à mon gout.
    Belle journée.

    Aimé par 2 personnes

    1. C’est fou, j’avais aussi cette vision positive, jusqu’à ce que je traverse tout ça!
      Je suis bien d’accord avec toi, c’est désolant de n’être plus qu’un numéro, un cas permis tant d’autres… C’est désespérant.
      Et oui, c’est super important d’être accompagné par les bonnes personnes.. J’espère que tu finiras par trouver!
      En effet, stress et psychosomatique, c’est dit à tout va et lorsque que c’est un peu plus compliqué que ça, il y a plus personne ! Bien dommage ! Et encore, je m’estime chanceuse, si je peux dire ça ainsi, car mon état s’est tellement dégradé qu’on a pas pu s’arrêter simplement là dessus.
      Merci à toi en tout cas, de me lire, de partager ton expérience ! ça me fait très plaisir!
      Prends bien soin de toi! 💕

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  3. Ce qui motive un humain à devenir médecin est rarement, trop rarement, une question d’humanité. Il y a des médecins qui auraient du faire mécanique à la place de médecine, mais ça rapporte moins, certes. Et puis, comme tu dis, c’est difficile d’en changer… hélas…

    Aimé par 1 personne

    1. Tellement d’accord, tant de praticien qui devrait être dans un autre domaine que celui-ci, aussi proche de l’humain !
      Merci encore de me lire et de prendre le temps de me laisser un commentaire, ça me fait très plaisir !
      J’espère que tu vas bien et je t’envoie des gros becs !

      J’aime

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