
Doucement, je sors du sommeil profond. Je reprends possession de mon corps et de ses sensations. Le soleil n’a semble-t-il pas daigné se lever aujourd’hui, l’ambiance est grisâtre et pluvieuse. Je suis à l’image de la météo. En cette fin d’année, le temps est aussi fatigué que moi. Nous avons tous deux eux la nuit pour nous en remettre mais parfois, la magie ne s’opère pas. J’accepte ce lot de maladresse et de flemme. Je suis contrainte à prendre soin de ma personne. Je dois activement contribuer à la régénération de mon corps. Ayant conscience de tout cela, je passe la journée, allongée. Par moment, je me lève afin de me nourrir pour mieux repartir au pays de la tranquillité. Je ne manque pas de sommeil. Mon corps manque de ne rien faire.
Au bout d’un temps, mes doigts et mes méninges me démangent. Je m’installe confortablement, avec un thé et du piano en fond. Je me mets à écrire. Les idées sont cachées dans le vague. Mes yeux piquent et ma tête commence à cogner. Je me demande si j’ai pris le temps de bien respirer. Je prends quelques inspirations en prenant le soin de bien gonfler mon ventre et me promets de me retrouver sur mon tapis de yoga plus tard.
Pour l’heure, j’ai besoin d’aller me recoucher. Je m’exécute aussitôt que la pensée effleure mon esprit.
Je ne comprends pas comment le temps à pu passer aussi vite. Il fait déjà nuit.
Malgré ma migraine, je me mets à la verticale et décide d’aller m’installer sur mon tapis de yoga. Je mets en place de quoi me guider. J’apporte avec moi tout ce dont j’ai besoin pour aller mieux. Une couverture, un coussin, de l’eau et une huile essentielle de menthe poivrée. Je suis prête. Pendant ces vingts minutes, je suis en dehors de ma chair. Je ne ressens rien. Je suis bercée par les mouvements et les respirations. Promesse tenue. La séance se termine plus vite que je ne l’aurais imaginé. En me relevant, je constate que mes symptômes n’ont pas disparu mais j’ai gagné en force mentale. Je me sens prête à affronter ma cuisine, me préparer un repas et pouvoir vite, me retrouver allongée.
Lorsque je suis tombée malade, les premiers temps, j’ai ressentis énormément de frustration. Passer d’une vie d’hyperactive au calme plat pendant plusieurs journées, c’était du gâchis. D’une part, j’apprenais à savourer plus intensément chaque instant et de l’autre, lorsque je me retrouvais contrainte, je pestais. Je me rendais d’autant plus malade car le moral était en berne. J’en voulais à mon corps de ne plus me suivre, de m’infliger toutes ces douleurs. De ces expériences, j’ai appris et j’apprends encore aujourd’hui à tourner ces journées en ma faveur. Je tente d’occuper le temps, de rendre le tout confortable. Je sais que ce n’est qu’une question de temps et que je n’ai de toutes les manières, pas d’autres choix. Alors je choisis de bien vivre ces moments « off ». Je ne fais rien et je ne culpabilise plus. J’ai une journée de tranquillité et ma vie n’en vaut pas moins la peine. Au contraire, par sa complexité elle n’en est que plus riche.
Remplie de cette gratitude, je repars dans mon hibernation. Demain est un autre jour.
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